Les Costumes théâtrales/00

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A Hélio-Foutropolis (p. iii-vi).

AVIS
QUI NE SERA PAS LONG,
OU
SUJET DE MES TABLEAUX.


Tout autre à ma place établirait ici une longue préface ; mais le plaisir n’en à pas besoin. On brûle d’en venir à la conclusion, et le célibataire épuisé, de même que le libertin fougueux, se soucient peu de froides moralistes. Jouir est l’ame de toutes leurs pensées ; le mobile de leurs actions, et toutes leurs facultés s’y réunissent. Le pouvoir et la vigueur seule mettent des bornes à leurs facultés. Il est possible de desirer les embrassemens d’une jolie femme ; mais il n’est pas toujours assuré qu’on puisse y correspondre.

Car à notre vigueur la femme se résout,
Le plus aimé pour elle est bien celui qui fout.

J’ai lâché le mot, je continuerai, et sans plus discourir, je viens à mes tableaux.

Ier. Un Crispin maquereau ce qui n’est pas extraordinaire au théâtre, engagera la jeune ingénuité à se laisser conduire au lit par un élégant riche et poli, que s’ensuivra-t-il, une fouterie entre deux draps dont Mons-Crispin recueillera les honoraires, entre associés le partage doit être égale. Ce trait appartient à la haute comédie.

II. Un Rodrigue, épris de sa Climène la conduit dans sa loge et sans la déshabiller sur un canapé, la fout sans plus de façon. Ils sont surpris par un valet de théâtre, et un actionnaire amoureux, quoi de plus innocent à transmettre aux regards pudibonds de nos amateurs intéressés.

III. Orosmane fout Zaïre, n’est-ce pas plus que naturel entre héros et héroïnes de coulisses. Quatre gardes voient leur Sultan en action, rien de plus naturel encore ; qu’ils se branlent, je ne vois rien là qu’à admirer.

IV. Je joins au tout une scène particulière, un bonbonnier connu se fait fouetter par une danseuse, vers le déclin de la nuit un commissionnaire alerte, qui entre sans dire garre, pose son fallût, s’agenouille, se branle et décharge, tout cela n’est-il pas ordinaire.

V. Mais que vois-je, et combien de nudités se présente à mes regards, ô ! mes lecteurs, je ne puis vous décrire ce tableau qu’en son lieu ; il forme le sixième.

VI. Finissez-donc beau militaire, ce vieux malotru m’apperçoit, vous me tátez, je vous táte, il se táte lui-même, tout cela se saura.

VII. Un Romain, une Thessalienne, s’amusent à ce doux jeu de foutre dont les oreilles sont effarouchées. Un berger digne de l’astrée arriva furtivement et comme la scène se passe dans un foyer commun, le berger saisit le Romain par derrière. Eh-bien ! fameux rigoriste, qu’aurez-vous à dire, que de fouteur on devient foutu, rien de plus juste.

VIII. Halte-là vieux bougre, il s’agit de me foutre et non pas de fumer. Je les essayerai tous deux. Vite en besogne, C’est mon huitième tableau.

IX. Pour le neuvième, mes premiers ròles hommes et femmes en quittant la coulisse, se rendent au foyer, Dieu des fouteurs, tu sais pourquoi !

X. Au dernier le meilleur, la classe subalterne, éguaya mes pinceaux, et jamais Hercule ne poussa si loin ses travaux, je m’en rapporte à la divinité des danseurs de corde. Fouteurs et fouteuses, qui avez animé le génie brillant des historiens de mon genre, venez à mon école et profitez de l’exemple que je soumets à votre imitation.