Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Ha 1. - Appendice B.

La bibliothèque libre.



Appendice B. — Les Génies des veilles (Gahs)


I. Les Génies des veilles, Asnyas ou Gâhs ; Hàvani, Rapithwina, Uzayêirina, Aiwisrùthrima Aibi-gaya, Ushahina. — II. Les auxiliaires des Gâhs : Sâvaṅhi, Fràdaṭ-fshu, Fràdaṭ-vîra, Fràdaṭ-vîspām-hujyàiti, Berejya. — Vîsya, Nmànya, Zañtuma, Dahyuma, Zarathushtrôtema.

I. Les Gâhs. — La journée est divisée en cinq parties ou veilles dites en zend Asnya 1[1], plus tard Gâh 2[2]. Ce sont :

1o Hâvani 3[3], Hâvan, le Gâh du matin (prâtassamdhyà, N.), commence à l’aurore (Bd. XXV, 9).

2o Rapithwina 4[4], Rapitvin, le midi (madhyâhnas samdhyà).
3o Uzayêirina 5[5], Uzirin, le Gâh de l’après-midi (aparâhnas samdhyâ) ; va de Rapitvîn à l’apparition des étoiles (Bd. l. l.).
4o Aiwisrûthrima Aibigaya 6[6], Aîpsrùsrîm Aibya, première moitié de la nuit (purvârdharâtrasamdhyâ) ; de l’apparition des étoiles à minuit.
5o Ushahina 7[7], Ushahin, seconde moitié de la nuit, de minuit à la disparition des étoiles.
Voir les subdivisions naturelles de la journée, vol. II, Vd. XXI, n. 9.
À chacune de ces parties du jour correspond une prière particulière que l’on trouvera à la section des Gâhs.
Cette division quintuple ne vaut que pour l’été ; en hiver, on ne compte pas le gàh Rapìtvìn, de sorte que l’hiver a deux Gàhs et deux prières de Gàh pour le jour comme pour la nuit, tandis que l’été en a trois pour le jour et deux pour la nuit. Cette différence, qui s’explique aisément par la longueur inégale du jour dans les deux saisons, est expliquée d’une façon originale dans le Bundahish par le fait que Rapìtvìn, le Génie de midi et par suite de la chaleur, est sur terre en été et sous terre en hiver, comme le prouve le fait qu’en hiver il fait plus chaud sous terre qu’en été et inversement (Bd. XXV, 12-14).


II. Les auxiliaires des Gâhs. — Avec chacun de ces cinq Asnyas, le Yasna invoque trois séries de divinités qui sont mises en rapport systématique avec eux. Ce sont :
1o Cinq génies auxiliaires ou Hamkâr qui veillent respectivement :
1o À l’accroissement du grand bétail : Sâvanhi ;
2o Du petit bétail : Frâdat-fshu ;
3o Des hommes : Frâdat-vìra ;
4o Des fruits : Frâdat-vîspām-hujyâiti ;
5o Des blés : Berejya 8[8].
2o Cinq génies représentant les divers degrés d’une hiérarchie à déterminer : Vîsya, Zañtuma, Dahyuma, Zarathushtrôtema, Nmânya.
Les trois premiers noms et le dernier sont évidemment en rapport avec quatre noms de circonscriptions territoriales qui se représentent souvent dans l’Avesta, mais dans un ordre légèrement différent : nmânem, vîs, zañtu, dahyu. Cet ordre est le vrai, car il suit l’importance croissante des termes et c’est d’ailleurs l’ordre dans lequel se présente aussi notre série dans le sacrifice complet, le Vendidad Sadé (voir page 10, note 16). À la tête de chacune de ces circonscriptions se trouve un chef, et la hiérarchie ascendante des chefs est : nmànôpaiti, vîspaiti, zañtupaiti, daińhupaiti (pour dahyupaiti ; Vd. VU, 4t ; IX, 37 ; Yt. X, 17, 18, etc.).
Le premier terme de la progression, nmânem, est bien connu : c’est la maison. Mais la suite fait difficulté, le pehlvi ayant transcrit vîs et zañtu (vis, zand) sans les traduire ; il rend dahyu par matâ, pays. Dans quel sens et quelle extension faut-il entendre cette expression de « pays » et quels sont les deux intermédiaires entre la maison et le pays ? Nériosengh donne sur

ce point (Y. XIV, I ; XIX, 50) des renseignements qui malheureusement ne pourraient que nous induire en erreur. Pour lui, le terme le plus haut de la série, la dahyu, n’est qu’un village (grâma) et vîs et zañtu sont les minces intermédiaires qui peuvent se trouver entre la maison et le village. Il définit les quatre termes d’après le nombre de couples ou de ménages qu’ils représentent : nmânem est la maison qui contient sept couples 9[9] ; la vîs en contient quinze ; le zañtu en contient trente ; la dahyu en contient cinquante. Le village aurait été l’horizon politique le plus lointain qu’atteignît l’œil des créateurs du Zoroastrisme. Nériosengh, ou plutôt le commentateur qu’il reproduit, a certainement été la victime d’une illusion qui vient de ce que le mot dahyu a subi, de la langue ancienne à la nouvelle, une déchéance profonde et est devenu le nom du village, deh. Dans l’Avesta il a certainement un sens plus large, et c’est le même probablement qu’il a en vieux perse. Dans les inscriptions achéménides, en effet, dahyu est le nom donné aux grandes provinces, on peut dire aux royaumes, dont la réunion formait l’empire du Roi des Rois. La Perse, la Médie, la Susiane, l’Assyrie, etc., toutes les satrapies sont des dahyus. Si le mot a la même force en zend, le dahyupaiti « le chef de dahyu », sera soit un satrape, soit un roi, selon qu’il y a ou non un pouvoir centralisé, selon que le Roi des Rois est un souverain à la façon des Achéménides ou à la façon des Arsacides. Or, quand on voit Mithra invoqué dans le carnage par les dainhupaitis luttant les uns contre les autres ou contre les hordes envahissantes (Yt. X, 8) ; ou le dainhupaiti Aurvasâra en guerre contre le roi des Aryens Husravah (Yt. XV, 3 1) ; ou Ahriman, pour tenter Zoroastre, lui promettant le bonheur de Vadhaghna, le dainhupaiti (Vd. XIX, 6, 23) ; ou Mithra nommé le dainhupaiti universel et l’institution du dahyupat rapportée à Hoshang qui fut le premier roi et qui régna sur toute la terre (voir p. 14, note 43), il devient clair que les ambitions et les grandeurs du dainhupaiti ancien ne sont pas celles d’un maire de village et que la dahyu est dans l’Avesta, comme dans

les inscriptions perses, une vaste unité, un pays au sens large du mot 10[10]. Si l’on se reporte à la hiérarchie sassanide, qui très vraisemblablement reproduit en gros la division ancienne, on trouve l’empire divisé en grandes provinces répondant aux anciennes satrapies, et administrées par des satrapes nommés marzbân « qui garde le marz ». Le nom de ces provinces, dont nous ne connaissons que l’équivalent arabe, balad « pays », était sans doute marz. Nous avons donc dahyu balad (marz ? ) et daṅhupaiti marzbân. Passons au zañtu.
Le balad (ou marz) était divisé en arrondissements ou districts, appelés en arabe kûra (χώρα), en persan shehr, le mot qui en persan moderne a pris le sens de ville, mais qui anciennement désignait toute une région. Or, dans les Gâthas, le mot zañtu est remplacé par le mot shôithra (v. Yasna XXXI, 16, texte et notes), qui est précisément l’original du persan shehr 11[11]. Nous pouvons donc poser : zañtu-shôithra kûra, shehr ; zañtu-paiti shahrîg 12[12].
La kûra était subdivisée en cantons, dont le nom semble avoir varié suivant les provinces, rûstâk, tasûg ou astân 13[13], mais qui, en tout cas, se présentent naturellement pour répondre à nos vîs. Le mot vîs qui, par l’étymologie, répond aussi bien en grec οίκοζ, maison, qu’au latin vicus, réunit les deux emplois, car on le trouve employé au sens de maison ; mais dans la nomenclature technique, il répond soit au vicus, soit à un élément encore plus considérable. Nous convenons de le rendre par « bourg » sans attacher à ce mot un sens trop limitatif. Nous traduirons donc nmânem, vis, zañtu, dahyu par « maison, bourg, district, pays », le pays représentant les vastes unités nationales, gouvernées par les satrapes du Grand Roi sous les Achéminides, par les marzbân sous les Sassanides, par les dynasties nationales, les mulûk’-el-tevàif, sous les Arsacides.
Au-dessus du daiṅhupaiti, l’Avesta connaît une autorité : c’est le Zarathushtrôtema « celui qui ressemble le plus à Zoroastre », c’est-à-dire le chef de la religion, celui qu’on appellera plus tard Mobed des Mobeds. Nous verrons ailleurs les conclusions à tirer de ces faits pour l’âge de la composition de l’Avesta.
Nous pouvons à présent nous demander ce que représente la série de Génies invoqués avec les Gâhs et dont les noms sont en corrélation si évidente avec la série que nous venons d’étudier que l’on serait tenté d’en faire les Génies de la maison, du bourg, du district, du pays, de la religion. Peut-être, en effet, ferions-nous bien de nous en tenir là. Mais le Commentaire pehlvi nous donne de ces personnages une interprétation différente et qui, peut-être artificielle, n’en est pas moins précieuse par les lumières qu’elle nous donne sur l’organisation sacerdotale (Yasna 1, 21, 8, 11, 14, 17) :
Nmànya : est « le génie qui veille sur les hommes qui remplissent les fonctions de dâtôbar » (de dâvar ou juge).
Vìsya : le génie du Magûpat (Mobed ou prêtre).
Zañtuma : le génie du Rat.
Dahyuma : le génie du Magû-andarzpat.
Zarathushtrôtema : le génie du Magûpatân-Magûpat.
La hiérarchie ou l’ordre de dignité dans la classe sacerdotale est donc : Dâtὸbar, Magûpat, Rat, Magû-andarzpat, Magûpatân-Magûpat.
Nous savons par les historiens que la justice était rendue par les Mages (Maçoudi, II, 156 ; Agathias, II ; Lettre de Tansar) : : nous voyons ici que les fonctions civiles (Dâtôbar) étaient considérées comme le degré inférieur de la fonction sacerdotale.
Le Magûpat est le Mobed moderne, c’est-à-dire le prêtre qualifié pour toutes les cérémonies du culte.

Le Rat correspond au Dastûr moderne 14[14] qui, aujourd’hui, au sens propre du mot, est le prêtre d’un temple du feu, le chef de toute une communauté.
Le Magû-andarzpat n’a point d’équivalent connu aujourd’hui. Son existence est néanmoins confirmée par les textes arméniens de l’époque sassanide, qui parlent d’un fonctionnaire nommé Mogats handerdzapet « l’handerdzapet des Mages » 15[15]. Il est difficile de déterminer ses fonctions ; le mot handerdzapet est employé dans la traduction arménienne de la Bible pour traduire les mots οίκονόμοζ, προστάτηζ, ταμίαζ, ό έπί τών πραγμάτων (Lagarde, Études arméniennes, p. 84), ce qui ferait du Magû-andarzpat une sorte de ministre des affaires ecclésiastiques. Sans doute l’emploi que le mot emprunté a pu prendre en arménien n’est pas un sûr garant de celui qu’il avait en pehlvi 16[16] : mais l’analyse du pehlvi concorde avec cette donnée : andarz en pehlvi signifie « conseil », andarzpat est donc « le maître du conseil », et Magû-andarzpat « le conseiller, l’instructeur des Mages ». Andarzpat reparaît avec le même sens dans un autre titre «  « l’andarzpat des cavaliers 17[17] », que les chroniqueurs arabes rendent muaddib alasâvira « l’instructeur des cavaliers ». Cette traduction est confirmée, en même temps qu’elle l’éclaire elle-même, par la traduction barbare de Nériosengh, bhalâpanâpati, où bhalâpand ne peut s’expliquer que comme un substantif formé, à la façon hindouie, de bhala « bon » : bhalâpand est l’action de rendre bon, de perfectionner, de corriger et le Magû-andarzpat sera une sorte de surveillant général des Mages 18[18].
On voit par la lettre de Tansar que chacune des quatre classes avait un instructeur, un mu’allim, chargé d’instruire les enfants de cette classe aux métiers et aux sciences qui lui sont propres. Par exemple, il y avait un mu’allimi asdvîrat, chargé d’aller dans les villes et les villages pour y initier les gens de guerre au port d’armes et aux différents exercices de leur métier.
Le Zarathushtrôtema est le chef suprême, le Maubadân-Maubad, le premier personnage dans l’État après le Roi des Rois.

Ces cinq degrés correspondent-ils à la division territoriale ? Il est bien difficile d’admettre qu’il y eût un Dâtôbar par maison : mais le Dâtôbar mis à part, il ne serait pas impossible qu’il y eût dans le reste symétrie entre les deux séries ; qu’il y eût, au moins dans la période sassanide, un Magûpat par bourg, rûstâk ou vis ; un Rat 19[19] par district, kûra ou zañtu ; un Magû-andarzpat par grande province, balad ou dahyu 20[20] ; comme il y avait un Zarathushtrôtema pour tout l’empire (cf. Y. XIX, 18).


3o L’on a enfin mis en rapport avec les divers Gâhs un certain nombre de divinités qui ont semblé avoir plus ou moins d’affinité avec chacun d’eux. Ainsi Mithra, dieu du soleil, et son acolyte Rama Hvâstra ont été joints à Hâvani, le Gâh qui commence au soleil levant ; Asha Vahishta et Âtar, Génies du feu, à Rapithwina, le Gâh de la chaleur du jour. Le rapport des deux Gâhs suivants avec les groupes qui leur sont adjoints est moins clair. Sraosha, avec ses acolytes Rashnu et Arshtât, est rattaché par son rôle nocturne à Ushahina, le Gàh qui va de minuit à l’aurore (Vd. XVIII, 23, 51).
Le tableau suivant permettra d’embrasser les rapports complexes que nous venons d’analyser.


GÉNIES DES GÂHS ET LEURS AUXILIAIRES
1o Ushahina Berejya   Nmânya
  (moitié de la nuit
depuis minuit).
(génie qui fait
croître
les grains).
Sraosha
Rashnu
Arshtât
(génie de la maison).
(dâtôbar, juge).
 
2o Hâvani Sâvanhi   Vîsya
  (matinée). (le grand bétail). Mithra
Râma Hvâstra
(du bourg)
(magûpat, prêtre).
 
3o Rapithwina Frâdat-fshu   Zantuma
  (midi). (le petit bétail). Asha Vahista
Âtar
(du district)
(rat, évêque) 21[21].
 
 
4o Uzayêrina Frâdat-vîra   Dahyuma
  (après midi, soirée). (les hommes). Apâm Napât (du pays)
Magû-andarzpat,
inspecteur du culte 21[21]
 

 
Aiwisrûthrima Aibigaya Frâdat-vîspãm-hujyâiti   Zarathushtrôtema
 
  (première moitié de la nuit). (les fruits). Fravashayô
Ama
(de toute la
communauté religieuse)

(Magûpatân-Magûpat,
chef suprême de la religion).


Appendice C. — Les Génies du mois


Le mois. — Le mois dure trente jours ; l’année, qui est solaire et composée de trois cent soixante-cinq jours, contient douze mois faisant 360 jours (30 × 12 360), plus cinq jours complémentaires. L’année 1[22] commençait à l’équinoxe du printemps, soit le 21 mars. Les douze mois sont consacrés chacun à une divinité spéciale dont ils portent le nom :


1. Farvardin, commençant le 21 mars en zend le mois des Fravashis
2. Ardibahisht, 20 avril, Asha Vahishta
3. Khordâd, 20 mai Haurvatât
4. Tir, 19 juin Tishtrya
5. Murdâd, 19 juillet Ameretât
6. Shahrévar, 18 août Khshathra Vairya
7. Mihr, 17 septembre Mithra
8. Âbân, 17 octobre Apô
9. Âdar, 16 novembre Âtar
10. Dai, 16 décembre Dathush
11. Bahman, 15 janvier Vohu Manô
12. Asfandârmad, 14 février Spenta Ârmaiti

  1. 1. Asnya ; adjectif dérivé de azan « jour » (* aznya).
  2. 2. Persan gâh, pehlvi gâs, le terme employé chez les Parsis pour désigner les cinq moments du jour ; est sans doute identique avec gâh, gâs « lieu », du perse gàthu, zend gàtu. Il ne faut pas confondre ce gâh, gâs, de gàthu, avec gâh, gâs, nom des Gâthas (v. Yasna XXVIII et suite), et par extension des cinq jours complémentaires qui prennent le nom des cinq Gâthas (v. Appendice D). gâh, gâs, moment du jour, n’est point identique avec gâh, gâs, lieu (du perse gâthu), mais avec gâh, gâs, la Gâtha : hâvan gâs est proprement « [le temps où l’on célèbre] les Gâthas de Hâvani » (Nirangistân, 46 ;. Le nom des gâhânbâr a la même origine, car « célébrer les Gâhânbârs » se dit « chanter les Gâthas » (v. Nirang., § 41, n. 2 ; § 42, n. 2, etc.).
  3. 3. Hàvani, commence à l’aurore ; tire sans doute son nom des rites de Haoma qui se font à cette heure (havana « mortier à presser le Haoma » = sscr. savana « pressurage de Soma ») : voir Y. IX, 1.
  4. 4. Rapithwina, adjectif dérivé de rapithwa « midi » (aux deux sens du mot) ; sous-entendu zrvan : « le temps de midi ». Sa durée n’est pas déterminée par les textes.
  5. 5. Le Gâh Uzìrìn va de Rapitvîn à l’apparition des étoiles (Bund. XXV, 9). — Uzayèirina est un adjectif formé par le même suffixe que Rapithwina, de ayar « jour » et uz, indiquant enlèvement ; c’est le temps « où le jour s’en va ». Cf. uz-irô, l’après-midi, de uz et ayar.
  6. 6. De l’apparition des étoiles à minuit. Le sens du nom est obscur : les deux mots qui le composent semblent se rapporter à la récitation des Gâthas : awisrùthrima est dérivé de sru « entendre » et « faire entendre, chanter » ; cf. gàthanàm frasraothrem « l’action de chanter les Gâthas » ; aibigaya serait dérivé, par la même préposition, de * ga-i, sscr. gâ-y « chanter », d’où gàthà.
  7. 7. Ushahina, de minuit à la disparition des étoiles ; nommé d’après l’aurore qui le termine (ushah).
  8. 8. Frâdat-fshu, Frâdat-vìra, Frâdat-vîspām-hujyâiti signifient « Accroît-troupeaux ; Accroit-homme ; Accroît-toute-jouissance ». — Sàvaṅhi se rattache visiblement à savaṅh, auquel il est dans le rapport de hàvani à havana : c’est « celui qui produit l’accroissement ». — Berejya est obscur : on l’a rapproché, à cause de sa fonction, du persan birinj « le riz » ; mais la forme ancienne de birinj serait quelque chose comme virizi ou urvizi (sscr. vrihî). Le Gâh V, 6, met en rapport Berejya avec berej « désir » et peut-être y a-t-il là plus qu’un jeu de mots : l’exemple de Frâdat-vîspām-hujyâiti et même celui de Sàvaṅhi prouvent qu’il n’y a pas nécessairement accord entre le nom du Génie et sa fonction.
  9. 9. Sapta-nara nànyugmam et non paçu-nara… ; c’est la lecture du Yasna sanscrit du fonds Burnouf, no 1, dans les deux passages : on attend d’ailleurs un nom de nombre. — Les couples supposent sans doute un ménage ; autrement on aurait compté par têtes. Dans le régime patriarcal la maison peut compter aisément sept couples mariés, ce qui peut en Orient donner une cinquantaine de têtes.
  10. 10. Le sens élastique du français pays donne une idée de la façon dont la dahyu a pu se rétrécir comme elle l’a fait.
  11. 11. Shehr ne vient point de khshathra qui signifie pouvoir, royauté, et ne désigne point un lieu.
  12. 12. Ya’qùbî, cité dans Noeldeke, Tabari, 446. Peut-être les hauts fonctionnaires nommés shatardâr dans l’inscription de Sapor à Hàjîàbàd sont-ils des skahrig, des shὸithrapaiti ; cependant, comme ils sont cités avec les barbìtâ, les vazark et les àzât qui sont des degrés différents de noblesse, il est possible qu’ici sk-t-r représente Kshathra et que les shatardâr soient les « gens en autorité ». — Le vieux nom de Zantupaiti est peut-être resté dans le Zindkapet des historiens arméniens (Patkanian, Journal asiatique, 1866, I, 114) : Fauste, 4, 43, parle d’un Zindkapet mis par le roi de Perse à la tête d’une armée de quatre-vingt-dix mille hommes.
  13. 13. Le passage d’Ibn Khordadbeh sur astân n’est pas clair et astân pourrait être un synonyme de kûra. L’original est stàna « lieu » ; le chef d’un istàn était dit istàndàr, abrégé en istandàr, de * stànadàra : il est curieux de retrouver le mot en hindoustani : thànadàr « chef de poste, chef de police », de thàna = sthàna).
  14. 14. Ratu, quand il n’est pas transcrit rat, est traduit dastôbar.
  15. 15. Patkanian, dans le Journal asiatique, 1. 1.
  16. 16. Il l’est si peu que M. Patkanian traduit « le chef de la garde-robe des Mages », parce qu’il y a un mot arménien handerdz qui signifie « vêtement ».
  17. 17. Andarjpati aspvârakân, dans le Kâr Nâmak d’Ardshir, tr. Noeldeke, p. 62, note 3 ; Tabari, p. 389.
  18. 18. Ceci confirme la lecture proposée par M. Hoffmann (Auszüge aus Syrischen Akten, p. 50) pour le מןבךד בד cité dans l’histoire des martyrs de Karka de Slok : c’est un titre de fonctionnaire religieux qui est expliqué מןגבךרזבﬢ « ordonnateur du magisme ». M. Hoffmann, s’appuyant sur l’Andarjpati aspuârakân, propose avec raison de corriger en מןגןדרדזב Mogandarzbad.
  19. 19. Dans les Actes des martyrs de Perse, on voit souvent le chef de la kûra appelé Radh (Noeldeke, Tabari, 447). Il n’était pas rare, surtout en temps d’inquisition, que les hautes fonctions civiles fussent confiées à des mains cléricales.
  20. 20. En fait, on trouve mention d’un Andertsapat du Seistan (Patkanian, l. l.) : je ne sais s’il s’agit là d’un Andertsapat militaire ou laïque.
  21. a et b 21. Ces deux traductions n’ont qu’une valeur d’analogie.
  22. 1. L’année théorique : en fait, le quart de jour perdu chaque année faisait retarder le commencement de l’année d’un jour tous les quatre ans : au lieu de rétablir l’équilibre au moyen d’une année bissextile, on attendait que l’année fût en retard d’un mois, et on intercalait un mois tous les 120 ans. L’almanach cappadocien donne une forme encore plus fidèle : τεθευσία. Après la chute de