Le livre des petits enfants/29

La bibliothèque libre.
Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 148-151).


LE NAPOLÉON ENTRE DEUX SOUS.


Vous savez que Jésus-Christ nous dit de « ne pas faire notre aumône devant les hommes afin d’en être vu ; » cela veut dire, mes chers enfants, que nous ne devons pas faire le bien pour être loués des hommes, mais seulement pour être approuvés de Dieu ; car si, en faisant la charité, en soulageant celui qui souffre, nous le faisons pour être regardés et pour que tout le monde le sache, notre action devient mauvaise, puisque nous la faisons par vanité, et « Nous n’en recevrons point la récompense de notre Père qui est aux cieux. »

Écoutez l’histoire d’un enfant pieux qui donna tout ce qu’il avait pour les Missions ; Dieu seul le voyait, et il récompensa sans doute cette aumône, qui fut faite en secret.

Il était à l’Église un jour où l’on prêchait pour les Missions. Quand le sermon fut fini, cet enfant, qui s’appelait George, pria sa Bonne de vouloir bien lui prêter vingt francs. Elle lui demanda ce qu’il voulait en faire. Il répondit que c’était pour aider les Missionnaires qui vont prêcher l’Évangile aux pauvres païens. Mais la Bonne lui fit observer qu’avant tout il devait consulter sa Mère.

Celle-ci était restée chez elle, parce qu’elle était malade. Elle demeurait fort près de l’Église ; George courut bien vite à la maison pendant qu’on chantait le Psaume, et il dit à sa mère en arrivant : « Maman, tu sais que j’ai vingt francs à moi ; donne-les-moi vite pour la Société des Missions. »

Sa Mère trouva que c’était donner beaucoup d’argent, et l’engagea à n’en donner que la moitié. « Non, non ! dit George ; j’aime mieux tout donner. Il y a tant de pauvres enfants ignorants, à qui il faut faire connaître Dieu ! — Eh bien, mon ami, voilà quatre pièces de cinq francs. — Maman, j’aimerais mieux une pièce d’or… — Hé pourquoi, mon fils ? — Parce que ces quatre écus paraissent trop d’argent pour un petit garçon ; tandis que, si j’avais un napoléon, je pourrais le mettre entre deux sous, et l’on ne verrait pas combien je mets dans la bourse. »

La Mère fut bien joyeuse de la réponse de son fils, et lui remit bien vite la pièce d’or qu’il désirait.