Les Gaietés/Le galant Pêcheur

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Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 106-107).


LE GALANT PÊCHEUR,[1]

ROMANCE DÉDIÉE À M. DE LA LIGNE, TROUBADOUR DU XIXe SIÈCLE.


Air : J’étais bon chasseur autrefois.


Je suis auteur, je suis amant,
Mais la pêche surtout m’amuse.
Je rate, hélas ! également
Le poisson, ma belle et ma muse.
De ces bords heureux nourrissons,
Ne craignez rien de ma présence.
Venez, venez, petits poissons,
Que je vous chante une romance !

J’étais grand chasseur autrefois,
Mais les merles, prompts à me suivre,
Me sifflaient, jaloux de ma voix ;
Vous avez plus de savoir-vivre.
Touchés de mes tendres leçons,
Vous m’écouterez en silence.
Venez, etc.


Pour le plaisir de me mirer
J’aime à pêcher dans une eau pure.
Ma beauté doit vous attirer…
Que pensez-vous de ma figure ?
Mainte belle à mes hameçons
Chaque jour mord sans résistance.
Venez, etc.

Mes vers, qui sont si bien tournés,
Ont mis en jeu toutes les harpes.
Je vous promets, si vous venez,
De faire ici pâmer les carpes :
C’est l’effet que font mes chansons
À bien des dames d’importance.
Venez, etc.

Vous bâillez et nul ne se prend
Aux vers qui devaient vous séduire.
Songez donc qu’en vous célébrant
Mes amis, je vous ferai frire…
N’allez point, pour prix de mes sons,
Me condamner à l’abstinence.
Venez, venez, petits poissons,
Que je vous chante une romance !



  1. Nous croyons qu’il s’agit ici du vieux chevalier de Piis qui avait protesté contre l’élection impromptu de Béranger au Caveau (1813). Voir Ma biographie.