Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Pourquoy estimes tu homme bouffis d’audace »

La bibliothèque libre.
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 165).

CXCII.


Pourquoy estimes tu homme bouffis d'audace
Qu'au plus haut lieu du chef sied l'ame & la raison
Sinon pour revoler vers la haute maison
Dont elle est descendue en ceste terre basse ?

Regarde je te prie en la cuisine grasse
Comme le feu sortant d'un enfumé tison,
Gaigne tousjours le haut roüant à flot grison
Contre le ciel courbé sa naturelle place.

Ton esprit est de feu qui ne peut longuement
Croupir ensevelis au charnel bastiment
Sans retourner au ciel dont il prend son essence.

Mais ingrat d'untel don tu preferes chetif
Au bien perpetuel le caducq & fuitif
Et le bannissement au lieu de ta naissance.