Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Je ne crains point, dis tu, de rompre le lien »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 43).

XXXVII.


Je ne crains point, dis tu, de rompre le lien
De ce fragile cors, mais que jeune je meure
Sans avoir profitté en doctrine meilleure
Avant que de mourir, cause le regret mien.

Celuy-la qui t'a mis en besougne, scait bien
Et jusques à quel jour, & jusques à quelle heure
Il faut qu'en la boutique au travail tu demeure,
T'y laissant plus long tems, tu n'y gaignerois rien :

Que s'il te veut payer d'une seule corvee,
De plus de la moitié non encore achevee
Autant comme pour deus, tu l'en dois honorer :

Une longeur de vie aussi bien tu demandes
Afin qu'en fol plaisir sans fruit tu la despendes,
Prodigue à l'employer, chiche à la desirer.