Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ1. - Appendice D.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux, (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21), p. 36-41).
Appendice D. — Les Fêtes de saison (Yâirya ou Gâhânbâr 1[1])
division ne paraît guère que dans les textes post-avestéens 2[2] ; mais il y a dans l’Avesta même des traces de son existence ancienne 3[3]. La division normale de l’année est, dans l’Avesta, en deux saisons, été et hiver : l’été, hama 4[4], qui comprend les sept premiers mois (du 1er Farvardîn au 30 Mihr, soit du 21 mars au 16 octobre) ; et l’hiver, zayana 4[4], qui comprend les cinq autres mois et les cinq jours complémentaires (du 1er Âbân au jour Vahishtôisht, soit du 17 octobre au 20 mars). Cette division a une valeur religieuse, non seulement pour le rituel 5[5], mais aussi pour les pratiques, qui varient selon la saison 6[6].
(3 août) : il s’agit du grand été de sept mois ; en effet, le grand été durant 7 30 jours, soit 210 jours, la mi-été doit tomber le 105e jour (le 15 Tîr 4 juillet), qui est précisément la date du Maidhyôi-shema. Le Maidhyôi-shema est dit vâstrô-dâtainya « où l’on coupe les foins » 11[11] : c’est la fête qui clôt la saison où se fait la fenaison.
semble-t-il, ne se rapporte pas à un fait naturel 15[15] ; il est dit aretô-karethna « où l’on célèbre sacrifice » (pun îzishn kartârîh) : il s’agit des fêtes célébrées durant les dix derniers jours de l’année en l’honneur des Fravashis des ancêtres (Yt. XIII, 49 sq.), qui, à ce moment de la création, acceptèrent de descendre sur terre (Grand Bundahish).
Le tableau suivant permet d’embrasser les rapports des Gâhânbârs avec l’année.
Mois. | Gâhanbâr | Jour de l’année. | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
HAMA Grand été de 7 |
Printemps Vahâr |
1 | Farvardîn | |||
HAMA Grand été de 7 |
Printemps Vahâr |
2 | Ardibahisht | |||
HAMA Grand été de 7 |
Printemps Vahâr |
11-15 Ardibahisht
|
Maidhyôi-zaremaya (mi-printemps) |
40e-45e | ||
HAMA Grand été de 7 |
Printemps Vahâr |
3 | Khordâd | |||
HAMA Grand été de 7 |
Été Hâmîn, |
4 | Tir | |||
HAMA Grand été de 7 |
Été Hâmîn |
11-15 Tir
|
Maidhyôi-shema (mi-grand été) |
100e-105e | ||
HAMA Grand été de 7 |
Été Hâmîn |
5 | Murdâd | |||
HAMA Grand été de 7 |
Été Hâmîn |
6 | Shahrêvar | |||
HAMA Grand été de 7 |
Été Hâmîn |
26-30 Shahrêvar
|
Paitishhahya 12-16 septembre |
175e-180e | ||
HAMA Grand hiver de 5 |
Automne Pâtis |
7 | Mihr | |||
HAMA Grand hiver de 5 |
Automne Pâtis |
26-30 Mihr
|
Ayâthrima 12-16 octobre |
205e-210e
| ||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Automne Pâtis |
8 | Âbân | |||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Automne Pâtis |
9 | Âdar | |||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Hiver Zamistân |
10 | Dai | |||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Hiver Zamistân |
16-20 Dai
|
Maidhyâirya (mi-grand hiver) |
285e-299e | ||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Hiver Zamistân |
11 | Bahman | |||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Hiver Zamistân |
12 | Asfandârmaî | |||
ZAYANA Grand hiver de 5 |
Hiver Zamistân |
26 Asfandârmaî- Gâtha Vahishtôishti
|
Hamaspathmaêdaya 11-20, ou 16-20 (selon que l’on fait durer la fête cinq ou dix jours : cf. vol. II, 503, note 11). |
355e-365e |
troupes » (sarva sainyadâti), par allusion sans doute à la création des multitudes humaines ou des Fravashis. En effet, le Grand Bundahish, p. 23, l’explique comme « le temps où parut le mouvement de l’armée du monde, car les Frôhars des hommes partirent [alors] formant une armée (pun hamspâhih) » (cf. Bd. VI, 3). Il semble, au premier abord, que cette traduction soit purement étymologique, spathma ayant été traduit d’après l’assonance de spâda : mais l’origine de spâda est trop obscure pour qu’il soit prudent de nier tout rapport entre les deux mots.
- ↑ 1. Sur les Gâhânbârs, voir Burnouf, Commentaire sur le Yasna, 302 suite ; Roth, Der Kalender des Avesta, ZDMG. 1880, 698, et Albìrûnì. Chronology, IX. Albìrûnì a consulté des sources contemporaines ou sassanides ; tenir compte, en se servant d’Albìrûnì, du fait qu’il avance les Gâhânbârs de quatre mois sur leur date naturelle : cela tient à ce que les intercalations nécessaires n’ont pas eu lieu durant 4 périodes de 120 ans : la dernière intercalation fut faite sous Yazdgard, fils de Sapor, par le Dastùr Yazdgard, de Hizàr, autrement dit entre 399 et 420 : Albìrùnì écrit vers l’an 1000 ; c’est-à-dire dans la 5e période de 120 ans, avec un retard de 4 intercalations.
- ↑ 2. Bundahish, XXV, 20 : les noms des quatre saisons sont en pehlvi vahâr, hâmin, pâtîz, zamistân.
- ↑ 3. Voir plus bas au second Gâhânbâr.
- ↑ a et b 4. Hapta henti hàminô mâonha, panca zayana [ashkare] ; « il y a sept mois d’été, cinq d’hiver » (citation dans le Commentaire pehlvi ad Vd. I, 4, 10).
- ↑ 5. Point de Gâh Rapitvîn en hiver ; voir page 26.
- ↑ 6. Pour les funérailles, Vd. VIII, 4 sq. ; pour les purifications, V, 42 ; IX, 6 ; cf. Bd. XXV, 8.
- ↑ 7. Pehlvi Gâsânbâr ; semble signifier « époque » (du gâs, gâh déjà connu, p. 25, n. 2).
- ↑ 8. Voir l’Âfrin Gâhânbâr ; cf. Grand Bundahish, p. 21 sq., et les définitions de Nériosengh, Yasna I, 26-31. cf. Yt. XIII, 86.
- ↑ 9. En réalité, du 10 au 15 Ardibahisht, les Gâhânbârs durant cinq jours ; mais c’est le cinquième jour qui est la grande fête.
- ↑ 10. Zaremaya, traduit en sanscrit vasantamâse « au mois (= aux mois ?) du printemps », en persan bazamâni bahâr « à l’époque du printemps » (Yt. Vit, 4). Le Dâdistân prend zaremaya pour le nom avestéen du mois d’Ardibahisht (zak badrâ dinôik Zarmâî karitûnîhît, XXXI, 14). Il est probable que ce n’est qu’une conclusion tirée du nom et de la date du Maidhyôi-zaremaya. Mais si même zaremaya n’est que le nom de l’avril avestéen, son sens primitif de printemps n’en subsiste pas moins.
- ↑ 11. Vâstar acdarünishnih (acdarùntan = durûdan). — Les noms des deux premiers Gâhânbârs prouvent que les Gâhânbârs ne sont pas d’anciens noms de saison, bien que les épithètes qui leur sont données se rapportent au travail des périodes qu’ils limitent.
- ↑ 12. C’est-à-dire sans doute où Rapitvîn descend sous terre ; voir page 26.
- ↑ 13. Pehlvi : frôt vasht hamînih yâtûnît ; la glose de Nériosengh semble confirmer la lecture du Vispéred I, 5, hamînih, contre mêhmânîh de Y. I, 29 et damânîh de Y. 11, 38). Albìrûnì (p. 208) a un passage qui rappelle curieusement le nôtre : « On the day of Mibrajân (qui tombe au milieu du mois de l’Ayâthrima) the sun rises in Hâmîn, in the midst between light and darkness » : mais le rapport est probablement accidentel et le Hâmîn d’Albìrûnì sera l’équinoxe d’automne (de hama égal » ).
- ↑ 14. varshni-harshta, gùshan shadkûnishnih patask dar yâtûnît. Ardâ Yirâf voit au ciel ceux qui sur terre ont élevé et soigné les bestiaux, leur ont donné quand il fallait de l’eau et de l’herbe, les ont gardés du froid et du chaud, et « ont lâché le mâle au temps qu’il faut et l’ont retenu quand il le fallait » gûshan pun gàsî nafshâ madam shadkûnt u dâtîhâ pâhrikht (Ardâ Vîraf, XV, 5). Nériosengh fait de varshni un neutre : vîrya-nixepanam. D’après Albîrûnî, le mois de l’Ayâthrima est le mois où « animals cease from sexual intercourse » (l. l.) ; et l’on serait tenté de traduire varshni-harshta « où cesse la saillie », harez « lâcher » signifiant aussi « abandonner ». Mais la saillie était sans doute rejetée intentionnellement par les éleveurs au dernier mois où elle fût possible.
- ↑ 15. Le sens du mot est obscur : Nériosengh le traduit « la création de toutes les