Les Échos (Adolphe-Basile Routhier)/50
CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE AU SÉMI-
NAIRE DE SAINTE-THÉRÈSE
Au milieu des cités, des bourgs et des campagnes,
Une voix douce et forte a frappé les échos,
Traversant les forêts, franchissant les montagnes,
Courant sur le grand fleuve et chantant dans ses flots.
Ecoutez… Ecoutez… c’est la voix d’une mère,
Voix de Sainte-Thérèse, appelant ses enfants ;
Et tous sont accourus, à cette voix si chère,
Déposer à ses pieds leurs cœurs reconnaissants.
Amis, vous étiez attendus !
Dans la demeure maternelle,
Frères, soyez les bienvenus !
De vous notre cœur se rappelle,
Et nous vous avons reconnus.
Dans la demeure maternelle,
Qu’elle fut longue votre absence !
Qu’il me tardait de vous revoir !
Enfants dont la charmante enfance
Fut mon amour et mon espoir !
Pour guider vos nefs voyageuses,
Ai-je manqué de quelque soin,
Moi qui sur les mers orageuses
Toujours vous ai suivis de loin ?
Au sein des tempêtes du monde,
Mère, nous avons bien des fois
Regretté cette paix profonde
Et ces heureux jours d’autrefois.
Aussi quand ta douce parole
À notre oreille a retenti,
Quel transport d’allégresse folle
Notre âme a soudain ressenti !
Et courant tous d’un pas agile,
Jeunes, légers comme à vingt ans,
Nous avons revu cet asile
Témoin de notre heureux printemps !
Hélas ! hélas ! mère chérie,
Nous n’avons pu revenir tous ;
Mais dans l’éternelle patrie
Ceux qui manquent pensent à vous !
Salut ! Salut ! Troupe fidèle,
Amis, vous étiez attendus !
Dans la demeure maternelle,
Frères, soyez les bienvenus !
De vous notre cœur se rappelle,
Et nous vous avons reconnus.
Dans la demeure maternelle,
Frères, soyez les bienvenus.
Ces murs ont tressailli ;
Ils ont senti renaître
Tout un passé vieilli.
Les arbres du bocage
Qui sont devenus grands
Ont revu leur jeune âge
Et, de vos premiers ans
Gardant encor l’image,
Leurs rameaux odorants
Ont sur votre passage
Incliné leur feuillage
Amis, chantons avec ivresse
Ce jour de joie et de bonheur !
Disons les transports d’allégresse
Qui s’échappent de notre cœur !
Oh ! que nous sommes bien ensemble
Et qu’il fait bon de nous revoir !
Pourquoi le jour qui nous rassemble,
Si pleins de bonheur et d’espoir,
Pourquoi ce jour a-t-il un soir ?
Et toi, maison bénie,
Que le Dieu tout-puissant
Étende sur ta vie
Son regard bienfaisant.
Toujours notre mémoire
Garde ton souvenir.
Amour, honneur et gloire,
Beaux jours dans l’avenir !
Séminaire de Sainte Thérèse, Juin 1875.
- ↑ Musique de M. Gustave Smith.