Le Renard/Quatrième Chant

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Le Renard (Reineke Fuchs)
Traduction par Édouard Grenier.
Michel Lévy frères, libraires-éditeurs (Collection J. Hetzel et Jamar) (p. 59-70).



QUATRIÈME CHANT.


Lorsqu'on apprit à la cour l'arrivée de Reineke, petits et grands, tous accoururent pour le voir; bien peu étaient disposés en sa faveur; presque tous avaient à se plaindre; mais Reineke eut l'air de s'en inquiéter fort peu; du moins, il n'en laissa rien paraître au moment où, avec Grimbert le blaireau, il monta l'avenue du château, hardiment et avec aisance. Il fit son entrée fièrement et tranquillement, comme s'il eût été le fils du roi et à l'abri de toute accusation. Même quand il parut devant Noble, le roi, au milieu des seigneurs, il sut garder une attitude pleine de calme.

«Sire et très-gracieux seigneur, se mit-il à dire, vous êtes grand et noble, le premier en dignité et en honneur; je vous supplie d'entendre ma défense en ce jour. Jamais Votre Majesté n'a trouvé un plus fidèle serviteur que moi, je le soutiens hautement. C'est à cause de cela que j'ai tant d'ennemis à cette cour; je perdrais votre amitié, si vous pouviez croire les mensonges de mes persécuteurs comme ils le voudraient; mais heureusement vous pèserez les raisons des deux parties, vous entendrez la défense comme l'accusation; et, si derrière moi ils ont tramé maints mensonges, je reste calme et je me dis: Le roi connaît ma fidélité, c'est elle qui m'attire cette persécution.

— Taisez-vous! répondit le roi; vos belles paroles et vos flatteries ne vous tireront pas d'affaire; votre crime est manifeste, et le châtiment vous réclame. Avez-vous observé la paix que j'ai proclamée parmi les animaux, et que vous aviez juré d'observer? Voilà le coq, à qui, lâche voleur que vous êtes, vous avez enlevé tous ses enfants, les uns après les autres. C'est ainsi que vous prouvez les sentiments que vous me portez lorsque vous foulez aux pieds mon autorité et que vous faites souffrir mes serviteurs? Le pauvre Hinzé a perdu sa santé! Combien faudra-t-il de temps à Brun pour guérir ses blessures? Mais je vous épargne le reste, car les accusateurs sont ici en foule; beaucoup de faits sont prouvés, vous échapperez difficilement.

— Est-ce là tout mon crime, très-gracieux seigneur? dit Reineke. Est-ce ma faute si Brun revient à la cour la tête tout en sang? Pourquoi a-t-il voulu manger le miel de Rustevyl? Et, si ces lourdauds de paysans sont venus pour l'attaquer, n'est-il pas assez fort pour se défendre? Ils l'ont couvert d'insultes et de coups; au lieu de se jeter à l'eau, n'aurait-il pas dû se venger comme un homme de cœur? Et Hinzé le chat, que j'ai reçu honorablement et traité suivant mes faibles moyens, pourquoi ne s'est-il pas abstenu, malgré tous mes conseils, de commettre un vol dans la maison du curé? S'il leur est arrivé malheur, ai-je mérité d'être puni, parce qu'ils ont agi comme des fous? En quoi cela touche-t-il votre couronne royale? Mais vous pouvez disposer de moi selon votre volonté, et, si claire que soit la chose, en décider selon votre bon plaisir, on bien ou en mal. À quelque sauce que vous me mettiez, que je sois aveuglé, pendu ou décapité, que votre volonté soit faite; nous sommes tous en votre pouvoir; vous nous avez tous sous la main; vous êtes fort et puissant; à quoi servirait au faible de se défendre? Si vous voulez me tuer, ce vous sera un bien mince profit; mais advienne que pourra, je suis à votre disposition.» Le bélier Bellyn dit alors: «Le moment est venu, commençons l'accusation.» Isengrin arrive avec ses parents, Hinzé le chat, Brun l'ours et une foule d'animaux: l'âne Boldevyn et Lampe le lièvre, Vackerlos le petit chien et Ryn le dogue, la chèvre Metké, Hermen le bouc et, de plus, l'écureuil, la belette et l'hermine. Le bœuf et le cheval ne manquaient pas non plus et avec eux les bêtes sauvages comme le cerf, le daim, le castor, la martre, le lapin et le sanglier; tous se pressaient en foule; Barthold la cigogne, Marckart le geai et Lutké la grue vinrent en volant; Tybké la cane, Alhéid l'oie et d'autres apportèrent leurs griefs; Henning le malheureux coq, avec le reste de ses enfants, se plaignit amèrement. Il vint enfin des myriades d'oiseaux et des quadrupèdes en foule. Qui pourrait en dire le nombre? Tous s'acharnèrent sur le renard en mettant ses méfaits au grand jour. Ils espéraient voir enfin son châtiment; ils se pressaient en foule devant le roi, en criant à qui mieux mieux, entassaient plaintes sur plaintes et mettaient en avant toutes sortes d'histoires, vieilles et récentes. Jamais à aucun jour de justice on n'avait vu tant de griefs s'amonceler devant le trône du roi. Reineke restait immobile et faisait face à tout. À la fin, il prit la parole, et sa défense élégante et facile coula de ses lèvres comme si c'eût été la pure vérité; il sut tout écarter et tout arranger.

À l'entendre, on s'émerveillait, on le croyait innocent, il avait même du droit de reste et beaucoup à se plaindre. Mais, en fin de compte, des hommes d'honneur et sincères se levèrent contre Reineke, témoignèrent contre lui et tous ses crimes furent clairs. C'en était fait! car le conseil du roi décida, à l'unanimité, que Reineke le renard méritait la mort. Il fut donc condamné à être pris, lié et conduit par le cou à la potence afin d'y expier ses crimes par une mort infamante.

Maintenant, Reineke lui-même regarda la partie comme perdue; son éloquence ne lui avait servi de rien. Le roi proclama lui-même le jugement. Lorsqu'on le saisit et qu'on l'entraîna, le criminel endurci eut devant les yeux sa misérable fin. Pendant qu'on exécutait ainsi la sentence qui frappait Reineke et que ses ennemis se dépêchaient de le conduire à la mort, ses amis étaient plongés dans la douleur et la stupéfaction. Le singe, le blaireau et maints autres de la parenté de Reineke entendirent avec peine le jugement et en furent plus désolés qu'on ne l'eût pu croire; car Reineke était un des premiers barons et il était maintenant dépossédé de tous ses honneurs, de toutes ses dignités, et condamné à une mort infamante. Combien un pareil spectacle devait révolter ses parents! Ils prirent tous congé du roi et quittèrent la cour jusqu'au dernier. Le roi fut fâché de voir partir tant de seigneurs. On vit alors combien Reineke avait de parents qui, mécontents de sa mort, se retirèrent de la cour. Et le roi dit à un de ses familiers: «Certainement Reineke est un méchant homme; mais on devrait considérer qu'il y a plusieurs de ses parents dont la cour ne peut pas se passer.»

Cependant Isengrin, Brun et Hinzé le chat étaient occupés autour du prisonnier. Ils voulaient se charger eux-mêmes d'infliger à leur ennemi le châtiment honteux que le roi avait ordonné; ils le conduisirent rapidement hors du palais et l'on voyait déjà la potence de loin.

Le chat, tout en colère, dit alors au loup: «Pensez bien, seigneur Isengrin, comme jadis Reineke mit tout en action pour voir notre frère à la potence et comme sa haine a réussi; ne l'entraîna-t-il pas jusque-là? Dépêchez-vous de payer cette dette. Et vous, seigneur Brun, songez qu'il vous a trahi d'une manière infâme; que, dans la cour de Rustevyl, il vous a perfidement livré à la fureur de la canaille, aux coups, aux blessures et, de plus, à la honte; car l'histoire en est connue partout. Faites attention et soutenez-vous! S'il nous échappait aujourd'hui, si son esprit et ses ruses pouvaient le délivrer, jamais nous ne retrouverions le jour de la vengeance. Dépêchons-nous donc et faisons-lui expier tout le mal qu'il nous a fait.» Isengrin dit: «À quoi bon tant de paroles? Donnez-moi vite une bonne corde; nous ne le ferons pas languir.»

C'est ainsi qu'ils traitaient le renard en marchant. Reineke les écoutait en silence; mais il leur dit à la fin: «Puisque vous me haïssez si cruellement et ne songez qu'à vous venger par ma mort, sachez que vous n'y réussirez pas. N'ai-je pas le droit de m'étonner? Hinzé s'en est bien tiré, quoique la corde fut bonne. Car il y est passé aussi lorsqu'il courait après les souris dans la maison du curé; il n'en sortit pas à son honneur. Mais vous, Isengrin et Brun, vous vous pressez bien de mettre votre oncle à mort; vous croyez donc que vous y parviendrez?»

Et le roi se leva, ainsi que tous les seigneurs de sa cour, pour assister à l'exécution; la reine, accompagnée de ses dames d'honneur, se joignit à la procession; derrière eux se précipitait la foule des pauvres et des riches; tous désiraient la mort de Reineke et voulaient y assister. Pendant ce temps-là, Isengrin parlait à ses parents et à ses amis; il les exhortait à serrer les rangs et à veiller sans relâche sur le renard; car ils craignaient toujours que le rusé prisonnier ne se sauvât. Le loup disait en particulier à sa femme: «Sur ta vie! ne le perds pas de vue; aide-nous à garder le scélérat! s'il s'échappait, nous serions tous couverts de honte.» Il disait à Brun: «Songez comme il vous a bafoué: c'est le moment de le payer avec usure. Hinzé grimpera au haut de la potence et y fixera la corde; vous le tiendrez; j'appliquerai l'échelle, et, dans quelques minutes, c'en sera fait de ce coquin!» Brun repartit: «Placez seulement l'échelle, je me charge de le tenir.»

«Voyez donc, disait Reineke, comme vous êtes pressés de faire mourir votre oncle! Ne devriez-vous pas plutôt le protéger et le défendre, prendre pitié de lui lorsqu'il est dans le malheur? Je vous demanderais bien grâce; mais à quoi cela me servirait-il? Isengrin me hait trop, puisqu'il ordonne à sa femme de me tenir et de m'empêcher de m'échapper. Si elle pensait au temps passé, elle ne songerait guère à me faire du mal. Mais, si mon heure est arrivée, je voudrais que tout fût bientôt fini. Mon père aussi eut de terribles moments à passer; mais cela ne dura pas longtemps; à sa mort, il n'était certes pas aussi entouré que moi ni accompagné de tant de monde. Mais, si vous vouliez prolonger mes jours, cela tournerait certainement à votre honte.— Entendez-vous, disait l'ours, avec quelle morgue parle ce scélérat? Allons, marchons! sa fin est arrivée.»

Reineke se disait avec angoisse: «Oh! si je pouvais, dans cette extrémité, inventer vite quelque stratagème heureux et nouveau pour que le roi me fît grâce de la vie et que mes ennemis, ces trois-là, fussent à jamais confondus! Songeons-y bien, et sauvons-nous à tout prix, car il s'agit de la potence; le cas est pressant: comment en sortir? Tous les maux tombent sur moi. Le roi est courroucé, mes amis sont loin et mes ennemis tout-puissants. Rarement, j'ai fait le bien; j'ai vraiment tenu peu de compte du pouvoir du roi et de l'intelligence de ses conseillers; j'ai beaucoup péché, et cependant j'espère voir changer mon sort. Si je puis seulement parvenir à prendre la parole, à coup sûr, ils ne me pendront pas; je ne perds pas toute espérance.»

Du haut de l'échelle, il se tourna vers le peuple et s'écria: «Je vois la mort devant mes yeux et je ne lui échapperai pas. Je vous prie seulement, vous tous qui m'écoutez, de m'accorder une petite grâce avant de quitter cette terre. J'aimerais à faire devant vous, en toute vérité et pour la dernière fois, l'aveu sincère de tout le mal que j'ai commis, afin que personne ne fût un jour puni de tel ou tel crime de mon fait, resté inconnu; je parerai ainsi à plus d'un mal avant de mourir et j'ose espérer que Dieu m'en tiendra compte dans sa miséricorde.»

Cette demande toucha beaucoup de monde; ils dirent entre eux: «Il demande bien peu de chose, et ce ne sera qu'un bref délai.» Sur leur prière, le roi le permit. Reineke se sentit le cœur un peu plus léger; il espéra une heureuse issue et, profitant sur-le-champ de la grâce qu'on lui accordait, il commença ainsi:

«Spiritus domini, viens à mon secours! Je ne vois pas dans cette assemblée quelqu'un à qui je n'aie fait de mal. Je n'étais encore qu'un mince compagnon, j'étais à peine sevré, que poussé par mes désirs, je me mêlais aux agneaux et aux chevrettes qui jouaient en plein air auprès des troupeaux; j'écoutais avec délices leurs voix bêlantes, et la chair fraîche me tentait. J'en goûtai bien vite. Je mordis jusqu'au sang un petit agneau; je léchai le sang, qui me parut délicieux, et je tuai, en outre, quatre des plus petites chèvres; je les mangeai et je continuai mes exploits; je n'épargnai aucun oiseau, ni les poulets, ni les canards, ni les oies; partout où j'en trouvais, je les dévorais, et maintes fois j'ai caché dans le sable ce que j'avais abattu et les morceaux qui ne me convenaient plus. Puis il m'advint de faire la connaissance d'Isengrin, un hiver, au bord du Rhin, où il était en embuscade derrière des arbres, il m'assura d'abord que j'étais de sa race; il pouvait même me compter sur ses doigts les degrés de parenté. Je le laissai dire; nous fîmes alliance en nous promettant mutuellement de vivre en fidèles compagnons; hélas! je devais m'attirer par là plus d'un malheur. Nous rôdions ensemble dans le pays. Il faisait les gros vols, et moi les petits. Notre gain devait être en commun; mais il ne l'était pas: il faisait le partage comme bon lui semblait; jamais je n'en reçus la moitié. Mais tout cela, ce n'est rien. Quand il avait volé un veau, un bélier, quand je le trouvais nageant dans l'abondance, qu'il était en train de dévorer une chèvre fraîchement tuée, ou qu'un mouton gigottait sous ses griffes, il se mettait à grogner à mon approche, il prenait une mine morose et me chassait en grondant; c'est ainsi qu'il me gardait ma part. Il en fut toujours ainsi, quelle que fût la dimension du butin. Lors même qu'il arrivait que nous eussions pris ensemble un bœuf ou une vache, aussitôt on voyait accourir sa femme et ses sept enfants, qui se jetaient sur notre prise et me tenaient éloigné du festin. Je ne pouvais pas attraper la moindre côtelette, à moins qu'elle ne fût rongée jusqu'à la moelle, et il fallait supporter tout cela; mais, Dieu soit loué, je ne souffrais pas de la faim; je me nourrissais en secret de mon immense trésor d'or et d'argent, que je garde mystérieusement dans un endroit sûr; il me suffit et au delà: on en chargerait sept voitures, qu'il m'en resterait encore.» Le roi, tout attentif, lorsqu'il fut question du trésor, se pencha en avant et dit: « D'où vous est-il venu? dites-le-moi; je parle du trésor.» Et Reineke dit: «Je ne vous cacherai pas ce secret; à quoi cela me servirait-il? car je ne puis rien emporter de toutes ces choses précieuses. Mais, puisque vous l'ordonnez, je vais tout vous raconter; car il faut bien qu'on le sache une fois; et vraiment pour tout l'or du monde je ne voudrais pas garder plus longtemps ce grand secret. Apprenez-le donc, ce trésor a été volé. Une conjuration a été faite pour vous tuer, vous, sire! et, si à l'instant même le trésor n'avait pas été habilement enlevé, c'en était fait de vous. Faites-y bien attention, très-gracieux seigneur, de ce trésor dépendaient votre vie et votre postérité; et c'est son détournement qui a jeté mon propre père dans de si grands malheurs, qui l'a conduit prématurément au tombeau et peut-être à une éternité de souffrances; mais, sire, tout cela est arrivé pour votre salut!»

Et la reine écoutait, toute consternée, ce discours plein d'horreur, ce mystère confus du meurtre de son époux, cette trahison, ce trésor et tout ce qu'il avait dit: «Songez-y bien, Reineke, s'écria-t-elle, je vous exhorte sérieusement; le grand pèlerinage est devant vous; soulagez votre âme par le repentir; dites toute la vérité et parlez clairement de ce meurtre.»

Et le roi ajouta: «Que chacun fasse silence: que Reineke descende et vienne près de moi, pour que je l'entende, car l'affaire me concerne personnellement.»

Reineke, en l'entendant, se sentit renaître à l'espérance; il descendit de l'échelle, au grand désappointement de ses ennemis; il s'approcha aussitôt du roi et de la reine, qui l'interrogèrent avidement sur les détails de cette histoire.

Alors il se prépara à de nouveaux et plus énormes mensonges. « Si je pouvais regagner, se disait-il, les bonnes grâces du roi et de la reine, et si en même temps je pouvais réussir à perdre les ennemis qui m'ont mis si près de la mort, je serais sauvé. Sûrement ce serait pour moi un avantage bien inattendu; mais, je le vois, il me faut dire bien des mensonges et gros comme des montagnes.»

La reine impatiente continua à interroger Reineke: «Apprenez-nous clairement comment la chose s'est passée! Dites la vérité, songez à votre conscience, délivrez votre âme!»

Reineke répondit: «Je ne demande pas mieux que de tout dire. Je m'en vais mourir; c'est irrémissible; ce serait de la folie à moi de charger ma conscience à la fin de ma vie et de m'attirer un châtiment éternel. Il vaut mieux tout avouer, et, si par malheur il me faut accuser mes parents et mes amis les plus chers, hélas! que puis-je faire? L'enfer est là qui me menace.»

Le roi, durant cet entretien, était devenu tout inquiet; il dit à Reineke: «Est-ce bien la vérité?»

Reineke lui répondit avec une attitude pleine de dissimulation: «Certes, je suis un grand pécheur; mais je dis la vérité. À quoi cela me servirait-il de vous mentir? Je me damnerais pour l'éternité. Vous le savez bien, il en a été décidé ainsi, il faut que je meure, je vois la mort devant moi et je ne mentirai pas; car rien en ce monde, bien ou mal, ne peut venir à mon secours.» Reineke prononça ces paroles en tremblant et parut désespéré.

Et la reine dit: «Sa détresse me touche; je vous en prie, monseigneur, regardez-le avec miséricorde et songez que par cette confession nous évitons plus d'un malheur; écoutons, le plus tôt possible, le fond de cette tristesse. Ordonnez le silence et qu'il parle devant tous.»

Et le roi commanda le silence. Toute l'assemblée se tut, et Reineke dit: «Puisque vous le désirez, sire, prêtez l'oreille à ce que je vais dire. Quoique mon discours ne soit pas appuyé de lettres et de documents, il n'en sera pas moins fidèle et précis; je vais vous découvrir la conjuration et je compte bien n'épargner personne.»