Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ16.

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HÂ 16 (SP. HÂ 17)



1. Nous sacrifions à Ahura Mazda, saint, maître de sainteté ; divinité qui fait le bien, très grande, très bienfaisante, qui fait prospérer le monde ; créateur des créatures bonnes.

Et avec ces offrandes 1[1], avec ces libations, avec ces paroles droites 2[2], nous sacrifions aussi à toutes les saintes divinités du monde céleste 3[3].


2 (5). Nous sacrifions à Zarathushtra, saint, maître de sainteté.

Et avec ces offrandes, avec ces libations, avec ces paroles bien dites, nous sacrifions à toutes les saintes divinités de ce monde 4[4].

Nous sacrifions à la Fravashi du saint Zarathushtra.

Nous sacrifions aux paroles de Zarathushtra 5[5].

Nous sacrifions à la Religion de Zarathushtra.

Nous sacrifions à la foi et à la loi de Zarathushtra.


3 (10). Nous sacrifions aux premières créations du monde 6[6], saintes, amantes de la sainteté.

Nous sacrifions à Ahura Mazda, brillant et glorieux.

Nous sacrifions à Vohu Manô.

Nous sacrifions à Asha Vahishta.

Nous sacrifions à Khshathra Vairya.

Nous sacrifions à Spefita-Armaiti.

Nous sacrifions à Haurvatât.

Nous sacrifions à Ameretât 7[7].
4 (19). Nous sacrifions au Créateur Ahura Mazda 8[8].

Nous sacrifions au Feu, fils d’Ahura Mazda.

Nous sacrifions aux Bonnes Eaux, saintes, créées de Mazda.

Nous sacrifions au Soleil aux chevaux rapides.

Nous sacrifions à la Lune, qui contient le germe du Taureau.

Nous sacrifions à Tishtrya, étoile brillante et glorieuse.

Nous sacrifions à l'âme du Taureau, qui donne le bien 8[8].
5 (26). Nous sacrifions au Créateur Ahura Mazda.

Nous sacrifions à Mithra, maître des vastes campagnes.

Nous sacrifions au pieux Sraosha.

Nous sacrifions au très pur Rashnu.

Nous sacrifions aux bonnes, puissantes, bienfaisantes Fravashis des justes.

Nous sacrifions à Verethragna, créé d’Ahura.

Nous sacrifions à Râma Hvâstra.
Nous sacrifions au Vent bienfaisant, qui fait le bien 9[9].
6 (34). Nous sacrifions au Créateur Aliura Mazda.

Nous sacrifions à la bonne Religion Mazdéenne.

Nous sacrifions à Ashi Vanuhi,

Nous sacrifions à Arshtât.

Nous sacrifions au Ciel.

Nous sacrifions à la Terre bienfaisante.

Nous sacrifions à la Parole sainte.

Nous sacrifions à la Lumière infinie, créée d’elle-même 10[10].
7 (42). Nous sacrifions aux beaux palais 11[11] de la Sainteté, où habitent les âmes des morts, les Fravashis des saints, le Paradis des saints, lumineux et bienheureux 12[12].
8 (45). Nous sacrifions au miel et à la graisse 13[13], à l’eau qui court, à l’arbre qui pousse ;

pour lutter contre Àzi 14[14], créé par les démons, et pour repousser Mûsh,
cette Pairika 15[15] ; pour les anéantir 16[16], pour les détruire ; pour repousser la malfaisance, et l'Ashemaogha, impie, et l’oppresseur aux mille morts.
9 (50). Nous sacrifions à toutes les eaux ; nous sacrifions à toutes les plantes.

Nous sacrifions à tous les dieux bons, nous sacrifions à toutes les déesses bonnes.

Nous sacrifions à toutes les divinités du ciel et de ce monde, qui donnent le bien et qui sont saintes.
10 (53). Nous te sacrifions, à toi qui es la demeure même, ô Spenta Ârmaiti 17[17] ;

et nous te sacrifions, à toi qui es le maître de la demeure, ô saint Ahura Mazda ; que sains y soient les troupeaux, sains y soient les hommes, sain y soit tout ce qui vient du Bon Principe ; et que toutes les créatures, quelles qu’elles soient 18[18], me demeurent en cette demeure de longs jours, été et hiver 19[19] !
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  1. 1. ràtàbyo : le pehlvi semble identifier ràtàbyo avec zaotbrâbyo et traduit « les libations offertes ». Peut-être le mot désigne-t-il une autre offrande que les libations, le jîvâm qui a paru dans le Hà précédent, p. 138 ; cf. Vp. VI (VII), note 1.
  2. 2. arshukbdbaêihyasca ; râst gavishn, âpastâk râst « les paroles droites, c’est-à-dire l’Avesta droit » (correctement récité ; une des quinze qualités exigées du Mobed est d’être râst awastâ « qui possède correctement l’Avesta ». D’après le Vispéred pehlvi VI, 1 [VII, 2], il s’agit des Bishâmrût, c’est-à-dire des prières qui se récitent deux fois (v. Vd. X, 4, 10).
  3. 3. Les Génies du monde invisible dont Auhrmazd est le chef ; Vp. I, 1.
  4. 4. Les Génies du monde terrestre dont Zoroastre est le chef ; ibid.
  5. 5. sravâo : « L’Avesta et le Zand » (P). Le mot est employé comme synonyme de Nasks dans le Dînkârt, VIII, 1, 19.
  6. 6. Il s’agit des Izeds qui président aux trente jours du mois et qui sont les premiers êtres créés par Auhrmazd. L’énumération qui suit est un Sîrôza réduit à sa plus simple expression. Voir Sîrôza et plus haut, pp. 33-35.
  7. 7. Les dieux des sept premiers jours : Ormazd, Bahman, Ardibahisht, Shahrêvar, Aspandârmad, Khordâd, Amurdâd.
  8. a et b 8. Les Génies des jours 8-14 : Dai pa Âdar (v. p. 34), Âdar, Âbân, Khorshîd, Mâh, Tir, Gôsh.
  9. 9. Les Génies des jours 15-22 : Dai pa Mihr, Mihr, Srôsh, Rashn, Farvardin, Bahram, Râm, Bâd.
  10. 10. Les Génies des huit derniers jours du mois : Dai pa Dîn, Din, Ard, Ashtâd, Âsmàn, Zamyàd, Mahraspand, Anêrân.
  11. 11. hvauvaitis ashahè verezô ; varez signifie « agir », et le pehlvi traduit par varzishn « œuvre » ; mais la glose pehlvie reconnaît elle-même dans ces mots une désignation du Garôtmàn (Y. XXXIV, n. 5). Peut-être avons-nous affaire à un synonyme de varez, ayant le sens du sanscrit vrij-ana « demeure » (cf. persan barzan « quartier » ).
  12. 12. La mention du Garôtmàn est amenée par celle des Lumières infinies, qui sont le siège du Paradis. De la félicité céleste le paragraphe suivant nous ramène à la félicité terrestre.
  13. 13. khshvidha âzùiti (dvandva) : shîrînîh carpih.
  14. 14. La symétrie semble opposer Âzi aux eaux, Mùsh aux plantes. Azi est le démon de l’avidité (lobha N. ; persan âz) : « c’est le démon qui avale tout, et qui, quand il n’a plus rien, se dévore lui-même ; c’est la passion démoniaque qui, lui donnât-on toutes les richesses du monde, n’en fait point provision et n’en a non plus jamais assez : aussi dit-on que l’œil de l’avide est un nœud coulant ». Il s’oppose à Pùsh, le démon « qui amasse, sans jouir lui-même et sans donner aux autres » (Grand Bundahish ; West, XXXVIII, 27). On ne voit pas la nature du rapport établi entre Âzi et les eaux. Dans le Vd. XVIII, 19, 45, Âzi paraît comme l’ennemi du feu qu’il veut éteindre. Selon Fràmjî, c’est au moyen de l’humidité du bois qu’il veut l’éteindre : mais cette explication est peut-être suggérée par notre passage. Cf. Yt. XVIII, 1.
  15. 15. Mûsh Pairika, la Péri Mùsh, paraît dans la cosmographie du Bundahish comme un démon attaché au soleil, de la même façon que Gôzîhr (Gaocithra) est attaché à la lune. Elle est sans doute la cause de ses éclipses, ce qui confirmerait son épithète de duzd « voleuse ». Le mot mûsh est en persan le nom de la souris : le sanscrit mush réunit les deux sens ; il signifie comme substantif « rat, souris », et comme verbe « voler », quel que soit des deux sens le primitif. Je ne sais si dans la mythologie de l’éclipse, il y a d’autres exemples du soleil rongé par la souris, humble représentant du Rahu indien : en tout cas, dans notre passage, il ne s’agit point de la Mûsh solaire, laquelle ne parait que dans le Bundahish, mais tout prosaïquement de la souris ou du rat terrestre, dont elle est la personnification démoniaque. D’après le Saddar (ch. xliii), il y a autant de mérite à tuer un rat que quatre lions. L’exorcisme contre la Péri Mûsh a pour objet de soustraire les plantes à la dent des rongeurs.
  16. 16. paiti-scaptayaêca ; lakhvâr nasinishnih.
  17. 17. yazamaidê thwàm maèthanem yàm Armaitim speñtàm. — Spenta-Armaiti, déesse de la terre, est notre demeure et en même temps, comme Amshaspand femme et comme épouse d’Ahura, elle est le type de la maîtresse de maison. Le pehlvi traduit : « Je sacrifie [à la supérieure] de la maison, [c’est-à-dire la supérieure du monde], Spendàrmat, [en sa qualité de maîtresse de maison] ». Nériosengh traduit de même grihinîm. Le Rivàyat pehlvi l’appelle « la maîtresse de maison du Paradis » (katakbânûkî Vahisht ; voir p. 128, n. 5).
  18. 18. hà mê, comme dans Spiegel ; lecture des bons manuscrits J2, Pt4, confirmée par le pehlvi (lanà).
  19. 19. C’est-à-dire : « que l’on ne meure pas chez moi » !