Le Curé de Village (Guaita)

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Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 78-79).


Le Curé de Village


Ses longs cheveux sont blancs. Humble et plein de douceur,
Il vit sa vie étroite au milieu de ses frères,
Les paysans, courbés aux durs travaux agraires.
Peu lui suffit ; pour gouvernante, il a sa sœur.

Sa paroisse, à l’abri du Vice envahisseur,
Dans l’amour du terroir et l’horreur des libraires,
Sous ses yeux paternels croît, loin des vents contraires. —
Il n’a rien du prophète. Il n’a rien du penseur.


Mais son œil de vieillard, qui sourit et pardonne,
Dit une âme candide, aime, et que rien n’étonne ;
Et pour ce villageois j’éprouve un respect tel

Que mon cœur se réchauffe à sa rude parole,
Et que je pense voir, lorsqu’il monte à l’autel,
Autour de son front blanc frissonner l’auréole !


Avril 1884.