Le Culte de Jeanne d’Arc

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Le Culte de Jeanne d’Arc
Revue des Deux Mondes3e période, tome 100 (p. 688-700).
LE
CULTE DE JEANNE D'ARC

« Telle est la force de cette histoire, disait Michelet, telle sa tyrannie sur le cœur, sa puissance pour arracher les larmes ! Bien dite ou mal contée, que le lecteur soit jeune ou vieux, qu’il soit, tant qu’il voudra, affermi par l’expérience, endurci par la vie, elle le fera pleurer. Hommes, n’en rougissez pas et ne vous cachez pas d’être hommes. Ici, la cause est belle. » — « Que dire, s’écrie de son côté un jésuite, le révérend père Ayroles, de cette passion d’un an ou, si l’on veut, de six mois ; de cette ressemblance minutieuse avec le roi des martyrs, où l’on ne sait ce qu’il faut plus admirer de la force d’âme, de la piété, de la modestie, de la candeur ou de la surnaturelle prudence de la martyre ? Suave est l’aurore et le lever aux bords de la Meuse ; quel midi que celui des Tourelles, de Patay, de Reims ! Mais plus beau encore est le couchant à travers les barreaux de la prison de Rouen et sur la place du Vieux-Marché. » C’est la destinée de cette incomparable créature de s’imposer à la commune admiration des croyans et des incroyans. Quoi que vous pensiez, si vous avez un cœur d’homme, il y aura quelque chose entre elle et vous, et les étrangers eux-mêmes ont célébré les merveilles de sa vie. Il en fut ainsi de son vivant. Un clerc de la cour du pape Martin V, auteur d’un Abrégé de l’histoire du monde, ayant appris à Rome la délivrance d’Orléans, mettait Jeanne au-dessus de Débora, de Judith et d’Esther et déclarait « que les forces réunies de l’univers n’auraient pu faire en un mois ce qu’elle avait accompli en trois jours. » Une lettre écrite en allemand par Jean d’Ersch, secrétaire de la ville de Metz, en 1429, nous apprend qu’un grand nombre de chevaliers étaient partis d’Allemagne pour assister au sacre de Reims et saluer l’étendard qui était à l’honneur après avoir été à la peine. Où ne s’était pas répandue la gloire de cette vierge ? Au lendemain de son supplice, l’Université de Paris, adressant des félicitations au bourreau, se plaignait « que cette prétendue pucelle, mulier illa quæ puella vociferatur, eût infecté de son venin le bercail très chrétien du monde occidental presque tout entier et inspiré aux peuples une dévotion qui était un scandale : Cesset iniqua scandalosaque ædificatio populorum. »

Nombre d’histoires, longtemps accréditées, se sont évanouies dans la fumée d’une légende convaincue d’imposture ; la légende de Jeanne d’Arc s’est transformée en la plus réelle des histoires. On a publié toutes les pièces authentiques de son procès, et nous la jugeons sur le témoignage des juges qui l’ont condamnée ; ils s’appliquaient à la noter d’infamie ; malgré eux, ils en ont fait un portrait qui nous ravit. Mais, s’il y a un demi-siècle déjà que nous la connaissons telle qu’elle fut, c’est depuis 1870 que son image est entrée dans tous les yeux, que son nom est dans toutes les bouches et que, chacun à sa façon, historiens, poètes, peintres, sculpteurs, musiciens la glorifient à l’envi. Son supplice avait couronné sa gloire ; ce sont nos malheurs qui nous l’ont rendue si chère. Il semble que son âme soit devenue la nôtre et qu’en même temps nous retrouvions en elle ce qui nous manque, qu’elle soit le bon génie de la France, une de ces sources divines d’où jaillissent, à l’heure du danger, les grandes et salutaires inspirations. On a dit qu’elle avait fait un plus grand miracle en arrachant des larmes à l’évêque de Beauvais, qui l’a brûlée, qu’en mettant Talbot en fuite dans les plaines de Patay. Le miracle qu’elle opère aujourd’hui est plus étonnant encore : elle réussit à nous rallier tous à son culte, à mettre d’accord un pays qui semblait condamné à ne s’accorder sur rien. « Mes voix étaient de Dieu, mes voix ne m’ont pas trompée, » a-t-elle dit sur son bûcher, quand la flamme montait déjà jusqu’à sa bouche. Nous sommes tous prêts à jurer qu’elle a dit vrai, que ses voix ne l’avaient pas trompée, et en communiquant avec elle, en l’adorant, nous espérons entendre quelque chose que nous ne sommes pas capables de nous dire à nous-mêmes.

Toutefois, sous cet accord apparent, les dissidences subsistent. A l’exception de quelques cerveaux malades, tout Français se croit tenu d’aimer et d’honorer celle qui a délivré la France ; mais les partis se la disputent ; chacun la réclame, la tire à lui, voudrait la confisquer. Il semble vraiment qu’il y ait eu deux Jeannes d’Arc. Les uns ne veulent avoir affaire qu’à la fille des champs, dont le patriotisme fit une héroïne. Quand on lui demandait qui l’avait poussée à se faire homme et à parler aux soldats, elle répondait : « La pitié qu’il y avait au royaume de France. » Elle disait encore : « Je n’ai jamais vu sang de Français que les cheveux ne me levassent ! » — et, selon l’expression de Michelet, elle est la première qui ait aimé son pays comme on aime une personne. C’est à la vierge qui n’avait peur de rien et qui fit peur aux Anglais que les ennemis de l’église voudraient rendre un culte tout laïque, et déjà les honneurs ne lui manquent point, pas plus que ne manquent à sa statue équestre de la place des Pyramides les fleurs et les couronnes. On la fêtait l’autre jour à Nancy, en présence de deux ministres. Le directeur des beaux-arts se propose d’installer à Domrémy, dans la maison où elle est née, un musée qui racontera son histoire. M. Joseph Fabre voudrait lui consacrer le Mont-Saint-Michel. On a proposé et sans doute on proposera de nouveau que le jour de sa naissance devienne un jour de fête nationale.

Mais si patriote que soit l’église, elle ne peut placer sur ses autels l’image d’une libératrice doublée d’une visionnaire. La Jeanne d’Arc à qui elle dira peut-être un jour : « Priez pour nous ! » est à ses yeux une vierge inspirée, qui avait reçu de Dieu sa mission et à qui le Ciel a réellement parlé, et elle affirme « qu’il n’appartient qu’à la théologie catholique de la comprendre pleinement. » Dès aujourd’hui, nous dit-on, le successeur de saint Rémi, le cardinal Langenieux, célèbre en son honneur « des fêtes qui, dans la mesure du permis, approchent de celles des saints. » Mais cette nouvelle sainte n’a pas encore été reconnue par la congrégation des rites. Le procès de sa béatification se poursuit depuis longtemps à Rome. Dès 1869, Mgr Dupanloup portait la question devant le juge suprême, et douze de ses collègues appuyaient sa demande. Depuis lors, plusieurs centaines de prélats s’y sont associés ; son éminence le cardinal Manning, archevêque de Westminster, a lui-même signé une lettre postulatoire. Cependant l’affaire traîne et semble être laborieuse. On sait qu’aucune canonisation n’est promulguée sans que les deux parties aient été entendues, sans que le contre ait été plaidé comme le pour, sans qu’on ait donné la parole à l’accusateur, à celui dont l’office est d’épiloguer, d’éplucher, à celui qui fait les difficultés et les objections et qu’on appelle l’avocat du diable. Quelles objections, quelles difficultés fait l’avocat du diable ? Nous ne les connaissons pas, mais peut-être n’est-il pas impossible de les deviner.

Chargez un philosophe de prononcer entre les deux partis qui se disputent cette adorable mémoire ; il dira, selon toute apparence, qu’ils compromettent l’un et l’autre par leurs exagérations la bonté de leur cause, qu’ils ont tous deux raison et que tous deux ils ont tort. Les libres penseurs qui désirent se mettre en règle avec leur conscience et admirer Jeanne tout à leur aise, sans scrupule, prennent à leur compte la sentence de Pierre Cauchon, son juge et son bourreau, et comme lui, ils la tiennent pour une schismatique, pour une hérétique, sur laquelle l’église n’a rien à prétendre. Quoi qu’ils en disent et malgré qu’ils en aient, cette plante avait crû dans le jardin de l’église du moyen âge ; elle en est un produit aussi naturel que les cathédrales de Reims et de Cologne, que les vierges et les anges de fra Angelico-ou que le livre de l’Imitation. Dès son enfance, elle allait volontiers aux saints lieux. Elle se confessait souvent. Si elle soignait les malades, donnait aux pauvres, elle était aussi pieuse que charitable et rougissait quand on lui reprochait d’être trop dévote. Toute sa vie, elle eut le goût des pratiques, des observances, et comme une passion pour le son des cloches.

Les messagères célestes, à qui elle eut affaire, sainte Marguerite, sainte Catherine, étaient des saintes fort authentiques, et elles lui recommandaient de ne point négliger le service divin. Dans les horreurs des derniers jours, elles lui ont dit : « Prends tout en gré, ne te chaille de ton martyre ; tu t’en viendras enfin en royaume de paradis. » Jamais personne n’eut l’imagination plus catholique. Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui s’étaient offerts à Baudricourt pour la conduire à Charles VII et qui à travers mille hasards l’ont escortée de Vaucouleurs à Chinon, ont déclaré « qu’auprès d’elle leurs sens recouvraient le calme et la pureté des jours de l’Éden. » Ce fut par la religion qu’elle eut prise sur les vieux brigands Armagnacs, dont elle fit de fidèles champions du royaume des lis. Elle leur commanda de quitter leurs filles de joie, et elle exigea qu’ils se confessassent. « Dans la route, le long de la Loire, elle fit dresser un autel sous le ciel ; elle communia et ils communièrent. »

— C’est l’Église qui l’a brûlée, dit-on. — N’en croyez rien, répond le révérend père jésuite dont j’ai parlé plus haut, c’est l’université de Paris, à laquelle Cauchon appartenait, et qui jadis avait choisi ce docteur très influent pour conservateur de ses privilèges. Cette thèse revient souvent, presque à chaque page, dans le gros livre un peu indigeste, mais fort instructif, que le père Ayroles vient de consacrer à Jeanne d’Arc ; on y trouve, avec quelques documens inédits, la traduction presque intégrale de mémoires dont Quicherat n’avait donné que la substance[1]. Le père Ayroles hait passionnément l’université du XVe siècle ; il la tient pour la mère du gallicanisme, lequel a enfanté les jansénistes, Luther, Calvin, Kant, Robespierre, la franc-maçonnerie et la libre-pensée. Le père Ayroles aurait mieux fait de répondre que le procès de Rouen fut tout politique. On ne peut nier que l’université de Paris n’ait considéré Jeanne comme un suppôt du diable, « comme la fille de Bélial, de Satan et de Béhémoth, » et qu’elle n’ait poursuivi sa condamnation avec un implacable acharnement. Mais le dogmatisme n’était pour rien dans cette affaire. Ainsi que le peuple de Paris presque tout entier, l’université avait pris parti pour le Bourguignon et pour l’Angleterre, et en poursuivant Jeanne, dont les faits et dits condamnaient son choix, elle ne faisait que servir le maître qu’elle s’était donné. Les Anglais détestaient la Pucelle à ce point que, pour en avoir dit du bien, une femme fut brûlée vive. Chaque fois que les juges parurent mollir ou biaiser, ils coururent danger de mort ; on les prenait à la gorge, on leur criait : « Prêtres, vous ne gagnez pas l’argent du roi ! » et les épées sortaient du fourreau.

Ce n’était pas seulement leurs défaites et la honte d’avoir fui devant une bergère, paupercula bergereta, que les Anglais voulaient venger par son supplice. La raison d’état et leurs plus graves intérêts étaient en jeu. Comme l’a si bien remarqué Michelet, si les victoires de Jeanne n’étaient pas rapportées au démon, elles étaient des œuvres de Dieu, elles restaient des miracles dans l’opinion du peuple, et la cause anglaise était celle du diable. Dans le fond, ce qu’ils voulaient atteindre en sa personne, c’était Charles VII, qui lui devait sa couronne : « O Jeanne ! s’écria l’un des prédicateurs gagés par eux, en croyant à tes paroles, ton roi qui se dit roi de France est devenu par toi hérétique et schismatique. » A quoi elle répondit : « Sauf respect, ce que vous dites n’est pas vrai, et je veux que vous sachiez que nul homme vivant n’est meilleur chrétien que lui. « Il fallait que Jeanne fût brûlée ou comme sorcière ou comme hérétique ; sinon le sacre de Reims était bon, le ciel avait parlé, et Charles étant le roi légitime de France par la volonté et la grâce de Dieu, l’Anglais avait perdu la partie : il ne lui restait plus qu’à s’en aller.

Au surplus, si des hommes d’église ont instruit son procès, le siège apostolique, vingt-quatre ans plus tard, a annulé le jugement et prononcé sa réhabilitation. La commission nommée par le pape Calixte III se composait de l’archevêque de Reims, de l’évêque de Paris et de l’évêque de Coutances, qui s’adjoignirent le dominicain Jean Bréhal, grand inquisiteur. Huit mois furent employés à la révision, 118 témoins furent entendus, et le 7 juillet 1456, ces juges pontificaux cassaient la sentence de Pierre Cauchon, qu’ils déclaraient « entachée de dol, de calomnie, d’iniquité, de contradiction, d’erreur manifeste de droit et de fait. » Ils déclaraient aussi que Jeanne n’avait contracté par sa condamnation aucune souillure, aucune note d’infamie, « qu’ils la lavaient entièrement de toute tache, » et ils ordonnaient qu’une croix fût plantée sur le Vieux-Marché, « au lieu où elle avait été cruellement et horriblement brûlée. » — C’était la revanche de Charles VII, c’était aussi la vengeance du saint-siège, à qui Jeanne en avait appelé en disant : « Que tout ce que j’ai fait et dit soit transmis à Rome à notre seigneur le pape, auquel je m’en rapporte, et à Dieu d’abord. » On lui avait répliqué que les ordinaires étaient juges chacun dans son diocèse, que d’ailleurs le pape était trop loin, qu’on ne pouvait l’aller quérir, le déranger. Assurément le roi Henri VI, Bedford et Winchester étaient plus près.

On insiste, et Michelet lui-même insinue que Jeanne a manqué plus d’une fois de soumission, qu’elle n’avait pas l’esprit d’obédience, que vouloir donner pour sorcière cette chaste et sainte fille, l’entreprise était vaine autant que absurde, mais qu’elle n’était pas exempte de tout soupçon d’hérésie. Ne préférait-elle pas aux enseignemens de l’église ses propres illuminations, les voix du ciel ou le cri de son cœur, l’inspiration personnelle, le Dieu qui se cache dans le fond des âmes ? Elle a dit souvent : « Je crois bien que l’église ne peut errer ni faillir ; mais je m’en rapporte à celui qui m’a envoyée. » Sans doute, elle ne refusait pas expressément de se soumettre ; mais elle faisait ses conditions. Elle disait : « Notre seigneur, notre sire étant servi premièrement. » Elle disait aussi : « Pourvu que l’église ne me commande chose impossible. » Ne croit-on pas entendre, cent ans d’avance, le non possumus de Luther ?

Cependant les docteurs qui l’ont réhabilitée n’ont rien trouvé de scandaleux ni de malsonnant dans les réponses qu’elle fit à ses juges. Ecoutons à ce sujet l’inquisiteur Jean Bréhal, qui soutenait qu’en la décrétant d’hérésie, l’évêque de Beauvais avait commis un attentat manifeste contre l’église romaine. Ce dominicain alléguait qu’une fille de vingt ans, « occupée dans son enfance à la garde des troupeaux, aux pâturages, qui n’avait appris qu’à coudre et à filer, » n’était pas tenue de tout savoir, que la foi des simples lui suffisait, qu’on avait tendu des pièges à son ingénuité, qu’on lui avait posé perfidement « des questions raides et dures » et donné à résoudre des points de doctrine qui embarrassent les théologiens eux-mêmes. Que lui parlait-on d’église militante et d’église triomphante ? Elle n’entendait rien à ces distinctions ; elle disait : « C’est tout un de Notre-Seigneur et de l’église. » — « Il faut distinguer, lui répliquaient l’astucieux Cauchon et ses assesseurs. L’église militante, c’est nous. » Était-elle obligée de se soumettre à Cauchon ?

Ce n’est pas tout. En ce qui ne touche point à la foi, poursuit Bréhal, une erreur ne rend pas suspect, et ce que Jeanne avait dit et fait n’était pas du domaine de la foi. « Les révélations qu’elle avait reçues n’avaient rapport qu’au gouvernement politique, au relèvement du royaume de France, à l’expulsion des Anglais. » Sur tous ces points Jeanne pouvait penser ce qu’elle voulait sans avoir de comptes à rendre à l’église. Mais ce grand inquisiteur va plus loin encore. Il déclare que l’inspiration divine apporte la liberté, et il cite cette parole d’Aristote, approuvée par saint Thomas d’Aquin : « A ceux qui sont conduits par un instinct divin, il n’est pas expédient d’être conseillés par la raison humaine. « Il ajoute : « Dans ce que Dieu commande par l’inspiration divine secrète, il doit passer avant tout homme qui commanderait le contraire. Si les docteurs catholiques enseignent que ne pas acquiescer à une révélation divine est un péché d’infidélité, combien plus de la renier ! .. Jeanne avait une connaissance indubitable de ce qui lui avait été révélé, sa certitude était ferme ; elle ne devait en cette matière obéir à personne ; abjurer ces révélations, c’eût été se parjurer et mentir ; agir contre sa conscience, c’est édifier pour l’enfer. Il ne faut pas, à la voix d’un prélat, déposer une conscience fondée sur une créance bien éprouvée[2]. »

Ainsi parlait l’inquisition du XVe siècle par la bouche d’un dominicain. Ne calomnions pas l’église du moyen âge ; si elle a commis de lourds péchés, elle a inspiré et des merveilles d’art et des folies de vaillance ou de tendresse. Elle travailla à sa manière pour la civilisation ; elle travailla aussi, moitié le voulant et le sachant, moitié malgré elle, pour la liberté de l’esprit, car il se fit de grandes choses en ce temps, et quand la liberté manque, il ne se fait rien de grand. Elle ne prétendait pas couler toutes les âmes dans le même moule ; elle admettait beaucoup de variétés dans les opinions, dans les sentimens, comme dans les conduites et dans le gouvernement de la vie ; la diversité dans l’unité était sa devise. Elle n’a jamais combattu le mysticisme que lorsqu’il osait toucher au dogme ou qu’il prenait en mépris les sacremens et les œuvres ; hors de là, les mystérieux entretiens du cœur avec son Dieu lui étaient sacrés. Comme on l’a remarqué, le livre de l’Imitation commençait à se répandre au temps de Jeanne d’Arc ; on y lit ces mots : « Que les docteurs, que les prophètes se taisent ! Seigneur, parlez-moi vous seul ! » L’auteur de ce livre étonnant fut-il jamais traité d’hérétique ?

Et pourtant, après qu’on a tout dit, il faut convenir que cette sainte fut une sainte à part, qui n’a pas sa semblable dans les fastes sacrés. Ce qui la distingue entre toutes, c’est qu’elle n’a pas travaillé pour l’église, que sa mission fut toute temporelle, et c’est là ce qui justifie ceux qui ne veulent lui rendre qu’un culte tout laïque. Les savans théologiens qui préparèrent entre 1450 et 1456 la révision de son procès en conviennent eux-mêmes. Robert Cybole, chancelier et chanoine de Paris, doyen d’Evreux, le dit en propres termes : « Les révélations faites à Jeanne n’avaient pas pour objet la fin surnaturelle, mais uniquement les intérêts du temps, la guerre, un principat politique. » Cette difficulté n’arrête pas Cybole, il s’en tire comme il peut ; le moyen âge avait l’esprit subtil et se tirait de tous les mauvais pas, aussi bien Cybole ne demandait point qu’on la canonisât. Au début, quand ses premiers examinateurs lui prouvaient par les auteurs sacrés qu’on ne devait pas la croire, elle leur répondait : « Écoutez, il y en a plus au livre de Dieu que dans les vôtres. Je ne sais ni A ni B ; mais je viens de la part de Dieu pour faire lever le siège d’Orléans et sacrer le dauphin à Reims. »

Elle eut toujours l’intime conviction, le sentiment profond que sa mission ne regardait pas l’église. Qu’ils soient les amis ou les ennemis de son roi, que lui importe ce que des prélats peuvent penser de son œuvre ! Ont-ils à légiférer sur les événemens de ce monde ? « Vous dites que vous êtes mes juges ; avisez bien à ce que vous ferez, car vraiment je suis envoyée de Dieu et vous mettrez votre âme en grand danger… Le saint-père le pape de Rome, les évêques et autres gens d’église sont pour garder la foi chrétienne et punir ceux qui défaillent ; mais quant à moi, de mes faits, je me soumettrai seulement au seigneur qui me les a fait faire… Ce que j’ai fait et dit de la part de Dieu, je ne le révoquerai pas pour quelque chose que ce soit au monde, ni pour homme qui vive… Je m’en rapporte à Notre-Seigneur, dont je ferai toujours le commandement, et je sais que ce que j’ai fait est du commandement de Dieu. » Quand elle disait qu’on la menât au pape, qu’elle lui répondrait, elle espérait trouver en lui quelqu’un qui la comprendrait mieux que l’évêque de Beauvais ; mais elle n’admettait pas que le pape lui-même fût juge de ses actions. « J’ai bon maître, à savoir Notre-Seigneur, auquel je m’en rapporte de tout, et non à un autre. » Vous l’entendez, ses croyances, elle les soumet humblement à l’église, car elle est bonne chrétienne, et l’église est souveraine en ces matières ; mais ses dits et faits ne concernent que Dieu, qui lui a montré sa route, ses frères du Paradis, qui lui ont expliqué ce qu’elle avait à faire.

Durant les cinq années qui s’écoulèrent entre sa première connaissance avec ses voix et sa sortie de la maison paternelle, dans ce temps de crise, de tourment, alors que les cruelles messagères devenaient chaque jour plus pressantes, plus impérieuses, et que tour à tour séduite ou épouvantée, et tantôt s’abandonnant, tantôt se reprenant, elle leur marchandait encore son obéissance, elle avait beaucoup réfléchi, beaucoup rêvé ; elle s’était fait son idée des choses de ce monde, et ce n’est pas pour un dogme, c’est pour une idée qu’elle va combattre et mourir. A vrai dire, son idée n’est qu’un dogme sécularisé. Tout à la fois elle distingue le temporel du spirituel, et elle les confond en subordonnant le spirituel au temporel. Ce n’est pas une œuvre de sainteté qu’elle est chargée d’accomplir, c’est une œuvre de pitié et de justice. Mais qui l’aidera ? Les saints qui lui ont parlé, ceux qu’elle appelle ses frères du paradis.

Qu’était devenu le pays qu’elle aimait, dont elle ne pouvait prononcer le nom sans que son cœur se serrât ? Une caverne de brigands. Elle n’entendait parler que de provinces dévastées, de villages saccagés. Comme l’écrivait un de ses contemporains, princes et seigneurs s’étaient retirés de l’autorité du roi ; les uns le spoliaient de ses revenus, lui extorquaient le peu qui lui restait et le déshonoraient par leurs calomnies ; plusieurs faisaient hommage aux Anglais, d’autres se déclaraient indépendans dans leurs domaines. Il était passé comme en maxime que du pays de France chacun pouvait prendre tout ce qu’il pouvait conquérir et garder. Quel désordre et quelle misère ! Sûrement Dieu s’en indignait, car c’est un Dieu de paix et de pitié, et à quoi s’intéresserait-il s’il restait indifférent à ce qui peut advenir de la France ? A de si grands maux il n’y avait qu’un remède : il fallait rendre le royaume au roi. Au nom de qui ? Au nom de Dieu, qui en est le vrai propriétaire. « Il n’y a pour le roi de secours que moi-même, dira-t-elle à Baudricourt, quoique j’aimasse mieux rester à filer près de ma pauvre mère, car ce n’est pas là mon ouvrage ; mais il faut que j’aille, parce que mon Seigneur le veut. — Et quel est votre Seigneur ? — C’est Dieu. » Et elle lui expliquait que le royaume n’appartenait pas au dauphin, mais à son Seigneur, que toutefois son Seigneur voulait que le dauphin devînt roi, fût son lieutenant, et qu’il eût le royaume en dépôt.

Le clerc de Martin V qui rédigea un breviarium historiale écrivit, après la délivrance d’Orléans et avant le sacre, quelques pages sur la Pucelle, que M. Léopold Delisle a récemment publiées. Il raconte qu’un jour, elle pria le roi de lui faire un présent, et que, sa prière ayant été agréée, elle lui demanda en don le royaume de France. Le roi étonné le lui donna après quelque hésitation, et la jeune fille l’accepta. L’acte fut rédigé par les quatre secrétaires de Charles, « qui demeurait un peu ébahi, lorsque le montrant du doigt, elle dit à l’assistance : Voilà le plus pauvre chevalier de son royaume ! » Bientôt, en présence des mêmes notaires, disposant en maîtresse de ce royaume, elle le remit entre les mains du Dieu tout-puissant, et l’instant d’après, au nom de Dieu, elle le rendit à ce pauvre chevalier. « Et de tout cela elle voulut qu’un acte solennel fût dressé. » Ce récit très vraisemblable nous révèle le fond de sa pensée. Mais l’église avait-elle rien à voir en tout cela ? Saint Michel avait raconté à la fille d’un laboureur des choses qui lui avaient navré le cœur, et Dieu lui avait donné des ordres. Elle écrira aux Anglais : « A vous ! Suffort, Classidas et la Poule, je vous somme de par le roi des cieux que vous vous en alliez en Angleterre. »

Ses juges tentaient l’impossible en voulant la convaincre d’hérésie. Hérétique, elle ne le fut jamais ; je comprendrais mieux qu’ils l’eussent traitée de païenne. Dans l’antiquité grecque et romaine, le ciel était au service de la terre, les olympiens au service des cités. Le christianisme prêche un Dieu universel, qui ne fait pas acception des peuples et ne s’occupe que des âmes. Qu’est-ce pour lui qu’un empire qui passe au prix d’une âme immortelle ? L’homme du moyen âge vivait dans une société où les privilèges remplaçaient les lois, divisée en classes fermées dont les intérêts étaient toujours en guerre. Cette société n’était pas une patrie, et on lui enseignait que sa vraie patrie était la cité céleste, dont l’église tient les clés et qu’on peut habiter dès cette vie par la foi. Jeanne d’Arc a ressuscité l’idée antique de la patrie. Le Christ était pour elle le patron de la France, dans le même sens où Pallas Athéné fut la patronne d’Athènes. Elle ne s’est pas mise au service de la foi, elle a mis sa foi et sa virginité au service de son pays. L’église rend hommage à ses vertus, et séduite par ce qu’il y eut de surnaturel dans sa grâce, elle ne demanderait pas mieux que de la proclamer sainte. Mais en pareille matière, les décisions sont graves, et elle hésite. — « Était-elle vraiment à toi ? n’était-ce pas une étrangère ? » Voilà peut-être ce que lui dit l’avocat du diable.

Elle n’a pas seulement proposé, conseillé ; elle poussait ses soldats dans les mêlées et elle y entrait elle-même. Cette sainte, qui s’était vêtue en homme, chose que l’église a toujours vue de mauvais œil, apparaît dans l’histoire comme une vierge guerrière, sur son beau cheval noir, portant à son côté une hachette et l’épée de sainte Catherine, et déployant son étendard blanc fleurdelisé, sur lequel était Dieu avec le monde dans ses mains. « Après que nous fûmes descendus à Selles, écrivait Guy de Laval, j’allai à son logis la voir, et fit venir le vin, et me dit qu’elle m’en ferait bientôt boire à Paris, et semble chose toute divine de son fait et de la voir et de l’ouïr… Et la vis monter à cheval armée tout en blanc, sauf la tête, une petite hache en sa main, sur un grand coursier noir… et lors se tourna vers l’huis de l’église et dit en assez voix de femme : « Vous, les prêtres et gens d’église, faites processions et prières à Dieu. » Et lors, se retourna à son chemin en disant : « Tirez avant, tirez avant ! »

Les soudards qui l’accompagnaient ont affirmé qu’elle était fort avisée dans les batailles, qu’elle savait comment on les gagne, qu’elle avait le coup d’œil prompt d’un capitaine. A la vérité, elle pleura quand, pour la première fois, elle vit un champ de carnage, et elle avait dit qu’elle ne tuerait jamais personne. Mais, plus tard, elle vantera la bonne épée qu’elle portait à Compiègne, excellente, disait-elle, pour frapper d’estoc et de taille, pour donner de bonnes buffes et de bons torchons. Il y avait de tout dans son cœur. Les saintes colères et les saintes miséricordes, la facilité et l’abondance des larmes, le sourire aussi, des émotions et des joies d’enfant, le mysticisme allié à la perfection du naturel, à la netteté de vue et de parole d’une Française, de soudains emportemens et cette gaîté légère qui mousse sur les lèvres ; que de contrastes dans cette inspirée aux cheveux noirs, aux joues roses, à la voix douce et pénétrante, qui, toute petite, à l’ombre des vieux chênes, avait appris aux oiseaux à manger dans sa main ! Elle se disputa souvent avec elle-même, et elle en souffrait. Les contradictions sont à la fois le supplice et la gloire des grandes âmes.

Les saints font des miracles ; elle n’en fit point et jamais elle ne voulut en faire. On lui demanda un jour de ressusciter un enfant. On s’adressait mal ; le mort qu’elle voulait ressusciter, c’était la France. A Bourges, des femmes la priant de toucher des croix, des chapelets, elle se prit à rire et dit à la dame Marguerite la Touroulde, chez qui elle logeait : « Touchez-les vous-même ; ils seront tout aussi bons. » Quand on lui représenta que si Dieu voulait délivrer le royaume, il le ferait bien sans gens de guerre, elle répliqua aussitôt : « Les gens de guerre batailleront, et Dieu donnera la victoire. » On l’avait mise en demeure de justifier sa mission par un prodige ; elle répondit qu’elle le ferait devant Orléans, en entrant dans la ville avec un convoi et en forçant les Anglais dans leurs bastilles.

Elle en appelait à l’événement, et c’est sur l’événement qu’on l’a jugée, comme on juge les généraux et les hommes d’état. On est tenté de s’imaginer qu’elle s’imposa tout de suite à la foi comme à l’admiration. Sans doute, les simplets se rendirent bien vite ; cette surprenante apparition leur semblait venue du ciel ; tant de pureté unie à tant de grâce les subjuguait, leur prenait les yeux et le cœur. Mais les grands personnages, les gens en place, les docteurs se tenaient sur la réserve. Les savans théologiens de Poitiers, que le roi consulta, délibérèrent pendant plusieurs semaines. Après s’être assurés, par une enquête, que cette fille n’était point une aventurière, qu’il y avait en elle « humilité, virginité, dévotion et simplesse, » leur conclusion fut que, dans l’état désespéré où se trouvaient les affaires du royaume, on devait la prendre à l’essai, sans s’engager davantage. Elle promettait « de montrer devant Orléans le signe du divin secours ; » il fallait l’y conduire honnêtement, on verrait bien. L’archevêque d’Embrun, Jacques Gelu, fort en crédit à la cour de Charles VII, eut beaucoup de peine à l’accepter ; elle lui semblait suspecte. Il désirait que le roi se défiât, la tînt à distance. N’était-ce pas « une séductrice, l’envoyée d’une nouvelle secte qui le voudrait leurrer ? » Il craignait aussi « qu’on ne se rendît ridicule aux nations étrangères, les Français étant déjà assez diffamés pour la facilité de leur naturel à être dupés. » A peine a-t-elle battu Talbot, il ne doute plus ; il veut « qu’en toute chose le conseil de la Pucelle soit recherché principalement, avant tout autre. » Et plus tard le pape Pie II dira : « Elle était inspirée ; l’événement en fait foi : divino afflata spiritu, sicut res gestæ demonstrant. » Elle avait réussi, on se persuada bien vite qu’elle venait de Dieu. Si elle eût échoué, elle se serait perdue dans la foule des enthousiastes, des extatiques qui ont donné leurs rêveries pour inspirations. Mais quand tout le monde désespérait, le roi lui-même, elle avait cru à la France, elle avait eu raison d’y croire, et il est juste que la France s’en souvienne à jamais.

Ce qu’il y eut de miraculeux en elle, ce fut le souverain bon sens, sous un air de folie. Ses ennemis se plaignaient dans leur colère « qu’il y eût dans cette simple une merveilleuse subtilité de femme. » Née sur la Meuse, dans la marche de deux provinces, et tenant sans doute de son père, plus Champenoise que Lorraine, elle eut, selon le mot de Michelet, cette naïveté mêlée de sens et de finesse qu’on trouve dans Joinville. Elle ne savait rien, elle devina tout.

Cette visionnaire eut le génie de la politique. Elle avait compris que dans les suprêmes détresses, les partis les plus audacieux sont les plus sûrs, qu’il fallait frapper un grand coup, que Charles VII devait se montrer à la France anglaise, prendre possession, que sans laisser aux Anglais le temps de se remettre et de sacrer Henri VI, il fallait marcher hardiment d’Orléans à Reims, les gagner de vitesse, « que le premier sacré resterait roi. » Les sages secouaient la tête, criaient à l’impossible ; sa fougue entraîna tout et les chemins s’aplanirent devant elle. Mais pour que le roi voulût la suivre, elle avait dû le tirer de sa mortelle langueur, le rendre à lui-même, et c’est à quoi tout d’abord elle s’était appliquée. Ce fils d’un roi dément et de la perverse Isabeau en était venu à douter et de sa naissance et de son droit ; il s’abandonnait. « Gentil Dauphin, j’ai nom Jehanne la Pucelle. Le roi des cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné en la ville de Reims. » Et l’instant d’après, lisant dans les profondeurs de cette âme malade, meurtrie par le malheur : « Je te dis de la part de messire que tu es vrai héritier de France et fils du roi. » C’est une des scènes les plus étonnantes de l’histoire que cette plébéienne de dix-huit ans, disant à un roi de France : « Croyez en vous ! » et l’obligeant de croire comme par l’effet d’un charme. C’était là, selon toute apparence, ce secret du roi qu’elle garda religieusement. « Je ne sais sur quoi vous me voulez interroger, disait-elle à Cauchon ; vous pourriez bien me demander telles choses que je ne vous dirais point. » Dans son horrible prison comme devant ses juges, elle parut moins soucieuse de sauver sa vie que de protéger l’honneur de son prince. Pouvait-elle révéler aux Anglais qu’il avait douté de son droit et de lui-même ? Elle avait promis de lui donner Paris, il ne l’eut que plus tard ; mais elle lui avait enseigné les moyens de le prendre. Elle avait pressenti que le jour où le duc de Bourgogne se réconcilierait avec le roi de France, l’inconstante et versatile cité, qui avait fait fête à l’étranger, reviendrait à son prince national : « Pardonnez l’un à l’autre de bon cœur, comme doivent faire loyaux chrétiens. » Lorsqu’il fut maître de la ville, il sut être clément ; il ne fut plus le roi d’une faction, il s’éleva au-dessus des partis ; c’était le conseil qu’elle lui avait donné. Une fois dans le cours des siècles, la politique voulut avoir son ange ; pour qu’un tel miracle fût possible, il fallait qu’elle fût enseignée par un grand cœur et que la foi l’aidât. Après que cet ange eut traversé la France sur un cheval noir, il monta sur un bûcher, d’où un Anglais éperdu vit sortir une colombe, et le bourreau ne put croire que Dieu lui pardonnât jamais.

Le curé de Domrémy, qui fut cité en témoignage dans le procès de révision, disait : « Je ne connus jamais sa pareille. « Il est certain que jamais personne ne lui a ressemblé, que personne ne lui ressemblera. Que chacun l’honore ou l’adore comme il lui plaît ! Sa plus belle gloire est que pour pouvoir la comprendre et l’aimer, les partis qui se la disputent doivent composer l’un avec l’autre, en élargissant leur idéal de sainteté ou de justice. Si l’église se décide à béatifier cette patriote, la société des saints sera moins homogène et l’espèce s’enrichira d’une variété toute nouvelle ; si les libres penseurs consentent à faire du jour de sa naissance un jour de fête nationale, ils devront reconnaître qu’une visionnaire peut avoir raison contre la raison, que la destinée choisit quelquefois une mystique pour lui dire son secret et sauver un peuple qui se meurt. On aura beau multiplier les explications, il y aura toujours du merveilleux dans cette histoire, et toujours l’admiration qu’elle inspire sera mêlée d’étonnement. On n’a pas encore expliqué les certitudes infaillibles de l’instinct. Comment s’y prend l’hirondelle revenant d’Egypte pour retrouver le nid caché qui l’attend entre deux chevrons d’une ferme de la Brie ? Si elle pouvait parler, elle dirait comme Jeanne : « Sachez qu’on m’a fait ma route, je suis née pour cela. »


G. VALBERT.

  1. La vraie Jeanne d’Arc : la Pucelle devant l’église de son temps, par Jean-Baptiste-Joseph Ayroles, de la compagnie de Jésus. Paris, 1890 ; Gaume et C°.
  2. La Pucelle devant l’église de son temps, p. 516.