La civilité des petites filles/08

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8. — Ce qu’il faut observer dans les visites et les conversations.


Je vous l’ai déjà dit, mes enfants, je désire que voire livre de civilité vous serve non seulement maintenant, mais encore plus tard. C’est pourquoi vous y trouverez des règles de conduite applicables à tous les âges de la vie. Lisez-les donc avec attention.

Une visite exige toujours la politesse d’une autre visite.

Mettre de l’empressement à rendre une visite est une marque de déférence.

Il est impoli de faire attendre longtemps une personne qui vient nous voir.

Il n’est pas permis de travailler devant les personnes qui nous rendent visite.

Les visites se font ordinairement entre deux et six heures du soir. En général, on peut dire que les visites les plus courtes sont les meilleures et les plus agréables — pour ceux qui les reçoivent !

Une visite de cérémonie ou de condoléance ne doit pas durer plus d’un quart d’heure. Une visite de parenté ou d’amitié ne doit jamais excéder une heure. Dans bien des cas, une demi-heure suffit.

Il vaut mieux s’entendre dire : « Quoi, vous partez déjà ! Restez donc encore… » que de laisser penser : « N’est-ce pas bientôt fini ? Dieu que c’est long ! »

Cela dit, abordons le sujet important de la conversation.

Les bavards, les diseurs de rien, ceux qui parlent à tort et à travers, sont insupportables. On les fuit, ou les redoute, et lorsqu’ils vont pour rendre une visite, ils trouvent souvent la porte close : « Madame n’y est pas… Monsieur et Madame sont partis pour longtemps… Ils rentreront très tard… »

Quand une personne parle, on doit bien se garder de lui couper la parole, de l’interrompre ; il faut attendre son tour. Si tout le monde parlait à la fois, ce serait la tour de Babel. C’est une grande science de savoir se taire et de savoir écouter.

Si la personne qui parle devant vous se trompe dans une chose importante et que vous soyez obligée de la détromper, gardez-vous bien de dire : « C’est faux ! Vous mentez ! Ce n’est pas vrai ! Vous ne savez ce que vous dites. »

Dans ces occasions, on peut s’exprimer ainsi : « Permettez-moi de vous dire, madame, que vous vous trompez… Je vous demande pardon ; mais les choses ne se sont pas passées ainsi… On vous a mal informée… Je regrette de ne pouvoir être de votre avis sur ce point… »

Il est bon, en société, d’éviter — je ne dis pas les disputes, qui doivent être absolument bannies — mais même les discussions. Celles-ci n’ont aucun résultat, elles ne servent qu’à envenimer les choses ; chacun se retire avec son opinion un peu mieux enracinée, et, de plus, emporte de l’irritation contre son adversaire.

Les personnes jeunes ne doivent pas contester avec les vieillards, ni un inférieur avec son supérieur.

Un enfant ne doit jamais se permettre de remuer la tête et d’avoir un air de doute quand une personne respectable lui parle ou raconte quelque chose. Si, par hasard, il lui adresse une question, il emploiera une de ces formules polies : « Auriez-vous la bonté de me dire… Oserais-je vous prier de… Voulez-vous avoir l’obligeance de… »

Gardez-vous bien en société de parler bas à l’oreille de quelqu’un et de rire ensuite. Les autres personnes présentes pourraient croire qu’il est question d’elles et s’en offenser.

Si jamais, mes petites amies, vous entendiez des paroles grossières et déplacées, n’en riez pas, car vous vous feriez mal juger ; faites comme si vous n’aviez rien entendu.

Prenez l’habitude de ne jamais parler mal de votre prochain ; ne faites ni médisances, ni calomnies. Croyez, en parlant des absents, qu’ils sont présents, et vous ne direz rien qui puisse les blesser et leur nuire.

En parlant, ne vous approchez pas trop près de la personne qui vous écoute. Il est for ! désagréable de recevoir… comment dirai-je ? un brouillard humide sur la figure.

Surtout, n’imitez pas certaines personnes qui, s’ennuyant durant une conversation, s’agitent, se remuent, demandent naïvement : Quelle heure est-il ? bâillent et finalement s’endorment… ou à peu près.


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RÉSUMÉ


1. Quand vous faites une visite, essuyez vos pieds avant d’entrer, sonnez ou frappez doucement, saluez la maîtresse de la maison la première.

2. Ayez un air naturel, restez assise posément, ne touchez à rien, ne faites pas du regard l’inventaire de la pièce.

3. Parlez poliment, écoutez de même, n’interrompez pas, ne démentez jamais.

4. Ne discutez pas avec une personne respectable, et n’ayez pas un air de douter de ce qu’elle dit ou raconte.

5. Causez à chacun de ce qui l’intéresse, sachez entendre une conversation, même ennuyeuse, sans ennui.

6. Ne dites pas de mal de votre prochain, gardez-vous de toute parole inconvenante, soignez votre langage.

7. Ne bâillez jamais en société.

8. Faites vos visites courtes.


MAXIME


Voulez-vous être aimée ? Soyez aimable.


Rédaction : Expliquez comment une personne bien élevée doit se conduire dans ses visites et dans sa conversation.


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