Le Premier livre illustré de mes petits enfants/XVI

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LE CHAT RÉVELATEUR


Vous qui semblez si occupée de votre parapluie, Mlle  Francine, pourriez-vous me dire comment se porte Minet ? demanda la vieille dame à l’une des jeunes personnes de la société.

Vous rougissez, tant mieux ! cela prouve que vous n’avez pas oublié la faute que je vais rapporter.

Obligée de sortir, la maman de Franchie fit promettre à son enfant de ne toucher à rien pendant son absence. La maman avait des motifs pour exiger cette promesse ; elle savait Francine quelque peu curieuse et passablement gourmande.

Vous croyez que cette petite fille tint parole ? détrompez-vous. Mlle  Francine avait remarqué un pot de gelée de framboises sur une planche de l’armoire et cette confiture l’affriandait beaucoup et la tentait bien fort.

Elle résista pendant une grosse demi-heure.

La gourmandise finit par l’emporter sur le devoir et la petite fille mangea les confitures.

Cinq minutes après arrivait la maman.

— Avez-vous été obéissante ? lui demanda-t-elle.

— Oui maman, répondit Francine, non sans rougir.

À peine eut-elle proféré ce mensonge, qu’un miaulement formidable se fit entendre : Francine pâlit.

Elle avait enfermé son chat dans l’armoire.

La maman délivra Minet et regarda tristement sa fille.

— Mon enfant, lui dit-elle, une faute en appelle toujours une autre. La gourmandise vous a fait désobéir et pour cacher votre indocilité, vos lèvres viennent de se souiller d’un mensonge. Apprenez que la vérité ne peut se dissimuler et que des témoins révélateurs envoyés par le bon Dieu dénoncent toujours les coupables.

Mlle  Francine, depuis ce jour-là, se garde de tout mensonge et n’aime plus les confitures.