Le Koran (Traduction de Kazimirski)/27

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Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 302-310).

CHAPITRE XXVII.

LA FOURMI[1].


Donné à la Mecque. — 95 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Ta. Sad.[2]. Ce sont les signes de la lecture et de l’Écriture évidente[3].
  2. Ils servent de direction et d’heureuse nouvelle aux croyants,
  3. Qui observent la prière, font l’aumône et croient fermement à la vie future.
  4. Pour ceux qui ne croient point à la vie future, nous avons embelli leurs œuvres à leurs propres yeux ; ils sont comme étourdis[4].
  5. Ce sont eux à qui est réservé le plus cruel châtiment ; ils seront les plus malheureux dans l’autre monde.
  6. Tu as obtenu le Koran du Savant, du Sage.
  7. Souviens-toi que Moïse dit un jour à sa famille : J’ai aperçu du feu. Je vais vous en apporter des nouvelles ; peut-être vous en apporterai-je un tison ardent, pour que vous ayez de quoi vous réchauffer.
  8. Il y alla, et voici qu’Une voix lui cria : Béni soit celui qui est dans le feu et autour du feu ! Louange au Dieu maître de l’univers !
  9. O Moïse ! je suis le seul Dieu puissant et sage.
  10. Jette ton bâton. Moïse te jeta, et lorsqu’il le vit s’agiter comme un serpent, il se mit à fuir sans se retourner. O Moïse !lui cria-t-on, ne crains rien. Les envoyés n’ont rien à craindre de moi,
  11. Si ce n’est peut-être (celui qui a commis quelque iniquité ; mais, s’il a remplacé le mal par le bien, je suis indulgent et miséricordieux.
  12. Porte ta main dans ton sein, et tu la retireras toute blanche, sans que ce soit une maladie[5]. Ce sera un des neuf signes pour Pharaon et son peuple ; c’est un peuple pervers.
  13. Quand nos miracles frappèrent leurs yeux en toute évidence, ils dirent : C’est de la magie manifeste.
  14. Quoiqu’ils aient acquis la certitude de leur vérité, ils les nièrent par orgueil et par injustice. Mais considère quelle fut la fin des méchants.
  15. Nous avons donné la science à David et à Salomon[6]. Ils disaient : Louange à Dieu, qui nous a élevés au-dessus de beaucoup de ses serviteurs croyants !
  16. Salomon fut l’héritier de David ; il dit : O hommes ! on nous a appris à comprendre le langage des Oiseaux, et on nous a comblé de toute sorte de choses. C’est une faveur évidente de Dieu.
  17. Un jour les armées de Salomon, composées de génies et d’hommes, se rassemblèrent devant lui, et les oiseaux aussi, tous rangés par troupes séparées.
  18. Lorsque tout ce cortège arriva à la vallée des FOURMIS, une d’entre elles dit : O fourmis ! rentrez dans vos demeures, de peur que Salomon et ses armées ne vous écrasent sous leurs pieds sans le savoir.
  19. Et Salomon sourit à ces paroles de la fourmi, et dit : Seigneur ! fais que je te sois reconnaissant pour les bienfaits dont tu m’as comblé ainsi que mes pères ; fais que je pratique le bien pour te plaire, et assigne-moi une part dans la miséricorde dont tu environnes tes serviteurs vertueux.
  20. il passa en revue l’armée des oiseaux, et dit : Pourquoi ne vois-je pas ici la huppe ? Est-elle absente ?
  21. En vérité, je lui infligerai un dur châtiment, ou bien je la tuerai, à moins qu’elle ne me donne quelque excuse légitime.
  22. En effet elle ne resta pas longtemps sans venir, et dit à Salomon : J’ai appris ce que tu ne sais pas ; je viens de Saba avec des nouvelles certaines.
  23. J’y ai trouvé une femme régnant sur les hommes ; elle possède toute sorte de choses et elle a un grand trône[7].
  24. J’ai vu qu’elle et son peuple adoraient le soleil à côté de Dieu : Satan a embelli leurs œuvres à leurs yeux ; il les a détournés de la vraie route, en sorte qu’ils ne sont point dirigés,
  25. Et qu’ils n’adorent point ce Dieu qui produit au grand jour les secrets des cieux et de la terre, qui connaît ce que vous cachez et ce que vous publiez ;
  26. Ce Dieu hors lequel il n’y a point de Dieu, possesseur du grand trône.
  27. — Nous verrons, dit Salomon, si tu as dit vrai ou si tu as menti.
  28. — Va-t’en avec cette lettre de ma part ; remets-la-leur, et place-toi à l’écart ; tu verras quelle sera leur réponse.
  29. La huppe partit et s’acquitta de sa mission. La reine dit aux grands de son royaume : Seigneurs, une lettre illustre vient de m’être remise.
  30. Elle est de Salomon ; en voici le contenu : « Au nom du Dieu clément et miséricordieux,
  31.  » Ne vous élevez pas contre moi ; venez plutôt à moi, vous abandonnant entièrement à Dieu[8]. »
  32. Seigneurs, dit la reine, conseillez-moi dans cette affaire ; Je ne déciderai rien sans votre concours.
  33. Nous sommes forts et redoutables, reprirent-ils ; mais c’est à toi qu’il appartient de donner des ordres ; c’est à toi de voir ce que tu as à nous commander.
  34. — Lorsque les rois entrent dans une ville, dit la reine, ils ravagent et font de ses plus considérables citoyens les plus misérables. C’est ainsi qu’ils agissent.
  35. J’enverrai des présents, et je verrai ensuite ce que me rapporteront mes envoyés.
  36. Lorsque l’envoyé de la reine se présenta devant Salomon, celui-ci lui dit : Vous voulez donc m’assister de vos trésors ? Ce que Dieu m’a donné vaut mieux que ce qu’il vous a donné à vous. Mais vous tirez vanité de vos dons !
  37. Retourne vers le peuple qui t’envoie. Nous irons l’attaquer avec une armée à laquelle il ne saurait résister. Nous les chasserons de leur pays, avilis et humiliés.
  38. Salomon dit aux siens : O seigneurs ! qui d’entre vous m’apportera le trône de la reine avant qu’ils viennent eux-mêmes s abandonnant à la volonté de Dieu[9] ?
  39. Ce sera moi, répondit Ifrit[10], un des génies ; je te l’apporterai avant que tu te sois levé de ta place. Je suis assez fort pour cela, et fidèle.
  40. Un autre génie, celui qui avait la science du Livre[11], dit à Salomon : Je te l’apporterai avant que tu aies cligné de l’œil[12]. Et lorsque Salomon vit le trône placé devant lui, il dit : C’est une marque de la faveur de Dieu ; il m’éprouve pour savoir si je serai reconnaissant ou ingrat. Quiconque est reconnaissant l’est à son avantage ; quiconque est ingrat, Dieu peut s’en passer, car il est riche et généreux.
  41. Rendez-lui méconnaissable ce trône, dit Salomon aux génies. Nous verrons si elle est sur la droite voie, ou bien du nombre de ceux qui ne sauraient être dirigés.
  42. Et lorsqu’elle (la reine) se présenta devant Salomon, on lui demanda : Est-ce là votre trône ? elle répondit : On dirait que c’est lui-même[13]. Or, nous avions reçu la science avant elle, et nous étions résignés à la volonté de Dieu.
  43. Les divinités qu’elle adorait à côté de Dieu l’avaient égarée, et elle fut du nombre des infidèles.
  44. On lui dit : Entrez dans ce palais. Et quand elle le vit, elle croyait que c’était une pièce d’eau, et se retroussa autour des jambes. C’est un palais pavé de cristal, répondit Salomon[14].
  45. — Seigneur, j’avais agi iniquement envers moi-même en adorant les idoles ; maintenant je me résigne, comme Salomon, à la volonté de Dieu, maître de l’univers.
  46. Nous avons envoyé Saleh vers les Thémoudites, ses frères, pour leur faire adorer Dieu. Ils se divisèrent en deux partis.
  47. O mon peuple ! leur disait Saleh, pourquoi voulez-vous hâter le mal du supplice plutôt que le bien des récompenses divines ? Que n’implorez-vous le pardon de Dieu, afin qu’il ait pitié de vous ?
  48. — Nous avons consulté sur toi et les tiens le vol des oiseaux. — Votre fortune[15] dépend de Dieu, répondit-il ; vous êtes un peuple que Dieu veut éprouver.
  49. Il y avait dans la ville neuf individus qui commettaient des excès dans le pays, et ne faisaient aucune bonne action.
  50. Ils se dirent entre eux : Engageons-nous, par un serment devant Dieu, à tuer, pendant la nuit, Saleh et sa famille ; nous dirons ensuite aux vengeurs de son sang : Nous n’avons pas été présents à la mort de sa famille ; nous disons la vérité.
  51. ils mirent en œuvre leurs artifices, et nous mîmes en œuvre les nôtres pendant qu’ils ne s’en doutaient pas.
  52. Considère quelle a été la fin de leurs stratagèmes ; nous les avons exterminés, ainsi que toute leur nation.
  53. Leurs demeures, que vous voyez, sont affaissée dans le sol, parce qu’ils étaient impies, il y a dans ceci un signe pour les hommes qui ont de l’intelligence.
  54. Nous sauvâmes ceux qui avaient cru et qui craignent Dieu.
  55. Nous envoyâmes Loth, qui disait à son peuple : commettrez-vous une turpitude ? Vous le savez cependant.
  56. Aurez-vous par concupiscence charnelle commerce avec des hommes plutôt qu’avec des femmes ? Vous êtes dans l’égarement.
  57. Et quelle a été là réponse de son peuple ? Ils se dirent entre eux : Chassons la famille de Loth de notre ville ; ce sont des hommes qui veulent faire les chastes.
  58. Nous sauvâmes ta famille de Loth, à l’exception de la femme, que nous avions destinée à être parmi ceux qui restaient en arrière.
  59. Nous avons fait pleuvoir une pluie de pierres ; Quelle, fut terrible, la pluie qui tomba sur ces hommes, qu’on avertissait en vain !
  60. Dis : Louange à Dieu, et paix a ceux d’entre ses serviteurs qu’il a élus ! Qui, de Dieu ou des idoles qu’ils lui associent, mérite la préférence ?
  61. Celui qui a créé les cieux et la terre, qui vous envoie de l’eau (à l’aide de l’eau, nous produisons pour vous ces riants jardins, car ce n’est pas vous qui faites pousser leurs arbres), est-ce quelque dieu de compagnie avec le Dieu unique ? — Et cependant Ils lui trouvent des égaux !
  62. Celui qui établit solidement la terre, qui dans son intérieur a tracé des rivières, qui fixa des montagnes, qui éleva entre les deux mers une barrière[16], est-ce quelque dieu de compagnie avec le Dieu unique ? — Et cependant la plupart ne le comprennent pas.
  63. Celui qui exauce l’opprimé quand il crie vers lui, qui le délivre du malheur, qui vous a établis ses lieutenants sur la terre, est-ce quelque dieu de compagnie avec le Dieu unique ? Oh ! que vous réfléchissez peu !
  64. Celui qui vous guide à travers les ténèbres de la terre ferme et de la mer, qui envoie les vents précurseurs de sa miséricorde[17], est-ce quelque dieu de compagnie avec le Dieu unique ? Il est trop élevé pour qu’on lui associe d’autres divinités.
  65. Celui qui produit la création et la fait rentrer, qui vous nourrit des dons du ciel et de la terre, est-ce quelque dieu de compagnie avec le Dieu unique ? Dis-leur : Apportez vos preuves, si vous êtes véridiques.
  66. Dis : Nul autre que Dieu, au ciel et sur la terre, n’en connaît les secrets. Les hommes ne savent pas
  67. Quand ils seront ressuscités.
  68. Ils ont quelque connaissance de la vie future[18] ; mais ils en doutent, ou plutôt ils sont aveugles à cet égard.
  69. Les incrédules disent : Quand nous et nos pères deviendront poussière, est-il possible qu’on nous en fasse sortir vivants ?
  70. On nous le promettait déjà, ainsi qu’à nos pères ; mais ce ne sont que des histoires des anciens.
  71. Dis-leur : Parcourez le pays, et voyez quelle a été la fin des coupables.
  72. Ne t’afflige point du sort qui les attend, et que ton cœur ne soit pas dans l’angoisse par crainte de leurs machinations.
  73. Ils vous demandent : Quand donc s’accompliront ces menaces ? dites-le, si vous êtes sincères.
  74. Réponds-leur : Il se peut que le supplice que vous voulez hâter soit à vos trousses.
  75. Ton Seigneur est plein de bonté pour les hommes ; mais la plupart d’entre eux ne sont pas reconnaissants.
  76. Ton Seigneur connaît ce que leurs cœurs recèlent et ce qu’ils produisent au grand jour.
  77. Il n’y a point de chose cachée, dans les cieux et sur la terre, qui ne soit inscrite dans le Livre de l’évidence[19].
  78. Il (le Koran) déclare aux enfants d’Israël la plupart des sujets de leurs disputes.
  79. Le Koran sert de direction aux croyants, et constitue une preuve de la miséricorde divine envers eux.
  80. Dieu prononcera son arrêt pour décider entre vous. Il est le Puissant, le Sage.
  81. Mets ta confiance en Dieu, car tu t’appuies sur la vérité évidente.
  82. Tu ne saurais rien faire entendre aux morts : tu ne saurais faire entendre aux sourds l’appel à la vérité, quand ils te tournent le dos.
  83. Tu n’es point le guide des aveugles pour les prémunir contre l’égarement. Tu ne saurais te faire écouter, excepté de ceux qui ont cru à nos signes et qui se résignent à la volonté de Dieu.
  84. Lorsque la sentence prononcée contre eux sera près de recevoir son exécution, nous ferons sortir de la terre un monstre[20] qui leur criera : En vérité, les hommes n’ont point cru fermement à nos miracles.
  85. Un jour nous rassemblerons ceux qui ont traité nos signes de mensonges ; ils seront divisés par troupes.
  86. Jusqu’à ce qu’ils paraissent devant Dieu, qui leur dira : Avez-vous traité de mensonges mes signes faute de les avoir pu comprendre, ou aviez-vous un autre motif d’en agir ainsi ?
  87. La sentence sera exécutée en punition de leur impiété, et ils ne prononceront pas un seul mot.
  88. Ne voyaient-ils pas que nous avons établi la nuit comme temps de repos, et le jour clair pour le travail ? Certes, il y a dans ceci des signes pour un peuple qui croit fermement.
  89. Au jour où l’on sonnera la trompette, tout ce qui sera dans les cieux et sur la terre sera saisi d’effroi, à l’exception de ceux que Dieu voudra en délivrer. Tous les hommes viendront se prosterner devant lui.
  90. Tu verras les montagnes, que tu crois solidement fixées, marcher comme marchent les nuages. Ce sera l’ouvrage de Dieu, qui dispose savamment toutes choses. Il est instruit de toutes vos actions.
  91. Quiconque se présentera avec des bonnes œuvres, en retirera les avantages. Ceux-là seront à l’abri de toute frayeur.
  92. Ceux qui n’apporteront que leurs péchés seront précipiter la face dans le feu. Seriez-vous rétribues autrement que selon vos œuvres ?
  93. J’ai reçu ordre d’adorer le Seigneur de cette contrée, ce Dieu qui l’a sanctifiée et à qui tout appartient. Tai reçu ordre d’êtres résigné à volonté,
  94. De réciter le Koran aux hommes. Quiconque se dirigera dans la droite voie, le fera pour son propre bien ; s’il y en a qui restent dans l’égarement, dis-leur : Je ne suis chargé que d’avertir.
  95. Dis : Louange à Dieu ! Bientôt il vous donnera des marques de sa puissance, et vous ne saurez les nier. Ton Seigneur n’est point inattentif à ce que vous faites.

  1. Le titre de cette sourate est emprunté au verset 18.
  2. Voyez, eu sujet de ces lettres, la note 1 du chapitre II.
  3. Il s’agit ici du Koran, qui, comme nous l’avons dit, veut dire proprement lecture, de même que tout livre s’appelle kitab, écriture.
  4. C’est-à-dire, ils ne se rendent pas compte des peines et des récompenses de la vie future, plongés qu’ils sont dans la jouissance des choses de ce monde.
  5. C’est-à-dire que ce n’est pas la lèpre.
  6. Salomon (Soleïman). est regardé par les musulman comme un prophète et comme un roi sage et puissant. La splendeur de sa cour, la magnificence de ses palais, l’empire absolu qu’il exerçait sur les vents et sur les génies, la connaissance du langage de tous les êtres créés, et, à côté de tous ces emblèmes de grandeur, son affabilité qu’il laissa aller jusqu’à s’entretenir avec la fourmi et à accueillir gracieusement une cuisse de sauterelle dont elle lui fit hommage, tout cela fournit aux auteurs orientaux un sujet éternel de comparaisons et d’allusions. Mahomet, qui aura puisé dans les contes juifs le merveilleux de l’histoire de Salomon, ne sait rien dès écarts qui l’ont fait tomber dans l’idolâtrie. Voy. chap. XXXVIII, 33. Peut-être aussi le prophète arabe a-t-il jugé à propos de supprimer, dans l’Intérêt du culte unitaire qu’il prêchait, l’histoire de la chute d’un prince aussi célèbre par sa sagesse. Voyez chapitre XXXIV, 11, 12, 13.
  7. Selon les mahométans, le nom de cette reine de Saba était Balkis. Le trône dont il est ici question était d’or et d’argent, long de quatre-vingts coudées, large de quarante, et haut de trente. Il était surmonté d’une couronne de perles et de pierres précieuses. Il est encore question de baba au chap. XXXIV.
  8. Les mots : abandonnée à la volonté… ne peuvent s’entendre autrement que par rapport à Dieu ; aussi pourrait-on traduire ici : Faites-vous musulmane. Nous avons déjà fait observer ailleurs que Mahomet cherchait à rattacher ses dogmes à ceux des anciens prophètes d’Israël.
  9. Voyez plus haut le verset 30.
  10. Le mot Ifrit, dans le Koran, est expliqué dans les commentaires par le mot vilain, affreux, rebelle. Ce mot est devenu un nom appellalif de tout génie malfaisant.
  11. Voy. chap. XVIII, 48, et LXXII.
  12. Mot à mot : avant que ton clignement d’œil revienne à toi, c’est-à-dire, que tu fermes l’œil et le rouvres.
  13. La reine a fait là preuve de beaucoup d’esprit, disent les commentateurs, au lieu de dire : houa houa, c’est lui, c’est mon trône, elle s’exprime avec doute : On dirait que c’est le même. Quant aux mots qui suivent, les commentateurs ne sont pas sûrs si c’est la reine qui dit : « Nous avons précédemment reçu de Dieu la science, et nous savons, ô Salomon, que vous êtes un prophète, » ou bien si ce sont les grands de la cour de Salomon qui se disent ces mots entre eux. Dans la première version, les mots arabes avant elle voudraient dire : avant cette circonstance, avant ce moment-ci.
  14. Les commentateurs ajoutent que Salomon n’avait fait introduire la reine dans l’appartement pavé de cristal que pour lui procurer une illusion, et pour s’assurer, en la forçant à se retrousser, si elle avait les jambes semblables à celles d’une chèvre, comme on le lui avait rapporté.
  15. Mot à mot : votre oiseau est auprès de Dieu.
  16. Voy. XXV, 55
  17. Par la miséricorde de Dieu, il faut entendre ici la pluie.
  18. C’est-à-dire, ils ont assez de science pour savoir que quelque chose de pareil existe.
  19. Le Livre de l’évidence ou le Livre évident est un livre gardé au ciel, et où sont inscrits tous les arrêts qui régissent le monde Le Livre évident est aussi un des noms du Koran.
  20. Le monstre, la bête dont il est question dans ce verset s’appelle en arabe eldjassaça, l’espion. Les commentateurs donnent des détails sur la grandeur et la forme de la bête, détails qu’ils font remonter soit à Mahomet, soit à Ali, soit à Abou Horeïra, compagnon du prophète. Ainsi, le monstre doit avoir soixante coudées de long ; il a la tête du taureau, les yeux du porc, les oreilles de l’éléphant, les cornes du cerf, le cou de l’autruche, le poitrail du lion, la queue du bélier, les pieds du chameau. On ne saurait l’atteindre dans sa marche, ni échapper à sa poursuite. Il sortira, d’après la tradition, d’une des grandes mosquées. Ce monstre doit porter le bâton de Moïse et le sceau de Salomon ; partout sur son passage il marquera les hommes de l’un ou de l’autre. Ceux qui seront touchés du bâton de Moïse auront le visage éclatant de blancheur, ce sont les bons ; ceux qui porteront l’empreinte du sceau, auront le visage noir, ce sont les réprouvés.