Aller au contenu

La Liberté, ou Mlle Raucour/01

La bibliothèque libre.
Dans les coulisses de tous les théâtres, même chez Audinos (p. 3-21).

DISCOURS
DE
Mlle. RAUCOUR
Mes cheres con-sœurs,

Une foule d’événemens extraordinaire ſe ſuccedent ſans interruption depuis le commencement de la révolution. L’amour de la liberté, cette paſſion dominante parmi l’eſpece humaine, ſource inépuiſable des actions les plus héroïques, lorſqu’elle eſt bien dirigée ; modifiée, dans les circonſtances actuelles, de mille & mille manieres par l’intérêt perſonnel, produit chaque jour, dans toute l’étendue du royaume, des effets auſſi funeſtes que multipliés. Le rêve de Mercier, le réveil d’Epiménide n’ont rien vu de ſemblable à ce qui ſe paſſe à préſent ſous nos yeux ; l’un a rêvé trop tard, l’autre n’a pas aſſez dormi ; leurs idées fantaſtiques, filles d’une imagination exaltée, ne préſentent que des faits chimériques qui ne peuvent exiſter que dans leurs cerveaux remplis de platoniſme.

La priſe de la baſtille, monument éternel de la bravoure des Pariſiens ou de la lâchetè du gouverneur ; le ſupplice de pluſieurs perſonnes de diſtinction, miſes à mort ſans forme de procès par un peuple le plus humain de l’Europe : la journée du 6 octobre, journée à jamais célèbre par les atrocités qu’elle éclaira & par la qualité & le ſexe des combattans qui les commirent ; époque digne du haut-bois de ronſard ou de la trompette fêlée de paliſſot ; un roi juſte & bon, captif au milieu de ſes ſujets qui ſe diſent libres ; une reine digne de l’adoration de tous les Français, en butte à tous les traits de la plus affreuſe calomnie ; les princes du ſang royal forcés de vivre loin de leur patrie pour ſe ſouſtraire à la rage d’une populace mutinée ; la meilleure nobleſſe du royaume errante chez l’etranger pour éviter la lanterne… …exerçant dans Paris le deſpotiſme le plus abſolu ; un homme diſtingué par ſon mérite perſonnel, puni du dernier ſupplice pour avoir voulu être fidèle à ſon roi ; une caiſſe publique s’autoriſant du déſordre actuel pour manquer à ſes engagemens les plus ſacrés, le crédit & le commerce ruinés ſans reſſource ; le déſordre dans toutes les parties de l’adminiſtration ; le pouvoir légiſlatif abuſant de ſon autorité, le pouvoir exécutif ſans force & ſans vigueur ; les droits les plus ſaints foulés aux pieds, la religion ſapée par ſes fondemens, ſes miniſtres réduits à la mendicité ; les repréſentans d’une nation auguſte, oubliant la dignité de leurs fonctions, s’injuriant ſans pudeur, employant de part & d’autre, pour faire valoir leur opinion les armes de l’aſtuce, les reſſources des ſophiſmes, & les traits de la calomnie elle-même : telles ſont mes chères conſœurs, les triſtes ſcénes qui ſe paſſent chaque jour ſur le théâtre ſanglant de la révolution, tels ſont les événemens ſiniſtres qui préſagent à la nation Françaiſe l’avenir le plus triſte, & la perſpective la plus redoutable.

Le tableau des différentes époques de la révolution, n’en eſt, à proprement parler qu’une eſquiſſe très-imparfaite. Je n’ai pas dit un mot des événemens particuliers, dont tant d’individus plus dignes d’un meilleur ſort ont été les déplorables victimes. Je ne vous parlerai point de la ſubverſion totale des idées les plus ſimples dans l’eſprit des Français ; ils ſemblent avoir oublié leur amour pour leur roi, &, j’oſe le dire, leur frivolité même toute entiere à l’objet important qui m’occupe, & peur lequel je vous ai aſſemblées ici ; je paſſe rapidement ſur tout ce qui nous eſt étranger.

Comme Françaiſes, comme citoyennes actives, vous devez prendre part à tout ce qui intéreſſe l’universalité de la nation dont nous ſommes membres ; mais, ce devoir une fois rempli, n’oublions pas nos cons & nos clytoris ; nous nous manquerions à nous-mêmes, nous mériterions la vérole la plus caractériſée, ſi par des motif, que je ne puis prévoir, nous négligions de prendre des moyens pour nous en préſerver, & nous conſerver la faculté de nous gamahucher tout à notre aiſe. Déjà la morne triſteſſe ſe peint ſur vos fronts ; déjà la chaude-piſſe cordée ſemble avoir fait ſur vous les plus grands ravages. Les graces diſparoiſſent, les pâles violettes prennent la place des roſes & des lys qui, n’agueres brilloient ſur vos viſages : vous tremblez, votre foutre rentre tout dans vos reins ; cependant vous ignorez encore de quel danger vous êtes menacées ! moi-même, quoique familiariſée avec la crainte, je n’y ſonge jamais, ſans que les poils de mon cul ſe hériſſent ; ſans que mon clytoris racourciſſe ſubitement ; ſans que mon con, qui eſt d’une très-belle ampleur, ſe retréciſſe prodigieuſement. Non, jamais ſpécifique ne fit d’effet plus ſurprenant & plus prompt ; mais armons-nous d’une fermeté héroïque, oublions un inſtant que nous ſommes des femmes l’effort ne ſera pas pénible ; accoutûmées, à faire les fonctions des hommes, prenons en le courage. Voici le fait.

Par une requête digne de celles qui l’ont préſentée, & ſur des motifs qui auroient du leur mériter quelques points de ſutures à leur ample ſolution de continuité, les putains, cette peſte publique que le tonerre puiſſe écraſer, ont obtenu du comité de fouterie compoſé des plus mauvais jean-foutres que la terre ait produits, un décret qui ordonne aux bougres & aux bardaches de décorer leur chapeau d’une pine garnie de poils, en forme de plumet, comme un ſigne de flétriſſure auquel on puiſſe les reconnoître ſans peine & les montrer au doigt, à moins que renonçant pour toujours à leur fureur enculatoire, ils ne faſſent profeſſion publique de putaniſme. Les ſodomiſtes ont ſu qu’ils étoient voués au mépris & à l’éxécration : auſſi-tôt ils ſe ſont aſſemblés au Luxembourg, préſidés par le brave enculeur Villette, & ont nommé des Commiſſaires, ſodomiſtes décidés, & un procureur, pour foutre les putains en déroute & donner leur défenſe dans une affaire qui compromet leur goût pour le cul, & la conſidération dont ils jouiſſent dans la ſociété. Juſques-là nous nous en foutons ; nos cons & nos clytoris n’y ſont encore pour rien : mais hier, pendant que je foutois Mlle Lange ſans avoir fermé ma porte, pendant que je m’eſcrimois de toutes mes forces pour faire monter mon foutre des talons, le chevalier de Con-bis, fouteur à l’épreuve, qui m’a bricolé mainte fois à couillons rabattus, lorſque j’étois divinité pouliniere aux Français, entre chez-moi d’un air effaré, de l’air d’un homme tout fraîchement châtré ; & ſans faire attention que j’étois prête à décharger, je ſors, me dit-il, en me tirant rudement par le bras, je ſors de chez la vicomteſſe de Con-fendu, où tandis que vous vous amuſez à foutrailler, on trame contre toute la ſecte anandrine un projet capable de la détruire de fond-en-comble. Mon amitié pour vous, ma reconnoiſſance pour vos ardens ſervices m’obligeoient de vous en avertir ; je n’ai pas achevé de me faire branler pour venir plutôt vous donner cet avis important ; j’ai rempli mon devoir, déchargez ſi vous en avez le courage, & prenez vos ſûretés. »

A ces mots le foutre ſe coagule dans mes couilles, je débande ; & Mlle L*** qui décharge où déjà à grands flots, ſent tarir tout-à-coup la ſource de ſon ſperme. Je l’avoue franchement, l’univers s’écroulant n’auroit pas fait ſur moi un effet auſſi terrible que les paroles du chevalier ; la vérole la plus complette m’auroit moins épouvantée : je tombai dans une ſtupeur qui fit craindre pour mes jours, Envain employa-t-on les ſpiritueux, en vain m’inonda-t-on d’un déluge d’eſſence, l’eau des Carmes, l’eſprit même de foutre eût été ſans effet ; ce ne fut qu’à force de me branler & de me gamahucher, que la petite Lange me rappella à la vie. Revenue à moi-même, mon premier mouvement fut de porter ma main ſur mon con pour m’aſſurer de mon exiſtence : je crus avoir rêvé les paroles du chevalier Con-bis : mais Mlle Lange me tira de mon erreur. Je donnai la torture à mon imagination pour découvrir quels pouvoient être les motifs du complot odieux des putains, j’examinai ſoigneuſement qu’elle avoit été notre conduite à l’égard de cette vile canaille, & je ne trouvai rien, ni dans nos cons, ni dans nos culs, qui nous eût mérité ſon animadverſion. Enfin, à force de réfléchir, le foutre commençoit à me monter au viſage, lorſqu’une idée lumineuſe ſe préſenta. La voici.

Tant que nos beſoins pécuniaires ou notre goût pour la fouterie ordinaire, nous ont fait une néceſſité de nous ſervir de couilles & des pines ; nous avons porté une partie des déſagrémens ſans nombre, des incommodités inſéparables du métier de putain ; mais depuis que l’utile produit de nos cons, nous a miſes au-deſſus de l’indigence ; depuis que nous nous ſommes approprié les dépouilles du nombre infini de couillons habillés en homme, que nos charmes & nos artifices ont fait tomber dans nos filets ; depuis que notre goût mutuel pour le clitoris nous a fait renoncer à l’uſage des vits ; les fouteuſes & compagnie accoutumées jadis à partager avec nous, chancres, poulains, vérole & toute ſa ſéquelle, ſe voyant ſeules chargées du pénible emploi d’exercer les talens des ſuppôts de Saint Côme, ont formé l’horrible projet de nous faire rentrer dans la claſſe des putains ordinaires ; en nous dénonçant au comité de fouterie, comme faiſant un uſage illicite de nos engins & de toutes les parties qui compoſent l’organe de la volupté, s’il faut juger du ſuccès de leur entrepriſe, par celui qu’elles ont déjà obtenu dans leur affaire contre les ſodomiſtes ; j’oſe vous prédire que nous ſommes foutues, & foutues ſans être payées. Le décret du comité de fouterie, la reſſemblance de notre cauſe avec celle des bougres & des bardaches, le crédit des putains auprès des juges qui les foutent gratis, tout doit nous faire craindre de ſuccomber dans une affaire où nous n’avons point de moyens de ſéduire ceux qui doivent la décider.

Il eſt donc inſtant de prendre de bonne heure les moyens les plus surs de détourner l’orage qui gronde, je ne dirai pas ſur nos têtes, mais ſur nos cons, ſur nos clitoris ; en un mot, ſur tout ce qui nous procure le plaiſir de foutre & de décharger. Rappellez-vous qu’il en eſt, en fait de chicane comme en fait de fouterie ; dans le coït, celui qui donne le premier coup de cul, eſt ordinairement le premier à éjaculer ; en fait de plaideurs, l’agreſſeur eſt preſque sûr de l’emporter ſur ſon adverſaire. Lions-nous donc d’intérêt avec les enfans de Sodôme ; faiſons avec eux une ligue cimentée par le foutre, laiſſons-nous enculer, même s’il le faut ; nous ne devons point nous parer d’une fauſſe délicateſſe ſur le choix des moyens, tous ſont honnêtes quand ils menent au but ; j’en atteſte le poète qui a dit ? dolus an virtus quis in hoſte requirat ? & ce poéte-là n’étoit pas un couillon. Que nos forces réunies à celles des rivettes foutent le tour aux mauvaiſes coquines, aux ſacrés garces qu’un ſuccès paſſager & capté a bouffies d’orgueil, mais qui n’ont triomphé un inſtant, que pour rentrer avec plus de honte & de confuſion dans le bourbier des bordels. En effet, mes chères con-ſœurs, ou les fouteuſes intimidées renonceront à leur foutu projet, ou bien elles le mettront à exécution : ſi elles le font ſur déſiſtement, nous nous foutons d’elles, & nos craintes ſont diſſipées : ſi elles ſont aſſez bêtes pour s’obſtiner, elles ſuccomberont infailliblement à nos forces réunies à celles de ſodomiſtes, duſſions-nous, pour aſſurer le ſuccès vendre juſqu’aux poils de nos cons, pour en faire des mouſtaches aux grenadiers de l’armée bleue. Ainſi, quoiqu’il arrive, ma motion me paroît ſage, & je demande que l’honorable aſſemblée m’en diſe ſon avis avec ſa franchiſe ordinaire.

Une aimable putain, une actrice charmante, Adeline s’eſt levée & a dit : « je ſuis fouteuſe dans l’ame, tout le monde le ſait, & j’en fais gloire : j’aime les hommes, & les femmes me pendent au cul. Je préfère une longue & groſſe pine, qui bouche, au moins en partie, le vaſte orifice de mon con, qui me racle vigoureuſement, & qui me fait décharger avec abondance, à un clitoris mince & court, qui ſe perdroit dans ma fente, qui ne feroit que me foutrailler, & qui ne pourroit me faire verſer une goutte de foutre. Premier motif pour que je ne ſois pas de l’avis de mademoiſelle Raucour. D’ailleurs, je me fouts de la ſecte Anandrine comme du poil de mon cul.

J’ignore ſi le projet des putains exiſte réellement ; & quand cela ſeroit, je n’en ſerois pas plus portée à intervenir contre elles ; comme fouteuſes, leurs intérêts ſont les miens ; &, à moins qu’on ne me prenne pour une imbécille, on ne doit pas eſpérer que je fournirai des verges pour m’en foutre : comme citoyenne active, qualité qu’elles ne me diſputeront pas, je dois contribuer, autant que je le puis, aux plaiſirs des fouteurs qui m’en procurent ſi ſouvent à moi-même ; & vous obliger à exercer encore le putaniſme public, c’eſt rendre un ſervice ſignalé aux amateurs des grands cons ; c’eſt leur rendre un bien dont la poſſeſſion doit leur être chère, puiſqu’ils l’ont acquiſe au prix de leur argent & de leur ſanté ; car, combien de fortunes nos cons n’ont-ils pas renverſées ? Combien de chaudes-piſſes n’ont-ils pas fait circuler ? J’en atteſte un tas de ribauds qui coulent ſur les grabats de Bicêtres, les leſcives impures dont nous leur avons fait préſent ; & vous voudriez étaler votre goût pour les clitoris ! & vous n’auriez pas honte de faire de vos engins & de leurs acceſſoires, un uſage auſſi révoltant que funeſte, un uſage qui eût répugné aux Pariſiennes, aux Aſpaſies, aux Meſſalines elles-mêmes ! Ah ! renoncez plutôt à vos inclinations clitoriales ; reprenez le culte des pines, le ſeul digne de vos attraits & de vos charmes : qu’un déluge de ſperme viril, répandu ſur vos cons en guiſe d’eau luſtrale, les lave des impuretés ſans nombre dont ils ſe ſont ſouillés. Appaiſez Priape par ce ſacrifice expiatoire, j’oſe vous promettre que vous déchargerez avec plus de volupté que jamais ; j’oſe vous pronoſtiquer des fouteurs infatigables, du foutre à gogo, & de l’argent, pas beaucoup peut-être, mais des aſſignats plus que vous n’en voudrez : il eſt tant de gens à qui ils ne coûtent rien, qu’ils n’en ſont pas chiches.

Croyez m’en, abandonnez les enfans de Sodôme à leur malheureux ſort, ils ne ſont pas dignes de votre compaſſion : opprobre de la nature qu’ils outragent de toutes les manières, puiſſent-ils être rongés par la criſtalline juſqu’à la moële des os ! Puiſſent mes réflexions faire ſur vous l’impreſſion que j’ai lieu d’en attendre : ſi elles ſont vaines, j’aurai du moins fait pour le vit & pour les couilles, ce que mon goût & la juſtice exigeoient de moi ; & je m’en conſolerai, en foutant à tort à travers, tant qu’il me reſtera une goûte de foutre.

Je ne m’étois point flattée, reprit Mademoiſelle Raucour, de faire entrer Mademoiſelle Adeline dans mes idées : avec un tempérament de louve, & une cupidité inſatiable, il étoit difficile qu’elle adoptât un plan qui contrarie directement les deux paſſions favorites, & qu’elle renonçât au plaiſir de foutre & de gagner de l’argent ; mais n’ayant rien dit dans mon diſcours qui pût bleſſer ſa délicateſſe, j’avois lieu d’attendre de ſa part, qu’elle mettroit un peu plus de modération dans ſa réponſe, & qu’elle auroit quelques ménagemens pour un goût auquel nous ſommes livrées ſans réſerve, & auquel nous tenons auſſi fortement que les Couilles tiennent au Vit. Quoiqu’en diſe Mlle. Adeline, quoique le foutre lui ſoit monté au viſage, lorſqu’elle vomiſſoit ſa diatribe contre nous : je ſuis perſuadée, mes chères Con-ſœurs, qu’il n’y en a pas une parmi vous, quelque putain qu’elle ait été dans le tems, qui n’aimât mieux ſe faire coudre le Con, que de reprendre l’uſage des Pines, qui tant de fois vous ont gâté la taille : & ne croyez pas que notre inclination pour le clitoris ſoit d’invention moderne ; ce n’eſt pas d’aujourd’hui que les femmes ſe ſont aviſées de foutre ſans le ſecours des hommes, nous en avons des exemples de tous les ſiècles & de tous les pays. Ces Femmes guerrières dont l’hiſtoire nous conte tant de merveilles : ces Amazones célèbres qui habitoient les bords du Thanaïs, avoient un con, & un con auſſi chaud que le nôtre ; cependant elles ne foutoient avec les hommes qu’une fois l’an, encore étoit-ce pour perpétuer leur race, & le reſte du tems, elles ſe foutoient les unes les autres. Les dames romaines n’excluoient les hommes des Saturnales, que pour ſe livrer ſans contrainte aux innocens ébats qu’on nous reproche. Les femmes ſauvages du Canada, que leurs maris abandonnent pendant ſept ou huit mois que durent leurs chaſſes, ſe dédommagent de la privation, des pines par l’uſage du clitoris ; & s’il vous faut des autorités plus récentes & plus reſpectables, ne puis-je pas vous citer… ; mais gardons-nous de toucher à l’Arche Sainte, une paralyſie ſubite ſeroit la juſte punition d’un pareil attentât.

La Dlle. Adeline jette la pierre aux Bougres & aux Bardaches ; mais eſt-elle dans le cas de le faire ? eſt-elle franche du colier à cet égard ? Non ſans doute, non, & j’en jure par le con de Mlle. Lange ; ſans m’excepter moi-même, il n’en eſt point parmi nous, qui, par interêt ou tout autre motif, n’ait cent fois pouſſé la complaiſance juſqu’à ſe laiſſer foutre par derrière ; & s’il falloit faire vérification de pièces, le mince intervale qui ſépare nos cons de nos culs, prouveroit bientôt ſans réplique la vérité de mon aſſertion. Mais pourquoi discuter ſi long-tems une queſtion qui n’en a pas beſoin ? Je tenterois inutilement de perſuader Mlle Adeline ; dominée par ſon humeur foutante, elle est attachés à ſon opinion comme un morpion aux couilles d’un pauvre homme. Je mets donc la motion aux voix, & je demande que toutes celles qui ſont de l’avis de l’intervention, s’exploitent en préſence de la récalcitrante, pour lui prouver la liberté des ſuffrages. A l’inſtant toutes les aſſiſtantes tombent à la renverſe deux à deux ; on n’entend plus dans la ſalle que des ſoupirs étouffés, avant-coureurs de la volupté ; le parquet retentit des coups de culs, cent fois répétés : toute la bande joyeuſe s’eſcrime avec l’ardeur des plus vigoureux athlettes. Adeline ſeule, triſtement aſſiſe ſur ſon ſiege, ſemble plongée dans une eſpece d’anéantiſſement. Elle ſe réveille enfin, & trouſſant ſes juppes avec fureur, ”je jure par cet antre auſſi reſpectable que le Styx, une haine éternelle à toute la ſecte anandrine. Puiſſe-t-elle voir ſes cons ſécher de beſoin, implorer en vain les ſecours de Priape, & moi, nager dans un océan de foutre. A ces mots elle quitte la ſalle & diſparoit.

Cependant les votantes s’empreſſoient de donner leur opinion ; elles déchargent toutes à-la-fois, & la motion ayant paſſé à l’unanimité des voix, la demoiſelle Raucourt dicta l’intervention dans les termes ſuivans.