Les Écoles de charité à Paris sous l'Ancien Régime et dans la première partie du XIXe siècle

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Extrait des Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris
et de l’Île-de-France
, tome XXXIX (1912).



LES
ÉCOLES DE CHARITÉ
A PARIS
SOUS L’ANCIEN RÉGIME
ET DANS LA PREMIÈRE PARTIE DU XIXe SIÈCLE



PAR
M. FOSSEYEUX
DOCTEUR ÈS LETTRES
SOUS-ARCHIVISTE DE L’ASSISTANCE PUBLIQUE




PARIS
1912




BIBLIOGRAPHIE


SOURCES MANUSCRITES.

Ancien régime.

Archives nationales.

Nous avons dépouillé aux Archives nationales les registres de délibération des fabriques des paroisses, les registres de fondations, les cartons concernant les congrégations enseignantes et les papiers du P. Léonard, qui contiennent des pièces curieuses sur l’histoire des paroisses parisiennes sous l’ancien régime et ceux de la « chantrerie » du Chapitre de Notre-Dame.

Nous avons trouvé des documents sur notre sujet, en particulier dans les cartons ou registres suivants :

LL. 372. Registre contenant la réunion des factums de « messire » Claude Joly, chantre et chanoine de Notre-Dame de Paris, au sujet des procès contre les curés ou l’Université. Les pièces concernant ses différends avec les curés sont les suivantes : 1° Extraits des registres des conclusions capitulaires de l’Église de Paris par lesquelles il paroist que le droit des écoles de grammaire dans la ville et banlieuë de Paris appartient à messieurs du chapitre et au chantre de ladite église et que messieurs les curez de Paris ny autres n’ont aucun pouvoir d’enseigner ny de faire enseigner les enfans de l’un et l’autre sexe, pauvres ni riches, hors les collèges de l’Université, sans leur permission. Pour servir de factum général contre lesdits sieurs curez et autres tenans écoles dans la ville de Paris et banlieuë sans ladite permission (impr., in-4o, 44 p). — 2° Factum pour les curez de Paris contre messire Claude Joly, chantre et chanoine de Notre-Dame de Paris, touchant les écoles de charité, présenté à Mgr l’archevêque de Paris (impr., in-4o, 38 p.). — 3° Factum pour servir de réponse par-devant Mgr l’archevêque de Paris pour les doyen et chapitre et le chantre de Paris, collateur et directeur des petites escoles de la Ville, faubourg et banlieuë de Paris, tant pour eux que pour les maistres en charge de la communauté desdites écoles, intimez contre les sieurs curez de Saint-Louis-en-l’Isle, Saint-Nicolas-des-Champs, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Séverin et autres curez de Paris, joints, appellans (impr., in-4o, 40 p.). — 4° Éclaircissement à Mgr l’archevêque de Paris pour messieurs les doyen et chapitre et le sieur Joly, chantre et chanoine de Paris, sur un factum en apostilles intitulé : Réponse des curez de Paris au second factum... (impr., in-4o, 71 p.). — 5° Extraits des registres du Parlement du 25 mai 1691. —6° Transaction entre les sieurs doyen, chanoines et chapitre de Notre-Dame et les sieurs curez de la ville et fausbourgs de Paris, 18-20 mai 1699 (Paris, Muguet, 1701, in-4o).

L. 716. Recueil sur les paroisses, formé par le P. Léonard, contenant divers règlements, imprimés ou manuscrits, de charités paroissiales et d’écoles de charité : Règlement de l’école de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, arrêté en l’assemblée tenue chez M. le Curé le 16 avril 1679 (ms.). — Règlemens pour les escholes de charité de la paroisse de Saint-Paul (Paris, Le Cointe, 1665, in-16, 36 p.). — État présent des bonnes œuvres et écoles charitables de la paroisse Saint-Sulpice, du 1er  décembre 1697 (impr.). — Transaction de 1699 (impr.). Ce carton contient également des règlements des Compagnies de charité des paroisses Saint-Paul, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Eustache, Saint-Séverin, Saint-Sulpice, Saint-Germain-l’Auxerrois.

LL. 793-94. État en forme de journal des papiers concernant la cure et paroisse de Saint-Jacques et Saint-Philippe-du-Haut-Pas (t. I, 1562 à 1731, et t. II, 1732 à 1770), École de charité des filles (t. I, fol. 117) et des garçons (t. II, fol. 569).

LL. 821. Inventaire des titres et fondations de la paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles (1735) ; fol. 242 vo, fondation d’une école de charité par Guillaume Santeuil et Jérôme d’Aubray (15 mai 1665) ; fol. 253 vo, fondation de Noël Le Blond, curé, pour mettre en métier des enfants des écoles de charité (29 novembre 1697).

L. 630. Donation pour une école de charité dans la paroisse Saint-André-des-Arcs (2 mars 1780).

L. 688. Paroisse Saint-Nicolas-des-Champs. Divers testaments en faveur des écoles de charité.

L. 709. Paroisse Saint-Séverin. Règlements des trois Compagnies de charité, dont l’une est chargée des écoles.

LL. 865. Registre concernant la réduction des fondations dans la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, 1750 (voir fol. 2 et 93).

G8* 2794. Registre du Bureau de l’agence générale du clergé, p. 299 : Avis sur la question de savoir si le droit de nommer les maîtresses des écoles de charité de la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs appartient aux marguilliers ou au desservant en vertu de lettres du chantre (4 décembre 1765).

LL. 815, 16, 17. Registres de délibérations de la fabrique de la paroisse Saint-Laurent (t. I, 1642-1703 ; t. II, 1703-1732 ; t. III, 1732-1777). Renseignement sur les fondations de Caboud, prêtre habitué, puis vicaire de la paroisse (1709), sur le legs de Mme  Reverend pour l’école de charité des filles (1712), sur les nominations des maîtres d’école faites, de concert avec l’administration de l’Hôtel-Dieu, en vertu de la fondation de François Choart (20 janvier 1691). L. 670. Paroisse de la Madeleine de la Ville-l’Évêque. Pièces concernant les rentes laissées par le duc de Béthune-Charost pour les écoles de garçons (23 septembre 1757) et l’école de charité tenue par les Filles de Sainte-Marie-Madeleine.

L. 648. Paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois. Constitution de rentes pour les écoles, par les curés Mercier (13 août 1700) et La Brue (4 mai 1715).

S. 3333. Paroisse Saint-Eustache. Pièces concernant la Confrérie de Notre-Dame-du-Bon-Secours. Autorisation d’acheter une maison, rue Montmartre, pour agrandir celle des sœurs de charité (10 février 1767).

L. 698. Paroisse Saint-Paul. Fondation en faveur des écoles. Lettres patentes pour l’établissement d’une communauté séculière au faubourg Saint-Antoine pour instruire les jeunes filles, sous la conduite d’Aymée de Buha (septembre 1682) ; pièces sur les Filles de Sainte-Marthe et Mme  Théodon.

S. 3438. Paroisse Sainte-Marguerite, testament de J.-B. Goy, curé, en faveur des écoles de charité.

L. 683. Paroisse Sainte-Marguerite. Constitutions de rentes en faveur des écoles de charité (legs Briot, 2 juillet 1719, etc.).

L. 665. Paroisse Saint-Jean-en-Grève. Instruction pour les enfants des écoles de charité qui concourent aux apprentissages de métier fondés en 1779.

S. 3359-60. Paroisse Saint-Gervais. Pièces concernant l’acquisition de la maison habitée par les sœurs de charité, rue des Barres, au coin de la rue Grenier-sur-l’Eau (13 février 1714).

LL. 920. Paroisse Saint-Sauveur. État des fondations dressé en 1730. Fondation d’un maître d’école en 1682 (fol. 82).

S. 3324. Paroisse Saint-Étienne-du-Mont. Donations en faveur des écoles de charité.

S. 7048-50. Cartons renfermant des pièces sur les écoles de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont tenues par les Filles de Sainte-Geneviève ou Filles noires (baux de la maison de l’ancien cloître, 31 juillet 1692, 22 juillet 1743 ; dons de rentes: lettres d’établissement délivrées par le R.-P. Beurrier, abbé de Sainte-Geneviève, et ci-devant curé, 17 juin 1669 ; contrat de communauté, 11 septembre 1669 ; contrat de fondation, 27 mars 1670, et lettres patentes d’avril 1677, registrées au Parlement le 23 mai 1678).

S. 7046-47. Cartons renfermant des pièces sur les écoles de la paroisse Saint-Sulpice ; les Frères de Saint-Yon, rue Notre-Dame-des-Champs, les Filles de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer (donations de maisons, de rentes, etc.).

L. 775 et L. 1061. Cartons concernant l’établissement des Filles de Saint-Joseph au faubourg Saint-Germain, leurs propriétés et les orphelines.

K. 970. Contient, entre autres pièces sur diverses communautés, le règlement de la maison d’instruction des Pauvres filles, rue du Gindre, et les orphelines de la rue de Grenelle (paroisse Saint-Sulpice).

S. 7045. État des charges et revenus des écoles charitables des Filles du Saint-Enfant-Jésus, rue Saint-Maur (paroisse Saint-Sulpice).

S. 7051. Pièces sur la maison royale de l’Enfant-Jésus, rue de Sèvres, fondée en 1718, confirmée par lettres patentes de décembre 1751 (paroisse Saint-Sulpice).

M. 57. Pièces sur les sœurs des écoles charitables dites de l’ Enfant-Jésus, rue Saint-Maur, accord avec Messieurs du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Ecoles du faubourg Saint-Laurent et du faubourg Saint-Antoine.

M. 60. Pièces sur l’établissement des Filles de la Providence, rue de l’Arbalète, qui tenaient un « séminaire » d’orphelines. Rentes et fondations (1655-1762).

S. 6157-60. Cartons concernant les Filles de charité ou Sœurs grises. Titres de propriété. Donations. États de leurs écoles. Déclaration de leurs biens, du 11 février 1790. Traité avec les établissements desservis par elles, etc.

LL. 801-2. Paroisse Saint-Jean-en-Grève. Délibérations. Celles des 6 septembre, 16 décembre 1688, 30 décembre 1688, 8 juin 1717, 12 décembre 1718, concernent des nominations de maîtres d’écoles.

LL. 917. Paroisse Saint-Roch. Délibérations, fol. 626-630, 804-816, documents concernant la fondation du frère Ange de Joyeuse : la plupart ont été reproduits in-extenso dans le Bulletin d’histoire et d’archéologie du diocèse de Paris, t. II, 1884, p. 270 : Documents pour servir à l’histoire de Saint-Roch.

L. 963. Mémoire historique et détaillé des établissements des Frères des écoles chrétiennes dans le ressort du Parlement de Paris.

L. 1056. Vie d’Anne de Croze, [fondatrice des écoles de charité de la paroisse Saint-Louis-en-I’Ile], 1751, ms., 144 p.

X1a 8712. Fol. 310, règlement de l’école des filles de la paroisse Saint-Louis-en-l’Île et de la chambre de travail.

X1a 8765. Fol. 12, autorisation d’exécution du legs d’une maison en faveur de l’école de charité des filles de la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet par Mme Chaumont de la Galaizière (avril 1758).

G8 728. État des écoles et autres œuvres de charité de la paroisse Saint-Sulpice, 1er  décembre 1697. (Prospectus imprimé de 4 p.)

Les registres d’audience de la chantrerie, de 1771 à 1790, conservés aux Arch. nat., Z2 3146-49, que nous avons dépouillés, concernent uniquement les petites écoles payantes (serments de maîtres d’écoles, remises de frais, amendes, déclarations de vacances, etc.) qui sont en dehors de notre sujet, limité aux écoles gratuites.

Bibliothèque nationale.

Ms. fr. 15508, fol. 209 : Factum pour les curés de Paris contre messire Claude Joly, chantre et chanoine de Notre-Dame de Paris, touchant les écoles de charité ; présenté à Mgr l’archevêque de Paris (le même dans Recueil Thoisy 42, fol. 250, et imprimé, in-fol., Fm. 12689, 1681). — Fol. 229 : Réponse des curés de Paris au second factum de messire Claude Joly … touchant les écoles de charité; présentée à Mgr l’archevêque de Paris. Arrêts de la Cour du Parlement pour les écoles en faveur des curés, 28 mai 1647-25 septembre 1681 (le même dans Recueil Thoisy 42, fol. 290, et imprimé, in-fol., Fm. 12691). — Fol. 173 : Éclaircissement à Mgr l’archevêque de Paris pour messieurs les doyen et chapitre et le sieur Joly … sur un factum en apostilles intitulé : « Réponse des curés de Paris au second factum de messire Claude Joly … touchant les écoles de charité (le même dans Recueil Thoisy 42, fol. 310, et imprimé, in-4o, Fm. 23811).

Ms. Clair. 566, fol. 110 : Réponse des curés de Paris au troisième factum de messire Cl. Joly intitulé « Eclaircissement… », présentée à Mgr l’archevêque de Paris (le même dans Recueil Thoisy 42, fol. 346, et imprimée, in-fol., Fm. 12690) ; fol. 131, même document qu’au manuscrit franç. 15508, fol. 209).

Voir aussi : Extrait de la sentence arbitrale du 20 septembre 1684 entre le chantre et les curés (in-4°, Fm. 34788). — Traité historique des écoles (Paris, Thiboust, 1689) (Thoisy 320, fol. 164). — Factum pour les curés de Paris contre Claude Joly touchant les écoles de charité (in-fol., Fm. 12689).

Ms. fr. 8130. Recueil de pièces sur la mendicité, fait par ordre de Turgot. A noter un Mémoire en faveur des orphelins élevés dans les hôpitaux de Paris.

Ms. fr. 2356, fol. 28 : Mémoire adressé au roi par l’abbé Chenevières sur la nécessité d’établir dans chaque diocèse un séminaire de maîtres et maîtresses d’écoles.

Ms. fr. 11759. Conduite des écoles chrétiennes divisée en trois parties (XVIIIe siècle).

Collect. Joly de Fleury, nos 1586, 1587 et 1588. Pièces concernant les fondations charitables dans les paroisses. A signaler particulièrement : pour Saint-Germain-l’Auxerrois (1586), l’arrêt du Parlement du 10 février 1758 homologuant le legs universel du curé Raunay et servant de règlement pour l’administration des biens et revenus des pauvres ; pour Saint-Jean-en-Grève (1587, fol. 27), le règlement manuscrit de la Compagnie de charité sous l’invocation de saint François de Sales et le mémoire imprimé touchant l’établissement des écoles de charité ; pour Saint-Laurent (1587, fol. 63), le règlement manuscrit de l’assemblée de charité pour le soulagement des pauvres honteux, malades, et pour l’entretien et la direction des écoles de charité ; pour Saint-Roch, un historique des écoles de charité dans le mémoire imprimé des marguilliers contre le curé Marduel, 1786 (1588, fol. 143 à 191) ; pour Saint-Séverin, les arrêts du Parlement homologuant le règlement des deux Compagnies de charité. On trouve aussi au no 1237, fol. 215, une correspondance concernant la demande faite par les sœurs des écoles charitables de la rue Saint-Maur pour être érigées en communauté ; au no 1282, fol. 12, une consultation sur les établissements dans les paroisses pour les écoles de charité, 1751, imp. ; au no 1639, fol. 446, le mémoire imprimé concernant les écoles de la paroisse Saint-Jean-en-Crève et, au no 1641, diverses pièces concernant la situation faite aux écoles de charité par l’édit d’août 1749 ; enfin aux nos 447, dossier 5386, le mémoire imprimé sur les écoles de Saint-Jean-en-Grève, et 356, dossier 3900, quelques pièces sur les écoles charitables de l’Enfant-Jésus.

Archives paroissiales.

Archives de Saint-Merry. — Comptes de M. Rouland, puis de M. Defays, trésoriers des Pauvres de la charité de Saint-Merry de 1772 à 1793 (reg. in-fol.). Acquits de divers maîtres d’école et pièces justificatives de dépenses. Divers mémoires imprimés sur des affaires contentieuses concernant les fondations charitables et les écoles de charité. Lettre du lieutenant général de police Lenoir réclamant de la part du Contrôle général la liste des fondations charitables de la paroisse (7 décembre 1774) et lettre de rappel (25 mars 1775).

Archives de Saint-Sulpice. — Archives de la fabrique, 2e  section, paragraphe 8, instruction religieuse (d’après le classement de ces archives fait par Nau, avocat, membre de la fabrique, en 1836). Textes imprimés des transactions intervenues au XVIIe siècle entre les curés de Paris et le chantre de Notre-Dame. Réponse du curé Depierre à une enquête sur les établissements d’instruction formés depuis 1802, faite en 1811 par le ministre des cultes Bigot de Préameneu. — On trouve également des renseignements épars dans le Mémorial de l’église de Saint-Sulpice (1610-1793), 4 vol. ms., in-fol., contenant, outre un historique de la paroisse, les titres de propriété de rentes ; les Comptes de recettes et dépenses des marguilliers comptables, Bro, Charas, Bourgnarel, Olivier, de 1780 à 1789 (10 vol. rel.). Le Mémorial général des fondations (Paris, Thiboust, 1764, 3 vol. rel.). Il existe également un dossier sur l’Enfant-Jésus (lettres patentes de 1751) et un dossier sur les Jeunes-Orphelines (lettres patentes de 1678 et de novembre 1778). Enfin la paroisse conserve les délibérations du Conseil de fabrique depuis 1804 et les comptes depuis 1803.

Archives de Saint-Eustache. — Registres des délibérations de la fabrique sous la période révolutionnaire (t. 1, 1795 à 1798 ; t. II, 1798 à 1803 ; t. III, 1803 à 1810) contenant des indications diverses sur les locaux occupés par les écoles, notamment t. II, fol. 80, 1er  octobre 1803, et t. III, fol. 18, 16 mars 1804.

Les recherches que nous avons faites dans les autres paroisses de l’ancien Paris, à Saint-Séverin, Saint-Nicolas-des-Champs, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Jacques-du-Haut-Pas, Saint-Gervais, Saint-Paul, Saint-Louis-en-l’Île, Saint-Roch, Saint-Germain-l’Auxerrois, sont demeurées infructueuses.

Bibliothèque Mazarine.

Ms. 2452. Vie de A. Bourdoise, 1694, par Descoureaux, in-4o.

Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Ms. 1986. Livre des règlements de la communauté de Sainte-Agnès, in-12.

Ms. 26818. Compte de l’administrateur de la Compagnie de charité de Saint-Eustache, J.-B. Trudon de Roissy.

Ms. 186, nouv. acq., fol. 403 à 413. Constitutions de la congrégation de Sainte-Geneviève (1734).

Bibliothèque Sainte-Geneviève.

Ms. 1941. Mémoire des curés de Paris contre le Chapitre et mémoire du Chapitre au Parlement (1678).

Bibliothèque du Sénat.

Ms. 948. Fondations charitables de la paroisse Saint-Sulpice.

Bibliothèque de l’Arsenal.

Ms. 2565. Règlements imprimés des assemblées de charité des paroisses de Paris. On y trouve ceux des paroisses Saint-Eustache (1654), Saint-Germain-l’Auxerrois (1658), Saint-Séverin (1673), Saint-Paul (1672). Procès-verbaux manuscrits des assemblées tenues en 1656 dans la chambre de Le Conte, administrateur de l’Hôtel-Dieu, par les délégués des paroisses de la Compagnie du Saint-Sacrement contenant diverses délibérations sur les écoles paroissiales.

Ms. 2568. Abrégé du règlement de la communauté des Filles de Sainte-Geneviève contenant le détail des exercices, emplois, offices et observances marquées dans leurs constitutions (la 2e  partie de ces constitutions à partir du fol. 167 est relative aux écoles).

Archives de la Bastille, 10183 et 10184. Rapports sur les communautés de Sainte-Marthe, de Sainte-Agathe, de l’Instruction chrétienne.

Archives de l’Assistance publique.

Liasses 417 et 418. Donation Ét. Gaillard (27 juin 1711) pour l’entretien d’un maître et d’une maîtresse d’école au faubourg Saint-Antoine.

Liasse 1184. Fondation Ch.-Fr. Talon, curé de Saint-Gervais, pour une école de charité (28 juin 1648).

Période moderne.

Archives nationales.

AD VIII 29. Écoles de charité : Plan simple, facile et uniforme d’une éducation républicaine et populaire par Delaruelle, député du Loiret, imprimé par ordre de la Convention nationale. Programme des jeux gymniques, maison d’Orsay, rue de Varennes, no 667, Pétition présentée par la citoyenne Montgéry le 27 janvier 1793.

F13 840. Travaux à l’école de charité de Saint-Thomas-d’Aquin (an IV).

F15 105. Règlement de la Société de Charité du Xe arrondissement pour les écoles de charité (10 vendémiaire an XIV) et acte de constitution de cette Société (21 messidor an XIII).

F15 140. Correspondance concernant des travaux faits en 1808 dans la maison des sœurs de charité de la rue du Vieux-Colombier.

F15 1318. Plan en faveur des orphelins élevés dans les hôpitaux de Paris. Réflexions sur les inconvénients qui se rencontrent dans la constitution de l’administration actuelle des hôpitaux d’orphelins (1776-1785).

F15 1883. Règlement pour les écoles et ateliers de bienfaisance à Chaillot (Imp.). — Dossier concernant la répartition du secours annuel de 12,000 fr. prélevé sur les octrois de bienfaisance par le ministère de l’Intérieur en faveur de l’institut des Sœurs de charité et supprimé en 1809.

F17 190. Registre des maîtres et supérieurs des Écoles chrétiennes au 5 avril 1819 (liste pour Paris au fol. 221).

F17 1761. Lettre du bureau de bienfaisance de la division des Champs-Élysées au grand maître de l’Université (6 septembre 1810). Lettre de Fabrègue, cure de Saint-Merry, demandant l’autorisation de remplacer les laïcs par les Frères des Écoles chrétiennes aux divisions des Arcis et de la Réunion (23 décembre 1810). Lettre du bureau de bienfaisance de l’Arsenal concernant la vaccine des enfants (21 septembre 1810). Remplacement des laïcs par les Frères au bureau de bienfaisance de la division de l’Homme-Armé (arrêté du 29 novembre 1810).

F17 1766. Autorisation accordée à l’Association de charité de la paroisse Saint-Roch d’ouvrir deux écoles gratuites (1813).

F17 1770. Pièces concernant la concession au collège de Lisieux pour l’établissement de l’« École élémentaire » créée par décret du 30 avril 1815.

F17 1776. Pièces concernant un projet d’échange entre l’école du bureau de bienfaisance du IVe arrondissement, rue Saint-Germain-l’Auxerrois, et un immeuble domanial, rue Jean-Lantier ; le transfert de l’école de charité de la rue du Petit-Musc il la rue des Barres ; un projet d’école rue Popincourt (1819).

F17 1779. Pièces concernant l’école pratique d’enseignement mutuel de la rue des Vinaigriers, en particulier le rapport de l’inspecteur d’Académie Rousselle et les lettres de protestation de Paradis, curé de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle (25 septembre 1829), et de Martinet, curé de Saint-Laurent (16 septembre 1829), contre cet établissement.

F17 1783. Demande de secours au ministère en faveur de l’école de la rue des Billettes, dirigée par le pasteur Stolz (confession d’Augsbourg). Lettre du bureau de bienfaisance du Ve arrondissement à Guizot pour l’inviter à présider la distribution des prix des écoles de charité (26 août 1833) et refus de ce dernier. Délibération du Comité d’instruction primaire du IXe arrondissement, du 26 novembre 1832, concernant le rattachement des écoles de charité à la municipalité. Avis du Comité cantonal du VIIIe arrondissement (23 janvier et 28 février 1833) concernant l’ouverture d’une nouvelle école tenue par les Frères, rue Saint-Bernard.

F17 1785. Lettre du ministre à M. Cochin demandant des renseignements sur les écoles dépendant du Conseil général des hospices (21 octobre 1833). Plainte des chefs d’externats contre la gratuité des écoles (23 août 1833).

F17 78108. Pièces sur les écoles tenues par les Frères. Lettre du supérieur de l’école de la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois demandant une subvention au ministère (6 avril 1825) et réponse de Mgr de Frayssinous. Demande d’établissement d’un petit noviciat à Paris (21 mai 1825). Rapports des inspecteurs d’Académie Daburon et Raynal (1818). Tableau des écoles en 1818. Dossier sur les Écoles chrétiennes du faubourg Saint-Antoine (Frères Tabourin).

F17 78110. Liste des Frères des Écoles chrétiennes au 15 mars 1819. Liste des Frères de la Société des écoles chrétiennes du faubourg Saint-Antoine au 16 novembre 1821. Relation d’une bataille entre écoliers des Frères de l’école de la rue de Bièvre et des Sept-Voies et ceux de l’École d’enseignement mutuel de la rue Jean-de-Beauvais (20 novembre 1819).

F17 78111. Pièces concernant les dispenses de service militaire demandées par les Frères en vertu de l’article 15 de la loi du 10 mars 1818 (1818-1823).

F17 63003. Pièces concernant les écoles secondaires de la Seine, parmi lesquelles se trouve un dossier sur Sainte-Barbe, où Victor de Lanneau a fondé une école gratuite. Rapports à Fourcroy sur cette école (24 frimaire an XII et 12 novembre 1806).

Nous avons dépouillé dans la série F17 tout ce qui concerne l’enseignement primaire à Paris, ou tout au moins tout ce que nous avons pu en découvrir, le classement détaillé de cette série n’étant pas fait. Il faut ajouter qu’elle comporte de graves lacunes, notamment les registres-journaux de comptabilité de 1809 à 1825 et les livres de caisse de 1808 à 1833, détruits par mesure administrative en 1859 (cf. Aulard, Napoléon Ier et le monopole universitaire. Paris, 1911, in-12, Avant-propos, p. viii).

F17 1317b. Ce dossier, concernant l’enquête faite par le Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative en 1791, ne contient rien sur l’instruction primaire à Paris, mais seulement un état des revenus des fondations pour les collèges et séminaires.

On trouve également des indications précieuses dans les rapports de la Commission administrative de la police de Paris, créée le 14 fructidor an II et qui fonctionna jusqu’au 15 frimaire an IV, conservés aux Archives nationales. Un grand nombre de ces rapports ont été publiés soit par M. Aulard dans son ouvrage sur Paris sous la réaction thermidorienne et sous le Directoire, 5 vol. in-8o, soit par M. Tuetey, l’Assistance publique à Paris pendant la Révolution, 4 vol. in-40.


Archives des bureaux de bienfaisance dans les mairies.

La plupart des bureaux de bienfaisance des anciens arrondissements ont conservé la collection de leurs délibérations pour la période qui nous occupe :

Ier arrondissement (ancien IVe). Procès-verbaux à partir de 1801.

IIe — Procès-verbaux des séances à partir du — 12 septembre an II (1793). Ille (ancien VIe). Procès-verbaux des séances à — partir d’octobre 1816, sauf les années 1825 à 1828. IVe Ve

— —

VIe

Vile

Ville

IXe

— —

Xe

XIe

XIIe

— …

(ancien IXe, VIIe). N’a rien conservé. (ancien XIIe). Collection complète versée aux archives de l’Assistance publique. (ancien XIe). Registre du comité de bienfaisance du Théâtre français de février 1807 à mars 1811. (ancien Xe). Procès-verbaux à partir de 1816. (ancien le). Procès-verbaux depuis 1813. (ancien 1er, Ile, Ille). Rien. (ancien Ille et Ve). Procès-verbaux depuis 1816.

(ancien VIIIe). Registres versés aux archives de l’Assistance publique. (ancien VIlle). Rien.

Archives de l’Assistance publique.

Collection des arrêtés du Conseil général des hospices (1802-1849), 207 vol. in-fol. Très importante. Rapports annuels, manuscrits ou imprimés des bureaux de bienfaisance des douze anciens arrondissements de Paris (1802-1819).

Collection imprimée des Comptes moraux de l’Administration des hospices depuis 1802. Atlas de plans des écoles de charité et maisons de secours (vers i83o). Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/17 la place aux sœurs envoyées par le curé de Saint-Nicolas-des-Champs pour leur succéder (7 avril 1791).

Section du Roule. — Procès-verbal dressé au sujet du tumulte populaire contre les Sœurs des écoles de la rue de la Ville-l’Évêque qui refusent de prêter serment (15 mai, 24 août 1792).

Section de la Fidélité. — Procès-verbal d’ouverture des chambres occupées par les écoles de l’ancienne paroisse de Saint-Jean-en-Grève, dressé à la requête de Poyet, architecte de la Ville (11 août 1791).

Section de la Butte-des-Moulins. — Lettre du commissaire de police au commandant du bataillon de Saint-Roch lui exprimant ses craintes de trouble à propos du faux manifeste de l’empereur et de l’ouverture des écoles de garçons, celle des filles restant fermées (9 mai 1791).


SOURCES IMPRIMÉES.

Ancien régime.

Ouvrages d’ensemble.

Cl. Joly, Traité historique des écoles épiscopales et ecclésiastiques. Paris, 1678, in-16. On trouve l’indication des ouvrages relatifs au conflit qui a donné naissance à ce livre dans la Bibliothèque historique de la France, de Lelong, édit. de Fevret de Fontette, t. IV, p. 5 et 6, et le détail des factums produits pendant le procès du chantre avec les curés, dans l’Histoire du diocèse de Paris, de Lebeuf, édit. Cocheris, t. I, p. 43-44.

Mémoires du Clergé, édit. de 1778, 12 vol. in-4o, t. I, p. 969-1086 (ch. ii du titre V), donnent en particulier le texte des arrêts concernant la juridiction du chantre, les communautés enseignantes et les droits des curés.

[D. Jousse], Traité du gouvernement spirituel et temporel des paroisses. Paris, 1773, in-12.

L’Escole paroissiale ou la manière de bien instruire les enfans dans les petites escoles, par un prestre d’une paroisse de Paris. Paris, 1654, in-12.

Essai d’une École chrétienne ou manière d’instruire chrétiennement les enfants dans les écoles. Paris, 1724, in-18.

Le Parfaict ecclésiastique ou diverses instructions sur toutes les fonctions cléricales par Cl. de La Croix, prestre du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Lyon, 1676, in-4o. L’auteur parle à diverses reprises des écoles de paroisse.

Tableau de Paris, 1765, in-8o. L’auteur donne une liste par paroisses des écoles de charité et des écoles d’enfants de chœur.

P. Pompée, Rapport historique sur les écoles primaires de la ville de Paris depuis leur origine jusqu’à la loi du 28 juin 1833. Paris, 1839, in-8o. La première partie concernant l’Ancien Régime jusqu’en 1684 a seule paru. Le chapitre vii, traitant des écoles de charité, n’est qu’un résumé du traité de Claude Joly.

Abbé E. Allain, L’Instruction primaire en France avant la Révolution. Paris, 1881, in-12. L’auteur parle peu de Paris, mais consacre au début un assez bon chapitre (p. 1 à 20) aux sources de l’histoire de l’enseignement primaire.

A. Franklin, La Vie privée sous l’ancien régime : Écoles et collèges. Paris, 1891, in-12. L’auteur se contente de reproduire au chapitre iv la liste des écoles de charité qui figure dans le Tableau de Paris.

J.-M. Richard, l’Enseignement primaire à Paris dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, dans L’Union des 21, 22, 26 avril 1873. Articles référencés.

L.-M. Tisserand, les Petites écoles de Paris avant 1789, dans Revue des sciences et des lettres, 1888, p. 145-156, 288-301. Référencé.

Nicolet, l’École primaire protestante en France jusqu’en 1789, Auxerre, 1891, in-8o (thèse de théologie protestante).

L. Cahen, les Idées charitables à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, d’après les règlements des Compagnies paroissiales de charité, dans Revue d’histoire moderne, t. II, 1900-1901. Référencé.

E. Brunet, les Compagnies paroissiales de charité à Paris sous l’ancien régime. Paris, 1906, in-8o (thèse de théologie protestante). Bibliographie et chapitre sur les écoles de charité.

G. Compayré, Histoire critique des doctrines de l’éducation. 2 vol. in-8o. Voir, en particulier, t. I, liv. II et liv. IV.

A. Lechevallier, le Maître d’école sous l’ancien régime et l’École primaire sous l’ancien régime, dans Revue pédagogique, 1906-1907. S’occupe surtout de la province.

La plupart des monographies de paroisses que nous avons consultées ne nous ont été d’aucune utilité pour notre sujet. Nous avons cependant trouvé quelques mentions sur les écoles dans :

C. Hamel, Histoire de la paroisse Saint-Sulpice. Paris, 2e  édit., 1910, in-8o.

A. Marcel et J. Garin, Saint-Ambroise de Popincourt. Paris, 1909, in-12.

J. Gaston, La Paroisse Saint-Hippolyte. Paris, 1908, in-8o.

Abbé P. Schœnher, Histoire de la paroisse et du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Paris, 1909-1911, 2 vol. in-8o.

L.-M. Casabianca, Histoire de la paroisse Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Paris, 1908, in-8o.

C. Baloche, Histoire de Saint-Merry. Paris, 1912, 2 vol. in-8o.

Règlements d’écoles.

On trouve à la Bibliothèque nationale :

Règlement et méthode pour les écoles. Paris, Fr. Muguet, 1709, in-16, 96 p., et table. Concerne à la fois les petites écoles et les écoles de charité, mais plus particulièrement ces dernières. [Bibl. nat., R. 48496.]

Règlemens de la Compagnie de charité de Messieurs de Saint-Paul, établie en 1655. Paris, 1665, in-16. [Bibl. nat., R. 48529.]

Règlemens de l’Association de charité de Messieurs, établie dans la paroisse Saint-Gervais pour le soulagement des pauvres honteux et pour l’entretien et la direction des écoles de garçons. Paris, 1705, in-16. [Bibl. nat., R. 48528.]

Règlemens de Saint-Louis-en-l’Ile. Paris, Coustelier, 1685, in-16. [Bibl. nat., R. 48531.]

Règlemens pour la Compagnie de charité de Saint-Roch. Paris, Delespine, 1717, in-12. [Bibl. nat., R. 48553.]

Règlemens de la Compagnie de charité de Saint-Germain-l’Auxerrois. 1737, in-12. [Bibl. nat., R. 48540.]

Règlemens pour ceux qui visiteront les petites écholles où l’on envoie les pauvres enfans de la paroisse Saint-Sulpice aux frais de la charité, in-16. — Règlemens de l’école charitable, entretenue pour l’instruction des pauvres filles de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont. Paris, 1675. — Règlemens de l’école établie par M. le curé et la Compagnie de Messieurs de charité de la paroisse Saint-Estienne-du-Mont pour l’instruction populaire des pauvres garçons de la paroisse. 1679. [Bibl. nat., R. 27199-208.]

On trouve aussi à la Mazarine :

Règlement de la Compagnie de charité de Saint-Etienne-du-Mont (1635). [Maz. 42647, 11e pièce.]

Règlement pour la communauté des filles établies pour l’instruction des pauvres filles de la paroisse Saint-Roch, approuvé par l’archevêque de Paris et registré en Parlement le 28 février 1687, Paris, Ch. Ballard, 1688. [Maz. 3309.]

Factum pour et contre les curés de Paris concernant les écoles de charité. 1681, in-fol. [Maz. 286 C2.]

Règlement des Assemblées de charité de paroisses (1704 ?). [Maz. A 10694, 94e pièce.]

Règlement de la Compagnie de charité des dames de la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile. 1713. [Maz. 47035, 3e pièce.]

Règlement de la Compagnie de charité de la paroisse Saint-Eustache. 1723, in-16. [Maz. 43762 et 43832.]

Établissement pour les Savoyards. 1735. [Maz. 42886, 5e et 6e pièces.]

Six pièces concernant les droits des curés de Paris sur les écoles de charité (XVIIe siècle). [Maz. A. 15940, 1re  à 6e pièce.]

Factum pour les Sœurs de la Croix contre diverses maîtresses de la paroisse Saint-Gervais, qui veulent s’intituler de même. 1660. [Maz. A. 15878, 2e  pièce.]

Et à la bibliothèque de l’Assistance publique :

Règlement des écoles de charité de Saint-Eustache. 1723, in-16.

Règlement des écoles de charité de Saint-Germain-l’Auxerrois. 1737, in-12. [A. P., F2 4.]

Période moderne.

Ouvrages d’ensemble.

D’une manière générale, nous renvoyons à la bibliographie, établie année par année, qui se trouve à l’article Bibliographie du Dictionnaire de pédagogie de Buisson (Paris, 1882, in-4o). Nous complétons seulement pour les ouvrages principaux parus depuis 1882, cet article ayant été supprimé dans la nouvelle édition de ce dictionnaire, parue en 1911, et en rappelant les œuvres capitales pour notre sujet. Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/22 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/23 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/24 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/25 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/26 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/27 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/28



LES ÉCOLES DE CHARITÉ


CHAPITRE PREMIER.

Les Écoles de charité sous l’ancien régime.


Les fondations des écoles de charité. — Origine du mouvement ; les influences dominantes : Vincent de Paul, la Compagnie du Saint-Sacrement, les Compagnies paroissiales de charité, le jansénisme ; difficultés et procès ; la transaction de 1699 entre les curés et le grand chantre de Notre-Dame ; les legs ; les locaux.

Les maîtres et maîtresses. — Sœurs de l’Enfant-Jésus, Filles de la Charité ou Sœurs grises, Sœurs de Sainte-Marthe ; Frères de Saint-Yon ou des Écoles chrétiennes ; Frères du faubourg Saint-Antoine ou Frères Tabourin ; répartition par paroisses, écoles gratuites des couvents, des hôpitaux, des orphelinats, de Savoyards.

Discipline et enseignement. — Traitements des maîtres ; règlement des écoles ; emploi du temps ; livres, punitions, récompenses ; usages locaux des paroisses ; résultats.

Alors que l’ancienne Université de Paris, ses nations et ses collèges ont fait l’objet de copieux travaux et de savantes monographies, l’histoire de l’enseignement primaire est encore peu connue. Les historiens, soit des doctrines morales, soit des méthodes pédagogiques, s’en sont tenus jusqu’ici à des généralités vagues. Ceux mêmes qui se sont particulièrement préoccupés de l’instruction populaire n’ont pas donné à l’organisation parisienne l’importance et les développements qu’elle mérite. Aussi bien, c’est là un sujet d’une telle ampleur, que nous nous garderons bien de l’aborder dans son ensemble. Nous voudrions seulement étudier l’enseignement élémentaire dans la classe indigente, où il a été longtemps l’une des branches de l’assistance. Laissant de côté les petites écoles, les écoles d’écrivains, les petites classes des collèges, qui forment autant de chapitres de l’histoire de l’enseignement primaire à Paris, nous nous en tiendrons aux écoles de charité, dont le nom même est significatif.

Œuvre d’assistance autant qu’œuvre scolaire, cette école du pauvre nous révèle tout un côté peu connu de la vie parisienne. Nous descendons avec elle dans les bas-fonds de la société, où la misère s’allie peu aux soucis de l’éducation. Nous assistons aux efforts, privés ou collectifs, pour donner au peuple l’instruction première, depuis la première moitié du XVIIe siècle, qui vit l’éclosion de ces écoles dans la capitale, jusqu’au milieu du XIXe siècle, où l’État, prenant enfin conscience de ses devoirs et de ses droits, sépara l’assistance de l’instruction et créa un enseignement national. Il faut aller jusqu’à la loi de 1833 pour conduire jusqu’à leur suppression ces écoles de charité, filles de l’ancien régime, qui, par delà la Révolution, retrouvèrent un nouveau lustre sous le gouvernement impérial et sous celui de la Restauration. Par l’ordre naturel des faits, notre étude se trouve ainsi scindée en deux parties bien distinctes : les écoles de charité sous l’ancien régime, les écoles de charité au XIXe siècle.

D’une manière générale, les écoles de charité, à Paris, ont fonctionné aux XVIIe et XVIIIe siècles, pendant cent cinquante ans, de 1640 environ à 1789,— nous préciserons par la suite quelques dates, — dans toutes les paroisses. Destinées aux enfants des indigents, elles eurent surtout de l’importance dans les grandes paroisses, Saint-Sulpice, Saint-Eustache, Saint-Paul, Saint-Laurent, qui comprenaient alors dans leurs limites les faubourgs populeux de Paris, Vaugirard et le Gros-Caillou pour Saint-Sulpice, Montmartre et les Porcherons pour Saint-Eustache, le faubourg Saint-Antoine pour Saint-Paul et sa succursale Sainte-Marguerite. Si, dépassant les barrières de l’ancien Paris, auquel se limite notre étude, nous poursuivions recherches dans les villages qui formaient alors la banlieue, Auteuil, Passy, Belleville, Chaillot, Charonne, etc., nous rencontrerions des créations analogues[1]. Avant de voir fonctionner ces écoles, il importe d’en rechercher l’origine et de déterminer les conditions dans lesquelles elles ont été fondées.

Les fondations des écoles. — Origine du mouvement.
Difficultés et procès. — Locaux.

Que les enfants des pauvres aient reçu l’instruction avant la création des écoles de charité, cela n’est pas douteux, ni mis en discussion. On les recevait à titre gratuit dans les petites écoles payantes. Cette admission était recommandée par les statuts synodaux de tous les diocèses. Mais ce qui nous occupe, c’est un fait nouveau, c’est la création d’écoles spéciales gratuites pour les enfants de la classe indigente. Elle s’est faite grâce à des fondations pieuses, sous l’influence d’un mouvement social dont il nous appartient de rechercher l’origine. Il s’agit d’une œuvre de charité privée, que l’on peut rattacher à diverses influences dominantes. Nous en distinguerons trois principales : celle de Vincent de Paul et du groupe de dames de charité qui l’entourent ; celle de la Compagnie du Saint-Sacrement, à laquelle on peut associer Olier et Bourdoise, fondateurs des séminaires ; celle enfin des Jansénistes.

Paris, qui d’habitude donne l’exemple aux provinces, paraît avoir été précédé dans ces créations, car dès 1527 on signale, à Lille, des écoles gratuites sous la direction des échevins[2] ; en 1555, à Rouen, des écoles charitables pour garçons et filles[3] ; à Toulouse, des écoles pour les filles pauvres, ouvertes par les sœurs de Notre-Dame, établies en 1607 par Mme  de Lestonnac[4], et, sans doute, pourrait-on relever maints autres exemples. Mais, à Paris, le mouvement prit, dès le début, une extension remarquable, grâce à la fondation des Charités paroissiales, qui mirent dans leur programme l’œuvre des écoles au même titre que le bouillon des malades, la layette des enfants et la visite des hôpitaux.

L’histoire de ces Charités[5] est suffisamment connue aujourd’hui pour nous dispenser d’en étudier les origines et le fonctionnement. Nous n’envisagerons leur action que sur les écoles. Il n’est pas douteux qu’elles aient reçu leur impulsion, comme beaucoup d’autres œuvres, du grand mouvement de charité suscité dans la capitale par Vincent de Paul et ses disciples. Il a tracé lui-même des règlements modèles qui furent copiés ou imités dans la plupart des paroisses.

Mais Vincent de Paul, si nous en croyons son biographe Abelly[6], n’était pas homme à manquer de « discrétion et de prudence » dans ses projets. Lorsque Mlle  Le Gras, la fondatrice des Filles de la Charité, voulut ouvrir une classe gratuite pour les filles pauvres du quartier Saint-Lazare, où elle venait d’établir sa communauté[7], elle se garda bien de le faire sans le consentement du grand chantre, Le Masle des Roches, qui accorda son autorisation le 29 mai 1641. Il s’agissait plutôt d’un catéchisme et de pieux exercices que d’une véritable école. Cependant, dès cette époque, Vincent de Paul fixait à ses « filles » leur mission : « Vous devez vous instruire, disait-il dans une conférence du 16 avril 1641, pour devenir capables d’enseigner les jeunes petites filles ; c’est à quoi vous devez vous rendre bien soigneuses, puisque c’est un des deux desseins que vous devez avoir en vous donnant à Dieu. »

Dans d’autres paroisses, de pieuses personnes léguaient, vers la même époque, des sommes plus ou moins importantes, soit aux Charités déjà existantes, soit à des confréries chargées des œuvres d’assistance pour l’instruction des enfants pauvres. A Saint-Eustache, Claire Rouillé, femme de Jean Tronson, seigneur du Coudray, conseiller du roi et correcteur des comptes, léguait en 1631 à la confrérie du Bon-Secours 200 livres de rente pour assister les malades nécessiteux et faire instruire quelques pauvres petites filles ; en 1642, Louise Bellanger, veuve de François Parvison, faisait une donation dans le même but. Pour ces créations et celles qui suivirent, les curés négligèrent de demander l’autorisation du chantre, ce qui allait bientôt créer de graves conflits.

A côté de l’impulsion donnée par Vincent de Paul, s’exerce l’influence cachée, mais réelle, de la Compagnie du Saint-Sacrement. Au milieu de ses multiples préoccupations, visite des hôpitaux, des prisons, conversion des hérétiques, répression des scandales et des blasphèmes, elle n’oublie pas l’école comme moyen d’édification et de conversion. Car c’est à ce double but que concourent toutes les œuvres pieuses de l’époque. A vrai dire, la moralisation du peuple ne se distingue pas de la propagande religieuse. Nous savons aujourd’hui par la publication des Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement[8], œuvre du comte René de Voyer d’Argenson, et par les historiens qui ont découvert les menées secrètes de la Compagnie[9], que les Charités des paroisses furent au début, pour la plupart, des filiales de l’œuvre : « Le bien que les compagnies charitables des paroisses faisoient dans leur étendue et le soulagement qu’elles donnoient à celle du Sacrement, nous dit d’Argenson, lui fit souhaiter d’en procurer dans les paroisses qui n’en avoient point », et en effet l’un des membres les plus influents, Duplessis-Montbard, fut chargé de cette mission. Après la suppression de la Compagnie, en 1661, ces organisations restèrent dans la main des curés comme d’excellents cadres pour leurs œuvres paroissiales.

Par les Annales, nous savons par exemple que la fondation de Mme  Tronson du Coudray, dans la paroisse Saint-Eustache, prospéra, grâce aux secours de la Compagnie, sollicitée par un de ses plus fervents adeptes, le Père Philippe d’Angoumois, capucin[10]. Nous avons encore le témoignage des procès-verbaux manuscrits des assemblées tenues à l’Hôtel-Dieu, dans la chambre de l’administrateur Le Conte, ou chez le curé de Saint-Sulpice[11] en 1656, par les Compagnies de paroisses, ramifications de la grande Compagnie.

« M. de la Place a proposé, lit-on à la séance du lundi 14 février 1656[12], qu’en ladicte paroisse Saint-Paul on avait estably une eschole pour les pauvres garçons et une autre pour les pauvres filles, chacune de cent enfans, qui faisoient beaucoup de fruit, que, depuis le mois de décembre dernier, les syndics des petites escholes auroient fait assigner le prêtre qui enseigne les garçons et la maîtresse des filles par-devant M. le chantre de Paris ; sentence par défaut, portant deffences de continuer, à peine de 10 l. d’amende contre chaque exécution ; sur la remontrance de M. le curé, assisté de deux de la Compagnie, M. le chantre a promis de faire cesser la poursuite, a offert de donner lettres, lesquelles n’ont pas été acceptées : M. le curé s’est pourveu au Parlement. » Mêmes troubles à Saint-Nicolas-des-Champs, où le curé s’est pourvu au Parlement. La Compagnie soutient bien les curés contre le chantre ; pourtant elle n’ose pas, par prudence, car son action doit rester secrète, s’engager devant le Parlement : « Toutefois, [les membres] ont décidé de ne pas intervenir en la cause contre les syndics et le chantre, attendu que les Compagnies ne font point de corps[13]. »

A la séance du 5 juin 1656, il est rendu compte des troubles soulevés par la procession faite à Saint-Nicolas-du-Chardonnet par les élèves des écoles du faubourg Saint-Antoine, au nombre de 300 garçons et de 60 filles, que six maîtres des petites écoles « voulurent insulter près du pont de l’Isle [Saint-Louis], disant qu’on leur empêchait de gagner leur vie », mais les écoliers ne répondirent pas à ces attaques.

On se sert, pour modèle, des œuvres organisées à Saint-Sulpice par Olier, l’un des membres les plus écoutés, avec Vincent de Paul, de la Compagnie du Saint-Sacrement[14]. N’avait-il pas créé en 1649[15], avec A. Bourdoise, une association de prières afin d’obtenir de Dieu de bons maîtres d’école[16] pour les indigents ? « Pour moi, lui écrivait Bourdoise, je le dis du meilleur de mon cœur, je mendierais de porte en porte pour faire subsister un vrai maître d’école, et je demanderais, comme saint François Xavier, à toutes les universités du royaume des hommes qui voulussent, non pas aller au Japon ou dans les Indes prêcher les infidèles, mais du moins commencer une si bonne œuvre. Je crois qu’un prêtre qui aurait la science des saints se ferait maître d’école, et par là se ferait canoniser. Les meilleurs maîtres, les plus grands, les plus en crédit, les docteurs de Sorbonne n’y seraient pas trop bons. Parce que les écoles de paroisse sont pauvres et tenues par des pauvres, on s’imagine que ce n’est rien. Cependant, c’est l’unique moyen de détruire les vices et d’établir la vertu, et je défie tous les hommes ensemble d’en trouver un meilleur[17] ». Ainsi ce mouvement « nicolaïte », que l’on a ainsi appelé parce qu’il se rattachait à la création des écoles et du séminaire de la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet[18], ne paraît pas devoir être séparé de l’action alors toute-puissante de la Compagnie du Saint-Sacrement[19].

Il serait injuste de ne pas signaler, à côté de cette impulsion, les efforts faits par le parti janséniste en faveur de l’instruction. Assurément, son influence a été beaucoup plus restreinte et n’a pas donné lieu, à Paris, à des créations durables ; les petites écoles, plutôt destinées aux enfants de la bourbourgeoisie[20], apprenant le latin et payant une rétribution de 400 livres, ne furent ouvertes rue Saint-Dominique-d’Enfer que de 1647 à 1650[21]. Mais, malgré tout ce qu’eut d’austère la pédagogie de Port-Royal, on ne peut nier l’amour de ses maîtres pour les enfants : « Il estimoit, nous dit de Saint-Cyran le fidèle Lancelot[22], tellement la charité de ceux qui s’employoient à élever chrétiennement les enfants, qu’il disoit qu’il n’y avoit point d’occupation plus digne d’un chrétien dans l’Église..., qu’à la mort une des plus grandes consolations que nous pouvions avoir étoit si nous avions contribué à la bonne éducation de quelque enfant et qu’enfin, cet emploi suffit seul pour sanctifier une âme, pourvu qu’on s’en acquitte avec charité et patience. » Il est à remarquer que, dans les diocèses administrés par des prélats jansénistes, Pavillon à Alet[23], Choart de Buzenval à Beauvais[24], par exemple, l’éducation du peuple fut organisée avec beaucoup de vigilance et de dévouement, et n’allons-nous pas voir à l’œuvre, à Paris même, concurremment avec les Filles de la charité et les Frères des Écoles chrétiennes, deux communautés jansénistes, les Sœurs de Sainte-Marthe et les Frères Tabourin, se vouer avec un même zèle à l’instruction des enfants pauvres dans les paroisses qui voudront bien avoir recours à leurs offices ?

Ainsi, d’une manière générale, on peut rattacher la création des écoles de charité au grand mouvement de réforme religieuse qui marqua la première partie du XVIIe siècle. C’est une œuvre pie, au même titre que la visite des hôpitaux, des prisons ou des malades. On veut le salut du peuple en se procurant le sien propre. On joint l’édification personnelle à l’assistance sociale. D’un autre point de vue, c’est une œuvre particulariste. Les Compagnies paroissiales de charité ont donné une vie propre à chaque paroisse qui forme un petit organisme avec ses confréries et ses œuvres de toutes sortes. Le curé prétend à la haute main sur cette organisation et ne veut pas être gêné par le Chapitre, ni lui être redevable de deniers péniblement obtenus de la charité de ses ouailles. Les Compagnies elles-mêmes forment un organe délimité dans la paroisse, avec des ressources indépendantes de celles de la fabrique et un personnel spécial d’administrateurs, de visiteurs, de dames patronesses. La Compagnie du Saint-Sacrement, qui les dirige secrètement, pense aussi avoir plus d’influence sur les curés pris individuellement que sur un corps constitué.

Aussi les curés rencontrèrent-ils une vive opposition de la part du personnage qui était jusqu’alors le véritable directeur de l’enseignement primaire à Paris, le chantre du Chapitre de Notre-Dame[25]. Nous en trouvons un écho dans le Traité historique des écoles épiscopales et ecclésiastiques du chantre Claude Joly, « collateur-juge et directeur des écoles de grammaire, ou petites écoles de la ville, faubourgs et banlieue de Paris », publié en 1678[26] contre « les entreprises de ceux qui troublent l’ordre ancien et canonique qui doit y estre maintenu pour la bonne éducation et instruction de la jeunesse », et dans un Mémoire des curés de Paris au Parlement contre les prétentions du chantre[27].

Que le chantre ait contre lui la Faculté des arts, qui réclame pour les collèges le pouvoir d’enseigner « la grammaire » dans les basses classes, cela ne peut nous surprendre. Mais qu’il ait contre lui les curés, qui veulent s’affranchir de sa juridiction pour leurs écoles de charité, cela peut paraître singulier. La cause en est fort simple, les écoles paroissiales gratuites ont ruiné en partie les petites écoles payantes qui sont sous la dépendance du chantre. Il y a diminution de ses revenus. Les prétextes de droit canonique cachent une question d’argent.

Il y a également aussi une question de tradition qu’il fait habilement ressortir dans son long plaidoyer. Les églises cathédrales avaient au début, comme fonction épiscopale, l’enseignement au même titre que l’assistance. L’hôpital et l’école vivaient à l’ombre de la basilique. Mais les temps sont changés. Chaque curé veut être un « pasteur » dans sa paroisse, un évêque au petit pied. Il réclame pour ses œuvres l’autonomie. Il veut être maître de leur direction et de leur gestion. Ces écoles, disent les curés dans le mémoire que nous avons cité, sont « des suppléments de catéchisme », des instructions chrétiennes d’une nature et d’un esprit différents de celles de M. le chantre. Mais ce dernier ne peut supporter cette indépendance et cette manière de « séparer les pauvres des riches »[28]. A l’appui de sa thèse, il cite ce qui s’est passé à Lyon, où l’archevêque, en 1672, n’a pas confié aux curés le soin d’établir des écoles pour les pauvres, mais au sieur Démia, à l’aide de séculiers et d’ecclésiastiques[29], et à Paris même, au début du siècle, où des curés de paroisse se sont adressés au chantre pour ouvrir des écoles dans les cimetières et charniers, comme à Saint-Eustache, aux Saints-Innocents, à Saint-Séverin et, plus récemment, en 1658, à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à la suite de la fondation de Gabrielle Danson, femme de Claude Bourdon, procureur au Parlement, et en 1666 à Montrouge, à la suite de la fondation de Louis Barboteau.

Il est exact qu’au début ces fondations se soient faites avec l’assentiment du chantre ; mais, dès que les Compagnies de charité ont fait leur apparition dans les paroisses, les choses ont changé. Ce que le chantre attribue à l’esprit d’indépendance des curés peut être à bon droit, — mais pouvait-il le savoir ? — imputé il l’esprit de la Compagnie du Saint-Sacrement, qui se défiait des ecclésiastiques et même de l’archevêché. Le fait relevé par le chantre[30], que la Compagnie de charité de la paroisse Saint-Paul ait fondé cinq écoles dans la paroisse, trois dans la ville et deux au faubourg Saint-Antoine, sans même dire un seul mot de l’autorité de l’archevêque, nous semble, à nous qui connaissons maintenant le dessous des choses, tout naturel.

Dans certains cas, ce n’est même pas le curé qui agit, mais le fondateur qui se réserve le droit de nomination des maîtres. Ainsi G. Santeuil, avocat au Parlement, qui fonde, en 1665, une école pour soixante enfants dans la paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles, stipule dans le contrat passé avec le curé, André du Saussay, et les marguilliers, le 15 mai I665, que « lui et ses successeurs nommeront le maître pour tenir l’école, qui sera néantmoins présenté à M. le curé de ladite église pour être examiné... ». A Saint-Paul et ailleurs, ce n’est pas le curé, mais la Compagnie de charité qui choisit les maîtres et maîtresses « Il y aura toujours des maistres qui seront choisis entre messieurs les ecclésiastiques habituez de la paroisse par la Compagnie de la charité, laquelle agréera aussi les maîtresses, et le maistre à escrire, après l’examen que les deputez auront fait de leur vie, mœurs, conduitte et capacité pour enseigner aux pauvres enfants de la paroisse à bien prier Dieu, le catéchisme, à lire et à écrire. »

Néanmoins, les curés de Paris prirent en main la cause des écoles ; Michel Le Masle présenta sa requête au Parlement le 26 février 1656[31] « pour faire réprimer ces entreprises », et les curés intervinrent pour « estre maintenus dans leur droit et possession de pourvoir respectivement en leurs paroisses à l’instruction chrétienne des pauvres enfans d’icelles, et d’y commettre à cette fin des maistres pour les garçons, et les maîtresses pour les filles... ». J. Renard, conseiller à la Cour, fut chargé d’instruire le procès. Sur ces entrefaites, Michel Le Masle mourut. Son successeur, Ameline, reprit l’instance au sujet d’une fondation faite dans la paroisse Saint-Louis-en-l’lle. Enfin, Claude Joly, qui le remplaça, devait se signaler par son ardeur dans la lutte contre les curés.

Nous ne saurions refaire ici en détail l’histoire du procès qui, à travers de nombreux arrêts, souvent contradictoires[32], se termina seulement en 1699 par une transaction qui fut une défaite pour le chantre, et laissa, malgré de légères restrictions, toute liberté aux curés. Elle stipulait [33] que seuls seraient reçus dans les écoles de charité « les enfants vraiment pauvres, reconnus tels par les curés, dont sera tenu registre tous les six mois avec noms et adresses »[34]. Le chantre gardait son droit de visite sur les écoles, une fois par an. C’était là une simple satisfaction d’amour-propre, car « les lettres portant pouvoir de régir et gouverner les écoles de charité », ce qui était le plus important, devaient être accordées aux curés « sur simple représentation de leurs provisions et prises de possession, sans qu’il soit besoin de présenter de requête au chantre, ni obtenir de conclusion du promoteur ». Les maîtres restaient entièrement dans la main des curés : « Les maîtres ne seront point traduits en jugement devant le chantre, mais, en cas de litige, seront corrigez par le curé » ; « chaque curé instituera et destituera les maîtres » ; enfin, ces derniers n’étaient tenus « d’aucuns droits de communauté, de confrairie, ni obligés de se trouver aux assemblées des autres maîtres d’école, mais seront exhortés d’assister au synode du chantre ». Une formalité pourtant était exigée ; on devait mettre sur les portes des écoles de charité l’inscription suivante : École de charité pour les pauvres de la paroisse[35].

Sous ce régime de liberté, les fondations d’écoles, qui n’avaient d’ailleurs jamais cessé de se manifester, devinrent de plus en plus nombreuses à la fin du XVIIe siècle, d’autant plus que la transaction intervenue coïncidait avec la fameuse déclaration royale du 13 décembre 1698, renouvelée le 14 mai 1724, prescrivant l’établissement d’écoles dans toutes les paroisses, dans un but de prosélytisme religieux contre le protestantisme.

Cependant, certains curés avaient dû surmonter des difficultés d’un autre ordre. A Saint-Sulpice, où les Frères des Écoles chrétiennes avaient été appelés à tenir des écoles par le curé de la Barmondière, dès 1688, son successeur, La Chétardie, dut soutenir un procès contre des maîtres écrivains[36] lors de l’ouverture de deux nouvelles écoles gratuites confiées aux Frères, en 1698, rue Saint-Placide et, en 1699, « sur les Fossés-de-Monsieur-le-Prince », près de la porte Saint-Michel. Il ne fallut rien moins que l’intervention de Mme  de Maintenon pour que le Parlement prît en main la cause du curé : « Comme vous êtes le protecteur des bonnes œuvres, écrivait-elle le 3 juillet 1690 au président de Harlay[37], aussi bien que le chef du Parlement, je ne crains pas de vous faire une recommandation en faveur des écoles charitables de Saint-Sulpice. Il n’y en eut jamais de plus utiles ni de plus désintéressées. Cependant, les maîtres d’écoles les troublent quelquefois, et quoique jusqu’ici ils aient perdu tous les procès qu’ils ont intentés, ils y reviendront souvent. Je vous conjure. Monsieur, de procurer à cet égard le repos de M. le curé de Saint-Sulpice, qui ne désire de ces écoles que pour servir Dieu. »

Mais en 1704[38], à la suite d’un nouveau procès, le supérieur des Frères, J.-B. de la Salle, fut condamné. Bien plus, en conséquence de l’arrêt du Parlement du 5 février 1706, les écoles des Frères furent fermées ; ils ne furent rappelés qu’à la condition de recevoir seulement des indigents, suivant la formule déjà adoptée lors des procès avec le grand chantre : « N’empêche point au surplus ledit sieur Larcher [syndic des maîtres écrivains] que ledit sieur curé de Saint-Sulpice prenne des personnes pour enseigner à écrire aux pauvres de la paroisse et sera tenu de faire faire un état des noms desdits pauvres enfants qu’ils enseigneront, pour être mis en mains de M. le lieutenant de police et communiqué au syndic desdits maîtres écrivains, lesquels particuliers ne pourront admettre aux écoles que pauvres enfants et non autres »[39]. Ainsi la fondation des écoles de charité se heurtait à des situations acquises et à des intérêts pécuniaires. Parmi les indigents, il pouvait toujours se glisser quelques fraudeurs. Les maîtres des petites écoles, par l’organe du grand chantre ou le « syndicat » des maîtres écrivains, veillaient à ne point laisser tarir la source de leurs revenus.

Ces procès mettent en jeu également un personnage, dont nous pourrions être tenté de trouver l’intervention intempestive, si nous ne connaissions l’étendue de son pouvoir sous l’ancien régime[40]. Comme tous les établissements publics, les écoles de charité se trouvaient en effet sous la juridiction du lieutenant général de police et en particulier du premier bureau chargé de « la religion ». À ce titre, il édicte diverses ordonnances, comme celles des 11 juillet 1731 et 5 février 1734, sur les rapports des maîtres et maîtresses et des parents. Non seulement les enfants se « portent, y est-il dit, à un tel excès d’ingratitude envers les maîtres et les maîtresses préposés à leur instruction qu’ils osent proférer contre eux journellement des injures et des menaces », mais les parents ont eu la témérité de leur faire insulte, souvent même dans leurs classes et pendant le temps de leurs exercices ». Aussi, « quoique la modération de ces maîtres et maîtresses les retienne toujours de nous en porter leurs plaintes », il est juste « de prévenir les mêmes inconvénients à leur égard et de les mettre en état de continuer leurs instructions avec toute la décence et la tranquillité convenables » ; en cas d’insulte, les contrevenants sont frappés de cinquante francs d’amende et, en cas de voie de fait, exposés à des poursuites extraordinaires[41].

Les dons ou legs faits en faveur des écoles relatés dans les délibérations des fabriques, dans les comptes ou procès-verbaux des Compagnies de charité, dans les registres de fondations paroissiales, sont de deux sortes. Tantôt le bienfaiteur lègue un immeuble à destination d’école. Tantôt il lègue une rente pour l’entretien du maître ou de la maîtresse d’école. Quelquefois, il pousse la générosité jusqu’à fournir le local et la rente. Parmi les donateurs se trouvent beaucoup de curés et de vicaires : Duhamel. à Saint-Merry[42] ; Cl.-Fr. Talon, à Saint-Gervais[43] ; Mercier et La Brue, à Saint-Germain-l’Auxerrois[44] ; J.-B. Goy, à Sainte-Marguerite[45] ; M. Bonnet, à Saint-Nicolas-des-Champs[46] ; Pierre Marlin, à Saint-Eustache ; puis de riches paroissiens comme le duc de Charost, qui servait aux Frères des Écoles chrétiennes et aux sœurs une rente de 600 livres pour l’école de la paroisse de la Madeleine-de-la-Ville-l’Évêque[47], établissement très prospère jouissant à l’époque de la Révolution de 11,732 l. 9 s. de rentes[48] ; François Choart, administrateur de l’Hôtel-Dieu, qui avait laissé une rente à la paroisse Saint-Laurent pour l’entretien d’un prêtre maître d’école choisi concurremment par la fabrique et par les administrateurs de l’hôpital[49] ; Mme  Gon de Vassigny, femme de Lefebvre de la Malmaison, conseiller au Parlement, qui avait légué 25,000 livres pour l’acquisition d’une maison dans la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile[50] ; Mme  Barthélémy, appartenant à une vieille famille de la paroisse Saint-Merry, oui donna en 1713[51] une maison du cloître Saint-Merry, affectée au logement des sœurs et à l’école des filles, et dont une partie devint en 1783 l’hôpital Saint-Merry, fondé par le curé Viennet.

Les locaux des écoles étaient loin de répondre à l’installation idéale décrite par l’auteur de l'École paroissiale[52] qui demande,

pour cent enfants, « une salle de 26 pieds de hauteur, 17 à 18 de large et 12 de hauteur, avec de nombreuses fenêtres garnies de châssis très clairs, une large cheminée entourée de bancs de diverses grandeurs, des murs garnis d’attaches ou porte-manteaux, porte-sacs et tablettes », meublée enfin de tables à écrire proportionnées à l’âge des écoliers, d’une armoire pour serrer les registres et les livres du maître. Cette installation matérielle ne fut réalisée que très imparfaitement dans la plupart des cas. La majorité des écoles se trouvait au rez-de-chaussée des maisons et quelquefois au premier étage, avec des chambres pour le logement du maître et de la maîtresse.

Les installations se perfectionnèrent au XVIIIe siècle. Dans la paroisse Saint-Gervais, l’école de filles occupait rue des Barres, au coin de la rue Grenier-sur-l’Eau, une grande maison à porte cochère, achetée 21,000 livres en 1714 sur les deniers de la loterie[53].

A Saint-Merry, les écoles de garçons, qui se faisaient primitivement dans une salle fournie par la fabrique « sur les voûtes de l’église », au-dessus des charniers, furent transportées au XVIIIe siècle dans la chapelle Saint-Bon, voisine de l’église, que la Charité de la paroisse, d’accord avec le curé « chefcier » Artaud, avait achetée vers 1755[54] aux chapitres de Saint-Maur et du Louvre. Les écoles de filles occupaient une maison de la rue du cloître Saint-Merry, achetée du vivant même de Vincent de Paul et tenue par les Sœurs de charité, puis celle qui fut donnée par la famille Barthélémy.

A Saint-Germain-l’Auxerrois, l’une des paroisses les mieux dotées en écoles[55], l’école de charité des filles occupait une vaste maison rue des Poulies. Par contre, à Saint-Sulpice, rue du Gindre, chez les Filles de l’Instruction chrétienne, « le lieu où l’on fait l’école des externes est aussi vilain et pas plus grand qu’une écurie à deux chevaux ; on n’y voit clair que par la porte ouverte, n’y ayant point de fenêtres ; aussi, on les prend par bande pour la lecture et l’écriture : elles se rassemblent pour le catéchisme, le travail et le dîner »[56]

A Saint-Laurent, le règlement de la Compagnie de charité porte qu’on devra veiller « à ce que les lieux qui seront choisis pour y faire les écoles soient vastes et spacieux et capables de contenir un grand nombre d’enfants »[57].

Il arrive parfois que des difficultés s’élèvent entre curés et marguilliers, comme à Saint-Roch, où le curé Marduel avait acheté une maison pour agrandir l’école des Frères, en 1753, et se trouvait en butte aux attaques de ses fabriciens qui blâment ses dépenses et ne veulent rien payer [58].

A Saint-Nicolas-du-Chardonnet, l’école des filles occupait d’abord un petit bâtiment élevé au milieu des constructions inachevées de l’église du collège des Bernardins, loué 230 livres par an, et ne fut transférée qu’en 1758 dans une petite maison de la rue des Bernardins donnée par Mme  Chaumont de la Galaizière[59].

A Saint-Jean-en-Grève, l’école des filles se trouvait dans une grande maison de la rue des Deux-Portes léguée par le médecin bibliophile Picoté de Belestre[60], en vertu d’un testament du 10 mars 1732, qui ne fut d’ailleurs exécuté que plusieurs année après[61]. Par contre, le maitre d’école des garçons « enseignera, dit une délibération de la fabrique du 6 septembre 1688 [62], l’été sous les charniers et l’hiver dans le cabinet de Mauprivé et, en attendant qu’on puisse lui procurer une chambre, il logera dans l’école ».

A Saint-Jacques-du-Haut-Pas, l’école des garçons était établie en 1768 dans une maison nouvellement construite avec logement pour le maître au-dessus des classes[63].

A Saint-Paul, la Compagnie de charité avait fait bâtir « un logement près de l’église au bout de l’allée de la porte de Saint-Pierre, lequel est composé de deux salles pour les écoles de garçons et deux chambres pour les maîtres ; au-dessous est une grande chapelle, dont l’autel est placé en dehors du bâtiment, en laquelle les garçons s’assemblent, et à côté est une salle séparée de cette chapelle par une balustrade, où les filles se mettent »[64]. Pour les autres écoles de la paroisse, on louait des salles dans des maisons particulières.

A Saint-Hippolyte, l’école des filles occupait une maison donnée par les propriétaires, rue des Trois-Couronnes, la septième du côté droit en venant de la rue Mouffetard[65].

Les propriétaires se souciaient peu de louer leurs immeubles à usage d’école. Nous avons un écho de ces difficultés dans une lettre adressée par Secousse, curé de Saint-Eustache, le 5 avril 1713, au Contrôle général[66] pour demander l’exemption des droits d’amortissement sur une maison de la rue du Gros-Chenet convoitée par la confrérie de Notre-Dame-de-Bon-Secours en vue d’y établir les écoles qu’elle subventionne. « On ne trouve pas aisément, dit-il dans sa requête, à loger ces écoles tant par la répugnance des propriétaires pour l’embarras et le dépérissement que causent tant d’enfants que par la difficulté de trouver des lieux assez grands pour le prix qu’on y peut mettre. » La maison que les administrateurs de la confrérie veulent acheter vaut 9,ooo livres et les droits a payer, s’ils n’en étaient exemptés, s’élèveraient à 1,980, soit 1,800 livres de droits d’amortissement (un cinquième de la valeur) et 180 livres aux receveurs du domaine (2 sous par livre).

Les locaux à usage d’école de charité furent assimilés aux établissements hospitaliers et comme tels exempts des droits d’amortissement. Mais cette jurisprudence ne fut pas fixée au début d’une manière absolue. C’est grâce à la demande faite par l’assemblée du clergé de 1705 qu’un arrêt du Parlement du 25 février 1710 porta « exemption des droits d’amortissement pour les fondations ou legs qui ont été ou pourront estre faites, tant pour fournir le bouillon et autres nécessités des pauvres malades des paroisses que pour les écoles de charité[67] ». Un arrêt du 31 décembre 1737 déchargea des droits d’amortissement le legs fait à la paroisse de Saint-Jean-en-Grève d’une maison pour y établir une école de charité de filles[68]. Enfin, l’arrêt du 21 janvier 1738[69], puis l’édit d’août 1749, accordèrent pour les maisons d’école l’exonération de ce droit. Les curés avaient eu également gain de cause, grâce aux assemblées du clergé, contre les « fermiers » qui avaient voulu, en 1724, leur faire payer pour ces immeubles le droit d’indemnité[70].

Les maîtres et maîtresses.

Nous venons de voir comment se fondèrent les écoles de charité et quelles difficultés elles rencontrèrent à leur début. Il nous faut maintenant en montrer le fonctionnement ; à qui y fut confié l’enseignement ; quelles méthodes y furent employées ; quelle discipline y fut observée ; quels en furent les résultats.

Derrière l’uniformité des règlements apparaissent des diversités de détail qui reflètent l’état d’esprit de chaque paroisse. Les curés apportent à l’organisation des écoles, comme à celle de leurs œuvres pieuses, des préoccupations empreintes de leur tempérament ou de leurs préférences. C’est ainsi que les uns passent des contrats avec des communautés, d’autres appellent des maîtres laïques ou se contentent de prêtres « habitués » de leur paroisse, que les uns suivent les influences jansénistes et d’autres s’efforcent de rester dans la pure orthodoxie.

Les deux principales congrégations qui se partageaient les écoles de charité de filles étaient les Sœurs grises, ou Filles de la charité, instituées par Vincent de Paul, et les Sœurs de l’Enfant-Jésus ou Filles de Saint-Maur.

Ces dernières avaient été fondées à Rouen en 1666 par un minime, le Père Nicolas Barré[71], aidé de Mme Maillefer. Il les fit venir à Paris dans la paroisse Saint-Jean-en-Grève, en 1677, puis elles s’établirent en 1686 dans la paroisse Saint-Sulpice, où elles tinrent bientôt huit écoles, à Saint-Joseph, rue Saint-Dominique, à la Grenouillère et dans les rues de Seine et Saint-Placide. Ce sont elles également qui desservaient les écoles de la paroisse de Saint-Gervais. Elles faisaient des vœux simples d’obéissance et de « stabilité ». Elles ne purent jamais obtenir de lettres patentes. Leur noviciat et le siège de leur institut était rue Saint-Maur[72], où elles tenaient aussi des écoles gratuites. Elles ne reconnaissaient d’autres supérieurs que les curés de Paris, dans les paroisses desquelles elles étaient établies.

Leurs statuts, établis par le Père Barré en 1685, furent renouvelés en 1730[73] par l’abbé Tiberge, prêtre du séminaire des communauté Missions étrangères, institution qui eut la direction spirituelle de leur maison pendant tout le cours du XVIIIe siècle.

Les Sœurs grises, Filles de la charité, ou Sœurs de Saint-Vincent de Paul, avaient été établies sur la paroisse Saint-Laurent, dans les maisons de « Notre-Dame-de-Lorette »1 et de « la Ménagerie », achetées en 1671 à la Mission de Saint-Lazare. Elles avaient bientôt essaimé dans la plupart des paroisses, où elles passaient des contrats avec les curés pour tenir les maisons de charité2. Leur double caractère d’hospitalières et d’enseignantes les faisait rechercher pour cet emploi. La maison de charité des paroisses prend surtout au XVIIIe siècle le caractère de dispensaire qu’elle gardera pendant toute une partie du xixe siècle, où « la maison de secours », suivant le terme officiel, sert en même temps à la consultation des malades, à la distribution des médicaments et à l’école des filles. C’est là un organisme spécial, et qui vient à peine de disparaître. Seules la laïcisation et la spécialisation des services ont séparé ces diverses fonctions et fermé ces maisons d’autrefois dont on pourrait encore trouver plus d’une trace.

Les Sœurs grises se trouvaient à Paris au XVIIIe siècle3 dans les paroisses ou établissements suivants :

ETABLISSEMENTS ou PAROISSES.

NOMBRE DE FILLES.

Invalides 34

Incurables 31

Petites-Maisons 22

Total ....... 87


1. Pour réparer ces maisons délabrées, les Filles de la charité demandèrent à la Commission des loteries un secours qui leur fut refusé (Arch. nat., G9 651).

2. Arch. nat., S. 6158.

3. Arch. nat., L. 1054. Cette liste comprend non seulement les Sœurs faisant l’école, mais les Sœurs occupées au « bouillon » ou au pansement des malades.

Report 87 Enfants-Trouvés 16 Bel-Air 19 Saint-Nom-de-Jésus (hospice)....4 Saint-André-des-Arcs. 3 Saint-Barthélémy 4 Saint-Benoît 4 Saint-Côme 2 Saint-Eustache 5 Saint-Etienne-des-Grès 4 Saint-Gervais 5 Saint-Germain-l’Auxerrois 5 Saint-Hippolyte. 3 Saint-Jacques-la-Boucherie 3 Saint-Jacques-du-Haut-Pas 4 Saint-Leu 3 Saint-Louis-en-l’Ile 4 Saint-Merry 4 Saint-Martin-des-Champs 3 Saint-Médard 4 Saint-Jean-en-Grève 4 Saint-Nicolas-des-Champs. 5 Saint-Paul ....6 Saint-Nicolas-du-Chardonnet....3 Saint-Roch 3 Saint-Sauveur 2 Saint-Sulpice 10 La Villeneuve [N.-D.-de-Bonne-Nouvelle] 4 Sainte-Marguerite 4 Total 217

Les Sœurs dites de Sainte-Marthe dirigeaient depuis 1726 les écoles gratuites de la rue des Prêtres-Saint-Séverin. Ainsi que les Sœurs de l’Enfant-Jésus, elles ne purent obtenir de lettres patentes, malgré la protection du cardinal de Noailles, indulgent pour leur jansénisme ; il les autorisa, seulement en 1724, à vivre en communauté, sans se lier par aucun vœu. Après soixante-quatorze ans d’existence, — car la fondation de la congrégation par la veuve Théodon remontait au mois de septembre 1713[74], — elles tirent, en 1777, une nouvelle tentative pour obtenir des lettres patentes. Mais cette fois ce fut l’archevêque, Christophe de Beaumont, qui s’y opposa, malgré l’avis favorable du Procureur général. Dans la maison de la rue des Prêtres-Saint-Séverin, à peu près en face de l’église[75], demeuraient la supérieure, la maîtresse des novices et quelques religieuses[76]. Leur habit consistait en une robe et un bonnet noirs. Pendant la Révolution, elles changèrent de costume pour pouvoir continuer leurs œuvres de bienfaisance. D’après une déclaration du 10 novembre 1747[77], faite par leur supérieure, Mme Gérard, elles étaient alors au nombre de quinze sœurs, dont trois à Saint-Séverin et quatre à Saint-Paul. Elles avaient pour confesseurs les curés de Saint-Gervais, de Saint-Josse et un père « piquepusse ».

Dans la paroisse Sainte-Marguerite se trouvaient, rue Basfroy, des filles séculières, autorisées par lettres patentes de septembre 1682, pour l’instruction des enfants pauvres du faubourg Saint-Antoine. Les duchesses de Noailles et de Lesdiguières, dames de charité de la paroisse Saint-Paul, les avaient fait venir, en 1679, d’Aubervilliers, où elles s’appelaient Filles de Notre-Dame-des-Vertus, sous la direction d’Aimée de Buha. Le curé de Saint-Paul, Mazure, leur donna, en 1682, une maison qu’il possédait rue Saint-Bernard. Ses héritiers attaquèrent son testament, et le legs fut annulé en 1690. Mais la maison fut rachetée et concédée aux écoles par M. de Bragelongne, conseiller à la cour des aides ; c’était la première maison à gauche en quittant la grille du presbytère, touchant l’enceinte du cimetière Sainte-Marguerite. Les Filles de Notre-Dame-des-Vertus devinrent alors les Filles de Sainte-Marguerite[78].

Quant aux Filles de la Trinité, dites Mathurines, établies depuis 1713 rue de Reuilly[79], elles donnaient bien l’instruction aux filles pauvres dans leur communauté, mais ne faisaient pas partie du personnel des écoles de charité essentiellement paroissial.

C’est également au faubourg Saint-Antoine qu’avait pris naissance l’association janséniste des Frères Tabourin qui, favorisés par le curé J.-B. Goy, rayonnèrent bientôt dans toute la paroisse Sainte-Marguerite[80]. En 1711, un ecclésiastique, Étienne Gaillard, avait fait don à l’Hôtel-Dieu de trois maisons situées dans le faubourg Saint-Antoine, rue de Lappe, à la charge de payer tous les ans une somme de 420 livres à un maître d’école pour les enfants pauvres du quartier[81]. Ce fut l’origine de cette association de Frères des Écoles chrétiennes du faubourg Saint-Antoine qui en 1738 comptait dix-sept écoles. Leur action se fit sentir d’une façon efficace. Un lieutenant de police déclarait que depuis l’établissement de ces écoles, la police du faubourg Saint-Antoine lui coûtait 30,000 livres de moins qu’à ses prédécesseurs.

Dans la paroisse Saint-Médard, l’école de charité de filles fut tenue un certain temps par les filles séculières de la communauté de Sainte-Agathe, dissoute en 1753[82], après divers démêlés avec l autorité ecclésiastique à cause de leur jansénisme et faute d avoir pu obtenir des lettres patentes. Il existait également une école pour les pauvres, rue d’Orléans, dans le quartier de la place Maubert, dite maison de Sainte-Jeanne, et dirigée par les Filles de la Croix[83].

Ce sont des sœurs de paroisse, soumises à l’autorité du curé, qui donnaient l’instruction sous le nom de Sœurs de Saint-Anne aux pauvres filles de la paroisse Saint-Roch. Elles n’avaient ni clôture, ni grille, ni chapelle, ni cimetière, assistaient aux offices de la paroisse, selon les conditions imposées par leurs fondateurs, M. et Mme de Fremont[84]. Les postulantes reçues d’abord avec l’agrément de M. de Frémont, puis de sa fille, la maréchale de Lorges, furent ensuite choisies par le curé de Saint-Roch. Ces filles portaient simplement un habit en serge de Saint-Lô avec une coiffe de taffetas, des bonnets noirs pour cacher leurs cheveux, un mouchoir de col en taffetas et dessous une gorgerette. Elles tenaient à la fois un ouvroir et une école répartie en trois classes : la petite, où l’on apprenait à lire et à écrire ; la grande, où l’on enseignait l’orthographe et l’arithmétique ; enfin la classe des « passagères », pour les plus pauvres qui ne pouvaient se rendre aux instructions quotidiennes.

Dans la paroisse Saint-Etienne-du-Mont, les écoles de charité pour les filles étaient tenues par les Filles de Sainte-Geneviève ou Filles noires, qui occupaient une maison « dans le carré de l’abbaye de Sainte-Geneviève au-dessus et attenant le collège de l’Ave-Maria »[85]. Elles étaient locataires de l’abbaye, qui avait droit de direction sur leur communauté. Elles avaient été fondées en 1669 par le R. P. Paul Beurrier, ancien curé de Saint-Etienne-du-Mont, puis abbé de Sainte-Geneviève[86], lequel avait reçu pour cette fondation divers dons de personnes pieuses. Leur mission était d’apprendre lire, à écrire, « travailler en ouvrages » et de former des maîtresses d’école pour la campagne. Elles n’étaient au début que trois dames, filles et veuves, dont la supérieure était demoiselle Véronique Tabourin, veuve de l’avocat Couvrechef, mais petit à petit elles augmentèrent leur nombre, devenu insuffisant, grâce à diverses donations[87]. Elles ouvrirent aussi une classe « bourgeoise dont le prix variait de 3 à 4 livres par mois et qui leur rapportait 572 livres en 1754 et 1,769 livres en 1764[88]. Suspectées de jansénisme au xviiie siècle, avec le curé Blondel leur supérieur, elles durent subir la direction du P. Menessier, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, puis du curé Bouëttin, qui « expurgea les écoles »[89].

Dans la paroisse Saint-Sulpice, l’instruction gratuite se donnait pour les garçons dans les écoles de la rue Princesse, tenues jusqu’en 1688 par un prêtre de la paroisse, et de la rue Notre-Dame-des-Champs (rue du Bac). dirigées par les Frères des Écoles chrétiennes, dits de Saint-Yon, appelés en 1688 par le curé, M. de la Barmondière. Le cardinal de Bissy, abbé de Saint-Germain-des-Prés, donna, en 1735, à la fabrique de la paroisse une somme de 16,305 l. 19 s., soit une rente annuelle de 2,316 l. 13 s. 4 d.[90] pour augmenter le nombre des Frères. Ces nouvelles écoles se trouvaient installées dans la maison dite du « Saint-Esprit », acquise en 1722, à qui vint se joindre plus tard, en 1731, une portion de jardin, rue de Vaugirard, donnée par Mlle  Dagarat, bienfaitrice des orphelines de la Mère-Dieu[91]. Enfin, en 1754, aux douze frères entretenus sur la fondation du cardinal de Bissy, M. Dulau d’Allemans, curé de Saint-Sulpice, en ajouta un treizième[92].

Pour les filles, l’instruction gratuite était donnée par la communauté des Filles de l’Instruction chrétienne, établie par lettres Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/55 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/56 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/57 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/58 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/59 écoles d’externes ou d’enfants du peuple qu’elles enseignaient gratis pour accomplir leurs vœux… »

Les Sœurs de Saint-Thomas-de-Villeneuve, établies rue de Sèvres à Paris depuis 1698[93], élevaient des orphelines. Fondées à Lamballe par le P. Ange Leproust, de l’ordre des Ermites de saint Augustin, pour le service des hôpitaux, elles avaient de bonne heure ajouté à leurs attributions l’éducation et l’apprentissage des jeunes orphelines. Les lettres patentes de mars 1671, enregistrées au parlement de Bretagne, leur accordaient l’autorisation de s’établir dans diverses villes de cette province « pour y exercer toutes sortes d’œuvres de charité pour le secours et le soulagement des pauvres, l’instruction et l’éducation des petites filles orphelines à la piété chrestienne, à leur apprendre à faire des ouvrages de leurs mains pour les mettre en état de gagner leur vie ». Elles tenaient une école gratuite de filles dans leur maison de la rue de Sèvres[94].

A côté des demoiselles d’extraction noble, on élevait également des filles du peuple, à titre gratuit, à la maison royale de l’Enfant-Jésus, fondée par le curé de Saint-Sulpice, Languet de Gergy ; elle devait son titre à la protection de la reine Marie Leczinska[95] qui avait obtenu en sa faveur les lettres patentes de décembre 1751, enregistrées le 24 juillet 1752. Dans un mémoire adressé à Louis XV, en 1747, le curé de Saint-Sulpice donne des renseignements détaillés sur cette « maison de pension », achetée par lui 86,100 livres en 1732[96], mais louée dès 1724, et qui se trouvait entre les chemins de « Sèves » et de Vaugirard, avec entrée sur la rue de Sèvres. D’accord avec le Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/61 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/62 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/63 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/64 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/65 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/66 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/67 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/68 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/69 pensionnés par les curés. Les quatorze frères de la paroisse Saint-Sulpice reçoivent 4,592 livres du curé et de la fabrique ; les trois frères du Gros-Caillou reçoivent 1,158 livres du curé de Saint-Sulpice en dehors de leur logement ; les trois frères de Saint-Étienne-du-Mont, appelés en 1744, sont logés et touchent 900 livres ; les six frères de la paroisse de la Madeleine, appelés par le duc de Béthune-Charost en 1757, reçoivent 2,250 livres[97].

Il n’y avait pas l’équivalent de ce que nous appelons une école normale, pour la formation des maîtres et maîtresses, encore que certains esprits en aient senti la nécessité. Seuls les Frères des Écoles chrétiennes avaient, en dehors de leur noviciat, d’abord établi à Vaugirard, puis à Notre-Dame-des-Vertus, près du Luxembourg[98], en 1698, transféré enfin à Charonne en 1703, tenté l’essai d’un séminaire de maîtres d’écoles dans la paroisse de Saint-Hippolyte, en 1699, avec le concours du curé Michel Lebreton[99]. Il se trouvait dans le local de l’école des garçons, rue de Lourcine, et était surtout destiné à préparer des maîtres pour les paroisses suburbaines. Mais, à la suite de difficultés survenues entre J.-B. de la Salle et le frère qui en était le directeur, N. Vayand, cet établissement fut supprimé en 1705.

Dans certaines paroisses, les curés semblent cependant s’être entourés de certaines garanties dans le choix des maîtres, qui ne se fait qu’après délibération de la fabrique. Car les Compagnies de charité qui, au début, choisissaient les maîtres, paraissent bien avoir un peu partout abdiqué en faveur des curés qui dirigent effectivement toutes les œuvres paroissiales. Ceux-ci enfin virent petit à petit, à partir du xviiie siècle, leur pouvoir temporel limité par le Parlement, qui approuvait les règlements soit de la Fabrique, soit de la Charité, et paraît même dans certains cas s’être réservé le droit d’approuver la nomination des maîtres choisis dans les assemblées générales de paroisses en vertu de l’art. 25 de l’édit d’avril 1695[100]. Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/71 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/72 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/73 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/74 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/75 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/76 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/77 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/78 Roland, dans son Plan d’éducation*, demandait qu’on profitât de l’expulsion des Jésuites pour « donner aux écoles une forme plus relative aux mœurs et aux lois de la nation… et qui imprimât à l’éducation publique le caractère précieux (et malheureusement trop longtemps négligé) d’éducation nationale ».

De son côté, Turgot, dès 1775, dans son Mémoire au roi sur les municipalités2, réclamait, en vue d’une meilleure constitution de la société, la formation d’un conseil de l’Instruction nationale, sous la direction duquel seraient les académies, les universités, les collèges, les petites écoles. « Il faudrait imaginer, écrivait-il, un plan qui liât l’une à l’autre toutes les parties du royaume par une instruction à laquelle on ne pût se refuser », et, montrant la diversité qui existait dans les livres classiques, même dans les catéchismes religieux, d’un diocèse à l’autre, il donnait comme mission à son conseil projeté « de faire composer dans un [seul] esprit les livres classiques d’après un plan suivi, de manière que l’un conduisit à l’autre et que l’étude des devoirs du citoyen, membre d’une famille et de l’État, fut le fondement de toutes les autres études, qui seraient rangées dans l’ordre de l’utilité dont elles peuvent être à la patrie ». Ce qui faisait défaut, comme l’apercevaient les esprits clairvoyants3, c’était, selon le mot de Turgot, une instruction nationale.

élevés par des membres de l’État. » Voir aussi L. Delvaille, La Chalotais., Paris, 1911, in-8°.

1. Recueil de plusieurs ouvrages de M. le président Roland. Paris, 1768, in-4% Plan d’éducation, p. i3o.

2. Œuvres, édit. E. Daire. Paris, 1844, 2 vol. in-8°, t. II, p. 506.

3. Sur le mouvement de réforme qui, pour l’instruction comme pour l’assistance, précéda de 1762 à 1789 la Révolution, voir G. Dumesnil, la Pédagogie révolutionnaire. Paris, 1883, in-12, p. 55 et suiv.




CHAPITRE II.

Les Écoles de charité de 1789 à 1833.

Les écoles de charité sous la Révolution (1789-1802). — Les mouvements populaires ; pétitions des Sœurs grises, des Frères des Écoles chrétiennes ; refus de serment ; suppression officielle des écoles par le décret du 18 août 1792 ; persistance de quelques établissements ; l’école de Liancourt ; l’école-ouvroir du passage Saint-Paul ; insuccès des écoles publiques officielles.

Les créations du Conseil général des hospices (1802-1815). — Rétablissement des écoles de charité par l’arrêté du 27 prairial an IX ; les premières fondations : l’œuvre de Chaptal et de Duquesnoy ; subventions accordées par le Conseil général des hospices, réouvertures progressives ; doctrine de l’administration des hospices et du gouvernement. État des écoles en 1814.

La réorganisation des bureaux de charité en 1816 et les fondations d’écoles de 1816 à 1833. — Doctrines politiques du gouvernement de la Restauration ; rôle social et moral des écoles ; nouvelles fondations ; statistiques sur la progression des écoles ; constructions d’immeubles ; les Frères des écoles chrétiennes ; les Frères du faubourg Saint-Antoine ; les doctrines pédagogiques ; les Filles de la Charité ; les salles d’asile.

La lutte de l’enseignement mutuel et de l’enseignement simultané. — Les précédents de la méthode d’enseignement mutuel sous l’ancien régime ; les écoles de Bell et Lancaster en Angleterre ; le décret du 27 avril 1815 et la fondation de la Société pour l’amélioration de l’enseignement élémentaire ; libéraux et catholiques ; résistance des Frères ; la concurrence des écoles d’enseignement mutuel ; faveur et décadence de cette méthode.

La préparation de la loi de 1833 et la suppression des écoles de charité. — Le projet de loi et les partis ; les vues de Guizot ; hostilité des bureaux de bienfaisance ; municipalisation des écoles de charité et application à Paris de la loi du 28 juin 1833.

Les écoles de charité sous la Révolution (1789-1802).

Le clergé qui avait fondé des écoles gratuites à Paris et dans les provinces désirait continuer son œuvre sans entraves. Si l’on recherche dans les cahiers de 1789 les vœux exprimés en faveur de l’instruction gratuite, on trouve pour Paris une touchante unanimité des trois ordres. Mais, tandis que le tiers état Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/81 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/82 tion publique dans le département de l’instruction H, qui n’auraient pas prêté le serment prescrit par les décrets des 27 décembre 1790 et 22 mars 1791. Cette mesure, en réalité, équivalait à la fermeture d’un grand nombre d’écoles, dont les maîtres et maîtresses ne voulaient à aucun prix se plier aux les scellés étaient exigences des dédits. Le 19 juillet 1791 apposés rue du Pot-de-Fer, sur la maison des Filles de l’Instruction chrétienne ; le corps de ville prenait bien, le 19 août 1791, un arrêté ordonnant le paiement aux commissaires de bienfaisance d’une somme de (j,ooo francs, pour acquitter notamment les salaires dus aux maîtres et maîtresses des écoles de charité2. La situation devenait néanmoins de plus en plus critique et les écoles se fermaient un peu partout.

Les Frères des Écoles chrétiennes avaient adressé, dès 1790, une pétition à l'Assemblée nationale, pour plaider leur cause : « Où trouverait-on des maîtres assez dévoués à la chose publique, disaient-ils, pour se charger d'instruire tous les jeunes gens pauvres, pour leur donner tous les soins que nous leur prodiguons et cela pour les modiques émolumens que nous recevons des municipalités ? Certainement, pour s'assujettir, à ce prix, à un travail aussi pénible, aussi rebutant que celui de l'enseignement des premiers rudimens de la lecture, de l'écriture et du calcul, il faut nécessairement puiser dans les rapports intimes de la vie religieuse ces douces consolations que ne connoissent pas des individus isolés, ou distraits par les soins de ce monde. »[101] Ils avaient continué leurs classes provisoirement, mais, comme ils refusaient de prêter serment, le Directoire du département de la Seine les destitua par arrêté du 20 avril 1792 et ils se dispersèrent. Quelques-uns émigrèrent en Italie, d'autres acceptèrent des emplois publics, d'autres, enfin, dont le supérieur, frère Agathon, furent mis en prison, et relâchés en 1794.[102]

1. Arch. nat., S. 7047.

2. Arch. nat., F16 3587.

Les « écoles paroissiales, disait, le 24 février 1792, Pastoret à l’Assemblée législative, languissent dans l’abandon et la misère ; le plus grand nombre d’entre elles n’était soutenu que par les charités actives de ceux qui joignaient à l’opulence l’amour sincère ou le faste heureux de la vertu ; mais la plupart de ces hommes, égarés aujourd’hui, ont retiré la main bienfaisante qui versait des secours aux enfans du pauvre[103]. »

Les frères et les sœurs de charité trouvaient des défenseurs dans l’Assemblée : « Votre comité, disait le député Gaudin dans son rapport imprimé au Moniteur du 22 février 1792[104], croit pouvoir ranger parmi les institutions utiles les Frères des Écoles chrétiennes, chargés d’enseigner en plusieurs villes à lire, à écrire, l’arithmétique et les élémens du commerce. Ils ont rempli ces fonctions avec succès et fondé même en quelques villes des pensionnats nombreux qui ont toute la confiance publique ». Il ajoutait, il est vrai, que cette association, fondée sous les auspices des Jésuites, en eut toujours le « fanatisme et l’intolérance », qu’elle ne pourrait être conservée comme corporation, mais qu’une fois dissoute on devrait accueillir ceux de ses membres qui voudraient se dévouer aux mêmes services.

Il ne craignait pas d’autre part de désigner à la reconnaissance publique « les sœurs grises, dévouées au service des hôpitaux et qui ont jusqu’ici rempli avec beaucoup de succès ces fonctions si précieuses à l’humanité et en même temps si pénibles. C’est le crime d’un clergé rebelle d’avoir empoisonné de son fanatisme des âmes qui ne devaient connaître que les œuvres de la bienfaisance ».

Dès le 12 décembre 1791, les administrateurs composant le Conseil du département avaient adressé une lettre, signée par La Rochefoucauld-Liancourt, à Cahier, ministre de l’Intérieur, pour étudier, entre autres, « le remplacement des écoles de charité[105] ». Au mois de février 1792, les Filles de la Croix du cul-de-sac Guéménée se dispersaient, et trois seulement d’entre elles, sur trente-huit qui avaient prêté serment, restaient pour assurer les classes gratuites, sur les instances du curé de SaintPage:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/85 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/86 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/87 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/88 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/89 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/90 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/91 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/92 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/93 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/94 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/95 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/96 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/97 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/98 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/99 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/100 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/101 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/102 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/103 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/104 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/105 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/106 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/107

Un économiste chrétien, Villeneuve-Bargemont[106], et d’autres avec lui, présentaient des vues hardies sur l’application du christianisme aux organisations sociales. Mais c’est surtout dans les méthodes d’enseignement que nous allons voir, autour des écoles de charité, se livrer le combat des doctrines et se faire jour l’esprit nouveau de la société, transformée par la Révolution.

Dans son rapport au Conseil général des hospices, à la séance du 28 août 1816, distribué aux bureaux de charité2, le préfet Chabrol, commentant l’ordonnance royale du 2 juillet 1816, ne craint pas d’attirer l’attention sur l’importance « politique de l’organisation nouvelle ». Il s’agit, en multipliant les administrateurs, en précisant leurs attributions, de surveiller l’esprit de la population indigente, de la population des faubourgs, dont on craint toujours les emballements et les menées, au sortir de la Révolution : « En matière de secours publics, écrit-il, l’avantage du pauvre se trouve d’accord avec celui du gouvernement qui l’assiste ; mais on peut dire qu’il n’est que secondaire et que le premier, le principal but du gouvernement, est de pourvoir à son propre intérêt, à sa sûreté et à celle de l’État. » La distribution des secours tient essentiellement à l’ordre public. « Il est nécessaire que l’influence du gouvernement se fasse continuellement sentir jusqu’aux extrémités des canaux par lesquels passent les secours qu’il accorde ; qu’il ait la certitude qu’ils sont distribués dans son intérêt et selon ses intentions. » Les écoles de charité seront à ce point de vue d’une grande importance. La surveillance des administrateurs des bureaux doit s’ajouter, sous ce rapport, à celle des comités cantonaux créés par l’ordonnance royale du 29 février 18163. sous la Restauration et la monarchie de Juillet, dans Revue d’économie politique, juin 1903.

2. Ordonnance du roi et arrêté du ministre de l’Intérieur relatifs aux secours à domicile dans Paris, 1816, in-8°, p. 41 (Bibl. de l'Assistance publique, F2 7).

3. Il y avait d’autre part à l’Hôtel-de-Ville uo Conseil d’instruction primaire, créé par le préfet Chabrol, et qui siégea jusqu’en 1833 ; ce conseil Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/109 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/110 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/111 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/112 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/113 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/114 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/115 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/116 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/117 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/118 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/119 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/120 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/121 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/122 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/123 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/124 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/125 des deux protagonistes était soutenu par une société. La Société des écoles pour la Grande-Bretagne et pour l’étranger soutenait les écoles de Lancaster, et la Société nationale pour la propagation de l’enseignement dans les classes pauvres, suivant les principes de l’Église dominante en Angleterre et dans le pays de Galles, soutenait les écoles de Bell. Les deux systèmes d’ailleurs assuraient les mêmes résultats et les différences ne portaient que sur le mécanisme des méthodes, les moyens d’inspection et le système d’enseignement religieux.

C’est vers 1814 que l’attention fut attirée en France sur ces écoles par des Français qui étaient allés en Angleterre visiter les fondations récentes, entre autres l’abbé Gaultier, J.-B. Say, Jomard[107], le comte de Lasteyrie, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt. Ils se réunirent pour travailler à la propagation de la nouvelle méthode et le 17 juin 1815 fut fondée la Société pour l’amélioration de l’enseignement élémentaire. Elle eut pour président M. de Gérando, pour vice-président M. de Lasteyrie, pour secrétaires MM. de Laborde et Jomard, et publia chez le libraire Colas un Journal d’éducation publique.

Les premières écoles d’enseignement mutuel fondées à Paris, grâce au concours de Carnot, ministre de l’Intérieur, depuis le 22 mars 1815 (rapport à l’Empereur du 27 avril 1815), furent l’école établie dans l’ancien collège de Lisieux et l’École normale de la rue Saint-Jean-de-Beauvais, n° 16. Elle occupait la chapelle et une partie de la grande cour de l’ancien collège de Beauvais, dont l’autre partie formait une succursale de l’hôpital militaire installé dans l’ancien collège de Montaigu[108]. Le préfet "Était stimulé dans cette œuvre par le baron Rendu, secrétaire général de la préfecture[109], frère de A. Rendu, inspecteur général de l’Université. En 1816, vingt maîtres et maîtresses sortirent de cette école pour diriger les écoles fondées à Châtillon-sur-Seine par le duc de Raguse, à mirail par le duc de Doudeauville, à Paris par MM. de Greffulhe, de Praslin, Mme de Lavoisier, la duchesse de Duras. Puis vinrent l’école de la rue Carpentier, n° 4 (1815), et celle de la Halle-aux-Draps (1816) ; celle de l’Enclos-Saint-Jean-de-Latran, place de Cambrai ; celle de Saint-Ambroise-Popincourt ; en 1818, ces écoles étaient au nombre de vingt-huit dans Paris[110].

À ces écoles d’enseignement mutuel, fondées sur le modèle d’un pays étranger, d’un pays protestant, les Frères des Écoles chrétiennes opposaient le mode d’enseignement simultané. Ils s’appuyaient sur l’autorité de Rollin, d’après lequel la méthode de faire lire des mots à plusieurs syllabes par plusieurs enfants à la fois, dont chacun prononce une syllabe, aurait été introduite en 1700 dans les écoles d’Orléans et dans d’autres écoles de Paris.[111] « On a introduit à Paris depuis plusieurs années, dit-il[112], dans la plupart des écoles des pauvres, une méthode qui est fort utile aux écoliers et qui épargne beaucoup de peine aux maîtres. L’école est divisée en plusieurs classes. J’en prends ici une seulement, celle des enfants qui joignent déjà les syllabes ; il faut juger des autres à proportion. Je suppose que le sujet de la lecture est : « Dixit dominus domino meo, sede a dextris meis. » Chaque enfant prononce une syllabe comme Di, son émule qui est vis-à-vis de lui continue la suivante xit, et ainsi du reste. Toute la classe est attentive, car le maître, sans avertir, passe tout d’un coup du commencement d’un banc au milieu ou à la fin, et il fait continuer sans interruption. Si un écolier manque dans quelque syllabe, le maître donne sur la table un coup de baguette, sans parler, et l’écolier est obligé de répéter comme il faut la syllabe jusqu’à ce qu’elle ait été prononcée correctement. J’ai vu avec un singulier plaisir, il y a plus de trente ans, cette méthode pratiquée heureusement à Orléans, où elle a pris naissance par les soins et par l'industrie de M. Garot qui présidait aux écoles de cette ville. L'école que je visitai était de plus de cent écoliers et il y régnait un profond silence. »

C’est également cette méthode que recommandait le chanoine S. Cherrier dans son livre intitulé : Méthodes nouvelles pour apprendre à lire aisément et en peu de temps, même par manière de jeu et d’amusement…, paru en 1755.

L’esprit de parti s’en mêlant, on vit bientôt se produire une lutte de libelles et de brochures[113] répandus à profusion dans le pays. Le ministre de l’Intérieur, dans un article paru au Moniteur du 13 janvier 1818[114], prit la défense de l’enseignement mutuel. Il voulait détruire le malentendu entretenu par les Frères envers cet enseignement, qui n’était pas d’ailleurs dirigé contre leurs écoles, dont aucune n’était menacée. Il insistait simplement sur les services rendus par le nouvel enseignement, favorisé par la création d’écoles normales d’instituteurs[115]. « L’enseignement simultané, écrivait-il, offre un premier degré et un degré précieux de simplicité. La leçon du maître est donnée à la fois à plusieurs, autant qu’il en est auxquels elle peut à la fois parvenir d’une manière directe, plusieurs exécutent à la fois dans le même plan. A l’avantage de l’émulation se joint une heureuse harmonie, une sorte de discipline naturelle qui forme un ensemble organisé d’un certain nombre d’individus ; l’imitation, cette loi singulière de la nature humaine, est mise heureusement à profit. Toutefois, pour que ce système atteignît réellement son but, il faudrait que tous les élèves eussent des forces égales et pussent à chaque instant faire les mêmes pas. Autrement, il faudra que le plus instruit et le plus capable attende le centre, et il restera une queue de traînards qui, hors d’état de suivre, feindront d’apprendre, mais n’auront qu’une fausse instruction, pire peut-être que l’ignorance. Dans ce système, si l’on veut multiplier les rangs dans lesquels les élèves sont alignés, il faut multiplier les maîtres ou bien condamner le maître à ne s’occuper de chaque ordre que successivement…

« L’enseignement mutuel a tous les caractères de l’enseignement simultané, mais il y joint un nouveau degré de simplicité et d’énergie. Il fait disparaître d’abord l’alternative qui tourmentait ce dernier, en délivrant de la rigueur des classifications trop générales et trop absolues. Il se prête à de nombreuses divisions et sous-divisions dans l’enceinte du même corps, et sous les yeux du même maître. Ce ne sont plus des alignemens forcés dans la même classe, ce ne sont plus des écoles distinctes dans la division des classes. Chaque élève est toujours à sa vraie place ; les classes se suivent, se tiennent par la main plutôt qu’elles ne sont séparées. Il y a plus, et dans chaque classe ou sous-division, l’élève est constamment situé au degré dont il s’est actuellement montré capable ; de la sorte, l’avantage unique de l’enseignement individuel se trouve conservé et reproduit tout entier au sein d’une masse considérable. Chacun est aussi actif et plus actif même que s’il était seul. Il se corrige par l’exemple d’autrui, il corrige son camarade par son exemple, il est tenu incessamment en haleine pour l’action et pour la revision. Le ressort principal est toujours unique, mais au lieu d’imprimer un mouvement uniforme à des élémens divers, il varie son impulsion, la modifie en autant de manières qu’il y a de variétés réelles dans les élémens ; mais à l’aide de ressorts subordonnés, il embrasse avec moins d’efforts une sphère plus vaste. Les ressorts sont les élèves mêmes, distribués graduellement sur tous les points où l’instruction doit atteindre. En dirigeant, ils se rendent compte à eux-mêmes de ce qu’ils ont appris, c’est-à-dire exécutent réellement l’exercice nécessaire pour bien savoir. Tour à tour élèves et répétiteurs, ils ne font que transmettre ce qu’ils ont reçu, indiquer ce qu’ils ont tenté eux-mêmes avec succès. La portion la plus difficile, la plus délicate, la plus ignorée du rôle de l’instituteur, je veux dire la bonne direction des facultés, s’accomplit en quelque sorte toute seule pour cet exercice toujours régulier, progressif, dans lequel l’attention des enfants est entretenue ; l’émulation, la sympathie imitative s’accroissent par une classification plus vraie, qui rapproche Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/130 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/131 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/132 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/133 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/134 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/135 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/136 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/137 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/138 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/139 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/140 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/141 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/142 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/143 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/144 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/145 Page:Fosseyeux - Les Écoles de charité à Paris, 1912.pdf/146

TABLE DES MATIÈRES




Bibliographie.

Sources manuscrites ; inventaire sommaire des documents conservés dans les divers dépôts1

Sources imprimées, bibliographie critique des principaux livres et périodiques14

Chapitre premier. Les écoles de charité sous l’ancien Régime.

Les fondations des écoles de charité. — Origine du mouvement ; les influences dominantes : Vincent de Paul, la Compagnie du Saint-Sacrement, les Compagnies paroissiales de charité, le jansénisme ; difficultés et procès ; la transaction de 1699 entre les curés et le grand chantre de Notre-Dame :;les legs ; les locaux25

Les maîtres et maîtresses. — Sœurs de l’Enfant-Jésus, Filles de la Charité ou Sœurs grises, Sœurs de Sainte-Marthe ; Frères de Saint-Yon ou des Écoles chrétiennes ; Frères du faubourg Saint-Antoine ou Frères Tabourin ; répartition par paroisses, écoles gratuites des couvents, des hôpitaux, des orphelinats, de Savoyards43

Discipline et enseignement. — Traitements des maîtres ; règlement des écoles ; emploi du temps ; livres, punitions, récompenses ; usages locaux des paroisses ; résultats64

Chapitre II. Les Écoles de charité au XIXe siècle.

Les écoles de charité sous la Révolution (1789-1802). — Les mouvements populaires ; pétitions des Sœurs grises, des Frères des Écoles chrétiennes ; refus de serment ; suppression officielle des écoles par le décret du 18 août 1792 ; persistance de quelques établissements ; l’école de Liancourt : l’école-ouvroir du passage Saint-Paul ; insuccès des écoles publiques officielles Pages76

Les créations du Conseil général des hospices (1802-1815). — Rétablissement des écoles de charité par l’arrêté du 27 prairial an IX ; les premières fondations : l’œuvre de Chaptal et de Duquesnoy ; subventions accordées par le Conseil général des hospices, réouvertures progressives : doctrine de l’administration des hospices et du gouvernement. État des écoles en 1814 85

La réorganisation des bureaux de charité en 1816 et les fondations d’écoles de 1816 à 1833. — Doctrines politiques du gouvernement de la Restauration, rôle social et moral des écoles : nouvelles fondations : statistiques sur la progression des écoles ; constructions d’immeubles ; les Frères des écoles chrétiennes ; les Frères du faubourg Saint-Antoine : les doctrines pédagogiques ; les Filles de la Charité : les salles d’asile103

La lutte de l’enseignement mutuel et de l’enseignement simultané. — Les précédents de la méthode d’enseignement mutuel sous l’ancien régime : les écoles de Bell et Lancaster en Angleterre ; le décret du 27 avril 1815 et la fondation de la Société pour l’amélioration de l’enseignement élémentaire : libéraux et catholiques : résistance des Frères ; la concurrence des écoles d’enseignement mutuel : faveur et décadence de cette méthode119

La préparation de la loi de 1833 et la suppression des écoles de charité. — Le projet de loi et les partis : les vues de Guizot : hostilité des bureaux de bienfaisance ; municipalisation des écoles de charité et application à Paris de la loi du 28 juin 1833 133

Conclusion141

  1. Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, édit. de 1883, 5 vol. in-8o ; t. I, p. 387, 479, cite les fondations de Nicolas Fillon pour Auteuil (1658) et d’Anne de Croze pour Charonne (1678). On peut y ajouter celle de Marie Lescot, à Belleville (1708) [Arch. nat., S. 3612], celle de Delaistre, maître de la Chambre aux deniers pour le diocèse de Paris, Saint-Cloud, Créteil, etc. (1714) [Arch. nat., L. 515].
  2. Houdoy, l’Instruction primaire et obligatoire depuis le XVIe siècle. Lille, 1873, in-4o, p. 1, 6, 10, 11, 12.
  3. Ch. de Beaurepaire, Recherches sur l’instruction publique dans le diocèse de Rouen avant 1789. Évreux, 1872, 3 vol. in-8o, t. II, p. 289, 290.
  4. La Vie de la vénérable Mère Jeanne de Lestonnac, fondatrice de l’ordre des religieuses de Notre-Dame de Toulouse. Chez P. Robert, 1742, in-18. Voir aussi Lettres inédites de Mme  de Mondonville, fondatrice de l’Institut de l’Enfance (1655-1697). Paris, 1911.
  5. Em. Brunet, la Charité paroissiale à Paris au XVIIe siècle. Caen, 1906, in-8o. — Léon Cahen, les Idées charitables à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, d’après les règlements des Compagnies paroissiales, dans la Revue d’histoire moderne, t. II, 1900-1901. — Pelleport-Burète, Essai sur l’organisation charitable des paroisses de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans la Réforme sociale, 1895.
  6. Vie du vénérable serviteur de Dieu Vincent de Paul. Paris, 1664, in-4o.
  7. Rue Saint-Denis, dans la maison achetée par Vincent de Paul à Jean Desmarets et Claude Sadot, en face Saint-Lazare, d’abord louée à Mlle  Le Gras, qui l’acheta pour 17,050 livres le 1er  avril 1653 et qui resta la maison-mère jusqu’à la Révolution (Arch. nat., S. 6160).
  8. Par dom Beauchet-Filleau. Marseille, lyon, in-8°.
  9. R. Allier, la Cabale des dévots. Paris, 1902, in-12 ; et A. Rébelliau, articles de la Revue des Deux-Mondes, septembre, octobre, novembre 1903.
  10. Beauchet-Filleau, Annales, 1636, p. 69. — D’Argenson parle simplement d’une « personne de vertu » qui avait laisse 200 livres de rente en se faisant religieuse pour entretenir vingt-deux filles jusqu’à l’âge de douze ans, à lire, à écrire et à prier Dieu. Or, nous savons que Mme  Tronson se fit religieuse professe au couvent de la Visitation Sainte-Marie du faubourg Saint-Jacques.
  11. Bibl. de l’Arsenal, ms. 2565.
  12. Bibl. de l’Arsenal, ms. 2565, fol. 8.
  13. Bibl. de l’Arsenal, ms. 2565, fol. 25.
  14. Voir Letourneau, la Mission de J.-J. Olier et la fondation des grands séminaires de France. Paris, 1906, in-12.
  15. Vie de M. Olier. Paris, 1873, 4e édit., t. III, p. 152.
  16. Nous ne nous occuperons pas ici de la « Bourse cléricale » de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui avait surtout pour objet la formation des ecclésiastiques. Cf. Dessein des assemblées de la Bourse cléricale établie à Saint-Nicolas-du-Chardonnet pour l’instruction des ecclésiastiques destinés au service des églises paroissiales. Paris, Jean Dincour, 1657, in-12, 36 p. (Bibl. nat., D. 32080).
  17. Cité par A. Ravelet, Vie du vénérable de la Salle. Paris, 1874, in-8o, p. 69-70.
  18. Abbé P. Schœnher, le Séminaire et la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Paris, 1909-1911, 2 vol. in-8o.
  19. Annales, p. 184, 26 janvier 1659, — « M. Leschassier, maître des comptes, l’un des principaux ouvriers de l’Hôpital général, fit savoir à la Compagnie qu’il avoit travaillé à l’établissement d’un séminaire de maîtres des petites écoles, ce qui fut fort approuvé ; on fit les assemblées à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. » Christophe Leschassier était le père de Madeleine Leschassier, fondatrice des Filles de l’Instruction chrétienne.
  20. Carré, les Pédagogues de Port-Royal. Paris, 1887, in-12.
  21. A. Gazier, la Destruction des petites écoles, d’après une relation inédite de 1660 ; extrait de la Revue internationale de l’enseignement, 1907.
  22. Cité par E. Paradis, la Pédagogie janséniste comparée à la pédagogie catholique. Paris, 1910, in-8°, p. 34. — Dans son Etude sur Lancelot (Paris, 1879), in-8°), Vérin a dégagé également l’esprit de charité, d’amour et de dévotion pour l’enfance des maîtres des petites écoles.
  23. E. Dejean, Nicolas Pavillon, évêque d’Alet. Paris, 191O, in-8°.
  24. J. Gaillard, Un prélat janséniste, Choart de BlIiellval, évêque de Beauvais (1651-1679), Paris, 1902, in-8°.
  25. L’expression est de M. Tisserand, les Petites écoles de Paris avant 1789 (Revue des sciences et des lettres, 1888, p. 145-156 et 288-301).
  26. Paris, Fr. Muguet, 1678, in-16, 392 p.
  27. Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 1941.
  28. Mémoire du chantre au Parlement, vers 1678 (bibl. Sainte-Geneviève, ms 1941).
  29. Cl. Joly, ouvr. cité, p. 384.
  30. Cl. Joly, ouvr. cité, p. 412.
  31. Nous renvoyons pour la liste des factums de Claude Joly et des curés pendant le procès à l’énumération que nous en avons faite dans notre Bibliographie d’après le registre LL. 372 des Archives nationales.
  32. Mémoires du clergé, t. I, p. 1049. De la juridiction du chantre ; arrêts du Parlement des 4 mars, 28 juin 1625, 19 mai 1628, 10 juillet 1632, 20 mars 1642, 29 juillet 1650, 6 août 1652, 7 février 1654, 5 janvier 1665, 31 mars 1683.
  33. Arch. nat., LL. 372.
  34. Déjà les arrêts des 25 mai 1666 en faveur de Bernard Cros, curé de Saint-Louis-en-l’Ile, et 23 août 1678 en faveur de J. Gardeau et P. Gargan, curés de Saint-Étienne-du-Mont et de Saint-Médard, avaient autorisé les maîtres et maîtresses à continuer d’instruire sans permission du chantre, mais seulement aux enfants des pauvres (Mémoires du clergé, t. I, p. 1073 et 1075).
  35. Il en reste un spécimen intéressant sur le local de l’école des Sœurs de la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile, rue Poulletier.
  36. D’après A. Franklin, Dictionnaire des arts, métiers et professions, Paris, 1905, in-4o, p. 453. Ils possédaient à Paris 140 pensions. Ils avaient déjà eu des démêlés avec le chantre en 1691, car ils ne reconnaissaient pas le droit aux maîtres des petites écoles d’enseigner la grammaire et l’arithmétique. Ils modifièrent leurs statuts en 1727.
  37. Correspondance administrative du règne de Louis XIV, t. IV, p. 180.
  38. Annales de l’institut des Frères des Écoles chrétiennes. Paris, 1883, 2 vol. in-8o, t. I, p. 161 (voir les sentences du lieutenant de police des 20 février, 11 juillet, 29 août 1704).
  39. À cette époque, les Frères des Écoles chrétiennes n’avaient pas encore obtenu de lettres patentes, et à l’occasion de leurs procès le procureur général du Parlement adressa au roi un mémoire sur les maisons religieuses non pourvues de lettres patentes. Le comte de Pontchartrain, sans prendre parti, le renvoya au cardinal de Noailles pour que les mesures soient prises d’accord avec l’autorité ecclésiastique (lettre du 26 septembre 1704, Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, t. IV, p. 240). Les statuts des Frères des Écoles chrétiennes ne furent approuvés que le 7 février 1720 par bulle du pape Benoît XIII et par lettres patentes du roi le 26 avril 1725.
  40. M. Chassaigne, la Lieutenance générale de Paris. Paris, 1908, in-8o.
  41. L’ordonnance de 1734, signée Hérault, se trouve dans le Dictionnaire de la police de La Poix de Fréminville (p. 283) et a été reproduite en partie par H. Monin, État de Paris en 1789. Paris, 1889, in-8o, p. 417.
  42. Donation du 30 juillet 1653 devant Gallois, notaire, 4,800 livres, soit 200 livres de rente données à l’Hôtel-Dieu pour fonder une école (C. Baloche, Histoire de Saint-Merry. Paris, 1912, in-8o, t. 1, p. 343).
  43. Arch. de l’Assistance publique, Hôtel-Dieu, legs Talon, 1648 (liasse 1184).
  44. Arch. nat., S. 3438.
  45. Arch. nat., L. 648. Contrats des 13 août 1700 et 4 mai 1715.
  46. Arch. nat., L. 688.
  47. Cette libéralité fut continuée par son fils le duc de Béthune-Charost, pair de France, dont l’hôtel, au faubourg Saint-Honoré, dépendait de cette paroisse : acte du 23 septembre 1757 (Arch. nat., L.679).
  48. Lebeuf, Histoire de Paris, éd. Cocheris, t. 1, p. 281.
  49. Acte du 20 janvier 1691 (Arch. nat., LL. 817, fol. 24, 33, 39, 89, 127) ; délibération de la paroisse Saint-Laurent, 1732-1777 ; procès-verbal de nomination, 10 juillet 1738, 21 août 1740, 8 septembre 1741, 27 juin 1751, 26 décembre 1762.
  50. Abbé Collignon, Histoire de la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile. Paris, 1888, in-8o, p. 46.
  51. Arch. de l’Assistance publique ; contrat du 12 septembre 1713 devant Desnotz, notaire.
  52. L’Escole paroissiale ou la manière de bien instruire les enfans dans les petites escoles, par un prêtre d’une paroisse de Paris. Paris, 1654, in-12.
  53. Arch. nat., S. 3359-60.
  54. Arch. paroissiales et Arch. nat., LL. 851. Registre des délibérations, 1721 à 1760. Abbé Baloche, la Chapelle Saint-Bon, dans la Cité, Bulletin de la Société historique du IVe arrondissement de Paris, avril 1909.
  55. En dehors des cinq écoles de charité, trois de garçons, deux de filles, il y avait des petites écoles dans chacun des sept quartiers scolaires qui divisaient la paroisse (Arch. nat., LL. 732, fol. 38, et Bibl. nat., Recueil Thoisy, mat. ecclés., t. XLII, p. 98).
  56. Bibl. de l’Arsenal, arch, de la Bastille, 10184, Instruction chrétienne, état au vray de cette communauté, 1737.
  57. Bibl. nat., Joly de Fleury 1587, fol. 63.
  58. Bibl. nat., Joly de Fleury 1588, fol. 143 à 191. Mémoire du curé J. Marduel et Mémoire des marguilliers, 1786, in-4°.
  59. Arch. nat., X1a 8765, fol. 12.
  60. Voir, sur ce personnage, P. Delaunay, le Monde médical parisien au XVIIIe siècle. Paris, 1906, in-8°, p. 377.
  61. Bibl. nat., Joly de Fleury 1639, fol. 446. Arrêt du Parlement du 7 septembre 1740.
  62. Arch. nat., LL. 801-2.
  63. Arch. nat., LL. 794. État en forme de journal concernant la cure et paroisse de Saint-Jacques-Saint-Philippe-du-Haut-Pas, t. II, fol. 569.
  64. Arch. nat., L. 716.
  65. Arch. nat., S. 1925.
  66. Arch. nat., G7 440. La confrérie-de Notre-Dame-du-Bon-Secours, de Saint-Eustache, était alors « sous la protection » de la femme du contrôleur général Desmaretz. Elle payait plusieurs maîtres et maîtresses des écoles de charité, contribuait à la dépense du lait pour « les enfants à la mamelle » et possédait une maison où se faisait « la marmite » des pauvres.
  67. Recueil d’arrêts sur les droits d’amortissements, in-fol. (Bibl. nat., F. 21939-45, t. II, fol. 524).
  68. Ibid., t. V. p. 759.
  69. Article 3 : « Sont exemptées ... toutes les acquisitions, échanges, dons et legs, constructions et reconstructions de bâtiments destinés soit au logement et à l’entretien des pauvres et des malades, soit à leur instruction gratuite. »
  70. Bibl. nat., Joly de Fleury 1639, fol.56.
  71. Né à Amiens en 1620. A composé des Lettres spirituelles. Rouen, 1697, in-12. Sa vie se trouve en tête de ce volume. Voir aussi P.-H. Grèzes, capucin, Vie du P. Barré. Paris, s. d., in-16.
  72. Hurtaut et Magny, Dictionnaire historique de la ville de Paris, t. IV, p. 565. La rue Saint-Maur est aujourd’hui la rue de l’Abbé-Grégoire. Elles firent deux tentatives pour être autorisées en 1731, puis en 1747, mais les deux fois le procureur général refusa, prétendant qu’il y avait déjà beaucoup trop de congrégations similaires, et malgré l’insistance du P. Combes, supérieur général des Missions auprès du cardinal de Fleury (Bibl. nat., Joly de Fleury 115, dossiers 1069, fol. 44 à 77, et 1237, fol. 215).
  73. Ces statuts furent imprimés en 1741. Parmi les supérieures de la uté aux XVIIe et XVIIIe siècles, nous trouvons Mme de Crozes, Mme Tiberge, Catherine de Bosresdon, Jeanne des Barres, etc. Cf. P.-H., Grèzes, capucin, Histoire de l’institut des écoles charitables de l’Enfant-Jésus, dit de Saint-Maur, suivi de la vie de la R. M. de Faudoas (1700-1877). Paris, s. d., in-12.
  74. Fr.-El. Jourdan, veuve du sculpteur Théodon, avait d’abord logé sa communauté rue de Montreuil, au faubourg Saint-Antoine, puis rue de la Muette en 1719, dans le même quartier, puis en 1726 rue des Prêtres-Saint-Séverin.
  75. Guilhermy, Inscriptions…, t. I, p. 310, cite cette inscription qu’il y a vue : Tronc pour les livres des écoles des pauvres filles.
  76. Léon Séché, les Derniers jansénistes. Paris, 1891-1893, 3 vol. in-8o, t. I, p. 99 à 102 ; et Ed. Finot, Port-Royal et Magny. Paris, 1888, in-12.
  77. Bibl. de l’Arsenal, arch. de la Bastille, ms. 10184.
  78. P. Hélyot, Histoire des ordres monastiques, édit. Migne, in-4o, t. IV (additions par L. Badiche), p. 1564.
  79. Jaillot, Recherches… T. III : Quartier Saint-Antoine, p. 116-117.
  80. A. Gazier, les Écoles de charité du faubourg Saint-Antoine, école normale et groupes scolaires (1713-1887), dans la Revue int. de l’enseignement, 1906 ; et A. Rébelliau, Un enseignement primaire janséniste de 1711 à 1887, les Frères Tabourin, au faubourg Saint-Antoine, dans la Revue pédagogique, 1906, p. 212.
  81. Arch. de l’Assistance publique, liasse 418 ; la maîtresse devait être prise aux termes de la donation (27 juin 1711) dans la communauté établie faubourg Saint-Germain par l’abbé Bailly ; le maître devait être nommé par lui, puis par ses neveux, et ensuite par le séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
  82. Bibl. de l’Arsenal, arch. de la Bastille, 10183. Lettres de Maurepas à l’abbé Vivant des 18 mars et 21 avril 1729, et Nouvelles ecclésiastiques, 1753, p. 35, 37, 52, 146.
  83. Hurtaut et Magny, ouvr. cité, t. IV, p. 587.
  84. Règlement pour la communauté des Filles établies pour l’instruction des pauvres filles de la paroisse Saint-Roch, approuvé par l’archevêque de Paris et registre en Parlement le 28 février 1687 (Paris, Ch. Ballard, rue Saint-Jean-de-Beauvais, au Mont-Parnasse, impr. et ms. Maz, 3309).
  85. Voir bail du 31 juillet 1692 et du 22 juillet 1743 concernant une maison attenante à la première (Arch. nat., S. 7048-50).
  86. Les lettres d’établissement sont du 17 juin 1669 ; le contrat de fondation du 27 mars 1670 ; les lettres patentes d’autorisation d’avril 1677, registrées au Parlement le 23 mai 1678 (Bibl. de la Ville de Paris, ms. 186, nouv. acq., fol. 403 à 474).
  87. Catherine Dubuisson « fonda » deux sœurs par testament du 11 avril 1729 ; la demoiselle Menessier, dont le frère était chanoine régulier de Sainte-Geneviève, curé et supérieur des écoles, légua 8,000 livres en 1743 (Arch. nat., S. 3324).
  88. Arch. nat., L. 1062.
  89. Nouvelles ecclésiastiques, 1744, p. 13-16, 57-64, 69-71. Voir aussi Pinet, les Tribulations d’un cuvé de Paris au XVIIIe siècle ; Bouëttin, curé de Saint-Étienne-du-Mont. Paris, 1896, i br. in-8o.
  90. Contrat du 30 juillet 1735 ; donation acceptée par les Frères le 14 janvier 1736 (Arch. nat., S. 7046-47).
  91. Elle leur légua le reste de sa maison rue de Vaugirard (30 septembre 1731).
  92. Le curé de Saint-Sulpice entretenait également trois frères logés et nourris au Gros-Caillou moyennant 1,158 livres par an (Arch. nat., L. 963. Mémoire historique et détaillé des établissements des Frères des Écoles chrétiennes dans le ressort du Parlement de Paris).
  93. Ce n’est toutefois qu’en 1711 que des lettres patentes leur accordèrent une existence légale à Paris (L. Lambeau, le Couvent des Hospitalières de Saint-Thomas-de-Villeneuve, annexe aux Procès-verbaux de la Commission du Vieux-Paris du 25 mai 1907).
  94. Hurtaut et Magny, ouvr. cité, t. IV, p. 578, et Sauval, Antiquités de Paris, t. I, p. 658. Ce sont elles également qui dirigeaient depuis 1754 la maison des orphelines de l’Enfant-Jésus ou de la Mère-de-Pureté, cul-de-sac des Vignes (rue des Postes), unie le 30 brumaire an III aux orphelines de la rue de Sèvres (Arch. nat., S. 7051, et arch. de l’Assistance publique).
  95. Mémoires du duc de Luynes, t. XI, p. 280, 391.
  96. Jaillot, Recherches sur Paris, 1775. T. V : Quartier du Luxembourg, p. 93.
  97. Arch. nat., L. 963. Mémoire historique et détaillé des établissements des Frères des Écoles chrétiennes dans le ressort du Parlement de Paris.
  98. C’était l’ancien couvent des Annonciades, alors sans locataire, et qui fut meublé par la générosité de Mme Voisin, veuve du secrétaire d’État, qui resta la bienfaitrice des Frères jusqu’à sa mort en 1714.
  99. Arch. nat., L. 655, et Gaston, Histoire de Saint-Hippolyte, p. 92.
  100. Monin, État de Paris en 1789. Paris, 1889, in-8o, p. 107.
  101. Adresse à l'Assistance nationale, Paris, Calixte Volland, 1790, in-12, p. 5 (Bibl. nat., Lb39 3135). Cette adresse était signée par les directeurs et profès des maisons de Paris. Une autre fut remise par le frère Agathon, supérieur.
  102. Ann. des Frères des Écoles chrétiennes. Paris, 1883, 2 vol. in-8°, t. II, chap. xxxii.
  103. Moniteur du 26 février 1792, p. 232.
  104. P. 275.
  105. Arch. nat., F1c iii, Seine, 13.
  106. Vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont, Économie politique chrétienne ou recherches sur la nature et les causes du paupérisme, Bruxelles, 1837, in-40. Dans le chapitre xvi du livre V consacré aux écoles charitables et gratuites pour les enfants indigents, il reprend les idées de Locke dans un rapport de 1607 sur les écoles de travail des paroisses.
  107. Voir son Abrégé de la méthode des écoles élémentaires, on Recueil pratique de ce qu’il y a de plus essentiel à connaître pour établir et diriger les écoles élémentaires, selon la nouvelle méthode d’enseignement mutuel et simultané. Paris, 1816, in-12.
  108. E. Rendu, Ambroise Rendu et l’Université de France. Paris, in-8o, p. 118.
  109. Arch. nat., F6 11, 14, Seine. Sur cette école, voir Ch. Renouard, Projet de quelques améliorations dans l’éducation publique. Paris, 1815, p. 6, et les Rapports de Jomard.
  110. Voir Dr Bally, Guide de l’enseignement mutuel. Paris, 1818 in-12 ; C.-A. Basset, Directions four les fondateurs et fondatrices et pour les maîtres et maîtresses des écoles d’enseignement perfectionné. Paris, 1816, in-12 ; Nyon, Manuel pratique, ou Précis de la méthode d’enseignement mutuel pour les nouvelles écoles élémentaires. Paris, 1817, in-12 ; R. de Lamennais, vicaire général de Saint-Brieuc, De l’enseignement mutuel. Saint-Brieuc, 1819, in-8o.
  111. On pourrait aussi sans doute en trouver le précédent dans les méthodes appliquées à Saint-Cyr par Mme de Maintenon.
  112. Supplément au traité de la manière d’enseigner et étudier les belles-lettres. Paris, 1734, in-12, p. 18.
  113. Voici les principales : Dubois-Bergeron, Des nouvelles écoles à la Lancaster, comparées avec l’enseignement des Frères des Écoles chrétiennes, légalement établies depuis un siècle. Paris, A. Le Clère, 1817, in-8o ; Lettre d’un catholique à M. le comte Chabrol de Volvic, préfet de la Seine, ou l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes et les nouvelles écoles à la Lancaster citées au tribunal de l’opinion publique ; Lettres sur les écoles à la Lancaster, extraites du journal l’Ami de la religion et du roi, etc.
  114. Moniteur, 1818, p. 51. Il y fut répondu dans une brochure parue chez Le Normant, Un mot sur l’enseignement mutuel, 1818.
  115. Arrêté préfectoral du 22 juillet 1817.