La Tyrannie socialiste/Livre 2/Chapitre 6

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Ch. Delagrave (p. 59-60).
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CHAPITRE VI

À chacun selon ses besoins.


Quelle est la mesure des besoins ? — Les capacités et les besoins. — Le salaire devrait être en raison inverse de la capacité.


C’est une formule qui a remplacé « à chacun selon ses œuvres. »

Mais quelle est la mesure des besoins ? ils sont aussi indéfinis que la capacité de désirs de l’homme. Chacun peut rêver tous les paradis terrestres à son gré. Il faudra donc que la société, par un moyen quelconque, les lui procure… Ce ne sera pas le régime de l’égalité.

Mais soit, ce n’est pas ce que veulent dire ceux qui se servent de cette formule qui, comme la plupart des formules socialistes, aboutit à l’absurde dès qu’on en tire les conséquences logiques. Ils entendent que les salaires ne doivent pas être établis selon les capacités, mais selon les besoins.

Nous avons déjà montré que les salaires ne dépendaient ni du patron, ni de l’ouvrier, mais du pouvoir d’achat du consommateur.

Si on calculait les salaires d’après les besoins, ce serait l’ouvrier le plus incapable qui devrait avoir le plus fort salaire.

Un malheureux est atteint de bronchite chronique ; il a besoin de salaires d’autant plus élevés qu’il est malade ; qu’il lui faudrait des aliments de premier choix, en abondance, des réconfortants de toutes sortes, la possibilité de gagner assez en quelques jours pour pouvoir se reposer ensuite. Où ce malheureux trouvera-t-il jamais non seulement des salaires plus élevés, mais des salaires aussi élevés qu’un ouvrier habile et en bonne santé ?

Le salaire sera toujours proportionné à la capacité productive de l’ouvrier et non à ses besoins.