Les Amours (1553)/Poème 188

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 217-218).

Quelle langueur ce beau front deshonore ?
Quel voile oscur embrunit ce flambeau ?
Quelle palleur despourpre ce sein beau,
Qui per à per combat avec l'Aurore ?

Dieu medecin, si en toi vit encore
L'antique feu du Thessale arbrisseau,
Las ! pren pitié de ce teint damoiseau,
Et son lis palle en oeillets recolore.

Et toi, Barbu, fidele gardien
Des Rhagusins, peuple Epidaurien,
Deflame aussi le tison de ma vie :

S'il vit, je vi, s'il meurt, je ne suis riens :
Car tant son ame à la mienne est unie
Que ses destins seront suivis des miens.