Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Creon voyant brusler sa fille miserable »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 71).
XCIII.


Creon voyant brusler sa fille miserable
D'un embrassement dous la voulut secourir
Mais helas ! il se fit avec elle mourir,
Espreuvant à son dam son aide dommageable.

Plustost tu te fondras en plaintes lamentable
Que tu puisse empescher les hommes de courir
Au terme de la vie, & la mort de ferir
Le prince, & le berger d'une flesche semblable

Il n'est rien de si fort que la necessité,
Qui trainant apres soy de toute eternité
Les choses de ce monde, à la mort donne place.

Croy moy, fais, si tu veus vivre tranquillement
Que la necessité volontaire se face
Celui qui vit forcé, vit miserablement.