La corvée (Féron)/X

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Éditions Édouard Garand (p. 40-44).

X

OÙ BARTHOUD TROUVE SON MAÎTRE


On se rappelle l’étonnement du père Brunel, pour ne pas parler de la surprise des autres galériens, quand, ce matin-là, il eut constaté la disparition de Beauséjour.

Naturellement l’évasion du pseudo-Laroche fit une sensation bien autrement piquante parmi les factionnaires, soldats et officiers de la caserne. À cette nouvelle Barthoud surgit tout blanc de colère et de stupeur. Il apostropha ainsi le père Brunel :

— Hé là ! père Brunel, voulez-vous me dire où s’est fourré ce drôle de Laroche ?

Il ne pouvait pas croire encore que Laroche eût pris la poudre d’escampette.

Le père Brunel se mit à rire.

— Si je veux vous le dire ? répondit-il à Barthoud. Je le veux bien. Mais comment pourrai-je vous le dire, puisque en me réveillant il n’y avait pas de Laroche à côté de moi ? Car s’il s’est caché quelque part, c’était pendant mon sommeil.

— Vous êtes sûr de ne pas me mentir ?

Le vieux perdit son sourire et son air jovial.

— Mentir, moi ? Depuis quand ai-je l’air d’un menteur ? Voyons, dites !

Il y avait comme une sorte de défi dans ces paroles. Et puis on voyait des éclairs qui ne voulaient dire rien de bon. Au reste, depuis le jour précédent, disons que le vieux sentait quelque chose de terrible gronder en lui. Il n’aurait su dire quoi. Son sang n’était plus aussi calme que d’ordinaire. Parfois dans sa tête passaient des bouffées de chaleur qui l’étourdissaient et l’inquiétaient en même temps. Il se demandait :

— Est-ce que je vais être malade, à présent ? Il ne manquerait plus que ça !

Sous les regards menaçants et soupçonneux de Barthoud cette agitation singulière en lui, cette sorte de ferment intérieur qui l’énervait prenait de la force et de l’ampleur. Il avait peur presque que quelque chose dans sa tête ou dans son cœur n’éclatât.

Barthoud ne voulut pas insister sur le moment. Il retourna sa mauvaise humeur contre les deux factionnaires ébahis et stupides, et commanda de chercher dans la caserne et dans la cave.

Dans la caserne on ne trouva nulle part le disparu. C’était du mystère !

Deux soldats munis de lanternes descendirent à la cave pour y poursuivre les recherches. Ils remontèrent peu de minutes après, blêmes d’épouvante, suffoqués de stupeur, et annoncèrent que le cachot de Jaunart était vide !

Cette fois, Barthoud étouffa de rage.

Il courut à la cave et constata de ses propres yeux que le cachot de Jaunart était bien vide, que le cadenas de la porte de fer avait été coupé par une lime. C’était clair : Laroche dans le cours de la nuit avait donné la liberté à Jaunart. Donc, ce Laroche était un ami de Jaunart… donc aussi, un ami du père Brunel… donc encore, le père Brunel savait quelque chose !

— Allons ! grommela Barthoud, je saurai bien la vérité tout à l’heure !…

Il était cinq heures… l’heure de partir pour le travail de la journée. Les équipes sortirent une à une puis la dernière, celle du père Brunel, s’achemina avec son escorte de soldats vers la brèche.

Le travail avait repris, monotone et accablant. Le père Brunel étendait le mortier sur la maçonnerie, puis y ajustait la pierre que Gignac lui apportait.

Barthoud, après s’être promené une heure, s’approcha de la maçonnerie. Il était pâle, agité et avait l’air quelque peu songeur. Dame ! ne lui demanderait-on pas compte du « glébard » évadé ? Et Barthoud avait des ambitions… Dans l’armée, lorsqu’on est lieutenant on peut penser à devenir capitaine, et pour devenir capitaine il faut bien faire un peu de zèle, lécher un peu les pieds, et, enfin, ne jamais commettre la moindre faute ou erreur non par simple acquit de conscience ou pour l’amour du devoir qui s’impose, mais uniquement pour atteindre la promotion et la solde qui en découlent.

Et Barthoud pensait ceci :

— Le père Brunel en sait plus long, que je ne saurais l’imaginer sur la disparition de Laroche et l’évasion de Jaunart, et pour conserver mon prestige auprès de mes chefs il importe que je lui fasse avouer la vérité ; ensuite, ce ne sera qu’une question d’heures pour remettre la main sur les deux fugitifs.

Mais là Barthoud éprouvait un frisson intérieur au souvenir de Laroche, car, par une divination tout à fait extraordinaire, il croyait reconnaître sous le masque de Laroche la physionomie quelque peu narquoise de Beauséjour.

— Oh ! pensa-t-il avec une rage croissante, comment n’ai-je pu reconnaître de suite ce jeune coq persifleur ? Beauséjour… oui, seul Beauséjour était capable d’une telle audace !

Il se trouva bientôt près du père Brunel.

— Allons ! père Brunel, commença-t-il sur un ton enjoué et cajoleur, vous ne me ferez pas accroire que vous ignoriez ce matin la disparition de Laroche. Je sais bien moi, que vous savez quelque chose.

— Quand je vous assure, monsieur l’officier…

— Tut ! Tut ! se mit à rire avec contrainte Barthoud… Et je gage que vous saviez aussi que Jaunart était hors de son cachot ?

— Mais non, je ne savais rien de rien.

Barthoud scrutait minutieusement les traits du vieux dans l’espoir de saisir sa pensée et un indice de la vérité ; mais le visage du père Brunel demeurait calme ; tout au plus aurait-on pu y voir glisser de temps à autre une fugitive ombre de mélancolie.

— Tenez, se mit à rire Barthoud, vous ne savez vraiment pas mentir, père Brunel. Quand vous me dites que vous ne savez rien de rien, moi je lis sur votre visage que vous savez tout. Voulez-vous que je vous dise quelque chose qui va vous surprendre ?

— Voyons voir…

— Je veux vous dire que ce… Laroche n’était pas Laroche !

Le père Brunel tressaillit assez visiblement. Barthoud sourit ironiquement et reprit aussitôt :

— Je savais bien que je vous causerais une surprise.

— Mais non, ce n’est pas une surprise… Je me demande seulement ce que vous voulez dire par Laroche n’était pas Laroche.

— Ah ! je vois que vous aimez que les choses vous apparaissent claires comme de l’eau de roche ou comme un beau jour, ricana Barthoud. Eh bien ! écoutez, père Brunel : ce Laroche c’était simplement… Beauséjour !

Et pour que les autres n’entendissent pas, Barthoud avait murmuré ce nom à l’oreille du vieux maçon, et il avait bien compté que cette fois le vieux se trahirait tout à fait. Il n’en fut rien : le père Brunel demeura tranquille ; seulement, il manœuvra plus vivement sa truelle sur la maçonnerie.

À quelques pas en arrière des deux hommes les autres manœuvres travaillaient lentement tout en jetant sur le père Brunel et l’officier un regard furtif et curieux. Et à quelque vingt pas plus loin, sur une ligne horizontale et immobile, les dix soldats anglais demeuraient toujours semblables à des statues de porphyre.

Devant la physionomie impassible du père Brunel et son mutisme Barthoud fronça les sourcils, et il parut secoué par un frisson d’impatience. Pourtant, il réussit à se contraindre. Puis, approchant encore sa bouche de l’oreille du vieux paysan, il murmura :

— Père Brunel, si vous voulez me dire la vérité, je vous ferai libérer, et vous retournerez auprès de votre femme et de vos filles. Voyons, dites !

— La vérité ? fit le vieux en hochant la tête d’ennui… mais je vous dis rien que la vérité. D’ailleurs, vous-même venez de dire que je ne sais pas mentir.

— C’est vrai ce que j’ai dit et je le soutiens. Voyez-vous, le nez vous tremble, comme on dit aux enfants.

— Ah ! non, mon nez ne tremble point, je vous assure. Ah ! puis, à la fin, ajouta avec impatience le vieux, si je vous demandais de me laisser tranquille, voulez-vous ?

Une chose certaine, c’est que toute cette histoire-là ne m’intéresse point.

— Prenez garde, père Brunel, menaça Barthoud que la fermeté du vieux irritait, que je vous accuse de complicité avec Beauséjour dit Laroche, ou Laroche dit Beauséjour. Savez-vous que j’ai une bonne envie de vous faire enfermer dans ce même cachot ou j’ai fait mettre avant-hier votre Jaunart ?

— Je vous défie bien de me mettre dans un cachot quand je ne l’ai pas mérité, riposta le vieux.

— Vous l’avez mérité, père Brunel… vous êtes un complice de Beauséjour !

— Non ! Tu mens, Barthoud ! cria le père Brunel en lâchant sa truelle.

Et l’on vit le vieux devenir tout blanc de colère.

— Je ne mens pas, repartit Barthoud, en élevant la voix. Et gare à cette cravache, glébard, si tu m’outrages !

— C’est assez, Barthoud ! dit le père Brunel sur un ton dur et en rendant défi pour défi. Si tu lèves ta gueuse de cravache, je te l’arrache et t’en fouette avec !

C’étaient deux colosses, à vrai dire, que ces deux hommes qui échangeaient des menaces, et c’étaient deux colères bien près d’éclater et de foudroyer. Mais lequel des deux pourrait l’emporter ? Certes, Barthoud, plus jeune, avait plus de souplesse et d’agilité ; le père Brunel, vieilli et lourdaud, possédait des muscles de fer, et, en plus, son habitude à soulever des poids énormes pouvait lui donner un avantage appréciable. Les deux hommes se dressaient haut et fier et face à face, et, ma foi, le vieux paraissait dominer le jeune officier.

Celui-ci leva rapidement sa cravache. Mais déjà la main gauche du père Brunel l’attrapait au vol, cette main arrachait la cravache et l’envoyait de l’autre côté du mur de maçonnerie.

Barthoud poussa un cri sauvage et se jeta en même temps à la gorge du paysan. Celui-ci saisit aussitôt d’une vigoureuse étreinte l’officier, le souleva de terre avec une prodigieuse facilité et voulut l’envoyer rejoindre la cravache par-dessus le mur. Impossible… Barthoud venait de s’agripper fermement à son adversaire, de sorte que les deux hommes s’enserraient avec énergie l’un et l’autre. Le père Brunel, qui portait sur lui tout le poids de l’officier, buta contre une pierre et perdit l’équilibre. Toutefois, il ne lâcha pas sa prise : les deux hommes roulèrent lourdement en bas du talus.

Le travail avait cessé, et les compagnons du vieux paysan canadien regardaient la scène avec curiosité et appréhension à la fois.

Quant aux soldats, instinctivement ils avaient épaulé leurs fusils dans le dessein d’abattre, sans nul doute, l’ennemi de leur officier ; mais ils ne pouvaient tirer, ou, du moins, ils ne l’osaient pas crainte de tuer Barthoud et le père Brunel du même coup. Car les deux adversaires roulaient l’un sur l’autre sans desserrer leur étreinte. Ce ne serait plus qu’une lutte d’endurance, et cette lutte était silencieuse ; tout au plus pouvait-on entendre la respiration rauque de l’officier. Et ce ne fut pas long. Par on sait quel tour de force le père Brunel fit lâcher prise à l’officier, et à ce moment on put entendre celui-ci proférer une lourde plainte de douleur… Peut-être le Canadien avait-il pu casser les reins du Suisse ? Quoi qu’il en soit, on vit Barthoud étendre les bras et renvoyer sa tête en arrière… Alors le père Brunel l’empoigna aux hanches, se souleva à demi, puis enlevant Barthoud pour la seconde fois au bout de ses bras, il l’éleva en l’air et le jeta plus loin, comme il eût lancé un roc. Et Barthoud alla s’écraser sur un rond d’herbe.

Et les soldats, stupéfiés, n’avaient pas encore osé tirer sur le paysan. Mais lorsque celui-ci se fût débarrassé de son adversaire, alors seulement les soldats sortirent de leur torpeur. Quatre d’entre eux se jetèrent prestement sur le vieux et lui lièrent les deux mains derrière le dos. Le père Brunel n’opposa pas de résistance. Tranquille, il souriait en regardant Barthoud qui, tout courbaturé, tout livide, tout chancelant se relevait, mais bien près de retomber sur sa couche d’herbe. Si par hasard, il eût échoué, dans son vol, sur un lit de pierre, il est certain qu’il ne se serait pas relevé, du moins pas si rapidement ni si aisément.

Il se releva donc tout pâmé et à demi brisé, mais il se releva aussi avec la rage de tuer. Peut-être, dès qu’il pourrait parler, commanderait-il à ses soldats de tuer comme un chien le brave Canadien. Mais ce fut le père Brunel qui parla le premier :

— À c’t’heure, Barthoud, tu peux me faire mettre au cachot si ça te plaît. Je voulais te donner une leçon, tu l’as eue, je suis content !

Barthoud parvint à rugir quelque chose d’atroce. Il se contint en voyant paraître Beauséjour de l’autre côté de la maçonnerie, Beauséjour, fier, souriant et narquois et toujours monté sur son cheval brun.

— Ah ! ah ! fit-il placidement, il y a donc de l’orage par ici ce matin !

La surprise et l’émotion clouaient les langues dans les bouches, et personne ne parla ; seuls les yeux, mais aux expressions les plus diverses, se fixaient sur le jeune cavalier.

Lui aperçut tout à coup la cravache de l’officier à quelque pas sur le sable du chemin. Il descendit de cheval, ramassa la cravache, l’examina d’un œil moqueur, et dit :

— Je parie, Monsieur Barthoud, que ce jouet vous appartient…

Il la rejeta par-dessus la maçonnerie, en sens inverse naturellement, et le « jouet » vint s’abattre aux pieds de son propriétaire. Barthoud ne la releva point : peut-être ses reins à demi cassés ne lui permettaient-ils pas la moindre gymnastique. Seulement, cette fois il put retrouver ou déclouer sa langue.

— Toi, mon freluquet, gronda-t-il d’une façon féroce, tu auras affaire à moi avant longtemps. Va-t’en !

— Quand ça me plaira, je m’en irai, rétorqua Beauséjour avec le plus bel aplomb. D’ailleurs, je ne veux pas être longtemps, j’ai à faire au père Brunel une communication importante.

Le vieux paysan souriait doucement au jeune homme.

— Rendez-lui la liberté de ses mains ! commanda Beauséjour sur un ton autoritaire et qui n’avait plus l’air de plaisanter.

Le Suisse parut impressionné par ce ton.

— C’est bon, grommela-t-il, mais à condition qu’il ne recommence plus.

— Oh ! sourit le père Brunel, sois tranquille, Barthoud ; je t’ai dit que je suis content, puisque je t’ai donné une leçon.

Barthoud, qui redoutait quelques dures réprimandes de la part de ses supérieurs au sujet de l’évasion de Jaunart et ne voulant pas, pour le moment du moins, user de trop de rigueur, commanda à l’un de ses soldats de délier les mains du Canadien.

Tranquillement, celui-ci reprit sa truelle, tandis que l’officier se retirait à l’écart, plus loin près du rempart, pour secouer la poussière qui maculait son bel uniforme. Toutefois il ne manquait pas de décocher à nos amis des regards mortels.

Mais qu’importait, maintenant, à Beauséjour et au père Brunel ! Celui-ci narra au jeune homme les premiers détails de cette affaire, puis Beauséjour raconta comment il avait retrouvé Clémence. Il ajouta :

— À présent je vais tâcher de découvrir le gîte de votre Mariette, car il est certain que de bonnes gens l’auront hébergée. Ensuite, père Brunel, je travaillerai à votre libération. Patientez donc et ayez foi, ce ne sera pas long !

Le jeune bourgeois murmura encore quelques paroles d’encouragement et d’espoir aux autres travailleurs, puis s’en alla.

Une fois Beauséjour disparu, Barthoud, qui n’avait pas tenu à laisser voir sa honte, s’approcha du père Brunel et prononça à voix basse et sur un ton concentré :

— Père Brunel, tout ça n’est pas fini. Je vais vous rapporter comme dangereux. Je ne vous mettrai pas au cachot, mais je vais vous faire lier les mains en attendant qu’il soit décidé de votre sort.

Sitôt dit, il s’éloigna un peu du maçon et appela deux soldats à qui il donna des ordres. Les soldats, pour obéir à leur officier, s’approchèrent du père Brunel et lui passèrent une chaîne aux deux poignets. Le paysan ne se rebella point ; il se borna à sourire d’abord avec un air dédaigneux, puis dit en regardant Barthoud, impassible en apparence, à quelques pas de là :

— Si je le voulais, on ne me mettrait pas cette chaîne-là. Mais bah ! vois-tu, Barthoud, je suis content de la leçon que je viens de te donner.

Et le vieux se mit à rire doucement.

Certes, avec cette chaîne à ses poignets il ne lui était pas facile de travailler, mais ça allait quand même, et moins vite seulement. Tant mieux il se ménagerait, voilà tout !

Un peu plus tard, les compagnons du vieux paysan voulurent savoir comment il s’était fait que lui, le paisible père Brunel, se fut rebellé contre l’officier provocateur.

— Pour moi, fit Michaud, ça m’étonne bien ; il faut que ça vous ait pris comme un coup de pistolet.

— C’est vrai, mes amis, ça m’a pris comme ça. Pourtant, faut bien dire, pour dire vrai, que depuis deux jours je sentais comme une boule dans le creux de l’estomac, il y avait-là quelques chose qui me brûlait. Eh ! bien ! c’était ça… Voyez-vous, il fallait que quelque chose arrive. Et encore je me demande maintenant si c’est pour tout de bon cette boule-là. Mais c’est égal, je suis content ; il me semble seulement que Barthoud méritait mieux que ce que je lui ai donné. N’importe si ça recommence, ma foi, et j’en demande bien pardon au bon Dieu à l’avance… oui, si ça recommence, cette fois-là je lui casse les reins tout net !

Et le maçon de sa main nerveuse et enchaînée étendit une couche de mortier sur la pierre.

Les autres demeurèrent un moment pensifs, et ils savaient que le vieux Canadien était capable de faire comme il disait ; mais une chose inquiétante ; il pourrait bien lui arriver malheur, au pauvre vieux !

Gignac, tourmenté pas quelque mauvais présage qu’il n’aurait su définir, murmura à ses compagnons :

— Les amis, si Barthoud veut encore brutaliser le père Brunel, il faudra qu’on trouve un moyen de l’empêcher, car il finira certainement par arriver un malheur !

Les autres approuvèrent d’un hochement de tête plutôt dubitatif ; puis le travail reprit dans un silence inquiétant.

Ce même jour, vers les deux heures et demie de relevée, peu après la reprise du travail à la brèche, on entendit le père Brunel pousser une exclamation joyeuse ; puis on le vit abandonner sa truelle, lever ses deux mains enchaînées, tendre les bras au-dessus de la maçonnerie, puis chanceler comme s’il allait tomber. Or, les yeux se portaient aussitôt sur une jeune fille qui venait d’apparaître de l’autre côté du mur.

— Mariette !… Mariette !… proféra le vieux d’une voix pleine de sanglots.

Et il continuait de tendre ses mains enchaînées et maculées de mortier et de chaux.