Le Miroir des jours/En marge de Verlaine

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Le Miroir des joursMontréal (p. 194-195).


EN MARGE DE VERLAINE


 
Bercé par la chanson troublante de Verlaine,
Qui soupire, se plaint de vivre et rit à peine,
Et désespérément, des larmes plein la voix,
Se souvient des beaux jours candides d’autrefois,
Regrette ses péchés charnels, allume un cierge,
Brûle un sonnet aux pieds de la très sainte Vierge,
Et supplie à genoux, doigts joints, la Trinité
D’exorciser son cœur par le mal habité,
Et qui, faible de chair, à la première embûche, ―
Robe pâle, dans l’ombre, ― hésite, va, trébuche

Et tombe, ― par un soir de lune merveilleux
Où montent des parfums de jardin vers les cieux ;

― Verlaine, ta chanson n’est pas toujours la bonne,
Me disais-je ; pourtant, je l’aime et j’en frissonne !
Ta Muse a passé trop de nuits aux cabarets,
Elle en a dit bien tard ses immortels regrets,
Et si le temps sur ses souillures jette un voile,
C’est que le repentir luit comme une étoile !