Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ27b.

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GÂTHA AHUNAVAITI



La Gâtha Ahunavaiti, ainsi nommée de l’Ahuna vairya, qui l’ouvre, contient sept lias, composés sur le rythme 3 (7 9) ; c’est-à-dire que la strophe est formée de trois vers, et que chaque vers compte seize syllabes divisées par la césure en deux hémistiches de sept et de neuf syllabes 1[1].

La première strophe de la Gâtha Ahunavaiti est répétée deux fois à la fin de chacun des sept Hâs qui composent la Gâtha. Ce refrain est suivi de l’Ahuna vairya répété quatre fois, de l’Ashem vohû répété trois fois, de l’invocation du Hâ, désigné par ses premiers mots, enfin d’un Yêńhê hâtâm.

Les trois premiers Hâs, composés chacun de onze strophes, forment un groupe liturgique indépendant, qui est invoqué dans le Vispéred sous le titre de Tishrô paoirya, c’est-à-dire « les trois premières (Gâthas) 2[2]. »

Le mysticisme des commentateurs a établi entre les Gâthas et les objets de la religion ou du monde des rapports que le texte ne justifie pas toujours. Ainsi les sept Hâs de la Gâtha Ahunavaiti se rapportent, selon le Cîm î Gâsân (§ 14), aux sept Amshaspands et aux objets terrestres qu’ils représentent :

Ahya yâsà (Y. XXVIII) à Auhrmazd et à l’homme de bien ;

Khshmaîhyâ (Y. XXIX) à Vahûman et au troupeau ;

At tâvakhshyâ (Y. XXX) à Ardibahisht et au feu ;

Tà vé urvàtâ (Y. XXXI) à Shahrêvar et aux métaux ;

Hvaêtumaiti (Y. XXXII) à Spendârmat et à la terre ;

Yathàish (Y. XXXIII) à Khordâd et à l’eau ;

Yâ-shyaothanâ (Y. XXXIV) à Amurdâd et aux plantes.

Le second Hà est le seul qui se prête bien à ce rapprochement ; pour les autres, on a profité de quelque rencontre de détail pour établir la symétrie.

Les trois premiers Hâs, les tishrô paoirya, sont le symbole des trois éléments matériels du corps, — eau, vent et feu ; — les onze strophes qui les composent sont le symbole des onze éléments spirituels. Leur récitation rend présents au moment les trois prophètes de l’avenir Oshêtar, Oshêtarmâh et Sôshyans.


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Yathâ ahû vairyô 1[3] : Le désir du Seigneur est la règle du bien.

Les biens de Vohu Manô aux œuvres faites en ce monde pour Mazda !

Il fait régner Ahura, celui qui secourt le pauvre (4 fois).


Ashem vohû 2[4] : La sainteté est le bien suprême, et c’est aussi le bonheur. Le bonheur à celui qui est saint de la sainteté suprême (3 fois).


Nous offrons le sacrifice à l’Ahuna vairya.

Nous offrons le sacrifice à l’Ashem très bon 3[5], très beau, immortel, bienfaisant.


Yêńhê hâtãm 4[6] ; Celui et ceux dont le culte, Ahura Mazda le sait, donne le bien aux êtres, en retour de leur sainteté, à ceux là — à eux et à elles — nous offrons le sacrifice.

Le Zôt et le Ràspl ensemble 5[7] :

Bénie 6[8] est la pensée, bénie la parole, bénie l’action du saint Zarathushtra. Les Amesha-Speñtas ont révélé les Gâthas 7[9].

Prière aux saintes Gâthas !






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  1. 1. Exemple :
    ahyâ yâsà nemañhâ
    manyéush mazdâ paourvim
    rafedhrahyâ, quatre syllabes ; paourvim, trois (paour-vi-im) ; shyaothanâ, deux (shyaothnâ).
  2. 2. Vp. XIII, 3 ; le Cîm î Gâsân, § 5, les appelle « Ashem Ahurem Mazdâm 3 lûîn » c’est-à-dire « [ces trois Hâs sont] les tishrô paoirya ( 3 lûîn) de l’Ashem Ahuiem Mazdâm ( Vp. XIII) »
  3. 1. Voir le commentaire de la prière au Hâ XIX. C’est cet Ahuna qui donne son nom à toute la Gâtha.
  4. 2. Voir le commentaire au Hâ XX. Ici commence proprement le groupe spécial constitué par les trois premiers Hâs, le Tishrô paoirya.
  5. 3. L’Ashem vohû.
  6. 4. Voir le commentaire au Hâ XXI.
  7. 5. Le rituel irani porte ici  : Fràkh-gâm pun yadâ frâj anakhtûntan, ol Barsôm yadrûnishn ; pun ic apârik hamgûnak kuniskn. hâvan shikâftan  ; « Prendre en main le Frâgàm, le porter sur le Barsom  ; faire de même aux autres [Hâs]  ; sonner du hâvan » (voir p. 199, n. 12). Je suppose que ce nîrang est au fond identique à la kiryâ indienne et que ce fràgâm sert à verser le jîvâm sur le Barsom  : cf. le nîrang initial du Hâ XXIX, note 1.
  8. 6. yânim, c’est-à-dire qui apporte les yàna, les faveurs que l’on demande à Dieu. Glose  : « ses pensées, ses paroles, ses actions vertueuses ont mérité le bonheur ».
  9. 7. Traduction conjecturale  : frà ... géurvàin, frâj vakhdûnt « pris en avant » est glosé pun stî (ou gîtî) frâj dâsht qui semble signifier « offert au monde ».