Le secret de Zilda/06

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Mon Magazine (paru dans Mon Magazine de février 1926p. 11-12).

VI


Il ne fut plus question de cet incident entre eux, et peut-être, Hermas l’avait-il oublié, car un plus grave souci était venu solliciter son attention : Zilda était sérieusement malade. Le mal qui depuis si longtemps semblait la ronger sourdement, avait fini par la terrasser. La jeune femme se mourait de consomption, et sachant que sa fin était proche, elle attendait la mort avec une sereine résignation.

Un vieux prêtre à cheveux blancs était auprès d’elle ; il tenait à la main le cahier que nous avons vu Zilda dérober si prestement aux regards de son mari, dans le chapitre précédent.

— « Dois-je le lui remettre immédiatement ? » demandait l’homme de Dieu.

— « Oui, répondait la mourante, mais je veux qu’il ne lise qu’après mes funérailles, parce que je ne veux pas que le dernier regard qu’il jettera sur ma dépouille en soit un de dégoût et d’horreur ».

— « Dieu vous pardonnera, murmura le ministre de l’Église, ne pensez plus qu’à Lui. »

Quelques instants plus tard, Hermas entra dans la chambre de sa chère femme, qui n’avait déjà plus la force de parler. Le prêtre lui transmit le message suprême, mais le pauvre homme terrassé par la douleur ne chercha pas le pourquoi de ce caprice d’une moribonde. Il tomba à genoux auprès du lit, secoué de sanglots.