La Psychologie de la race allemande/2

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A. Maloine et Fils, Éditeurs (p. 24-48).

L’objectivité physiologique de la race allemande

II


Chez l’homme, de même que chez les animaux, les différences ethniques ne sont pas constituées seulement par des caractères anatomiques tels que l’élévation de la taille, le poids, la couleur de la peau, des poils et des yeux, les dimensions du crâne, l’implantation du nez et des oreilles, la forme des seins, la disposition des organes génitaux, etc. Elles existent aussi dans le mode d’apparition des fonctions de la puberté, la précocité sexuelle, dans la fécondité, la durée de la gestation, la longévité, dans l’activité des sécrétions.

Mais, surtout, la composition chimique des humeurs et des tissus présente des termes de comparaison établissant les différences essentielles qui se rencontrent entre les organismes.

Si la personnalité anatomique se transmet avec une fixité relative, par contre la personnalité chimique se perpétue avec un caractère de précision en quelque sorte absolu. À l’objectivité des formes correspond une objectivité physiologique.

L’individualité et la spécificité des diverses races ne seraient donc pas constituées seulement par des caractères extérieurs ; elles résulteraient encore plus de la composition de leur milieu intérieur.

Les réactions de la matière vivante, à tous leurs degrés de complexité et dans toutes leurs manifestations, ne sont, comme l’enseignait Claude Bernard, que celles de combinaisons chimiques élémentaires constituant la substance même de ces organismes.

Les conditions d’existence résultant de la constitution du sol, des habitudes alimentaires dérivées de ses produits, les influences du climat, le rythme moteur spécial à la constitution organique des ancêtres, les habitudes mentales entretenues et cultivées par les coutumes et les traditions, ont, en vertu de l’hérédité, constitué en Allemagne, comme dans tous les autres pays, une race douée de réactions chimiques particulières.

La prédominance du tempérament lymphatique chez les Allemands, la mollesse générale de leurs tissus, leur tendance à la prolifération adipeuse, — comparées à la tonicité du système musculaire chez les Français, — permettent d’inférer qu’il existe entre ces deux peuples, au point de vue physique, de notables différences.

La densité, c’est-à-dire le rapport de la masse à son volume, n’est assurément pas la même chez le Français que chez l’Allemand. Le poids spécifique des individus de race française est supérieur, d’une façon notable, à celui de ceux de race allemande.

Il y a une très grande différence entre la chair et le fumet des lièvres allemands et ceux des lièvres français ; de même pour les chevreuils et les cerfs. Les gourmets le savent si bien que le gibier allemand est systématiquement exclu des maisons de premier ordre.

Les modifications qu’imprime le sol aux races animales s’étendent à l’espèce humaine. Déjà on avait été frappé du fait que certaines races sont plus sensibles à telles maladies infectieuses. Velpeau expliquait la faiblesse de résistance de certaines races aux conséquences des opérations chirurgicales en disant :

La chair du noir n’est pas celle du blanc. Leur chair est autre.

Nous répéterons : « La chair de l’Allemand n’est pas celle du Français ; elle est autre. » Beaucoup d’indices permettent de considérer qu’au point de vue physique et chimique, il y a plus de différence entre un Français et un Allemand qu’entre un blanc et un nègre.


Le sang. — Par exemple, considérons la composition du sang qui, de tous les liquides de l’organisme, est celui dont le rôle est le plus important dans la constitution spécifique de l’animal. Cela est tellement admis que la pureté du sang est devenue synonyme de pureté de la race.

C’est de la plasticité particulièrement active de son liquide sanguin que le cheval de pur sang tire sa noblesse, et ce n’est pas sans motif qu’on lui attribue la plus grande part dans la constitution de ses formes, c’est-à-dire de ses éléments plastiques.

De même, chez les races humaines, le sang offre des différences appréciables dans le nombre et la proportion des globules blancs et rouges.

On doit au docteur Maurel la connaissance d’un fait important. Pour étudier les globules rouges, on les conserve dans un sérum contenant 4 centigrammes de sulfate de soude. Or, ce sérum, capable de conserver dans leur forme les globules européens, de même que ceux des Hindous, demande des proportions différentes pour d’autres races : 8/100 pour les globules de nègre et 2/100 pour ceux des Chinois.

Jusqu’ici la numération du nombre des globules blancs et rouges du sang des diverses races n’a pas encore été jugée digne d’intérêt. Cependant, cette étude pourrait aboutir à d’utiles constatations.

Par la comparaison des chiffres publiés dans les travaux des principaux spécialistes en la matière, on peut déjà se rendre compte qu’une différence appréciable existe pour la quantité de leurs leucocytes chez les Allemands et chez les Français :

Variétés de leucocytes.
Jolly
(Français)
Bezançon
(Français)
Engel
(Allemand)
Nœgli
(Allemand)
Polynucléaires neutrophiles 
0/0 60’ 66’ 66 à 75 65 à 70
Polynucléaires éosinophyles 
0/0 1 à 2 1 à 2 2 à 4 2 à 4
Labrocytes (mastzellen) 
0/0
Mononucléaires et lymphocites 
0/0 38,5 32 à 33 29 25 à 30


Formule leucocytaire normale.

D’après Arneth (Allemand):

V = 2 0/0… I = 5 0/0 ; II = 35 0/0 ; III = 41 0/0 ; IV = 17 0/0

D’après Routaboul (Français):

V = 1 0/0… I = 10 0/0 ; II = 45 0/0 ; III = 34 0/0 ; IV = 10 0/0

Nota. — Les chiffres romains représentent le nombre de noyaux des leucocytes du sang.

La formule représente le pourcentage des leucocytes à 1, 2, 3, 4, et 5 noyaux chez les adultes sains.

Pourcentage des leucocytes polynucléaires.
Chiffre d’Ehrlich (Allemand) 
72 0/0
Chred’Hayem (Français) 
62 0/0


Globules rouges.

Nombre par millimètre cube :

Ehrlich (Allemand) 
4.570.000
Hayem (Français) 
5.500.000


De la comparaison entre le chiffre d’Hayem et celui d’Ehrlich, concernant le nombre des globules du sang, ne pourrait-on conclure qu’à ce point de vue le sang de la race française apparaîtrait comme de qualité supérieure au point de vue de la richesse globulaire.

Quand on connaît l’importance du sang, au triple point de vue de la nutrition, de la désintoxication et de l’excitation, on peut se rendre compte des variations importantes que la moindre différence dans sa plasticité et sa composition peut apporter à la vitalité des organismes et, consécutivement, à la mentalité des races.


L’urine. — En ce qui concerne les moyennes données par les analyses d’urine, l’étude des coefficients n’est pas moins frappante :

Urine française
Urine allemande
Coefficient urotoxique (cobaye) 
45 cent. cubes 30 à 35 cent. cubes
Émission en 24 heures 
1.200 à 1.400 1.300 à 1.500
Acidité en HCL 
1,83 2,5
Urée 
21 à 35 gr. 25 à 40 gr.


Ces variations n’avaient pas manqué de frapper le professeur Albert Robin. Se demandant si les moyennes de nos analyses d’urine n’étaient pas influencées par quelques causes d’erreur, il les a contrôlées avec l’exactitude la plus rigoureuse. Il est arrivé à la conclusion que, tandis que d’après les analyses officielles allemandes, la proportion d’azote non uréique s’élève en Allemagne à 20 0/0, elle n’est que de 15 0/0 dans les autres pays. En France, le coefficient d’utilisation azotée atteint 85 0/0, s’éliminant sous forme d’urée ; chez les Allemands, le coefficient s’abaisse et n’est, en moyenne, que de 80 0/0.

Le coefficient urotoxique est donc chez les Allemands au moins d’un quart plus élevé que chez les Français. Cela veut dire que si 45 centimètres cubes d’urine française sont nécessaires pour tuer un kilogramme de cobaye, le même résultat sera obtenu avec environ 30 centimètres cubes d’urine allemande.

Cette augmentation de la toxicité urinaire explique pourquoi les tables de nuit où l’urine d’individus de race allemande a séjourné sont imprégnées d’une odeur nauséabonde. Elle explique également pourquoi les armoires où ils suspendent leurs vêtements conservent d’une façon si persistante l’odeur de leurs excrétions sudorales.

Enfin elle éclaire pour nous d’un jour particulier la principale particularité organique de l’Allemand qui, impuissant à amener par sa fonction rénale surmenée l’élimination des éléments uriques, y ajoute la sudation plantaire. Cette conception peut s’exprimer en disant que l’Allemand urine par les pieds. C’est, en effet, en partie à l’usage des bottes, si répandu dans la nation allemande, qu’il faut reporter l’origine de la prolifération et de l’hypersécrétion des glandes sudorifiques de la région plantaire. Cette hypersécrétion, cultivée pendant de longs siècles, a fini par se transformer, par l’hérédité, sous l’influence de la prédisposition lymphatique, en caractère fixe, c’est-à-dire en caractère de race.

Ainsi, préalablement à toute recherche poursuivie dans un but expérimental, la simple comparaison des moyennes établies par des analyses biologiques, dans les laboratoires officiels, et publiées dans les traités classiques en France et en Allemagne, suffit à démontrer les divergences les plus frappantes entre la constitution chimique de la race française et celle de la race allemande.

Déjà un certain nombre de savants français avaient pressenti le rôle joué par la constitution chimique en biologie. Chevreul, en 1824, exprimait l’opinion que chaque espèce, chaque race, devait avoir et avait sa caractéristique chimique.

Le rapport entre les dispositions mentales et la constitution chimique avait été exprimé par Charles Robin dans les termes suivants :


L’accomplissement des actes de l’ordre le plus élevé par leur complication est subordonné à celui d’actes d’ordre inférieur, la réaction chimique par exemple.


Le professeur Armand Gautier est également arrivé à la conclusion que parmi les caractères héréditaires les plus tenaces, le plus imprescriptible était le caractère chimique.

Le professeur A. Bordier, dont l’enseignement à l’École d’Anthropologie comportait les vues les plus originales sur l’acclimatation et sur la pathologie comparée, a insisté à la fois sur l’importance du milieu intérieur dans la constitution définitive des races et sur son rôle dans la création de leurs immunités particulières à l’égard des maladies.

Deux ordres de faits permettent d’affirmer que la constitution d’un milieu chimique intérieur, propre aux individus de chaque race, n’est pas une simple vue de l’esprit, mais est conforme à la réalité.

Les premiers se rattachent aux recherches expérimentales, les seconds sont du domaine de l’observation clinique.

La clinique nous a déjà fait connaître l’aptitude de la race allemande à l’égard du typhus, la fréquence et la gravité des affections cutanées dans la même race.

En poursuivant d’une façon systématique, dans les diverses races, l’étude comparée de la composition et de la viscosité du sang, de la proportion des sels dans les divers tissus, de l’absorption des graisses, de la constitution des humeurs, des tissus, des sécrétions glandulaires, des excrétions, de la densité des organes, des données fournies par la réaction de déviation du complément et par d’autres réactions du même ordre, d’utiles éléments d’appréciation seraient réunis. Ils permettraient de déterminer le statut chimique de chacune des races soumises à l’observation.

Cette science nouvelle, pour laquelle je propose le nom d’ethno-chimie, collaborera efficacement avec la psychologie pour éclairer sur la persistance des tendances, des instincts, des impulsions, des besoins et des appétits chez les individus de telle ou telle race.

Elle permettra de comprendre pourquoi, en présence des mêmes stimuli et des mêmes excitations, les diverses races se montrent si différentes dans leurs réactions psychologiques et mentales.

Déjà, certaines nations se sont préoccupées de se prémunir contre l’infiltration d’éléments indésirables.

L’ethno-chimie mettra à leur disposition les indications les plus propres à réaliser ce dépistage d’individus de races inférieures ou malfaisantes.

On lui devra également d’établir la cause des antagonismes irréductibles de races hostiles, l’affinité psychologique et la sympathie sociale ne pouvant se manifester là où l’identité chimique n’existe pas.

Les réunions d’animaux se groupant en sociétés ne sauraient se concevoir qu’entre animaux doués d’un isomérisme chimique absolument identique.

C’est de cet isomérisme que résulte l’odeur spécifique de la race, dont la perception constitue pour eux le principal moyen de se reconnaître et de maintenir leur groupement.

Il n’est pas téméraire de supposer que, grâce à l’ethno-chimie, le pédantisme des individus de race allemande, leur lourdeur, leur absence de goût artistique, leur brutalité, de même que l’odeur fétide qui se dégage de leurs personnes, seront réductibles à leur appétit pour la graisse et pour les aliments hydro-carbonés.

Dès à présent, il est admis par un certain nombre d’observateurs, et en particulier par des biologistes allemands, que quand, par la sélection et l’adaptation, la vie moléculaire et la composition chimique de la race se trouvent constituées, quelles que soient les modifications superficielles présentées par des individus isolés, le type racial se rapporte toujours au point de départ fixé par la constitution chimique primordiale.

Admettre que l’appétence présentée depuis des siècles par les individus de race allemande pour les aliments hydro-carbonés, par opposition à la préférence donnée par ceux de race celte ou française aux aliments phosphatés, dérive vraisemblablement d’une orientation alimentaire différente, survenue dans l’état protoplasmique, n’est donc pas une hypothèse dépourvue de base logique. En ce qui me concerne, je suis disposé à inférer que, dans l’ordre chimique, l’Allemand, mangeur de graisse, est un carbonatide, tandis que le Français, mangeur de pain, est un phosphatide.

De là, dérive probablement la constitution des formes extérieures de chacune des deux races.

Chaque sel implique des dimensions spéciales pour les cellules qu’il contribuera à former : les phosphates donnant naissance à des tubes et des formes déliées ; les carbonates formant des cellules rondes, devenant carrées par leur juxtaposition.

Ce serait donc de leurs tendances alimentaires si opposées que résulteraient les antagonismes, les oppositions irréductibles entre la race germanique et la race française, que la guerre actuelle vient de mettre en évidence d’une façon encore plus indiscutable.

En attendant que la science biologique nous apporte sur le chimisme ethnique les contributions qu’on peut en espérer, je me propose d’étudier l’objectivité physiologique de la race allemande dans ses trois expressions les plus frappantes : sa voracité, sa polychésie et son odeur.


La voracité de la race allemande. — De toutes les manifestations objectives par lesquelles se révèle la spécificité de la race allemande, la voracité est assurément la plus caractéristique.

Tacite écrit dans maints passages de son livre sur les Mœurs des Germains, qu’ils

… aiment, avec passion le lit et la table.

Il nous apprend qu’aux repas chacun des convives dispose d’une table qui lui est personnelle et qu’ils consacrent la plus grande partie de leur temps à des festins :

Passer sans interruption le jour et la nuit à boire n’est pour aucun d’eux une honte.

Dans un autre passage, il ajoute :

Si vous encouragez leurs penchants à l’ivrognerie, en mettant à leur portée toute la boisson qu’ils convoitent, vous aurez plus de facilité à les vaincre par leurs vices que par leurs armes.

Il leur arrivait fréquemment d’être si absorbés par la satisfaction de leur gloutonnerie qu’ils en perdaient toute notion de prudence. Toujours d’après Tacite, après un copieux repas, et d’abondantes libations, ils tombèrent dans un sommeil si profond qu’ils furent surpris et mis à mort sans défense par les Aggrifiniens[1].

La voracité des Allemands, étant inconciliable avec le choix raisonné des aliments les porte à préférer la quantité à la qualité. De là la propension à s’accommoder des aliments les plus grossiers.

Déjà Jules César, dans les Commentaires, nous avait renseigné sur les tendances alimentaires des Germains :

Chaque année, écrit-il, leurs guerriers se mettent en campagne pour se livrer au pillage. Ils ne séjournent jamais dans la même région plus d’un an et ils se nourrissent surtout de lait, de viande et de gibier.

Plus tard, Tacite a confirmé ce goût des Germains pour les ingrédients dont le mélange constitue la saucisse, le mets national des Allemands[2].

Et l’on peut dire qu’un des principaux effets de la civilisation germanique a été de substituer, dans l’alimentation courante, à la chair du sanglier la viande toute prosaïque du porc.

Et si quelqu’un se demande les causes d’une fidélité si persistante de la race allemande à l’égard de la race porcine, Voltaire se charge de lui répondre, dans le roman Candide, par la bouche de Pangloss :

Et les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année.

Il est vrai qu’à défaut d’autre moyen de subvenir à sa voracité, l’Allemand n’hésiterait même pas à se nourrir de la chair de ses compatriotes.

Wilhem Pierson, dans son Histoire de Prusse[3], écrit que, même au milieu du xviie siècle, les Germains étaient certainement cannibales, car en Silésie et dans une seule occasion cinq cents hommes furent tués et mangés. Les Allemands d’aujourd’hui étant demeurés dans le même état de barbarie, on peut s’attendre à ce que, poussés par la faim, ils se comportent comme l’ont fait leurs ancêtres du xviie siècle.

Dans tous les cas, l’Allemand ne se fait pas faute, à l’occasion, de consommer du chien. Des boucheries de viande de chien ont été depuis longtemps ouvertes dans les principales villes d’Allemagne. La chair du fidèle compagnon de l’homme y est souvent servie dans les restaurants sous le titre engageant de « côtelette de mouton d’Espagne ».

Un géographe du xviie siècle, Manesson Mallet[4], décrivant les peuples des divers pays du monde, disait en parlant de l’Allemagne :

Le menu peuple est rude et mange sans propreté. Toute la nation, en général, aime les longs repas et se fait une volupté de bien boire.

Frappé de la voracité innée des Allemands, Kant[5], dans un chapitre intitulé : De l’abrutissement occasionné par l’usage immodéré des aliments, rappelle à ses compatriotes qu’en se gorgeant de nourriture et de boisson, l’homme devient pour quelque temps incapable de se servir de ses facultés dans les actions qui demandent de la promptitude et de la réflexion.

Nietsche se trouvait sous la même impression lorsque, à une époque assez récente, il a écrit :

Si l’on considère la cuisine allemande dans son ensemble, que de choses elle a sur la conscience : les légumes rendus gras et farineux, l’entremets dégénéré au point qu’il devient un véritable presse-papier. Si l’on y ajoute le besoin véritablement animal de boire après le repas, en usage chez les vieux Allemands, et non pas seulement chez les Allemands vieux, on comprendra ainsi l’origine de l’esprit allemand, de cet esprit qui vient des intestins affligés. L’esprit allemand est une indigestion, il n’arrive à en finir avec rien.


Obéissant à l’amour de la graisse et du beurre, les Allemands ont préféré se conformer à l’opinion de Luther, qui leur a dit :

Le beurre est une chose très saine, et je crois vraiment que si les Saxons sont une race d’hommes si robustes, c’est grâce au grand usage qu’ils font du beurre.


De tous les aliments, celui pour lequel l’appétence des Allemands est portée au plus haut degré, c’est la graisse. Ce besoin exagéré de corps gras peut même être considéré comme un caractère de race. Il se manifeste chez les enfants dès qu’ils sont capables d’absorber des aliments solides. La graisse devient pour eux l’objet d’une véritable gourmandise. Voulez-vous le signe certain qui distingue un enfant de race celte d’un enfant de race germanique ? Vous le trouverez dans l’appétit différent qu’ils éprouvent pour la graisse. La répulsion des enfants de race celtique à l’égard des aliments gras est bien connue. Si vous voulez être agréable à l’enfant celte, offrez-lui une part de viande maigre. Vous satisferez le jeune Germain en lui octroyant le gras.

La personnification alimentaire de l’Allemand tient dans ces deux mots : brassicaire et porcophile. Les choux et la viande de porc, sous toutes les formes, voilà ce qui est l’objet de leur préférence.

Je n’entreprendrai pas ici l’énumération des innombrables variétés de saucisses dont la cuisine allemande a enrichi son répertoire. Je me bornerai à citer la Bockwurst, petite et longue ; la Leberwurst, faite de foie haché ; la Blutwurst, qui est crue et fumée ; la Pressack, amalgame de sang et de graisse ; la Weisswurst, mélange de farine et de foie ; la Knackwurst, qui réunit les produits les plus innommables ; sans parler des saucisses dites de Francfort, dans la composition desquelles entre souvent la chair du cheval, du chien et même du rat.

À ces aliments de constitution anonyme, il faut ajouter les Kloesse, boulettes constituées de viande, de graisse, de foie, d’abats, de poissons, de farine, de purées et de tous les ingrédients susceptibles d’être digérés par un estomac allemand.

Mais l’usage de la graisse de porc, dont l’Allemand fait une si grande consommation, ne va pas sans comporter quelques retentissements sur sa constitution anatomique.

Les graisses de l’alimentation, lorsqu’elles sont absorbées en excès, se déposent dans les tissus en conservant le caractère des graisses ingérées.

De telle façon que l’embonpoint dont les Allemands tirent assez facilement vanité ne serait constitué que par un dépôt de graisse de porc.

Le physiologiste allemand J. Munck, auquel on doit cette démonstration, n’a pas songé un seul instant qu’elle pourrait exercer une influence sur le goût favori de ses compatriotes.

La voracité allemande a donné lieu, en Alsace-Lorraine, à de nombreux sujets de plaisanterie. Quand il arrivait, par extraordinaire, qu’un Allemand vînt prendre place à une table d’hôte, il était le point de mire de toute l’attention. C’est toujours dans un silence profond, à peine entrecoupé de rires dont l’Allemand ne soupçonnait pas la cause, que nos compatriotes annexés assistaient à ce spectacle de gloutonnerie.

Un industriel alsacien, ayant reçu à la campagne un acheteur allemand, dut le retenir à déjeuner. Ce convive fit preuve d’une voracité qui mit tout le monde en gaieté.

Au moment où il allait partir, les Alsaciens eurent l’idée plaisante de lui offrir, pour manger pendant son retour, tous les reliefs du festin. On fit alors un énorme cornet qu’il emporta en le serrant contre son cœur.

Les Sioux et les Peaux-Rouges des réserves américaines, quand ils sont invités dans une fête annuelle, chez les colons du voisinage, emportent tout ce qui reste du festin. Ils apportent, à cet effet, de grands sacs de cuir où ils entassent pêle-mêle la viande, le sucre, le sel, le pain, les fruits.

L’Allemand en question ne s’est jamais douté qu’il avait été, de la part des Alsaciens, victime d’une véritable mystification et qu’ils l’avaient traité comme ils eussent fait d’un Peau-Rouge.

Aux États-Unis, la grossièreté alimentaire des Allemands est bien connue. Un proverbe courant dit :

Au marché, les Américains commencent par acheter tout ce qu’il y a de meilleur ; les Allemands prennent ce qu’ils ont laissé ; puis, s’il reste quelque chose, c’est pour les cochons.


Ceux de nos compatriotes qui ont séjourné en Allemagne ont été tellement frappés de la voracité allemande qu’ils n’ont pas manqué de le consigner dans leurs impressions de voyage. La description suivante, empruntée à Jules Huret, qui, cependant, n’a jamais été suspect d’animosité à l’égard des Allemands, constitue un témoignage qui mérite d’être reproduit :

Bientôt ils mangent. Alors, la terre n’existe plus pour eux.

Le buste très penché en avant, le nez dans leur assiette, la chaise le plus possible éloignée de la table, les coudes écartés, ils mastiquent sans s’arrêter, avec une ardeur grave, sans lever les yeux et sans parler, aussi longtemps qu’il reste quelque chose devant eux. S’ils se trouvent devant une arête ou des os, ils ne les lâchent que complètement nettoyés, les découpent, les rognent et les grattent comme s’ils se livraient à quelque travail d’orfèvrerie.

Ils font beaucoup de bruit en mangeant, râclent la sauce avec leur couteau qu’ils sucent ; si la lame est pointue, elle sert quelquefois de cure-dents ; ils enfournent coup sur coup de larges morceaux des mets variés placés devant eux. Car on leur a apporté tout ensemble : viande, pommes de terre et autres légumes, souvent des asperges ou des choux-fleurs, qu’ils avalent en même temps que la viande et les pommes de terre. Ils coupent les asperges avec leur couteau et les mangent jusqu’au bout, car elles sont généralement très cuites. Si elles sont dures, l’habitude ou leur goût les entraînant, ils s’y acharnent, et j’ai vu des gens mastiquer énergiquement les fibres des gros bouts d’asperges qui résistaient à la déglutition comme du caoutchouc.

J’en ai vu d’autres, dans des wagons-restaurants et des brasseries fréquentés par la société moyenne, essayer d’avaler le foin des artichauts et de croquer la croûte des melons.


La goinfrerie des femmes allemandes ne se distingue par aucune atténuation. À aucun point de vue, on ne saurait distinguer la moindre trace de cette réserve, de cette pudeur alimentaire, qu’on retrouve chez les femmes de tous les autres pays. Le fait est tellement frappant que Jules Huret a cru devoir le signaler dans les termes suivants :

Toute trace de coquetterie a disparu. La femme et l’homme sont égaux et semblables : ce sont des bêtes repues et digérantes ; le ton des voix monte très haut, une sorte d’expression insolite a remplacé la retenue du commencement du repas. Nous sommes au moyen âge encore païen et on voit bien que ce qui empêche la kermesse publique, c’est la seule ombre de Luther.


En 1879, un observateur auquel on doit les plus judicieuses observations, Gaétan Delaunay écrivait dans ses Études de biologie comparée :

Cet appétit des Allemands tient à la race, puisque les bonnes allemandes, de l’avis des placeuses de Paris, ne sont jamais rassasiées[6].


Il ajoute dans un autre passage :

Toutes les placeuses vous diront que les bonnes allemandes sont extrêmement gourmandes et s’empiffrent constamment.


Dans les Récits d’un vieil Alsacien, dont la lecture nous apporte des renseignements d’une si grande valeur sur la psychologie des immigrés en Alsace-Lorraine, Jeanne et Frédéric Régamey ont dessiné la silhouette de l’Allemand qui mange. Il est impossible de fixer d’une façon plus exacte l’objectivité par laquelle apparaît un des traits les plus caractéristiques de la mentalité germanique.


Le véritable Allemand, au sang pur, non souillé de mélanges étrangers, commence par éloigner un peu sa chaise de la table, même lorsque la rotondité de son ventre ne l’y oblige pas. Il s’assied bien d’aplomb, fixe à droite et à gauche de son assiette ses deux robustes coudes bien écartés ; sa loyale poitrine s’étant inclinée, ses larges pectoraux s’appuient alors sur le bord de la table, et la ligne superbe de son dos apparaît comme un arc puissant. Ainsi posé, inébranlable sur sa vaste base, le voilà prêt à montrer comment l’Allemand, suivant une expression qu’il a inventée, la « Gründlichkeit », sait faire tout ce qu’il entreprend soigneusement, méthodiquement, à fond. Les devoirs gastronomiques, comme tous les autres, seront remplis avec conscience, sérieux, énergie.

De son poing gauche fermé, il saisit la fourchette, en agrippe le morceau de viande, le transperce, le fixe sur la faïence, le pouce contracté ; puis du poing droit, armé du couteau, coupe une tranche, qu’il charge sur la lame pour la porter à sa bouche. La fourchette, toujours piquée, n’abandonne sa proie qu’après complet engloutissement.

À la viande succèdent les légumes. N’ayant plus à trancher, l’énergie n’étant plus indispensable, il desserre gracieusement l’étreinte de la main gauche, et sur le couteau, tenu plus légèrement, pousse haricots verts, choux ou petits pois, qu’il réussit à faire tenir en équilibre sur la lame, jusqu’à ce qu’elle enfourne sa charge. Le couteau, du reste, n’a pas grand chemin à faire, car l’Allemand n’élève pas la nourriture à sa bouche : il se courbe vers elle. Son visage se penche vers sa pâture comme un mufle de bœuf broutant ou un museau de chien lapant dans son écuelle. Il a gardé les vertueuses rusticités de ses ancêtres, les Germains vêtus de peaux de bêtes, et s’efforce de rester toujours en communion avec la grande, la simple nature.

Mais, parfois, il ne se contente pas du couteau et se sert aussi de la fourchette pour manœuvrer les légumes. Alors, les coudes toujours immobiles et bien écartés sur la nappe, la tête basse, il exécute avec les deux poignets un mouvement de va-et-vient, de l’assiette à la bouche, qui lui donne l’apparence d’une puissante machine à manger.

De nombreux documents historiques permettent de suivre à travers les âges l’aggravation héréditaire de la voracité germanique déjà signalée par Tacite.

Alors que tous les peuples font usage des aliments dans le but de conserver leur existence, l’Allemand cède à une impulsion de goinfrerie.

L’historien Jornandès affirme qu’Attila, après avoir exercé son appétit dans nos provinces de l’Est, s’empiffra tellement dans un repas de noces qu’il succomba sous le poids d’une indigestion.

Montaigne, après un long voyage en Allemagne, où il avait eu tout le loisir d’observer les Allemands, pouvait écrire :


Leur fin est l’avaler plus que le goûter.


L’histoire privée des empereurs et Grands Électeurs d’Allemagne, des rois de Prusse et des roitelets des divers États allemands, a consigné, avec autant de soin qu’elle eût fait d’actions d’éclat, le souvenir des orgies gastronomiques les moins vraisemblables.

Charles-Quint passait la plus grande partie de ses journées à manger. Ceux qui assistaient à l’un de ses repas étaient étonnés de la quantité d’aliments qu’il absorbait. D’ailleurs, il présentait au plus haut degré le prognathisme de la mâchoire inférieure, ce signe de dégénérescence, commun à tous les membres de la dynastie des Habsbourg, dans lequel se reconnaît la prédominance des appétits matériels les plus inférieurs.

En 1511, à l’occasion du mariage du duc Ulrich de Wurtemberg avec une princesse bavaroise, on organisa un festin dans lequel on mangea 136 bœufs, 1.800 veaux, 570 chapons, 1.200 poules, 2.759 grives, 11 tonnes de saumons, 90 tonnes de harengs, 120 livres de clous de girofle, 40 livres de safran, 200.000 œufs et 3.000 sacs de farine. Il fallut 15.000 tonneaux de vin pour étancher la soif de ces polyphages. Le menu de ce repas pantagruélique est enregistré par les chroniques du Wurtemberg comme un des faits les plus admirables de leur histoire.

Le maréchal de Grammont, interné comme prisonnier à Ingolstadt, en 1646, nous a transmis la relation des festins auxquels il fut convié par les Grands Électeurs. Nous savons par lui qu’aucune de ces réunions ne se terminait avant que tous les convives fussent ivres-morts. Les dîners duraient d’habitude sans discontinuer depuis midi jusqu’à neuf heures, au bruit des trompettes et des cymbales qu’on ne cessait d’avoir dans les oreilles.

Frédéric-le-Grand continue la série. Il faut voir le despote prussien pour juger de ce qu’un homme peut absorber sans éclater. Voici les termes dans lesquels M. G. Lenôtre nous décrit la fureur de son impulsion dévoratrice[7] :


Il avale, broie, ronge comme un fauve ; ses mains, sa bouche, ses joues sont inondées de sauce. Jamais il ne trouve assez épicés les mets qu’on lui sert : son cuisinier, las de reproches, a l’idée de saupoudrer les plats d’assa fœtida, et ce jour-là le roi se montre d’un appétit féroce. Il souffre d’horribles douleurs de goutte ; n’importe, il se bourre ; ses indigestions sont célèbres ; dès qu’il reprend ses sens, c’est pour réclamer de la victuaille, du pâté d’anguille ou de Périgueux. Car son affectation de mépris pour tout ce qui vient de France n’englobe ni nos friandises ni nos bons vins. Quand, à force de s’empiffrer, il est à la mort, il mange encore, et comment ! !

On possède un de ses menus du mois de juin 1786, alors que tordu par la goutte, gonflé par l’hydropisie, couvert depuis les pieds jusqu’aux hanches d’une inflammation érysipélateuse, il est à bout de forces et sans connaissance une partie du jour : d’abord une soupière de bouillon exprimé des choses les plus fortes et les plus chaudes, auquel il ajoute, comme à son habitude, une grande cuillerée de fleurs de muscade et de gingembre. Puis un morceau de bouilli à la « russe », c’est-à-dire cuit dans un pot d’eau-de-vie ; ensuite une grande assiette de « polenta » au jus d’ail, arrosée d’un bouillon d’épices ; enfin un pâté d’anguille si poivré qu’il paraît « avoir été cuit dans les enfers ». Frédéric prétend, d’ailleurs, qu’il ne mange que « pour se soutenir » et il disgracie les médecins qui lui conseillent quelque ménagement. Peu d’heures avant de mourir, il absorbe encore « pour se soutenir » du café au lait et un plat de crabes à la sauce piquante.


Mais le type le plus éminent de cette série de goinfres célèbres fut Frédéric Ier, roi de Wurtemberg. À cause de sa corpulence, il avait été surnommé l’Éléphant. Venu à Paris pour le mariage de l’impératrice Marie-Louise, il assiste à un banquet donné à l’Hôtel de Ville. Pendant longtemps on y montra la vaste échancrure pratiquée à l’une des tables pour lui permettre d’y loger son énorme abdomen.

S. M. le roi de Wurtemberg, disait Napoléon, faisant allusion à sa corpulence abdominale, arrive toujours à Paris ventre à terre.

Quand le général Moreau, étant entré à Stuttgart, se présenta au palais du premier roi de Wurtemberg, il le trouva à table, la serviette au menton et la bouche pleine :


Il était armé de sa fourchette et ses cuisiniers étaient à leurs pièces.


Il invita le général français à se mesurer avec lui sur le seul champ de bataille où il était sûr de remporter la victoire.

Des exemples aussi illustres ne pouvaient manquer de porter leurs fruits. À mesure que les conquêtes de l’Allemagne lui ont permis de donner satisfaction à l’appétit de la race, la consommation alimentaire s’est développée dans des proportions surprenantes. Dechambre, nous apprend que l’Allemagne est le pays qui compte le plus de boulangers et de bouchers en proportion de sa population.

À la veille de la guerre, en dehors de sa production toujours croissante, ses dépenses annuelles s’élevaient, pour l’importation des comestibles, à la somme de deux milliards deux cent millions de marks, non compris 170 millions de bétail sur pied.

De tout ce qui précède et de ce que j’ai personnellement observé, pour l’Allemand de pure race germanique, c’est dans le ventre que la nature a placé la raison et le but de l’existence. La fonction intestinale est pour lui le primum movens de toute activité vitale, le centre d’élection de toute jouissance. Toutes les autres sensations ne sont que les auxiliaires, les servantes de cette satisfaction matérielle, supérieure à toutes les autres. C’est donc par sa voracité que l’Allemand objective sa joie de vivre et la conscience de son expansion envahissante. « Je me remplis la panse, donc je suis. » De là vient que celui qui absorbe les plus grandes quantités d’aliments, dans un temps donné, se démontre à lui-même qu’il occupe la place la plus importante. D’où le proverbe : Der Mensch ist was er isst (l’homme vaut par ce qu’il mange). Étant bien entendu que lorsqu’il s’agit d’Allemands, on ne se place qu’au point de vue de la quantité.


La polychésie de la race allemande. — La polychésie est la manifestation d’une suractivité anormale de la fonction intestinale.

Elle est la conséquence de la polyphagie et est en rapport, non seulement avec la quantité, mais avec la qualité des aliments absorbés. Elle se traduit par une excrétion exagérée des matières fécales. Le besoin fréquent de défécation qui en est la conséquence est la source, dans le domaine mental, d’aberrations se rapportant à la satisfaction de ce besoin.

La polychésie, par sa fréquence et sa constance, peut être considérée comme une des particularités les plus marquées de la race allemande.

Dans le passé, l’ironie des peuples avait trouvé ample matière à s’exercer aux dépens de nos ennemis. Déjà du temps de Louis XIV, on disait que, par le seul aspect de l’énormité des excréments, le voyageur pouvait savoir s’il avait franchi les limites du Bas-Rhin et si son pied foulait le sol du Palatinat[8].

Le grave Leibnitz, faisant le récit des festins pantagruéliques donnés à l’occasion du carnaval de 1702, à la Cour de Hanovre, mentionne ce détail qui se rapporte aux habitudes d’un personnage du plus haut rang :


D’ailleurs, un pot de chambre de grandeur énorme, où il aurait pu se noyer la nuit, le suivait partout.


Depuis lors, la polychésie des Allemands n’a pas varié. Une vieille plaisanterie alsacienne consiste à poser la question suivante : « Savez-vous pourquoi, lorsque trois Allemands sont réunis, il n’y en a jamais que deux de présents ? » Les initiés répondent : « C’est parce que sur les trois, il y en a toujours un aux cabinets. »

C’est un fait bien connu qu’en Allemagne, par le fait de la polychésie, les water-closets, dans tous les endroits publics et privés, sont constamment assiégés.

L’hyperchésie allemande constituait un champ d’études si particulier, que son étude a suscité en Allemagne les émulations les plus ardentes. Aux laboratoires de scatologie ont été annexés des musées stercoraires dans lesquels sont exposés de nombreux modèles en cire, en pâte, de la plus rigoureuse exactitude. Comme le faisait justement remarquer, dans un congrès international, un des maîtres les plus éminents de la scatologie allemande, un tel degré de perfection ne saurait être atteint sans l’intervention d’un nombre respectable de collaborateurs : le photographe, le dessinateur, le mouleur, qu’il ne faut pas confondre avec le procréateur initial, le peintre-coloriste, et enfin le clinicien qui définit, compare et interprète. Les modèles sont naturellement déposés et brevetés, afin d’éviter les contrefaçons. À la place d’honneur, dans ce musée d’un goût spécial, figure la selle allemande normale, afin que les élèves puissent se familiariser avec son apparence.

La présence des troupes allemandes sur notre territoire a eu pour effet de nous rappeler cette hypertrophie de la fonction intestinale chez les Allemands. Dans leurs multiples invasions antérieures, les hordes germaniques s’étaient signalées par le débordement des évacuations intestinales dont elles jalonnaient leur marche.

Actuellement encore, dans la poursuite des Allemands battant en retraite, la marche de nos soldats n’est pas seulement retardée par des dévastations systématiques, elle est encore contrariée par les émanations des immondices stercoraires accumulées par des ennemis dépourvus de toute dignité et de toute pudeur.

En ce qui concerne les constatations positives relatives à l’hyperchésie, un premier fait est hors de doute. Comme je l’ai exposé dans une précédente communication sur l’odeur des Allemands, dans des conditions identiques de nombre et de séjour, la proportion des matières fécales des Allemands s’élève à plus du double de celle des Français.

Dans les usines de papeteries de Chenevières, en Meurthe-et-Moselle, cinq cents cavaliers allemands ont résidé pendant trois semaines. Ils y ont absorbé des quantités énormes de victuailles de toute sorte. La conséquence en a été qu’ils ont encombré de leurs déjections toutes les salles de l’usine. Une équipe d’ouvriers a mis une semaine pour retirer de l’usine trente mille kilos de matières fécales. Les dépenses de cet enlèvement se sont élevées à une somme considérable. L’amas de ces déjections a été photographié ; il s’élève à une hauteur à peine croyable.

À Liège, après un séjour de cent quatre-vingts Allemands pendant six jours dans l’immeuble n° 112, boulevard de la Sauvenière, les water-closets débordants ont nécessité une démolition complète pour les évacuer.

La maison tout entière était encombrée de matières fécales. Les lits en étaient remplis. Des ordures avaient été déposées dans les tapis, ensuite roulés avec soin. Les robes de soirée avaient été salies, puis rangées dans les armoires. Six personnes furent occupées pendant une semaine à cet épouvantable nettoyage.

La ville tout entière fut submergée, selon l’expression d’un témoin, sous une marée d’excréments.

Dans un grand nombre de localités serbes, on a été surpris de l’énormité des déjections intestinales laissées par les troupes autrichiennes. En certains endroits, les couloirs des maisons, les cours, les ruelles, les maisons elles-mêmes en étaient remplis jusqu’à un mètre de hauteur. Il a fallu une main-d’œuvre considérable et des dépenses très élevées pour en assurer l’évacuation.

Les mêmes constatations ont été faites en Serbie, partout où des localités furent occupées par des Autrichiens de race allemande.

À Valyevo, je tiens le fait du docteur Petrowitch, délégué à l’Office international d’hygiène, les Serbes, quelques instants après la déroute des Autrichiens à Valyevo, éprouvèrent un véritable sentiment de stupéfaction. Les rues étaient encombrées de monceaux de matières fécales, s’élevant à une hauteur à peine croyable. Ces amas d’excréments humains dégageaient une odeur intolérable et constituaient même, par leurs émanations pestilentielles, un obstacle à la marche des troupes. La première impression fut que les ennemis avaient intentionnellement encombré les rues de leurs déjections dans le but d’offenser leurs adversaires. Il fallut cependant reconnaître que leur accumulation avait été progressive. Or, la ville avait été occupée principalement par des officiers supérieurs et par les services de l’état-major autrichien. Les Serbes ne purent jamais s’expliquer comment tous ces officiers avaient pu circuler pendant plusieurs semaines en piétinant ces immondices, ni surtout comment ils avaient pu supporter la puanteur qui s’en dégageait.

Des exemples analogues pourraient être multipliés à l’infini. Le Dr  Cabanès, dans la Chronique Médicale, en a recueilli un nombre considérable. Il a en particulier rappelé le cas historique du roi Guillaume ii, en 1870, qui, dans son séjour à l’archevêché de Reims, souille le lit dans lequel il avait passé la nuit. Mais je m’en tiendrai aux principales conclusions suivantes :

1o  La polychésie de la race allemande, par sa constance, par sa répétition et par sa fixité, constitue un caractère de race.

2o  Au point de vue hygiénique, elle résulte de l’inobservance habituelle des règles de la tempérance et de l’hygiène alimentaire. Elle est en rapport avec le degré de gloutonnerie et de polyphagie ; tout polyphage étant, nécessairement, doublé d’un polychésique.

3o  Au point de vue clinique, elle est caractérisée par une activité hypertrophique de la fonction digestive, ayant des répercussions inévitables sur toutes les autres fonctions.

La suractivité de l’intestin explique la fréquence des affections de cet organe chez les Allemands et l’importance accordée, en Allemagne, aux travaux de scatologie pure et appliquée.

4o  Au point de vue anatomique, la mesure de l’intestin révèle, chez les Allemands, une augmentation de longueur d’environ trois mètres. Cet accroissement porte particulièrement sur le gros intestin dont la capacité est développée, dans les mêmes proportions.

Les glandes annexes de l’appareil digestif présentent un développement corrélatif.

L’ampoule rectale des Allemands atteint des dimensions considérables, en rapport avec le surmenage fonctionnel dont elle est l’objet. Leur sphincter anal, comme cela a été fréquemment constaté au cours de l’anesthésie chirurgicale, n’offre qu’une résistance extrêmement faible et il se dilate avec la plus grande facilité.

La polychésie apporte le témoignage de l’infériorité biologique de la race allemande.

Odeur spécifique de la race allemande. — Au nombre des propriétés physico-chimiques des corps simples ou organisés se trouve celle de dégager une odeur. Il n’y a probablement pas d’objet ou de substance qui ne soit doué d’une odeur ou d’une saveur caractéristique.

La spécificité des odeurs, de même que celle des saveurs, dérive de la mémoire olfactive et de la mémoire gustative. C’est parce que la fonction d’enregistrer les impressions olfactives et gustatives a été dévolue à des centres nerveux spéciaux, que la spécificité de l’odeur propre à chaque corps est susceptible de devenir une notion positive.

Elle est donc absolument liée à la faculté du souvenir olfactif, qui nous permet de reconnaître et de qualifier une odeur quand, par l’intermédiaire de l’organe de l’odorat, nos centres olfactifs sont, après un espace de temps souvent considérable, impressionnés de nouveau par elle. À ce point de vue, il faut reconnaître que la mémoire olfactive et la mémoire gustative ne le cèdent en rien en puissance aux autres mémoires sensorielles. On rencontre même des individus chez lesquels la mémoire des goûts et des saveurs est douée d’une acuité véritablement surprenante.

En ce qui concerne les hommes, on peut admettre qu’une des causes contribuant à maintenir le caractère spécifique de l’odeur propre à chacune des races, c’est l’attachement à leurs habitudes alimentaires. Les représentants des diverses races ne renoncent à leur régime habituel que quand ils y sont absolument obligés. Pour peu que les circonstances leur en donnent la possibilité, ils s’empressent de revenir à leurs traditions culinaires. La multiplicité des échanges commerciaux facilite, d’ailleurs, de plus en plus cette fidélité au régime de prédilection. Les émigrants, loin de perdre le goût de leurs mets nationaux, ressentent d’autant plus d’attrait pour ces mets qu’ils sont plus éloignés du pays d’origine. Dans toutes les colonies tropicales, les Européens, plutôt que de se conformer aux usages locaux, ont transporté leur manière de vivre. C’est ainsi qu’aux Indes, où les indigènes professent le plus grand éloignement pour la chair de bœuf, les Anglais ont conservé leur prédilection pour la viande de cet animal. La bière, la choucroute, les saucisses et les « delicatessen » ont accompagné les Allemands dans toutes les parties du monde, ce qui laisserait à supposer que les préférences alimentaires des races leur sont inspirées beaucoup plus par des instincts innés que par les influences du milieu.

En réalité, l’alimentation n’est qu’un facteur secondaire dans la production de l’odeur. Des boucs et des béliers, paissant dans les mêmes pâturages, n’exhalent pas la même odeur. Les chevaux et les bœufs nourris des mêmes herbages conservent l’odeur caractéristique de leur espèce.

Les différents groupes d’hommes fournissent de nombreux exemples analogues. Bien que soumis au même régime alimentaire, il en est qui exhalent une odeur forte, tandis que les émanations des autres sont à peine perceptibles.

Au Mexique, deux races évoluent parallèlement en Basse-Californie : celle des Yoquis et celle des Moyos. Les Yoquis, demeurés à demi sauvages, négligent les soins de propreté ; les Moyos, au contraire, se lavent très fréquemment. Cependant, les Moyos et surtout les femmes Moyos se reconnaissent à leur odeur très spéciale. L’odeur de certaines races humaines est si pénétrante que les soins de propreté les plus minutieux n’arrivent pas à en atténuer l’intensité.

J’ai réuni un certain nombre de faits analogues dans une étude assez approfondie parue dans la Revue de l’Hypnotisme en 1909, sous le titre : Psychologie de l’olfaction.

Chez les espèces animales, l’odorat joue le rôle prépondérant dans la conservation et la défense de la race. À son rôle de réveiller périodiquement et de stimuler les fonctions de reproduction, s’en ajoutent d’autres d’une importance non moins considérable. C’est par lui que les animaux sont avertis de la présence de l’ennemi. C’est également l’odorat qui leur permet de dépister les proies dont ils doivent faire leur nourriture. Les perceptions olfactives tiennent la première place aussi bien dans le domaine de la guerre que dans celui de la chasse.

Sans jouer chez l’homme un rôle équivalent, elles n’en sont pas moins importantes. Comme chez les animaux, les impressions olfactives jouent le rôle prédominant aussi bien dans les attractions sexuelles que dans les affinités sociales. Il n’est pas téméraire d’ajouter que l’antipathie, la sympathie et l’électivité olfactives dominent impérieusement toutes les questions de pénétration et de collaboration internationales. La première condition pour que les peuples de race différente ne soient pas gênés dans leurs relations courantes, c’est que l’odeur de l’un n’affecte pas péniblement les fonctions olfactives de l’autre. Ici la linguistique se trouve d’accord avec la sociologie, car on ne peut présumer de longues relations de courtoisie entre des gens dont la disposition réciproque est de « ne pouvoir se sentir ».

La haine entre les races blanche et noire, qui se manifeste avec tant d’intensité aux États-Unis, a pour principale cause l’odeur que les Américains reprochent aux nègres. C’est d’ailleurs le motif le plus fréquemment invoqué pour exiger la séparation des deux races dans les tramways, les restaurants et les hôtels.

Des oppositions sensorielles du même ordre existent également entre les individus de race blanche et ceux de race jaune. Une dame qui a fait plusieurs séjours au Canada, dans des milieux où les cuisiniers sont Chinois, éprouvait la plus grande aversion pour les mets préparés par eux, car ils restaient imprégnés de leur odeur spécifique.

Les habitants de l’Égypte ancienne se rendaient un compte exact du rôle que l’odeur humaine et le sens de l’odorat qui la perçoit jouent dans l’appréciation de la personnalité. C’est ce qui ressort d’une remarquable étude présentée par le baron Textor de Ravisi, au congrès des orientalistes de 1880. Il y démontrait que les anciens Égyptiens ne reconnaissaient comme des frères que ceux qui réunissaient un certain nombre de conditions, parmi lesquelles figurait au premier rang celle d’être de la race du Mesraïm et d’être les Rot-U, c’est-à-dire « qui conservaient la même odeur sui generis ».

Les anciens Égyptiens, en limitant leurs élans de fraternité à ceux de leurs congénères chez lesquels ils retrouvaient une odeur sympathique, ne faisaient que se conformer à une loi naturelle.

La spécificité des odeurs de race a été reconnue également par Lavater : il affirme qu’il existe des odeurs nationales. Après avoir déclaré que le premier soupçon de leur existence avait été confirmé par de nombreuses expériences, il exprime l’idée que si elles peuvent s’expliquer par la nourriture et le genre de vie, il faut plutôt en trouver l’origine dans la qualité du sang et dans la constitution originelle :


Il ne s’agit pas seulement ici, dit-il, des exhalaisons de la malpropreté, mais de celles qui sont inhérentes au corps ; j’oserai même affirmer qu’il est des figures et des physionomies dont on peut dire ou plutôt pressentir quelle est leur odeur particulière. (Lavater, t. iv, p. 45.)


Dans l’exposé de Lavater, il n’est pas difficile de reconnaître que c’est à l’odeur des Allemands qu’il fait allusion.

L’odeur nauséabonde qui se dégage de l’organisme des individus de race allemande a été maintes fois signalée à la suite des invasions germaniques. Pendant toute la durée du moyen âge, l’expression « puer comme un Goth » servit à exprimer l’opinion qu’un individu exhalait une odeur repoussante.

De toutes les invasions barbares, celle des Burgondes fut la moins cruelle. Peu nombreux, les Burgondes furent rapidement assimilés par les populations celtiques auxquelles ils imposèrent leur domination ; aussi le type germanique ne se rencontre plus dans les régions qui constituent la Bourgogne qu’à l’état d’exception ; encore est-il facile, si l’on en croit l’évêque Sidoine Apollinaire, de reconnaître le Germain-Burgonde à son amour de la table autant qu’à son odeur butyrique.


Quod Burgondio cantat esculentus
Infundens acido comam butyro.

(Poésies de Sidoine Apollinaire.)


Une autre preuve non moins démonstrative de la puanteur spécifique des Longobards, se trouve dans la lettre adressée en 770, par le pape à l’empereur Charlemagne ainsi qu’à son frère Carloman, à l’occasion de son projet de mariage avec Berthe, fille du roi Didier. Le pape écrit au roi de France pour lui recommander de ne pas souiller le très noble sang des Francs en prenant femme dans la race très perfide et extrêmement puante des Longobards.


Quæ est enim, præcellentissimi filii, magni reges, talis desipiensia, ut penitus vel dici liccat, quod vestrapræclara Francorum gens, quæ super omnes gentes enitet, et tam splendiflua ac nobilissima regalis vestræ potentia proles, perfida, quod absit, ac fætentissima Longobardorum gente polluatur. (Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. v, p. 542.)


Cette accusation de puanteur portée contre les Longobards, qui constituaient une des hordes les plus importantes de la Germanie, se trouve confirmée par un récit de Paul Diacre. Il rapporte que dans un banquet où Turisende, roi des Gepides, avait convié quelques guerriers lombards, un des fils du roi leur reproche d’exhaler une odeur puante, analogue à celle qui se dégage des pieds des cavales lorsqu’ils sont blancs et atteints de suppuration. (Pauli Warnefridi, De Gestis Longobardorum.)

Pendant leur occupation de l’Aquitaine et du Béarn, les Goths avaient eu recours, à l’égard des populations indigènes, à des procédés d’intimidation et de barbarie exactement identiques à ceux que les Allemands d’aujourd’hui emploient dans la Belgique. Aussi, après la victoire de Vouillé par Clovis, les survivants des armées gothes, s’étant réfugiés dans les vallées les plus profondes des Pyrénées, y furent l’objet des représailles les plus méritées.

Pendant de longs siècles, la population les tint à l’écart, les traitant comme de véritables pestiférés ; il ne leur était jamais permis de s’asseoir à la même table que les habitants du pays ; boire dans un verre que leurs lèvres auraient touché eût été l’équivalent d’un empoisonnement. À l’église, ils ne pouvaient entrer plus avant que le bénitier.

Tout mariage avec une femme indigène leur était interdit ; on voit par ce précédent à quelle dégradation doivent s’attendre les Allemands s’il était donné à quelques-uns de séjourner dans les pays envahis, après l’évacuation de leurs armées.

De dominateurs arrogants, les Visigoths vaincus passèrent sans transition à l’état d’esclaves les plus obséquieux. Ces cagots, comme on les appelait par une altération de mots cans gots (chiens goths), ne pouvant se mélanger avec la population, conservèrent, dans toute leur impureté, les caractères de la race germanique.

Après Laurent Joubert, le commingeois François de Belle-Forest les a décrits ainsi :


Et au reste portant en leurs faces et actions quelque cas qui les rend dignes de cette détestation ; si ont-ils tous l’haleine puante et si les approchant vous sentez ne scay quel malplaisante odeur sortir de leur chair, comme si quelque malédiction, de père en fils, tombait sur cette race misérable d’hommes.


Outre les imputations de hâblerie, de mensonge, de gourmandise et d’autres vices, les cagots passaient pour avoir le cou plus rouge que les individus de race indigène. C’était une chose tellement reçue que lorsque les paysans trouvent un épi plus rouge que les autres, ils disent : voilà un cagot, et ils le séparent de la pile (fig. 15).

La description de l’odeur du cagot, qui augmente pendant les grandes chaleurs, suffit pour démontrer la réalité de leur origine germanique. La persistance de cette odeur à travers les siècles, alors qu’ils étaient transplantés dans un pays très différent de la Germanie et qu’ils faisaient usage d’une alimentation analogue à celle des indigènes, témoigne qu’il s’agissait bien d’une odeur de race.

Par les exemples qui précèdent, on s’explique qu’à notre époque les populations d’Alsace-Lorraine se soient montrées si réfractaires à l’assimilation germanique. C’est qu’une question d’odeur de race divise profondément la race indigène de la race des envahisseurs. L’odeur de la race allemande a toujours produit les impressions les plus désagréables sur la fonction olfactive de nos compatriotes d’Alsace-Lorraine.

Beaucoup de jeunes Alsaciens-Lorrains déclarent que, dans les casernes allemandes, leur odorat était continuellement soumis au plus douloureux des supplices. Ceux qui ont eu l’occasion de servir en France, ont assuré qu’aucune impression olfactive aussi désagréable ne les avait frappés de ce côté-ci du Rhin.


Fig. 15. — Tête de cagot, Goth, boche du moyen âge (Église de Moncin, Pyrénées).

Un Alsacien auprès duquel je me renseignais pour savoir si des exemptions du service militaire ne devraient pas être faites en Allemagne pour ce motif, me répondit avec humour : « Si on se mettait en Allemagne à exempter les soldats pour cause de puanteur des pieds, il serait absolument impossible de recruter la garde impériale. »

En Alsace, l’épithète couramment employée pour désigner un Allemand à partir de 1870 fut celle de Stinckstiefel. La traduction littérale de ce mot serait pue-bottes.

Ce qualificatif trouve une variante fréquemment usitée dans le mot de Stenkpreisse, c’est-à-dire Prussiens puants.

L’influence repoussante exercée sur l’olfaction des habilants des pays annexés par l’odeur des Allemands a été confirmée par Jeanne et Frédéric Regamey dans un article intitulé : La Fétidité allemande :

Certes, nul Alsacien ne contredira le docteur Bérillon lorsqu’il parle de l’odeur, détestable et persistante qu’exhale l’Allemand. Qui donc, sur la terre annexée, n’a respiré ces relents composites ? Qui ne s’est bouché le nez au passage d’un régiment dans la rue ou même sur une route bien aérée, en pleine campagne ? Qui n’a souffert de l’atmosphère empestée de certains bureaux de l’administration où étaient réunis plusieurs employés teutons ?

Les soldats alsaciens, obligés de servir dans l’armée allemande, nous disaient qu’ils avaient l’habitude de donner régulièrement quelque argent à leurs camarades germaniques pour acheter ainsi le droit de marcher dans le rang extérieur de la compagnie, car, lorsqu’ils étaient complètement encadrés d’Allemands, ils se trouvaient suffoqués par leur odeur.


Dans une étude sur la bromidrose fétide de la race allemande, je me suis appliqué à démontrer que l’odeur nauséabonde constatée dans tous les endroits où avait séjourné quelque Allemand, tirait sa source d’une disposition spécifique de la race allemande. Depuis lors mes affirmations ont été confirmées par des milliers d’attestations[9].

Un grand nombre de médecins français, lorsqu’ils ont eu à soigner des blessés allemands, ont reconnu spontanément qu’une odeur spéciale, très caractéristique, émanait de ces blessés. Tous sont d’accord pour affirmer que cette odeur, par sa fétidité, affecte péniblement l’odorat. En effet, dans un hôpital ou une ambulance, elle est appréciable même lorsqu’il ne s’y trouve qu’un seul blessé allemand. On la perçoit déjà à une certaine distance du lit, et elle vous poursuit lorsqu’on s’en éloigne, parce qu’elle reste fixée sur les vêtements et sur les objets qui ont été en contact avec le malade.

L’enquête que j’ai entreprise sur cette question est venue pleinement confirmer mes impressions personnelles.

Il n’est pas douteux qu’il se dégage des Allemands une odeur spécifique, sui generis, et que cette odeur est particulièrement fétide, nauséabonde, imprégnante et persistante.

On ne la constate pas seulement chez les sujets blessés ou malades. Elle est également l’apanage de ceux qui sont bien portants. Plusieurs officiers français m’ont déclaré qu’ayant eu à accompagner des détachements de prisonniers allemands, ils étaient obligés de détourner la tête, tant l’odeur nauséabonde qui se dégageait de ces hommes les incommodait.

Des officiers d’administration, ayant dans leurs attributions de recueillir et de classer les objets trouvés sur les prisonniers, m’ont dit que les billets de banque trouvés sur les Allemands étaient imprégnés à un tel point de cette odeur désagréable qu’ils étaient dans la nécessité de les désinfecter. Il en était de même pour tous les autres objets.

Les exhalaisons fétides qui émanent de tout groupement d’Allemands, qu’il soit composé d’éléments civils ou militaires, ont été l’objet de nombreuses constatations. Ainsi, en Alsace, c’est une habitude de dire que lorsqu’un régiment allemand passe, l’odeur nauséabonde qu’il a dégagée ne met pas moins de deux heures à se dissiper.

Récemment des infirmières m’ont rapporté qu’une de leurs collègues, désignée pour assister à une séance de vaccination de prisonniers allemands, avait rapporté dans ses vêtements l’odeur spécifique de ces hommes et qu’elle l’avait conservée pendant plusieurs heures.

Le chirurgien Bazy me disait il y a quelques jours, à l’hôpital Beaujon, que, après la guerre de 1870, les casernes dans lesquelles avaient résidé des troupes du corps d’occupation allemande, conservèrent une odeur spéciale, très désagréable. Elle demeura nettement accusée pendant plus de deux ans après le départ des troupes, aucun des procédés de désinfection mis en usage ne parvenant à la neutraliser.

On ne manquera pas d’objecter que l’odeur des soldats allemands résulte surtout des conditions dans lesquelles ils se trouvent placés par la guerre. À cela il est facile de répondre qu’aussi bien dans l’état de paix que dans les périodes de guerre, l’odeur des Allemands présente les mêmes caractères de fétidité, et j’en ai recueilli d’innombrables preuves. Les faits suivants tendraient même à prouver que l’alimentation ne joue aucun rôle dans cette fétidité. Une famille alsacienne, plusieurs années avant la guerre de 1914, ayant loué un appartement à un officier supérieur, ne peut, après son départ, prendre possession des pièces avant de les avoir complètement remises à neuf. Cependant cet officier s’était depuis longtemps soumis à un régime alimentaire analogue aux habitants du pays.

Des hôteliers du Quartier Latin ont du faire désinfecter des chambres occupées par des étudiants allemands. Leur régime n’était pas différent de celui de leurs autres pensionnaires dont l’odeur ne comportait aucune particularité spéciale.

De nombreux faits de bromidrose fétide chez les Allemands ont été constatés dans des circonstances analogues. Dans les hôtels de la Riviera, les chambres qui ont été occupées par des Allemands conservent indéfiniment cette odeur spéciale très pénible pour les odorats sensibles. Elle explique pourquoi les hôtels où descendent les Allemands sont délaissés par les voyageurs d’autres nationalités. Les imprégnations de cette odeur se retrouvent dans les placards, les armoires, les meubles où des vêtements ont été renfermés, mais elle a surtout son lieu d’élection dans les tables de nuit.

L’odeur de la race allemande présente des caractères si particuliers que lorsqu’on l’a une fois perçue, elle reste définitivement gravée dans la mémoire sensorielle. C’est par elle qu’il fut permis de dépister, quelques semaines avant la guerre, un employé allemand qui, sous le couvert de la qualité d’Alsacien-Lorrain, s’était fait admettre à l’Établissement médico-pédagogique de Créteil. Il s’agit donc d’une odeur spécifique de race qu’on retrouve chez la grande majorité des individus allemands. Cette odeur, par l’effet de soins de propreté, de pratiques d’hygiène spéciale, de l’usage de désinfectants, est moins appréciable dans les classes riches ou aisées ; elle n’en est pas moins sensible pour un odorat délicat.

Elle n’est pas particulièrement liée à la couleur des poils. Elle émane des individus bruns aussi bien que des blonds roux.

Une différence sensible existe cependant entre les émanations des uns et des autres. Tandis que chez les bruns un examen attentif rappelle l’odeur du boudin dans lequel on aurait incorporé de l’encens ou du musc, chez les blonds on perçoit l’odeur de la graisse rance avec les senteurs aigres qui se révèlent à l’approche des fabriques de chandelles.

L’impression ressentie est exprimée d’une manière différente par les observateurs. Les uns disent que l’odeur de l’Allemand est analogue à celle qui se dégage des clapiers de lapins. D’autres la comparent à un relent de ménagerie mal tenue pendant l’été. Il en est aussi qui se rattachent à l’odeur aigrelette des fermentations lactiques, de la bière répandue sur le sol, de barils ayant renfermé des salaisons, du petit salé. J’ai entendu exprimer l’opinion que l’odeur exhalée par les Allemands est analogue à celle qu’on perçoit chez un grand nombre de vieillards arrivés à la période de la décrépitude.

Il s’agit en réalité d’une odeur composite, de laquelle un odorat exercé pourrait seul dégager les éléments disparates.

Au premier rang de ces éléments constitutifs de l’odeur allemande, je puis indiquer :

1° L’odeur hircinique qui émane des aisselles et a reçu son nom de l’analogie qu’elle présente avec l’odeur du bouc. Elle tendrait à prédominer chez les Bavarois et les Allemands du Sud ;

2° L’odeur butyrique, dont le siège d’élection se trouve dans les interstices des doigts des pieds et qui est en rapport avec le tempérament, le développement graisseux et le tempérament lymphatique d’un grand nombre d’individus de race allemande. Elle est assurément plus accentuée chez les Allemands du Nord et chez les Prussiens.

En dotant les corps et les individus nuisibles d’odeurs capables de nous avertir de leur présence, la nature a eu pour but de pourvoir à notre sécurité. Ne pas tenir compte de ses avertissements serait le témoignage d’une dégénérescence de l’instinct de conservation. Si, comme nous le disait H. Cloquet, l’odorat est à la fois l’organe de l’instinct et de la sympathie, ne soyons pas surpris si les hommes doués d’un « flair » normal n’accordent leur confiance qu’à ceux dont l’odeur ne leur inspire ni dégoût ni antipathie.

La bromidrose fétide des Allemands peut donc, à elle seule, et à défaut de tout autre grief, justifier la défiance instinctive dont ils ont toujours été l’objet de la part d’un si grand nombre d’humains. Lorsqu’il s’agit de la défense de la race, l’odorat est encore la sentinelle la plus vigilante. S’il arrive que la vue et l’ouïe, trop portées à se laisser suborner et illusionner, ne nous gardent plus, l’olfaction ne cesse de nous avertir et de nous tenir en éveil.

  1. Le même fait s’est reproduit au cours de notre victoire de la Marne où de nombreux officiers et soldats allemands furent capturés étant dans l’ivresse la plus complète.
  2. Nulli domus, aut ager aut aliqua cura pro ut ad quam venere aluntur.
  3. Wilhem Pierson : Histoire de Prusse, tome 1, page 132.
  4. A. Manesson Mallet : La description de l’Univers, 1683.
  5. Kant : Principes métaphysiques de morale.
  6. Gaétan Delaunauy : Études de biologie comparée. Physiologie, p. 12, 18.
  7. G. Lenotre : La petite histoire : Prussiens d’hier et de toujours, 1916, p. 166.
  8. Bérillon : La polychésie de la race allemande. Broch. in-8, 20 pages. Maloine, Paris, 1915.
  9. Bérillon: La bromidrose fétide de la race allemande. Broch. in-8,. 12 pages, Paris, 1915.