La Revanche du prolétariat/Louise Michel et le Drapeau noir

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Librairie socialiste internationale (p. 36-37).

LOUISE MICHEL ET LE DRAPEAU NOIR

À la Citoyenne Olivier Souêtre.

Vivre en travaillant,
Ou mourir en combattant,

(Lyon, 1831.)

Au jour fatal où sombra la Commune,
Quand notre sang gonflait le vaste égout,
Aussi vaillante au feu qu’à la tribune,
Devant Versailles elle resta debout.
Proscrite au loin, vers de brûlantes plages,
Elle y sema le germe fraternel.
Les plus cruels ne sont pas les sauvages…
Honneur, honneur à Louise Michel !

Le peuple a faim ! sa misère est profonde.
Le riche pousse au sombre désespoir.
Dans les faubourgs où le chômage gronde,
Les affamés lèvent le Drapeau noir !
À ce signal, sortant de sa retraite,
Et pour briser l’esclavage éternel,
Qui donc accourt et s’élance à leur tête ?
C’est elle encor, c’est Louise Michel.

Bravant la Cour, la Jeanne d’Arc moderne,
Du Capital démasque les suppôts,


Tous ces Vautours d’église et de caserne,
Qui sans pitié nous rongent jusqu’aux os,
De sa cellule ils ont scellé la pierre…
Elle subit l’isolement mortel ;
Mais par les joints filtre encor la lumière
Qui brille au cœur de Louise Michel.

Les travailleurs conservent la mémoire
Des fiers martyrs qui succombent pour eux.
Ils graveront au fronton de l’Histoire
Son nom si pur, parmi les plus fameux.
Ah ! vienne enfin la suprême bataille,
— Ton dernier jour, possesseur criminel —
Nous abattrons la sinistre muraille
Où tu gémis, Ô Louise Michel !

De leurs canons, tu méprises la foudre,
Ô noir Drapeau qui flotta sur Lyon !
La dynamite a détrôné la poudre…
Ainsi vaincra la Révolution !
Vole au combat, symbole du courage !
Voici venir le moment solennel.
Du prolétaire, abolis le servage :
Sois le vengeur de Louise Michel[1] !

Ach. Le Roy.
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  1. Une vieille baderne, le général Bossant, qui commande, à Niort, une brigade de cavalerie, fit punir, l’année dernière, une chambrée de jeunes soldats, y compris le sous-officier Lavergne qui réclama en leur faveur, pour s’être fait l’écho de ce chant révolutionnaire, « un chant obscène, » à prétendu ce jésuite à plumet.