Les Amours (1553)/Poème 104

La bibliothèque libre.



Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 117-118).

Amour, si plus ma fievre se renforce,
Si plus ton arc tire pour me blesser,
Avant mes jours, j'ai grand'peur de laisser
Le verd fardeau de ceste jeune escorce.

Jà de mon coeur je sen moindre la force
Se transmuer pour sa mort avancer,
Devant le feu de mon ardant penser,
Non en bois verd, mais en poudre d'amorce.

Bien fut pour moi le jour malencontreus
Quand je humai le bruvage amoureus,
Qu'à si lons traits me versoit une oeillade :
O fortuné ! si pour me secourir,
Dès le jour mesme Amour m'eust fait mourir,
Sans me tenir si longuement malade !