Le Pape/Pensif devant le destin

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Le PapeOllendorfŒuvres complètes, tome 29 (p. 36).

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PENSIF DEVANT LE DESTIN


Tout ce qui pense, vit, marche, respire, passe,
Va, vient, palpite, naît et meurt, demande grâce.
Il n’est pas sur la terre un homme qui n’ait fait
Une faute ; et le sort des neveux de Japhet
C’est de souffrir ; chacun verse une larme amère,
La mère sur l’enfant et l’enfant sur la mère.
Pourquoi tant de détresse et de calamité ?
Pourquoi le grondement du gouffre illimité ?
Pourquoi le côté noir du dogme et de la bible ?
Parce que nous péchons. De là l’ombre terrible,
Et les religions toutes pleines d’enfers.
Tous les abîmes sont à notre marche offerts.
Terreur ! dit Eleusis. Damnation ! dit Rome.
De la bête de proie à la bête de somme,
Du soldat au forçat, du serf à l’empereur,.
Tout est vengeance, effroi, haine, morsure, horreur.
L’être créé n’a droit qu’à des destins funèbres ;
La menace lui tend le poing dans les ténèbres.
Avance, c’est la nuit. Recule, c’est l’enfer.
Homme, il est Prométhée ; ange, il est Lucifer.