Le Vésuve (Émile Van Arenbergh)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 18).


Le Vésuve


Le Vésuve en la mer, comme en un bleu miroir,
Mire son casque d’or aigretté de fumées,
Et le jet retombant des laves enflammées
Mêle une plume rouge à son panache noir.

Le poète est semblable au volcan solitaire :
En bas, la foule danse au bord des flots chanteurs,
Dans la belle lumière et les molles senteurs,
Et demande à quoi bon ce stérile cratère.

Lui, — dans les cieux muets, il se dresse hurlant ;
Toujours il sent saigner la blessure à son flanc,
Il la sent jusqu’au fond de lui-même descendre.

Mais tout à coup s’ouvrant dans l’ombre qui s’enfuit
Et déchirant son sein, plein de flamme et de cendre,
Il allume, superbe, un soleil dans la nuit.