Les Amours (1553)/Poème 60

La bibliothèque libre.


Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 73).

Comme un Cheureuil, quand le printans destruit
L’oiseus crystal de la morne gelée,
Pour mieus brouter la fueille emmielée,
Hors de son bois avec l’Aube s’enfuit :

Et seul, & seur, loin de chiens & de bruit,
Or sur un mont, or dans une valée,
Or pres d’une onde a l’escart recelée,
Libre, folâtre ou son pié le conduit.

De rets ne d’arc sa liberté n’a crainte,
Sinon alors que sa vie est attainte,
D’un trait meurtrier empourpré de son sang :

Ainsi i’alloi sans espoir de dommage,
Le jour qu’un œil sur l’Auril de mon âge
Tira d’un coup mille traits dans mon flanc.