La Cithare (Gille)/La Moisson

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 31-32).
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LA MOISSON


 
Sur les champs l’air vibrait plein de chaudes senteurs.
Allant et revenant, de nombreux laboureurs
À pas pesants et sûrs conduisaient la charrue.
La terre nourricière, en tous sens parcourue,
Montrait son limon gras dans le creux du sillon ;
Les bœufs lourds se hâtaient, pressés par l’aiguillon.
Lorsqu’au bout de la glèbe, admirant leur ouvrage,
Les laboureurs faisaient retourner l’attelage,
Un serviteur placé sur un tertre voisin
Offrait à chacun d’eux une coupe de vin.

Plus loin, apparaissait encore dans la plaine
Une blonde moisson, riche en épis, et pleine
De travailleurs actifs qui la fauchaient. Le blé,
Tombé sous la faucille, aussitôt rassemblé,
S’entassait sur le sol. De ces gerbes nouvelles
Des enfants diligents façonnaient des javelles
Qu’ils portaient en mesure au prochain botteleur.
La joue en feu, les yeux luisants, la lèvre en fleur,
Ramassant quelque tige éparse, les glaneuses
Gazouillaient çà et là des chansons amoureuses ;
L’alouette légère accompagnait leur chant.
L’ombre s’amoindrissait. Au milieu de son champ,
Un bâton à la main, calme et l’âme remplie
De joie en contemplant la besogne accomplie,
Le maître bienveillant marchait à petits pas.
Des hérauts à l’écart apprêtaient le repas :
Ils venaient d’immoler un bœuf de grande taille
Et le faisaient rôtir sur un feu de broussaille,
Tandis que, pétrissant la pâte agilement,
Des femmes préparaient des gâteaux de froment.