Les Fleurs du mal (Revue des Deux Mondes)/Le Guignon
Apparence
Les Fleurs du mal (Revue des Deux Mondes)
XVI.
LE GUIGNON.
Pour soulever un poids si lourd,
Sisyphe, il faudrait ton courage ;
Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage,
L’art est long et le temps est court.
Loin des sépultures célèbres,
Vers un cimetière isolé,
Mon cœur, comme un tambour voilé,
Va battant des marches funèbres.
Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l’oubli,
Bien loin des pioches et des sondes ;
Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans des solitudes profondes.