Le Nid (Dussauze)/10

La bibliothèque libre.
Librairie Fischbacher (p. 90-97).

Chapitre X

La Construction de la Maisonnette des Lapins.

Jean et Pierrot se sont levés de bonne heure, parce que Papa a dit qu’il fallait faire une petite maison pour les lapins, et ils veulent la commencer tout de suite.

Victor, qui est très aimable et très habile, les aidera.

On a mis les petits lapins dans le poulailler, en attendant que leur maison soit prête.

Aussitôt qu’ils ont fini de déjeuner, Jean et Pierrot courent au jardin.

Ils trouvent Victor en train de scier des planches.

« Est-ce pour faire la maison de nos lapins que tu coupes ces planches ? » demande Pierrot.

— « Oui, Monsieur Pierrot ; et si vous voulez venir m’aider, nous n’en aurons pas pour bien longtemps à faire la maison.

— « Est-ce que les lapins ont déjeuné ? » demande Jean.

— « Oui. Je leur ai donné des feuilles de chou et des carottes. Ils avaient bien faim, les pauvres petits ! »

Quand les planches sont prêtes, il faut les clouer ensemble.

Jean et Pierrot veulent les clouer eux-mêmes, et Victor leur donne des marteaux et des clous.

Pierrot trouve que c’est difficile d’enfoncer les clous dans le bois, qui est très dur.

Il donne un grand coup de marteau à son pouce au lieu de le donner à la tête du clou.

Cela lui a fait bien mal, et il a envie de pleurer ; mais il veut être brave, et il ne pleure pas.

— « C’est une boîte que nous faisons ; » dit Jean : « c’est une boîte sans couvercle. »

— « Nous allons y mettre un couvercle, » dit Victor, « mais pas sur le haut. Nous mettrons notre boîte sur le côté, et alors le couvercle sera une porte que vous pourrez ouvrir et fermer. »

— « Est-ce que la porte sera en bois aussi ? »

— « Non, car les petits lapins n’auraient pas d’air ni de lumière. Il y aura un cadre en bois, et le reste sera en toile de fer. Tenez, voici le cadre : je l’ai fait de bonne heure, quand vous dormiez encore. Voici la toile de fer. Voyez-vous : j’en ai coupé un morceau carré de la grandeur du cadre. Nous allons le clouer dessus, et vos petits lapins auront de l’air et de la lumière tant qu’ils en voudront. »

Quand la porte est prête, Pierrot dit :

— « Maintenant il faut la clouer sur la maison. »

— « Non, » dit Jean ; « si elle était clouée, on ne pourrait pas l’ouvrir. Il faut une charnière, n’est-ce pas, Victor ? »

— « Oui, Monsieur Jean : en voici une. Voyez-vous, Monsieur Pierrot ; nous allons clouer ce côté-ci de la charnière sur la maison, et celui-là sur la porte. De cette manière, la porte s’ouvrira facilement, en tournant sur le pivot que vous voyez ici, au milieu de la charnière. »

— « Maintenant, il faut une serrure et une clef. »

— « Oh, non ! ce n’est pas nécessaire : un simple petit bouton avec un morceau de bois qui glissera dans la fente que vous voyez ici, dans le côté de la maison, suffira. »

La maison est finie.

— « Allons-nous mettre les lapins dans leur maison tout de suite ? » demande Jean.

— « Il faut d’abord y mettre un peu de paille, pour que les lapins n’aient pas froid. Nous en trouverons dans l’écurie. »

La maison est prête maintenant à recevoir ses petits habitants.

Pierrot court chercher Jeanne et Louisette pour la leur montrer.

Elles la trouvent très jolie.

À présent il faut chercher les lapins.

Ils se sauvent dans tous les coins du poulailler, quand ils voient qu’on veut les prendre.

Mais Victor les attrape, et ils sont bientôt tous installés dans leur maison.

Ils ont l’air très contents d’y être.

Ils sautent et font des culbutes qui amusent beaucoup les enfants.

— « Qu’est-ce qu’il faut leur donner à manger ? » demande Jeanne.

— « Des feuilles de chou, des feuilles de laitue, des carottes, des navets », répond Victor.

— « Et du gâteau, » dit Louisette.

Mais Victor répond :

— « Les lapins n’aiment pas le gâteau, Mademoiselle Louisette. »

— « Oh ! quel dommage ! » dit Louisette qui aime beaucoup le gâteau.

— « C’est mon lapin qui est le plus joli des quatre, » dit Jean.

— « Non, c’est le mien ! » s’écrie Pierrot.

— « Le mien est beaucoup plus joli que les autres, » dit Jeanne : « N’est-ce pas, Louisette ? »

Mais Louisette dit :

— « Non ; je trouve que le mien est le plus joli. »

On va se disputer ; mais Maman arrive juste à point.

Tous les enfants courent vers elle.

« N’est-ce pas que c’est mon lapin qui est le plus joli ? » crient à la fois les quatre enfants.

Maman répond :

— « Ils sont tous jolis. »

« Lequel aimes-tu le mieux ? » demande Jeanne : « je suis sûre que c’est le mien. »

— « Non ; je les aime tous, les uns autant que les autres. Chacun de vous a choisi le lapin qu’il trouvait le plus joli ; mais il ne doit pas vouloir que les autres pensent comme lui. Ainsi, il n’y a pas de quoi se disputer. »

Maman admire beaucoup la petite maison.

Elle dit qu’il faudra la tenir bien propre, et que, pour cela, il faudra la nettoyer tous les matins.

Jean promet qu’il en aura grand soin.

Maman dit aux enfants d’aller à la cuisine demander à Julie des feuilles de chou et des carottes pour les lapins.

Ils reviennent bientôt, chargés de nourriture pour les petits lapins.

Jean ouvre la porte, bien doucement, pour que les lapins ne se sauvent pas, et il met deux grosses carottes et une demi-douzaine de grandes feuilles de chou dans la maison.

Les lapins ont faim, et ils se mettent à manger tout de suite.

— « Comme ils mangent drôlement ! » dit Louisette.

— « Avez-vous remercié Victor de ce qu’il vous a aidés à faire la maison ? » demande Maman.

— « Oh ! non : nous avons oublié. »

Jean et Pierrot courent à la recherche de Victor pour le remercier.

La prochaine fois que les enfants iront voir grand’maman, ils lui raconteront comment ils ont fait la maison des lapins, et ils lui diront que les quatre petits lapins y sont très heureux.