Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ31.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 225-233).




Hâ 31 — GÂTHA AHUNAVAITI 4



L’idée dominante de ce Hâ est le débat de la Vérité et de l’Erreur, de l’Orthodoxie et de l’Hérésie : comment reconnaître l’une et se garder de l’autre ?


1-4. Prêchons la doctrine d’Ahura : si le peuple n’en reconnaît pas la vérité au premier mot, elle sera établie par une preuve visible. Par l’épreuve du feu (le Var Nirang) 1[1], Ahura tranche le débat entre les docteurs de la vérité et ceux de l’erreur et abat la Druj.

5-6. Éloge de celui qui fera connaître clairement la doctrine divine.

7-1 1. Proclamation de la divinité d’Ahura, qui a fait le monde, qui a fondé l’Asha (le Bien), qui est la source de la Bonne Pensée, qui est tout ce qu’il y a de bon dans le monde (7-8), qui a formé nous et l’univers et la religion (11). Il aime le bon laboureur et hait l’oisif qui n’agit point, si bien qu’il puisse connaître la loi (9-10).

12. L’Esprit de Vérité et l’Esprit d’Erreur se disputent le cœur de l’homme : mais c’est l’Esprit Divin que suivra l’homme pieux et modeste.

13-16. Ahura connaît toutes les actions des hommes, bonnes et publiques, mauvaises et secrètes.

Le poète lui demande quel est le retour dont seront payés celui qui aide le juste et celui qui aide le méchant ; celui qui fait régner le méchant et opprime le bon laboureur inoffensif et celui qui fait régner Ahura et développe le bien-être du pays.

17-20. Que le croyant ne compromette donc pas sa conscience en conversant avec le mécréant (17)  : n’écoutez pas ses doctrines, ce serait la mort du pays ; traitez-le à coups d’épée (18)  : écoutez celui qui connaît le bien. Ahura tranche par le Yar Nîrang entre les deux adversaires, et l’hérétique, qui veut tromper le fidèle, ira dans l’enfer (19-20).

21-22. Le pouvoir et la richesse reviendront à celui qui se montre ami d’Ahura en acte et en esprit  : le bon Roi est celui qui est au bien, en pensée, en parole et en action  : il est l’incarnation de Mazda.

Cf. Dinkart, IX, 8 (Sûfkar), 31 (Varshtmânsar), 53 (Bak). Le Cimî Gâsân attribue ce Hâ à Shahrêvar (§14) et fait de ses vingt-deux stances le symbole des vingt-deux jugements (dàdistân)  : c’est le H :\ du juge  : quand on le récite bien. Injustice est mieux rendue (§ 6).

1. Tâ vé urvâtâ. — Étudiant vos doctrines *, nous prêchons des paroles stériles^ à ceux qui, par les enseignements de la Druj^, font périr le monde du Bien  ; excellentes pourtant pour ceux qui voudraient propager la loi de Mazda'^.

1. Les doctrines d’Ahura. urvâtâ est généralement glosé ûZanda l’Avesta

et le Zend », c’est-à-dire la loi dans son ensemble, comprenant la loi même et l’interprétation traditionnelle, l’une et l’autre révélées. Il est traduit en pehlvi, une fois dîn « religion » (Y. XXXIV, 8 b), généralement âfrlgâmh, te mot qui rend frasasti « glorification, action de rendre célèbre », en sanscrit « connu, célèbre »  : urvâtâ semble donc être la loi en tant que proclamée, peut-être la loi dont on fait profession de foi, dont on fait le fravarâne (urvâtâ — *vr-âta, de var « croire » ; cf. note 5). — urvâtâ est un pluriel neutre, que la tradition considère comme un duel (« les deux âfr’igànîh  ; tâu prasiddhâu »), afin d’y retrouver les deux lois, l’Avesta et le Zend.

2. agusthâ vaeâo « des paroles non écoutées ». La glose ajoute un renseignement curieux sur les habitudes de la propagande religieuse à l’époque des Sassanides : « en cas de doute, les répéter trois fois ; mais s’il est bien clair que [celui qu’on veut convertir] n’apprendra pas (ne se laissera pas enseigner), les dire une seule fois ». Probablement, après cette sommation unique, on passait la parole au pouvoir séculier.

3. Qui, enseignant l’hérésie ou une fausse religion, réduisent le domaine de la religion dans le monde.

4. Le pehlvi traduit  : « excellentes pourtant pour eux. s’ils voulaient, etc... «.C’est ainsi également que l’entend le Dinkart, IX, 31, 1. 2. Si au premier regard l’homme ne croit pas®, la foi® sera plus parfaite établie par des preuves visibles^ Tous viendront à vous®, reconnaissant en vous le maître®, ô Ahura. C’est de Mazda que viennent et notre vertu et notre vie‘®.

3. Avec la connaissance*' que tu donnes divinement au moyen du feu et que tu révèles par Asba*^ entre les adversaires en lutte*®, avec l’épreuve*^ que tu donnes aux arbitres*®, dis-nous, fais-nous connaître, par la langue

5. yèzi àish (=pun nikîrislin ; cf. Y..\.XVIII,l't ;XXXIII, 1) nôit urvànê (lâ airnammit  : urvânè = *vr-ànê, forme infînitivale de var « croire » (Y. XXXII, note 23) ; cf. note 1 .

6. advâo ~ a-dvâo  : a-gûmânlh « non-doute », litt. « non-duplicité », cf. dvai-di « doute » (Y. XXIX, 5, note 25).

7. Litt. « foi meilleure montrée » (aihîdareshtà, de aibi-dares ; rnadam nikizishnîh), c’est-à-dire établie par des preuves matérielles et visibles (pun andâzakî glti), comme l’épreuve du Var ; voir la strophe suivante.

8. Lit. « tout [est] à aller (àyèi) à vous ».

9. « Reconnaissant les merveilles d’Auhrmazd » (P.).

10. Douteux  : le sens littéi’al serait  : « Mazda est de ces deux arrivées, que nous vivons [et] vertueusement (yà ashàt hacâ jvàmahi). Dlnkarl, IX, 31, 3  : « La vie des créatures d’Auhrmazd [dàmàn î Auhrmazd zindaklh, répondant à yâ.. jvâmahi) et toutes les autres bonnes choses [apérlkic hatnàk nlvaklh, répondant à ashàt hacâ  ?) viennent d’Auhrmazd ».

11. khshnûtem, s^nâM<drî/<  ; cf. Y. XXXll, note 29 et Ll, 9.

12. Asha, Génie du feu et incarnation de la vérité (p. 24).

13. rânôibyô  : P. patkdr-dàrân « ceux qui tiennent querelle », les parties en présence dans un procès ; N. prativddinâm.

14. urvatem, prakdçatvam « la manifestation »  ; cf. note 1.

15. cazdohhyathyô, pratidvandvindm uireAta ?’,» celui qui décide entre adversaires».

Il s’agit du Var Nlrang ou de l’épreuve p ?r le métal en fusion, épreuve instituée par Zoroastre ; c’est au moyen de cette épreuve et en s’y soumettant victoiâeusement, qu’Adarbâd Mahraspand, précurseur heureux de Savonarole, fît reconnaître et triompher la doctrine orthodoxe, battue en brèche par les hérésies, sous aapor IL Elle continua à être en usage jusqu’à la fin des Sassanides (ülnkart, dans VArdd Virdf Haug, pp. 144-145, note). Cette épreuve, qui est la forme iranienne de l’ordalie germanique du fer rouge, consistait à verser le métal en fusion sur le cœur de l’accusé  : en cas d’innocence, il lui semble que c’est du lait qu’on verse sur lui s’il est coupable, le cœur brûle et il meurt (Shdyast Id Shdyast, XV, 16-17).

Cette épreuve est dite le Var Nlrang, c’est-à-dire l’épreuve de la poitrine ; le nom zend est garemù-varô, litt. « la poitrine chaude » (Afrlgdn, 1, 9 ; dans la traduction sanscrite kiàdaya-dimja « l’épreuve du cœur ») ou tout simplement varù (Yt. XII,

3 sq.). Les Gâthas y font plusieurs fois allusion  : même Hà, §19 ; XXXIV, 4 a ; XLVIl 6 b. Il ne faut pas la confondre, bien que les formules soient parfois très semblables et que le principe soit le même, avec le métal fondu où tous les hommes sont même de la bouche, ce que nous ferons croire à tous ^les vivants*® :

4. et quand nous invoquerons *^ Asha et Mazda Aliura, quand j’appellerai la pieuse Armaiti et l’excellent Vohu Manô, viendra aux miens la souveraineté puissante*® par la force de laquelle nous détruirons la Druj *®.

« [Ici] broyer le Hôm et rUrvarâm^o, sonner avec le Uâvan, jusqu’à la fin de la strophe, verser de l’eau et presser » 21 .

5. Dis-moi d’une façon décisive^Me bien que vous me donnez par la sainteté^® ; et donne-moi de savoir par Vohu Manô, en dépit de l’Envie^^ ce qui sera, ô Mazda Ahura, et ce qui ne sera pas^®.

plongés à la résurrection et qui a pour objet de les purifier en consumant leurs souillures  : XXX, note 39 ; LI, 9.

Une expression fréquente dans la littérature pehlvie et employée dans notre passage même à propos du Var Nirang est «qu’elle manifeste le bôkht érakht, ce que Nériosengh rend çuddham açuddham « le pur et l’impur», c’est-à-dire l’innocence et le crime (cf. Y. XXXII, note ‘28 ; XLVII, note 18. Le Var formait le sujet d’une partie du dix-huitième Nask (le Fargard Varistân du NaskSakâtûm  ; Dinkart,N\\\, i‘2) .

16. Révèle-nous ta loi et nous en démontrerons la vérité en nous soumettant au Var Nirang. Adarbâd Mahraspand convertit ainsi beaucoup d’incrédules (üinkart, dans VArdâ Virâf de Haug, l. /.).

17. Cette invocation fait sans doute partie de l’ordalie, les dieux étant les témoins et les juges qui décident de l’issue de l’épreuve.

18. Le Khshathra puissant ; c’est-à-dire la force effective, la force de l’État, qui, en se mettant au service du Mazdéisme, écrasera le démon.

19. Formule employée dans l’exorcisme contre la maladie  : Vd. XX, 8.

20. Opération placée ici pour répondre symboliquement aux derniers mots prononcés.

21. Hôm II urvarâm kâftan uhâvan shikâftan od vîcîst rôishd yahvûnêt âp dar kartanu afsliârtan ; Pt*.

22. vicidyài vaocâ « dis pour décider ». — méûcâ daidyâi au vers suivant est symétrique à vicidyài ; méncâ est écourté, pour le vers, de manacâ.

23. La récompense donnée en retour delà vertu.

24. yêhyâ ma ereshish « [de savoir] ce dont m’est envie ». Ereshi est personnifié comme démon de l’incrédulité dans le Dînkart, IX, 31 (cf. Y. XXX, note 10), qui résume une polémique entre Zoroastre et Aresh, relative à l’immortalité, et à laquelle ce vers ferait allusion. Le Commentaire pehlvi traduit  : « Donne-moi de connaître par Vahùman, c’est-à-dire donne-moi la connaissance de la vertu, avec laquelle moi à Aresh, c’est-à-dire que par cette connaissance vertueuse je puisse réfuter Aresh ». Voir Dlnkart traduction AVest, page 246, note 7.

25. « La bonne Religion est la connaissance parfaite de tout ce qui est, a été et sera » [Üinkart, IX, 31, 5) ; elle contient en effet une théorie du passé, du présent et de l’avenir de l’humanité et du monde. 6. Celui-là a l’excellence, qui me dira en toute connaissance et toute clarté-® la Parole de Santé^^ de Sainteté, d’immortalité : car Mazda règne dans la mesure où grandit Vohu Manô^®.

7. C’est lui qui tout d’abord a pensé le monde^®, lui qui*® a mis la félicité dans la lumière céleste*’. Le monde est à Celui qui par son intelligence*^ a fondé la Sainteté (l’Asha) et l’Excellente Pensée. Tu as fais divinement paraître les deux mondes** et tu es toujours le Souverain universel.

8. J’ai reconnu en toi, tout d’abord, ô Mazda, la matrice de VohuManô*^ ; oui, dès que mes yeux t’ont saisi, [j’ai reconnu que tu es] le père de Vohu Manô, que tu es clairement tout le monde du bien*®, souverain sur tous les actes commis dans ce monde*®.

9. A toi fut Ârmaiti*’, à toi l’Intelligence créatrice du Bœuf, à l’heure, ô Ahura Mazda, où tu ouvris (à l’homme) la route du ciel*®, selon qu’il est bon laboureur ou ne l’est pas*®.

26. haîthîni : ashkàrak, rôshnak.

’il. De Haurvatât. Le pehlvi ne connaissant plus à haurva que le sens de « tout » fait de haurvatât « l’universalité » et explique que par la Parole sainte tous les êtres entrent dans l’appartenance d’Auhrmazd. — Blnkart, § 12 : « De la délivrance de toutes les créatures par la Parole sainte ».

28. Il règne dans l’homme dans la mesure que Vohu Manô, la Bonne Pensée, est développé en cet homme ; autrement dit : il règne dans et par le juste.

29. Litt. « Premier il est venu concevant » (P. mat-ash patmân fartûm « est venu de lui le plan d’abord » ). Le Dînkart voit là une allusion à la création spirituelle et idéale qui, suivant le Bundahish, a précédé la création matérielle : « Auhrmazd crée d’abord l’univei’S spirituel, puis il fait l’univers matériel et mêle le spirituel au matériel ».

30. Le pehlvi supplée un relatif que le rythme réclame également ; probablement yêhyâ.

31. Qui a mis là le séjour des bienheureux ; cité Y. XII, 1, cf. notes 4 et 5.

32. hyô dàmish « le monde est sien, est à lui… ».

33. Le monde spirituel et le monde matériel.

34. Le lieu d’origine ; la source de la Bonne Pensée.

35. « Il est clair que c’est toi qui as créé le monde du Bien » (P.).

36. « Tu tiens le compte du bien et du mal » (P.).

37. Considérée ici comme le Génie de la terre, car dans cette strophe et la suivante il s’agit du bon et du mauvais laboureur.

38. mainyéush : cf. la glose à pathàm : râsi tamâ « le chemin là-bas » (à l’autre monde) ; — abyâi, peut-être « pour lui, en considération de lui » (le Bœuf, géush).

30. vàstrya, varzUâr, présente le même sens et le même développement de sens 10. Et des deux, c’est le bon laboureur qu’il préfère, c’est le maître juste qui fait grandir Voliu Manô^°. L’hypocrite, qui ne fait point d’œuvre, ô 31azda, ne reçoit rien de toi, si bien qu’il ait étudié [la loiJ^L

11. C’est par ta pensée qu’à l’origine, ô Mazda, tu as formé nous et le monde et la religion et les intelligences ; que tu as mis la vie dans le corps que tu as créé les œuvres et la doctrine et que tu inspires leur désir à ceux qui y aspirent^®.

12. L’Étre de mensonge et l’Être de vérité. Celui qui sait et Celui qui ignore^®, élèventla voix pour entraîner^^ le cœur et lapensée de l’homme : mais là où réside Ârmaiti, c’est l’Esprit divin qui est consulté

que « laboureur » (vâstra d’où vàstrya est donc *varez-tra ; vâstra au sens d’herbe, foin, est probablement un mot indépendant) ; cf. Yasna XIII, note 9.

40. Considéré ici comme Génie des troupeaux (cf. § 21 c ; note 79). — fshéng’hîm, parallèle à fshuyantèm : fshu semble être une inversion de *push (sscr. pusli, le verbe de la croissance matérielle) ; fshénghim représente une forme nominale pushanh-îm.

41. La foi qui n’agit point est-ce une foi sincère ?

avàstryô davàscinà : akàrijakartre pratârayitre le pehlvi traduit avàstrya avarzitdr aharmôk « l’Aharmôk qui ne fait pas œuvre » ; il transcrit davàscinà comme un nom propre et semble entendre : « l’Aharmôk qui ne fait rien ne reçoit pas même la récompense de Davàs ». Ce Davàs, qui semble devoir l’existence à un raffinement de scoliaste, a fait fortune dans la littérature postérieure ; d’après le Nask Spend (cité dans le Skâijast, XII, 29 ; cf. Ardâ Vîrâf, XXXII), c’était un puissant seigneur, maître de trente-trois pays, qui de sa vie n’avait fait une bonne œuvre : Zoroastre le vit dans l’enfer, tout le corps dans les tortures, sauf le pied droit qui était exempt : c’est avec ce pied qu’une fois il avait jeté une botte de foin à un bœuf affamé (Shâyast, XII, 29 ; Ardâ Vlrâf, XXXII, où il est donné comme le type de Vashyakân, de l’indolent = avarzilâr). Davàs est le prototype lointain du sultan Mahmoud de V. Hugo.

42. thwâ manaâhà kliratùshcà : la tradition semble entendre « par ta pensée et ton intelligence », ce qui concorderait avec le rôle de « l’Intelligence céleste », mainyava khratu, considérée comme le grand instrument de la création (c’est le sujet du Mînôkhard)-. mais la forme fait difficulté : peut-être kkratùshcâ serait-il un génitif pour kbratéushcà.

43. « Dans Gayômart » (P.).

44. Les bonnes œuvres et la bonne doctrine.

45. yatkrà-varenéùg : vasâo dàyêtê : yathrâ se rapporte aux œuvres et à la doctrine.

46. Auhrmazd et Ahriman (P.).

47. « Zoroastre » (P.) — zeredàcà manaiihâcà ânush-hakksk. Dans leYt. d’Abàn, 18^ voit.\hura adresser ses prières à Anâhita afin qu’il puisse entraîner (hâcayênè) Zarathushtra à penser, parler, agir conformément à sa loi (auu-matéè, etc.). Ahriman, de son côté, essaie de le séduire : Vd. XIX, 6 sq.

48. Mais l’homme dont la pensée est pieuse et sage (àrmaiti) se détourne d’Ahri- 13. Les œuvres que l’on fait au grand jour’’% et celles, ô Mazda, que l’on fait en secret et les grandes fautes que l’on commet pour échapper au châtiment d’une petite les unes et les autres, toutes ensemble tu les surveilles, tu les vois toutes de tes yeux.

14. Je te demande, ô Ahura, ce qui vient et adviendra®^ : quelle est la dette [de récompense] qui sera payée pour les dons faits aux justes et quelle, ô Mazda, pour les dons faits aux méchants, à l’heure où elle sera soldée

15. Je te demande quelle est la punition^® de celui qui donne l’empire au méchant®’; du malfaiteur, ô Ahura Mazda, qui n’accepte point de rançon pour la vie®® ; de celui qui opprime le laboureur ®® qui n’a maltraité ni troupeaux ni hommes

man et va demander ses enseignements à Auhrmazd. — Le pehlvi semble entendre yathrà au sens de yâ tathrà. « Armaiti interroge l’Esprit divin et va résider là-bas », c’est-à-dire que « celui qui s’instruit avec perfection de pensée, sa place est là-bas » (au ciel).

49. « Les bonnes œuvres » P. — yà frasà àvisliyà ; litt. « les choses consultées ouvertement », sur lesquelles on se consulte au plein.jour.

50. Les mauvaises œuvres.

51. yé va kaséush aênanliù â mazislitàm ayamaitê hûjem « ou qui essaie ? [ûzmàyêt] très grande délivrance de petite faute », c’est-à-dire « quand quelqu’un fait une petite faute et ensuite en fait une grande pour que celle-là ne se révèle pas ».

52. tliwisrâ:gûmêzak; bien et mal mêlés.

53. àzî âiti jeiighaiticà:probablement les suites futures des actes d’aujourd’hui.

54. yào ishudü dadeûtê dàthranàm hacà asbaonù « quelles dettes sont données des dons du côté du juste »; cf. Vd. XIX, 29, 96. — Dlnkart, IX, 31, 18 : « sur la grande récompense de celui qui donne au juste de sa fortune ; quant à celui qui donne au méchant, dans une intention criminelle, il secourt les ténèbres et non la lumière ». Cf. Yasna XXXII, 8, note 38.

55. yathà tâo aûhen hénkeretà hyat « quand elles seront en accomplissement ». — Ou peut-être : « et comment elles seront soldées ».

56. mainish ; pâtfrâs.

57. Peut-être : « au Méchant », à Ahriman ; cf. le début de la strophe suivante. — hunàitè, obdûnand « fait » ; le verbe employé en parlant de la préparation de Haoma.

58. Litt. « qui ne fait pas obtenir vie en récompense » (hanare, mizd-, de ban « mériter » ). Glose : « même quand on lui offre de l’argent, il ne laisse pas vivre l’homme » ; il s’agit du prince sanguinaire ou du bandit qui tue pour le plaisir de tuer, ou peutêtre du juge qui n’accepte pas de composition, cf. XLIV, 20, note 66.

59. vâstryèbê aênanbù ; « oppresseur du vàstrya » ; vàstrya, varzitâr’; cf. note 39.

60. paséusb vîràatcà adrujyaùtô « qui ne fait point de mal du côté du troupeau et de l’homme ».

Le Dlnkart, IX, 31, 19 résume cette strophe comme il suit ; « le pire prince est le 16. Et je te demande comment il en sera de celui®’en la demeure de qui règne le [Dieu] sage®^, qui ne jalouse point®* le développement du bien ®^ dans le district et le pays ®^, qui te ressemble, ô Mazda Ahura, dans ses actions.

17. Lequel des deux a la foi la plus forte, du juste ou du méchant ®® ? Que celui qui sait ne parle pas à celui qui ne sait pas, de peur que l’ignorant ne le trompe ®® ! Fais-nous connaître, ô Ahura Mazda, les signes de Vohu Manô ®^ !

18. De la bouche du méchant, que nul de vous n’écoute la Loi et les instructions ®® ! Il apporterait à la maison, au bourg, au district®®, au pays, le malheur et la mort : traitez-le à coups d’épée’’®.

19. Mais écoutez celui qui a l’idée du Bien et qui le connaît dans les deux mondes ô Ahura ; celui qui sait dire la vérité et dont la langue est libre Avec ton feu rouge, ô Mazda, tranche entre les deux adversaires*.

malfaiteur, de mauvaise religion, qui, même pour argent ne fait pas de bien ; qui tue l’innocent ; — cruel châtiment dans l’enfer de celui qui fait roi un tel méchant ».

61. Quelle sera sa récompense ?

62. Au figuré : « c’est-à-dire celui qui idéalement établit Auhrmazd roi en sa personne » (P.).

63. asperezatà, akôshilàv, « celui qui dans le monde ne s’oppose pas au prince qui fait le bien » P. — cf. sperezvào « jaloux » ; Y. LXV, 8, 30.

64. De l’Asha, du bien moral et religieux. — shôithrahyâ vâ dahyéusb va : sbôitbra répond à zantu dans la nomenclature territoriale ; voir note 69. Cf. page 20.

65. verenvaitè mazyô ; c’est-à-dire, a la foi la plus énergique, la plus agissante [lûkhshâkihâtar].

66. Que le croyant ne converse pas avec l’hérétique, qui pourrait l’induire en erreur. — màevîdvào aipi-débâvayat : je traduis débàvayat d’après àdebaomà (Y. XXX, note 17), comme dérivé d’un verbe deb-u tromper (z. dab, sscr. dabb) ; le pehlvi semble y voir un dérivé de bù, dé-bu, et entend « de peur qu’ensuite il ne devienne ignorant » (U ne tombe dans l’erreur).

67. Les signes de la Bonne Pensée, les signes auxquels on reconnaît la doctrine orthodoxe.

68. « N’écoutez pas l’Avesta et leZend de la bouche des hérétiques » (P. Aharmôkân).

69. demànem, visem, sbôitbrem, dahyùm ; répond à la momenclature usuelle ; nmànem, visem, zaûtùm, dahyûm (v. p. 29, et plus haut note 64).

70. Le principe de saint Louis sur les controverses entre juifs et laïques.

71. Qui sait en quoi il consiste dans nos rapports avec les êtres de ce monde et avec ceux du ciel.

72. bizvô-vasô, le contraire de bîtô-bizvô ; qui ose parler (apêhim) et qui sait parler.

73. Dans l’épreuve du Var, appliquée ici, semble-t-il, aux controverses publiques 20. Celui qui aura voulu tromper le juste à celui-là plus tard gémissements’®, longue demeure dans les ténèbres, nourriture infecte"® et paroles d’insulte. Voilà le monde, ô méchants, où vous conduisent vos œuvres et votre religion.

21. Mazda Ahura a donné la plénitude ” de Haurvatât et d’Amerelât’® et d’Asha, et la souveraineté de Khshathra, et la graisse de Vohu Manô, à celui qui lui est ami en acte et en esprit.

22. Le bon roi est celui qui exerce le Bien en pensée, en parole, en action, conformément à la leçon du sage®®, et c’est lui, ô Aliura, l’être qui t’incarne le mieux®’.

23. Dans ma prière, les mains tendues… (Y. XXVIIl, 1 ; 2 fois).

Yallià aliii vairyô (4 fois).

Ashem toLû [3 fois).

Nous sacrifions au Hâ Ta vé urvâtâ.

Yènhê hâtàm.

sur le dogme ; « il met à jour le droit et le tort » [bôkhl êrakht). Le Dinkart applique ceci à l’épreuve finale qui a lieu à la résurrection. Voir plus haut, note 15.

74. L’hérétique, confondu par l’épreuve.

75. klisliayô, shîn (—açrupâla, Minokkard, VI, 13 ; XLIV, 29 ; cf. Eludes iraniennes, II, 169-171).

76. « On lui donne visbàcà » P. c’est-à-dire les aliments empoisonnés que reçoivent les damnés dans l’enfer ; hvarethanàm hê heretanâm vîshayàatca vishagaitayâatca, Yt. XXll (éd. Westergaard), 36. Autres allusions dans les Gâthas ; XLIX, Il c ; LUI, 6 4. — avaètàs, anâk ravishn] cf. avùi, Y. XLV, note 9.

77. bùrôish ; litt. « a donné de la plénitude… ».

78. L’empire sur les eaux et les plantes.

79. vazdvaré, pîvarttvam ; c’est-à-dire les biens dont il dispose, la graisse étant l’emblème du troupeau (cf. note 40 et Y. XXIX, 7). Ce passage prouve bien que déjà dans les Gâthas les Amshaspands ont leur empire matériel. — vazdvaré, afghan vâzda, vâzga « graisse » [Chants populaires des Afghans, XXIV, note).

80. citbrâ î budbàoiibè yatbanà vaèdemnâi manaiibà — vobù bvô kbsbatbrâ asbeni vacanbà sbyaotbanàcâ baptî. Litt. « celui-là, avec bonne royauté, pratique (bapti, obdûnênd) l’Asha en pensée, en parole, en action, les choses manifestées au sage [= par le sage] comme il enseigne [cigûnash âkâsîh yakbûnêt » ; cf. XLlll, n. 46).

81. vàzisbtù… astisb, le corps qui te porte le mieux [bûrlâr Idn) ; imité Y. XIII, 2, note 7. — Cf. Dinkart, l. L, § 26:« Dans le monde tout est au mieux quand chacun pense, parlent agit conformément à l’instruction du maitre ; le bon roi est celui qui avec bonnes paroles a aussi honnête action; et dans le monde terrestre, c’est dans ce roi qu’Auhrmazd réside le plus » [Auhrmazd dar glll indhmânîh pun tant old khùtdl vêsh).

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  1. 1. Voir la note 15.