Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Comme d’un grand thresor la royale richesse »

La bibliothèque libre.
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 60).
LXXI.


Comme d’un grand thresor la royale richesse
Quant elle tombe aus mains d'un mauvais mesnager
Qui pert tout, qui vend tout, et veut tout engager
S'ecoule en un moment, se dissipe, & s'abaisse :

Mais un peu de moyen gouverné par l'adresse
D'un homme diligent, qui tardif a pleiger,
Et prompt a s'acquiter, ne se veut obliger
S'augmente & multiplie, & redouble sans cesse :

Ainsi nostre àge est long, si nous en usons bien
Si nous en abusons il ne nous dure rien
Coulant sans y penser, comme l'ombre d'un songe

Il ne seroit pas court si nous ne le coupions
Nous aurions assez tems si nous ne le perdions,
Nostre mauvais mesnage en tell'erreur nous plonge.