Les Amours (1553)/Poème 167

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 199).

Je veus brûler pour m'en voler au cieus,
Tout l'imparfait de cette écorce humaine,
M’éternisant, comme le fis d'Alcméne,
Qui tout en feu s'assit entre les Dieus.

Ja mon esprit chatouillé de son mieus,
Dedans ma chair, rebelle se promeine,
Et ja le bois de sa victime ameine
Pour s'enflamer aus raisons de tes yeus.

O saint brazier, ô feu chastement beau,
Las ! brûle moi d'un si chaste flambeau,
Qu'abandonnant ma dépouille conüe,

Nét libre, & nu, ie vole d'un plein saut,
Iusques au ciel pour adorer la haut,
L'autre beauté dont la tiene est venüe.