Les Avadânas, contes et apologues indiens/78

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Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 21-23).


LXXVIII

LE LION ET LE VAUTOUR.

(Il faut être fidèle à sa parole.)


Un lion, qui vivait dans une forêt, avait lié amitié avec un singe. Celui-ci confia un jour ses deux petits au lion. Dans ce moment, un vautour qui était pressé par la faim, rôdait en cherchant sa proie. Comme le lion était endormi, il prit les petits du singe et alla se fixer au haut d’un arbre. À son réveil, le lion chercha les petits du singe et ne les trouva plus. Ayant levé les yeux, il aperçut un vautour qui les tenait au haut d’un arbre. Il adressa la parole au vautour et lui dit : « J’avais reçu les petits du singe qui avaient été confiés à ma garde. Mais je ne les ai pas protégés avec assez de vigilance et de soin, et vous en avez profité pour les prendre et les emporter. De cette manière, j’ai manqué de foi ! Je vous en prie, rendez-les-moi. Je suis le roi des quadrupèdes, et vous, vous êtes le maître des oiseaux. Notre noblesse et notre puissance sont égales. Il serait juste de me les rendre.

— Vous ne connaissez pas les circonstances, lui répondit le vautour. Maintenant, je meurs de faim ; qu’ai-je besoin de considérer la ressemblance ou la différence du rang ? »

Le lion, voyant bien qu’il n’obtiendrait rien, déchira avec ses ongles la chair de ses flancs pour racheter les petits du singe.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Ta-tchi-tou-lun, livre XXXIII.)