Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 1/Chap41

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Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (1p. 273-276).


CHAPITRE XLI


LÉGENDES SARASVATIENNES


Argument : Légende du Rislitishenien et du tîrtha près duquel il demeure. Mort du roi Gâdhi. Viçvâmittra lui succède. Il se met en route avec son armée et arrive près de Termitage de Vaçishtha. Colère de ce dernier, Viçvâmittra se fait ascète et obtient la dignité de brahmane. Halâyoudha se dirige vers l’ermitage de Vaka


2285. Janamejaya dit : Comment l’adorable Rishtishenien pratiqua-t-il un grand ascétisme, et comment Sindhoudvîpa obtint-il la qualité de brahmane,

2286. Ainsi que Devâpi et Viçvàmitra, ô le plus grand des brahmanes ? Ô adorable, explique-moi cela, car ma curiosité est extrême.

2287. Vaiçampàyana dit : Ô roi, jadis, dans l’âge Krita (l'âge d’or), le Rishtishenien, (qui était) un très grand brahmane, habitait constamment dans la famille de son gourou (maître spirituel), se plaisant continuellement à l’étude.

2288. Ô roi, tandis qu’il habitait chez son gourou, ni sa science, ni sa connaissance des textes sacrés n’atteignaient leur perfection, ô maître des hommes.

2289. Alors, ô roi, ce grand ascète, ennuyé (de son peu de succès), se livra à un grand ascétisme et, par ce moyen, acquit les connaissances sacrées les plus étendues.

2290. Ce savant rishi, le plus grand de tous, instruit dans les védas, livré à un très grand ascétisme (qui avait été couronné de) succès, accorda à ce tîrtha les trois faveurs (suivantes) :

2291. À partir d’aujourd’hui, l’homme (qui se sera) baigné dans ce tîrtha de la grande rivière, en retirera le fruit salutaire (que procure) le sacrifice d’un cheval.

2292. À partir d’aujourd’hui, la crainte même des bêtes sauvages n’existera plus ici, et en peu de temps on y obtiendra d’excellents résultats.

2293. Après avoir ainsi parlé, le mouni au grand éclat s’en alla au Tridiva. Ainsi cet adorable et majestueux Rishtishenien (vit ses efforts couronnés de) succès.

2294. Dans ce même tîrtha, le majestueux Sindhoudvîpa, et Devâpi, ô grand roi, obtinrent l’éminente dignité de brahmanes.

2295. Et de même, ô mon cher ami, le Koucikien, qui pratiqua constamment l’ascétisme et dompta ses sens, (y) obtint la même faveur, par des austérités bien entendues.

2296. Il y avait un grand Kshatriya, appelé Gâdhi, dont la renommée s’étendait sur la terre (entière). Le majestueux Viçvâmitra était son fils, ô roi.

2297. Ô mon cher, ce roi descendant de Kouçika était un grand ascète. Ce grand ascète, après avoir sacré (roi) son fils Viçvâmittra,

2298. Songea à abandonner la vie, et ses sujets, inclinés (devant lui), dirent : « grand sage, il ne faut pas nous quitter. Protège-nous contre les grands dangers (qui nous menacent). »

2299. Alors Gâdhi, ainsi supplié, répondit à ses sujets : « Mon fils sera le protecteur du monde entier. »

2300. Après avoir ainsi parlé, Gâdhi mit Viçvâmitra à sa place et monta au ciel, ô roi. Viçvâmitra était roi (protecteur des hommes),

2301. Et, malgré ses efforts, il ne pouvait pas protéger la terre. Alors ce roi apprit que le monde était menacé d’un grand danger de la part des rakshasas.

2302. Il partit de sa ville (capitale), accompagné d’une armée formée de quatre corps de bataille, et, après avoir parcouru un long chemin, approcha de l’ermitage de Vaçishtha.

2303. Ses soldats, ô roi, construisirent dans ce lieu de nombreuses demeures. Alors le vénérable prêtre Vaçishtha, fils de brahmane,

2304. Vit par là qu’on s’était emparé de toute la grande forêt. Ô grand roi, Vaçishtha, le plus excellent des mounis, irrité de cette (intrusion),

2305. Dit à sa vache : « Produis de terribles Çavaras. » Ayant entendu cet (ordre), cette vache produisit des hommes terribles à voir,

2306. Qui attaquèrent cette armée et la rompirent de toutes parts. Viçvâmitra, fils de Gâdhi, ayant appris qu’elle avait été mise en fuite,

2307. Pensant que l’ascétisme était ce qu’il y avait de mieux, songea à se faire ascète. Ô roi, il se fixa dans cet excellent tîrtha de la Sarasvatî,

2308. Tourmentant son corps par les austérités et par le jeûne. Il vivait d’eau, il vivait d’air, il vivait de feuilles.

2309. Il couchait sur la terre et (se livrait) aussi à d’autres pratiques ascétiques isolées (et spéciales). Mais les dieux mirent, à plusieurs reprises, obstacle à ses œuvres pieuses, (craignant de lui voir acquérir des mérites tels, qu’il vînt à prendre leur place dans le ciel).

2310. Et la pensée de ce magnanime ne se détourna pas, (un seul instant), de l’ascétisme (qu’il s’était tracé). Alors, après avoir pratiqué, avec des fatigues extrêmes, des austérités de diverses sortes,

2311,2312. Le fils de Gâdhi devint semblable en éclat au soleil. Pitâmaha, à la grande splendeur, songea à Viçvâmitra, (qui était) pourvu de pareils (mérites) ascétiques, et lui accorda (l’accomplissement) d’un souhait (qu’il formerait). Or celui-ci, ô roi, forma ce vœu : « Que je sois brahmane ! »

2313. Et Brahma, l’ancêtre du monde entier dit : « Soit. » Cet (homme) très glorieux, ayant acquis la qualité de brahmane, par un ascétisme terrible,

2314-2316. Erra sur la terre entière, ayant ses désirs satisfaits, et semblable aux dieux. Râma distribua dans cet excellent tîrtha des trésors de diverses sortes. Plein de joie, il donna des vaches bonnes laitières, ô roi, des moyens de transport, des lits, des vêtements, des bijoux, des aliments et des boissons, (le tout) splendide. Après avoir honoré les principaux brahmanes, il se dirigea vers l’ermitage de Vaka, (situé) dans le voisinage,

2317. Là où le bruit court que le Dalbhien Vaka pratiqua un ascétisme rigoureux.