Le Lendemain

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Œuvres complètes : Les Chansons des rues et des boisOllendorf30 (p. 111-112).


VIII


LE LENDEMAIN.


Un vase, flanqué d’un masque,
En faïence de Courtrai,
Vieille floraison fantasque
Où j’ai mis un rosier vrai,
 
Sur ma fenêtre grimace,
Et, quoiqu’il soit assez laid,
Ce matin, du toit d’en face,
Un merle ami lui parlait.

Le merle, oiseau leste et braque,
Bavard jamais enrhumé,
Est pitre dans la baraque
Toute en fleurs, du mois de mai.

Il contait au pot aux roses
Un effronté boniment,
Car il faut de grosses choses
Pour faire rire un flamand.

Sur une patte, et l’air farce,
Et comme on vide un panier,
Il jetait sa verve éparse
De son toit à mon grenier.


Gare au mauvais goût des merles !
J’omets ses propos hardis ;
Son bec semait peu de perles ;
Et moi, rêveur, je me dis :

La minute est opportune ;
Je suis à m’éprendre enclin ;
Puisque j’ai cette fortune
De rencontrer un malin,

Il faut que je le consulte
Sur ma conquête d’hier.
Et je criai : — Merle adulte,
Sais-tu pourquoi je suis fier ?

Il dit, gardant sa posture,
Semblable au diable boiteux :
— C’est pour la même aventure
Dont Gros-Guillaume est honteux.


24 juillet 1865.