Le Cimetière (Tiercelin)

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Primevère : Le Cimetière
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 9-10).

Le Cimetière.



Le petit cimetière est très vert et très frais.
Les sapins, les tilleuls, les ifs et les cyprès,
Étendant leurs rameaux ainsi qu’un voile austère
Sur le champ du repos triste et silencieux,
Semblent vouloir cacher aux hôtes de la terre
L’éternel renouveau qui sourit dans les cieux.


Sur les tombes, parmi les croix et les emblèmes,
Dans leur prison de buis taillé, les chrysanthèmes,
Pâles fleurs du soleil d’automne et de la mort,
Aux tiédeurs du printemps languissent affaissées,
Pendant que sur le sol, où le lierre se tord,
La violette point à côté des pensées.

Le cimetière est clos de murs. À l’Orient
Un ruisselet le borne et s’enfuit en riant
Vers la mer entrevue à travers les grands arbres.
L’herbe y pousse plus verte et plus drue, et le soir,
Là, parmi les débris de granits et de marbres,
Au son de l’Angelus, le vieux Jean vient s’asseoir.