Les Anacréontiques/À une jeune Fille (1)

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Les AnacréontiquesAlphonse Lemerre, éditeurPoésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 93-94).

XX

À UNE JEUNE FILLE


 
Niobé, dans la pierre à jamais enchaînée,
Sur les monts phrygiens, noir rocher, se dressa.
Procné, de Pandion la fille infortunée,
Devint une hirondelle et dans l’air s’envola.
Que ne puis-je à mon tour, ô maîtresse divine !
Être l’heureux miroir que regardent tes yeux,
La tunique de lin, la toile douce et fine

Qui presse tes beaux flancs entre ses plis soyeux !
Je voudrais être l’onde, ô divine maîtresse !
L’onde voluptueuse où se baigne ton corps ;
La subtile senteur qui parfume ta tresse,
Le voile où de tes seins se cachent les trésors.
Enlaçant de ton cou la blancheur virginale,
Que ne suis-je la perle ou l’ambre aux grains dorés !
Je voudrais être encore, ô beauté ! ta sandale
Pour me sentir foulé par tes pieds adorés !