Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Au roy
surprenans, où la Peinture, la Sculpture, l’Architecture, & les autres arts semblent avoir épuisé tous leurs efforts pour se surpasser eux-mêmes : tant d’autres monumens éclatans qui rendront célébre à jamais le regne de Votre Majesté, & qui enrichissent aujourd’hui l’Ouvrage que nous lui présentons ; c’est à Elle seule que nous en sommes redevables. Ses soins prévenans les ont fait naître, & ses libéralités leur ont donné leur perfection. Mais s’il nous est permis de suivre Votre Majesté dans tout le cours de son illustre vie, combien d’autres merveilles offre-t-elle à décrire ? Quelle moisson pour l’Histoire, qu’un regne si glorieux dans toute son étendue ? Des provinces entieres, soumises en moins de temps que d’autres conquérans n’en eussent employé à les parcourir ; un nombre infini de victoires entassées chaque jour sur d’autres victoires ; l’hydre de l’Hérésie abattue, exterminée pour jamais ; des Souverains vaincus & humiliés ; d’autres secourus & protégés ; la Paix tant de fois accordée à des ennemis, vainement enorgueillis de leur nombre : ce n’est là SIRE, qu’une partie des grands événemens que ceux qui ont eu part ce livre ont osé emprunter de Votre Majesté : non pour immortaliser des actions immortelles d’elles-mêmes, Mais pour s’en faire un appuy, qui pût être respecté du Temps & de l’Envie. Dans un ouvrage qui embrasse l’histoire des grands Hommes de tous les siécles, la Postérité rendra justice à la valeur des Alexandres & des Césars, à la sagesse & à la modération des Augustes & des Trajans, à la piété des Constantins & des Théodoses ; mais elle n’y poura voir sans admiration l’auguste nom de LOUIS LE GRAND, paré lui seul de tant d’illustres vertus, que les autres héros n’ont fait que partager entre eux. Comment se defendroit-elle de la surprise, en apprenant un jour tant de faits incroyables dans tout autre que dans Votre Majesté : puisque ceux qui ont le bonheur d’en être témoins, & qui sont chargés d’en parler, sont réduits à s’étonner eux-mêmes qu’ils puissent débiter des vérités, en annonçant des prodiges ? Pour nous, SIRE, frapés de tant de grandeur & de tant d’éclat, nous nous serions contentés d’admirer dans un silence respectueux, si nous n’avions cru être engagés de rendre compte à Votre Majesté d’un Ouvrage qui lui appartient par tant de titres, & qui lui a même été déja consacré ; quoique moins digne alors du plus sage & du plus éclairé de tous les Rois. Trop heureux, si Votre Majesté veut bien le recevoir, comme un témoignage du zèle ardent & du respect très-profond avec lequel nous sommes,
- sire,
- de votre majesté,
& sujets, Le Mercier, Desaint & Saillant,
Herissant, Boudet, Vincent, & Le Prieur.