Les Amours, galanteries et passe-temps des actrices/04
CHAPITRE IV.
Mademoiselle Brocardini.
Non certainement, s’empressa de dire mademoiselle Brocardini, la petite oie, fi donc, et par crainte de la grossesse encore, la petite oie ; mais c’est presque du platonisme, passe encore de l’employer pour se mettre en train, mais y perdre sa semence et ne pas brûler son encens sur l’autel digne de la recevoir, j’en voudrais éternellement à quelqu’un qui me jouerait ce mauvais tour. Jouir est tout, voilà ma maxime et ce dont vous parlez est tout au plus une demi jouissance, selon moi, le suprême bonheur consiste dans ce doux chatouillement que nous éprouvons lorsque le sperme de l’homme s’élance vigoureusement du réservoir qui le contenait et vient darder jusqu’au plus profond de notre matrice ; la posture que je crois la plus propre à nous faire parvenir au but, est celle que j’utilise particulièrement avec le comte de B......
D’abord je dois vous prévenir que j’ai toujours regardé le lit comme le meuble sur lequel deux amans doivent de préférence se livrer aux ébats amoureux ; à mon avis, tout autre meuble présente toujours quelque gêne, vous m’observerez qu’on n’est pas toujours libre de choisir, que l’occasion fait le larron et qu’on prend son plaisir où on le trouve, et qu’alors l’affaire n’en est pas moins douce pour avoir été faite sur le mol édredon, le fauteuil de crinoline, voire même sur une simple chaise de paille, ou encore sur un banc de bois.
Pour moi, c’est sur mon lit que j’aime à me livrer aux caresses et aux embrassemens de mon aimable comte, et comme je ne sais pas ce que c’est que d’être retenue ou gênée par une feinte pudeur, je me défais de tous mes vêtemens pour mieux étaler à ses yeux tous les appas dont il a plu à la nature de me gratifier. Oh ! comme alors ses regards me dévorent, avec quelle ivresse il palpe mes tétons ; mes cuisses, ma moniche, quels brûlans baisers il y imprime, ses caresses ne tardent pas à me mettre hors de moi, ma langue se joue sous la sienne et la sève du plaisir parcourt tous mes membres des pieds à la tête, je l’enlace dans mes bras, je l’appelle des noms les plus tendres et je le force à m’exhiber le dard qui doit bientôt me perforer jusqu’aux entrailles, quand par suite de nos tendres badinages, tous deux nous sommes en feu, je me renverse tout de mon long, j’offre à ses baisers les extrémités de mes tétons fermes et ronds sur lesquels il se pâme de plaisir, pour le ranimer je me place de manière que mes deux pieds posant sur le lit font de mes jambes une sorte de voûte qui laisse à découvert le centre des plaisirs ; peu à peu je les écarte et mon jeune amant se plaçant entre elles deux, les prend et les soulève sur ses épaules, tandis qu’il braque son instrument à l’entrée de ma petite affaire, bientôt par un léger tour de reins je sens que l’ennemi s’est introduit dans la place, je le reçois avec calme d’abord, mais peu à peu ce calme disparaît pour faire place à une fureur amoureuse dont je ne suis bientôt plus la maîtresse ; je me démène comme une possédée et tandis que je jouis des vigoureuses secousses qui me sont données par la cheville ouvrière du comte, mon doigt, mon propre doigt ajoute au plaisir que j’ai déjà, en allant se placer sur mon clitoris et en hâtant par un léger frottement le moment de la décharge, bientôt ce moment arrive, je pique des deux ma monture et sans désarçonner mon cavalier je me jette de droite à gauche, de gauche à droite, en haut, en bas, au milieu des plus voluptueuses exclamations auxquelles mon amant joint les siennes. Ah ! ne finis pas encore… attends… attends moi… je suis aux… âmes… ça vient… arrivons ensemble… ah ! mon ami… tiens… tiens… ah ! tiens… c’est fini et croisant étroitement mes jambes, je retiens ainsi mon amant collé contre moi et reçois jusqu’au fond de l’âme son sperme, qui se confond avec le mien au milieu des plus célestes ravissemens.