Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/153

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Slatkine reprints (p. 187).


LA NUIT SANS ELLE


Quelle nuit ! Jamais traversée lente, jamais cérémonie ou soirée mondaine, jamais joute oratoire, messe ou conférence ne me furent aussi longues que cette nuit.

Une heure seulement a passé depuis qu’Elle a franchi la porte. Une heure interminable comme un jour de deuil. Et Vingt et une autres passeront avant la nuit prochaine qui me la ramènera.

Vingt et une encore ? Vingt et une ! Ma montre ne suffira pas à mesurer une telle période. Il me semble que pour compter ces vingt et une heures, je devrais prendre un calendrier.

Pourtant je ne vois plus rien que deux aiguilles sous mes yeux. Marqueront-elles ainsi toujours la même heure ? Le temps qui fuyait si vite s’est-il arrêté brusquement ?