Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Aboubecre

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Sommaire

ABOUBECRE ou ABUBEKER, fut le premier calife ou successeur de Mahomet dont il étoit beaupere. Mahomet sur le point de mourir, l’an 11 de l’hégire, & de J.C. 632, déclara pour successeur son gendre Ali, qui avoit épousé Fatime, sa fille ainée, ajoutant que c’etoit un saint, & qu’il étoit de la race des prophétes. Il dit qu’Aboubecre, Omar & Osman, Odman ou Othoman, n’avoient pas moins de sainteté ; mais que l’ange lui avoit commandé de faire Ali & Fatime les défenseurs de la foi, & qu’on dévoit l’élire après sa mort, pour maintenir sa religion. Mais Aboubecre, qui étoit le plus puissant de tous, fut élu par les docteurs de la loi, & par les officiers de l’armée, à la poursuite même d’Omar & d’Osman qui favorisoient par-là leurs prétentions, pour pouvoir être élus à leur tour, parcequ’Aboubecre étoit fort vieux. Celui-ci ayant donc été reconnu calife, s’appliqua d’abord à dissiper les partis de différens princes, qui s’érigeant en prophétes, à l’exemple de Mahomet, vouloient établir des religions à leur mode, & refusoient de reconnoître son autorité. Y ayant réussi au-delà de ses désirs, il envoya ses troupes en Syrie pour en faire la conquête. Elles s’emparerent de Damas, & d’autres places, & gagnerent plusieurs batailles sur les armées de l’empereur Héraclius. Aboubecre mourut dans le cours de ces succès, non sans soupçon d’avoir été empoisonné, lorsqu’il méditoit de plus hautes entreprises. Il fut enterré en la ville de Médine, à l’âge de 63 ans, après un regne de deux ans, trois mois & neuf jours, l’an 13 de l’hégire, 634 de J.C. Omar fut son successeur. Aboubecre fut le premier qui rassembla les versets de l’alcoran, & les divisa en certain nombre de chapitres, ouvrage qu’il nomma Almoshac ; c’est-à-dire, livre par excellence. Il fit encore un recueil de la doctrine de Mahomet, lequel fut appellé Melquia, du nom d’Ib-dil-Melic, qui le mit en ordre. Omar en fit un autre nomme Hanefia, ou Asafia, c’est-à-dire, loi de dévotion & de religion. Osman en composa encore un troisiéme, qui fut nommé Chefaya, ou Buanefia, du nom des auteurs qui l’ont compilé & réduit en ordre. Ali forma une autre secte, par le recueil nommé Hambelia, d’Ambeli qui le commenta. Dans la suite du temps le recueil d’Aboubecre, & ceux d’Omar & d’Osman furent ramassés ensemble par Leshari, chef des théologiens Arabes ; & ce nouveau livre fut appellé Lesharia ou l’Alcoran de Leshari.

Les Persans ont en horreur ces trois califes & interprétes de l’alcoran, pareequ’ils croient que la succession appartenoit à Ali & à ses descendans. Pour marquer leur haine, ils ont accoutumé, lorsqu’ils célébrent quelques mariages, de mettre les statues de ces trois docteurs, faites de sucre ou de pâte, à l’entrée de la chambre des nouveaux mariés, afin que ceux qui sont conviés aux noces les regardent attentivement, & jettent sur eux les impressions magiques qui pouroient sortir de leurs yeux, de crainte qu’elles ne nuisent aux mariés ; car ces peuples se persuadent qu’il y a des personnes qui ont dans les yeux une vertu naturelle d’ensorceler ceux qu’ils regardent attentivement ; & ils craignent que parmi les conviés il ne se trouve de ces sortes de gens. Lorsque les conviés ont arrêté leurs yeux sur ces statues d’Aboubecre, d’Omar & d’Osman, ils les brisent aussitôt, & les mettent en piéces. Peut-être ne pratiquent-ils cette cérémonie, que pour marquer qu’ils font profession de la doctrine d’Ali, qui est opposée à celle de ces trois califes. * Ricaut, de l’emp. Ottom. D’Herbelot, biblioth. orient. Hist. des Arabes.

ABOUBECRE Mohammed, fils de Thagage, Turc de nation, surnommé Achschid, se rendit si redoutable sous l’empire des Abbassides, que Radhi, vingtiéme calife de cette famille, ne put pas empêcher qu’il ne se rendît maître de la Syrie & de l’Egypte. Caher, prédécesseur de Radhi, lui avoit autrefois donné le gouvernement d’Egypte, puis l’en avoit dépossédé. Mais les forces & l’autorité des califes s’étant beaucoup affoiblies, Achschid, qui étoit très-vaillant & très-vigilant, s’empara de ces provinces, & les gouverna avec un pouvoir absolu. Il prit le surnom d’Achschid, titre que portoient les rois de Fargana en Turquestan, desquels il prétendoit descendre. Quelques-uns même disent que Radhi le lui donna par une patente expresse. Il entretenoit près de quatre cens mille hommes à sa solde, dont huit mille qui étoient tous Mammelucs, c’est-à-dire, esclaves achetés & aguerris, montoient la garde devant son palais. On dit de lui, que pour s’assurer contre les embûches de ses ennemis, il ne couchoit pas deux jours de suite dans un même endroit ; desorte que soit qu’il fût dans les villes, ou dans les camps, on ne savoit précisément quelle étoit la chambre, ou la tente dans laquelle il passoit la nuit. Il commença à regner l’an de l’hégire 325, de J.C. 936, & mourut l’an de l’hégire 334, de J.C. 945, en la ville de Damas. Il laissa pour successeur de son pouvoir Mohammed & Ali, ses enfans sous la conduite & tutelle de Cafor eunuque. Cafor, de tuteur de ces princes, devint bientôt leur maître : car il ne leur laissa aucune autorité, & fut enfin leur héritier & leur successeur. Cependant Cafor étant mort, Ali petit-fils d’Achschid, reprit le titre de prince, que Cafor avoit usurpé : mais il jouit peu de temps de cette principauté, car ce fut sous son regne que les Fatimites conquirent l’Egypte. Ce fut sur Achschid que Saïf-Aldoulat, prince de la race de Hamadam, prit Alep, où il établit le siége de sa principauté, l’an de l’hégire 333. Achschid alla pour le combattre auprès de la ville de Hems ou Emesse ; mais il fut défait & mis en fuite, ce qui l’obligea de se retirer à Damas. Saïf-Aldoulat, après s’être saisi de la ville d’Emesse, se présenta devant Damas, qu’il croyoit devoir lui ouvrir ses portes ; mais se voyant frustré de son espérance, & n’étant pas en état de l’assiéger dans les formes, il prit le parti de retourner à Alep. Toutes ces choses arriverent sous le califat de Mostacfi, que Tozun le Turc avoit mis sur le trône, après en avoir fait descendre Motaki, auquel il fit crever les yeux. Mais ce nouveau calife n’ayant régné que seize mois, & Mothi lui ayant succédé l’an 334 de l’hégire, qui fut fatal à Achschid & à Toxun, Saïf-Aldoulat prit Damas. Cafor, tuteur des enfans d’Achschid, se trouvoit pour lors en Egypte, où ayant été informé de la nouvelle de la prise de cette importante ville, il partit aussitôt avec une puissante armée, & en chassa Saïf-Aldoulat, avant qu’il eût eu le temps de s’y bien établir. * D’Herbelot, biblioth. orient. Hist. des Arabes, tom. IV.

ABOUBECRE, cherchez AGIARI.

ABOUBECRE ou ABUBECRE, fils d’Abdallah, surnommé al-dharir, c’est-à-dire, l’aveugle, musulman dont la vie est écrite par Jaséi, dans la section huitiéme de son histoire. L’auteur du Rabialabrar cite de lui cette sentence : Celui qui croit pouvoir contenter ses desirs par la possession des choses qu’il souhaite, est semblable à celui qui veut étouffer du feu avec de la paille. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOUBECRE ou ABUBECRE, Arabe, auteur d’un livre intitulé, Tacdim Abubecre, c’est-à-dire, le présent d’Abubecre ; c’est un commentaire sur un poëme intitulé, Al-Bediar. * D’Herbelot.

ABOUBECRE ou ABUBECRE BEN AL BEDR, médecin des chevaux de l’écurie de Malec al-Nasser Kelaoun, sultan d’Egypte. Il est auteur d’un livre intitulé, Kamel al Sanatem, ou médecin des chevaux, qui est un traité d’hippiatrique. Il est dans la bibliothéque du roi, num. 940. * D’Herbelot.

ABOUBECRE ou ABUBECRE BEN SAAD, surnommé Moadhassereddin, étoit de la famille nommée Zenghi, & prince de la dynastie des Atabeks. C’’est à lui que Sadi, auteur célébre parmi les Persans, dédia son livre intitulé, Gulistan. * D’Herbelot.

ABOUBECRE ou ABUBECRE AL-DAKKAD, musulman, dont Jaséi a écrit la vie dans la section 86 de ses vies des Saints. C’est lui qui, au rapport de Zamakschari, étant interrogé quelle étoit la plus petite chose que Dieu eût créee, répondit : C’est le monde, puisque, selon l’alcoran, il ne pese pas plus auprès de Dieu que l’aîle d’un moucheron ; puis il ajouta : Mais celui qui l’estime, & qui le recherche, est encore plus petit, & plus léger que lui. * D’Herbelot.

ABOUBECRE ou ABUBECRE BEN IBRAHIM, auteur du livre Akhbar Mouabed-al-Akhbar dans lequel il explique cent trente de ces traditions ou historiettes, reçues de main en rnain, en remontant jusqu’à Mahomet. Elles avoient été omises par les autres auteurs qui avoient traité de cette matiere. Ce docteur mourut l’an 776 de l’hégire. * D’Herbelot.

ABOUBECRE ou ABUBECRE MIRZA, fils de Miran-Schak, & petit-hls de Tamerlan, fut établi par son pere, seigneur de Bagdet. Ce prince, après s’être délivré de son frere, fit la guerre à Carah Joseph Turcoman, chef de la famille de Mouton-Noir. Cette guerre ne lui fut pas heureuse ; car il fut défait deux fois sur l’Euphrate par les Turcomans, dans l’année 810 de l’hégire, & de J.C. 1407, & contraint de s’enfuir dans la province de Kerman, & de-là en celle de Segestan, où il mourut, après avoir fait inutilement quelques efforts pout rentrer dans ses états. * D’Herbelot.

ABOUBECRE ou ABUBECRE BEN-OMAR LAMETHOUNI, prince des Marabouts ou Almoravides, que les historiens Arabes appellent aussi Molatemin. Il établit son empire dans cette partie d’Afrique, que les Arabes nomment Sahra, c’est-à-dire, le désert, & que nos géographes connoissent sous le nom de Saara. Les villes de Ségelmesse & de Sous tomberent sous sa puissance, l’an de l’hégire 462, de J.C. 1069. Il eut pour successeur Joseph Ben Tassefin, qui poussa ses conquêtes beaucoup plus loin. * D’Herbelot, biblioth. or.

ABOUBECRE ou ABUBECRE SCHASBANI, nom d’un très-vaillant homme de la province de Mazanderan, qui naquit dans un village nommé Schasban. On le met au nombre des trois capitaines, qui donnerent le plus de peine à Tamerlan dans la conquête de l’Asie. Celui-ci étoit craint à un tel point par les troupes de ce prince, qu’un cavalier Tartare, voyant que son cheval appréhendoit de se mettre à l’eau, ou se retiroit de la mangeoire, disoit ordinairement : Il semble que mon cheval ait vu Abubecre Schasbani dans l’eau ou dans son avoine. * D’Herbelot biblioth. or.


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