Poèmes incongrus/Le Parapluie

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Poèmes Incongrus : suite aux Poèmes mobilesLéon Vanier, bibliopole (p. 45).

LE PARAPLUIE


À l’ami Plet.


Le premier jour de mars allant à Charenton,
Je m’étais acheté, craignant les giboulées,
Un beau parapluie aux baleines effilées
Emmanché de bois noir et couvert en coton.

J’arrivai sur le quai crotté jusqu’au menton ;
Le vent faisait courir les dames dévoilées
Et l’espace était plein de choses envolées.
Mais voilà qu’en mettant les pieds sur le ponton,

Mon emplette m’échappe et tombe dans la Seine ;
Pas un homme de cœur pour lui porter secours.
Ainsi disparaissez, illusions, toujours.

L’été suivant, non loin de la Samaritaine,
Un pêcheur qui n’avait rien pris depuis trois jours
En retirant sa ligne y vit une baleine.