Voyage de Marco Polo/Livre 3/Chapitre 4

La bibliothèque libre.
IV
Les vaisseaux des Tartares se brisent et périssent.


Il arriva un jour que, s’étant levé sur mer une furieuse tempête, les vaisseaux des Tartares furent jetés sur les côtes ; sur quoi les matelots ayant pris conseil éloignèrent de terre leurs vaisseaux, sur lesquels étaient les deux armées tartares. Mais, la tempête augmentant, plusieurs des navires s’entr’ouvrirent, et beaucoup de monde fut submergé. Il y en eut parmi ceux-ci qui se sauvèrent sur des planches et autres débris à une petite île dont ils n’étaient pas fort éloignés, et qui est assez près de l’île de Zipangu[1]. Ceux qui échappèrent avec leurs vaisseaux s’en retournèrent chez eux ; on compta jusqu’à trente mille hommes de ceux qui s’étaient sauvés du naufrage dans cette petite île, après que leurs vaisseaux furent rompus. Et comme ils ne savaient comment faire pour sortir de là, et que l’île, qui était inhabitée, ne pouvait leur fournir des vivres, ils n’attendaient plus que la mort.

  1. Apparemment l’île de Sado.