Nouvelles poésies (Van Hasselt)/Le Jardin du cœur

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Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 41-43).


Le jardin du cœur..





Tecum pars mea major abit.
Auson. Epigramm. CIII





Au jardin de mon cœur combien de fleurs écloses
Naguère encor,
Lilas aux doux parfums, boules de neige, et roses
Et boutons d’or ;

Myrte aux grappes de nacre, œillets aux feuilles blanches,
Jasmins d’or pur,

Lis aux coupes d’ivoire, anémones, pervenches,
Asters d’azur !

Comme elles rayonnaient toutes ces fleurs charmantes
Au jour vermeil,
Sans redouter les vents glacés ni les tourmentes
Ni le soleil !

C’est que vous étiez là, ma blonde jardinière,
Vous, leur vrai jour,
Vous pour qui fleurissaient leur beauté printanière
Et leur amour ;

Vous, l’aube de mon ciel, vous, cette âme choisie,
Qui leur donniez
Leur grâce, leur parfum, toute la poésie
Que vous aviez.

Mais, vous absente, vous, pauvre étoile éclipsée
Avant le temps,
Plus rien ne leur rendra leur splendeur effacée
Ni leur printemps.

Tout ce qui fleurissait de charmant en moi-même

Et de si doux,
Tout est mort désormais aussi, mon bien suprême,
Mort avec vous.

Car vous n’êtes plus là qui donniez, empressée,
Aux pauvres fleurs
Pour soleil votre frais sourire et pour rosée
Souvent vos pleurs.



Septembre 1835.