La Cithare (Gille)/Le Matin

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 87).

LE MATIN


 
Le soleil a franchi le mont. À ce signal,
Mouillé d’or et d’azur le paysage change ;
La vigne de l’auvent frissonne, et dans sa frange
De feuille en feuille glisse un frais rire vernal.

La vive poule d’eau rôde sur le chenal ;
Les merles, dans les fleurs que la brise mélange,
Gazouillent ; mais c’est toi, ma mutine mésange,
Que j’appelle, en t’offrant ce présent matinal :

Du mourron délicat, des gouttes de rosée,
Et, pour que ta jeune âme, amie, en soit grisée,
Du millet enivrant, par moi-même fauché.

Notre berger sera jaloux. Sur ma cabane
Viens te poser et chante, afin qu’ici, couché,
Je goûte un doux sommeil à l’ombre du platane.