Épaves (Prudhomme)/Le Château de Vaux

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ÉpavesAlphonse Lemerre. (p. 159-160).


LE CHÂTEAU DE VAUX


À Madame la baronne Marochetti.


Que les temps sont changés ! Autrefois ce manoir
Fut d’Olivier le Daim le sinistre repaire ;
L’âme de Louis Onze et de son vil compère
Y hante un souterrain louche, insondable et noir.

Le château dans les bois semble à présent s’asseoir
Comme un aimable aïeul qui s’ingénie à plaire :
La pourpre du couchant teint son front séculaire,
Et son verger fleuri n’est qu’un vaste encensoir.


Plus de sanglots, sinon la rumeur cristalline
Du fleuve qui frissonne au pied de la colline,
Plus de soupirs, que ceux du vent dans les halliers.

Des nonnes à ces tours que le lierre enguirlande
Ont appris la douceur des toits hospitaliers,
Et la porte aujourd’hui s’ouvre aux arts toute grande.